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mardi 9 février 2016

Emploi industriel et services aux entreprises

Selon les données de l'INSEE de 2008, l'Aquitaine comptabilisait 158 000 emplois salariés dans l'industrie hors BTP (industrie du bâtiment des travaux publics). Il convient d'ajouter environ 8 000 emplois non-salariés à cette même date. Ainsi, en cette fin de la première décennie du XXIe siècle, l'Aquitaine totalise moins d'emplois industriels qu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

L'observation de la courbe de l'évolution de l'emploi industriel salarié permet de dégager trois grandes périodes: une phase de croissance jusqu'en 1975, une profonde crise industrielle entre cette date et 1993, un déclin persistant jusqu'à aujourd'hui.

De 1954 à 1975, l'Aquitaine au même titre que l'ensemble de la métropole a enregistré une forte croissance de l'emploi industriel, en valeur comme en part de la population active, d'autant que le fort exode rural constaté pendant cette même période réduit le rôle du secteur primaire au profit du secondaire et du tertiaire. Ainsi est atteint un maximum de 220 000 emplois salariés dans l'industrie (hors BTP).La croissance a été très régulière durant cette phase, de l'ordre de 1,5% par an. Le secteur secondaire est tiré par une forte demande relevant d'une conjoncture favorable: reconstruction de la France, besoins énergétiques en hausse constante et découverte du gisement gazier de Lacq, urbanisation accélérée assortie de la nécessité de construire de nouveaux logements, amélioration des infrastructures et de la qualité de la vie, mécanisation de l'agriculture, etc. Globalement, ces sont les entreprises régionales qui bénéficient de cette phase de croissance, mais les établissements délocalisés, principalement dans le secteur aéronautique, y participent pleinement.

Pour autant, toutes les branches industrielles n'en profitent pas de la même manière. L'industrie de la chimie se distingue par un taux de croissance particulièrement rapide. Outre la transformation des ressources énergétiques autour du gisement de Lacq et des centres de raffinage sur l'estuaire, il faut mentionner le secteur pharmaceutique surtout présent dans l'agglomération de Bordeaux mais également à Agen (UPSA). Il se trouve que dans la nomenclature de l'époque, la transformation des plastiques se classe dans les industries diverses qui enregistrent des taux de croissance soutenus. Les industries du bois progressent également plus vite que la moyenne. Outre l'industrie papetière qui s'appuie sur les ressources locales, il convient de souligner le lien assez fort qui existe entre ces activités et la très forte demande dans le domaine de la construction. Les industries métallurgiques connaissent une croissance moyenne tout en demeurant le premier secteur pour ce qui est du nombre d'emplois salariés, soit près de 62 000 personnes en 1975.Le secteur agroalimentaire se signale par une croissance molle pendant toute cette période. Finalement, seules les industries de la personne (textile, habillement, chaussures, etc.) sont déjà affectées par de graves difficultés de telle manière que les effectifs diminuent entre 1954 et 1975, soit quelque 9 000 salariés de moins.

De 1975 au milieu des années 1990, l'industrie de la région Aquitaine connaît une crise d'une extrême gravité. En près de vingt années, il a été perdu quelque 60 000 emplois salariés et en 1993 on compte déjà moins d'actifs salariés dans l'industrie qu'en 1954. Cette brutale réduction des effectifs concerne toutes les branches industrielles et l'installation des quelques grandes entreprises (Ford, IBM, Sony) ne suffira pas à inverser la tendance. L'industrie du bois est affectée par le marasme dans la construction, ce qui se traduit par 10 000 salariés en moins. Toutefois, la crise est encore plus forte dans les industries de la personne qui perdent 25 000 emplois pour tomber à moins de 10 000 salariés en 1993.

On rappellera simplement pour mémoire que cette évolution résulte de la crise économique qui faut suite au choc pétrolier. Cependant, ce choc énergétique a masqué pendant un temps les effets bien plus inquiétants de la mondialisation sur des structures entrepreneuriales peu adaptées pour y résister. L'Aquitaine, d'une certaine manière, avait assis son développement industriel sur une main-d'oeuvre disponible et assez bon marché. Ce fut, à côté des raisons géopolitiques, une des raisons de la venue en Aquitaine de multinationales en quête de débouchés dans un marché européen en construction. Cet avantage n'a pas résisté longtemps face au potentiel et au coût de la main-d'oeuvre dans les pays du bassin méditerranéen puis en Asie. Le volontarisme industriel pendant les deux septennats du président F.Mitterrand a certainement évité un déclin industriel plus prononcé, mais il n'a pu empêcher une restructuration industrielle plus difficile à mettre en oeuvre en Aquitaine en raison caractère familial des entreprises industrielles régionales.

De 1993 à aujourd'hui, les évolutions se complexifient parce que le recul des industries traditionnelles s'amplifie alors d'autres secteurs enregistrent des créations d'emplois. Les industries de la personne se raréfient sur le territoire aquitain en perdant encore 50% des emplois salariés entre 1993 et 2008. Avec quelque 4 000 postes de travail, le poids de ce secteur est presque devenu anecdotique. Les industries du bois et du papier poursuivent leur déclin. Certes, cette branche fait encore travailler 17 000 personnes en 2008, mais 7 000 emplois ont été détruits au cours des quinze dernières années. Il en est de même pour les industries diverses même si on se maintient à un plus haut niveau avec encore plus de 20 000 salariés.

Heureusement trois branches, les IAA (industries agroalimentaires), la chimie et les industries métallurgiques, ont à nouveau créé des emplois entre 1993 et 2008. Certes, au sein même de ces trois branches, on note des évolutions différenciées, mais au moins ce sont désormais les trois domaines qui portent la dynamique industrielle en région Aquitaine.

On commence à mesurer également les conséquences de la crise financière de 2008 sur l'industrie en Aquitaine. Les données de Pôle emploi, pas totalement comparables à celles de l'INSEE, indiquent la perte de 2 000 emplois dans l'industrie en 2008 et 4 500 en 2009. Il est fort probable que 2010 fournira également de mauvais résultats. Sur l'année 2009, Pôle emploi estime la baisse globale des effectifs dans tous les secteurs de l'économie à 10 000 postes de travail, dont près de la moitié dans l'industrie. En 2009, ces disparitions affectent tous les départements sauf les Landes qui est aussi le département le moins industrialisé avec moins de 10 000 salariés. En Gironde, désormais département le plus industrialisé avec près de 50 000 salariés, la baisse est de -5% seulement. On évalue à 8% dans le cas des Pyrénées-Atlantiques tandis que les 10% sont atteints en Lot-et-Garonne et en Dordogne. Manifestement, la capacité de résistance des départements les plus ruraux est moindre que celle des territoires où dominent les principes agglomérations de la région.

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