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mardi 9 février 2016

Les industries agroalimentaires (IAA)

Selon les sources, DRAAF (Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt) ou INSEE, le potentiel de l'industrie agroalimentaire est sensiblement différent. En 2006, la DRAAF considérait que les IAA mobilisaient un peu plus de 20 000 salariés répartis dans 4 000 entreprises. En 2008, l'INSEE avance des données sensiblement différentes: près de 900 entreprises et près de 30 000 salariés. Deux années d'écart ne peuvent suffire à expliquer cet écart. Cela tient à ce que les deux organismes ne prennent pas en compte les mêmes bases pour effectuer ce recensement. Ainsi, la base d'Agreste que gère la DRAAF écarte les métiers de la boulangerie ou les charcutiers. Quoi qu'il en soit, avec de 20 000 à 30 000 salariés selon l'option retenue, les IAA restent une activité fondamentale en Aquitaine.

Les industries agroalimentaires en Aquitaine en 2008


Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Bordeaux constituait le principal foyer de concentration de l'industrie agroalimentaire en Aquitaine en relation avec ses activités portuaires: huileries, raffineries du sucre, spiritueux, chocolateries, sécheries de morue, fabriques de pâtes alimentaires, etc. Ce potentiel s'est rapidement délité pour deux raisons essentielles: l'évolution de l'activité du port et son recul par rapport à d'autres ports français ou européens, la concentration des IAA au profit d'autres localisations comme dans la biscuiterie. Parallèlement, le reste de l'Aquitaine jusqu'alors cantonné à des petites entreprises, l'évolution de la demande, de l'action des pouvoirs publics et du rôle des organismes coopératifs de plus en plus puissants.


Répartition des salariés de l'industrie agroalimentaire par départements de l'Aquitaine en 2008


Sans qu'on puisse en faire une règle absolue, le développement des industries agroalimentaires a été réalisé en s'appuyant sur les spécificités locales. Nous avons déjà mentionné le rôle du trafic portuaire sur l'installation d'IAA dans la métropole régionale et plus secondairement dans les environs de Bayonne. Pour le reste du territoire aquitain, il ressort que l'industrie de la viande et du poisson est dominante dans le sud des Landes et le nord des Pyrénées-Atlantiques, que celle de la boisson est fortement représentée en Gironde, celle des fruits et légumes est bien une spécificité du Lot-et-Garonne, tandis que l'industrie laitière est marquée sur le piémont pyrénéen. Seule la transformation des farines et celle de la confiserie sont plus dispersées.

Les principaux secteurs de l'industrie agroalimentaire en Aquitaine en 2008


Une dizaine d'affaires émergent dans l'industrie agroalimentaire en Aquitaine, dont six réalisent plus de 200 millions d'€ de chiffre d'affaires en 2008 et ce sont également celles qui emploient le plus de salariés, jusqu'à 1 000 pour deux d'entre elles: Lindt et Labeyrie. Ces sociétés importantes détonnent dans une activité industrielle où la petite taille est le plus souvent la règle. En effet, deux tiers des entreprises comptent moins de dix salariés tandis qu'elles sont moins de 100 à disposer de 50 salariés et plus. En évoquant quelques-unes des établissements les plus importants il est possible de comprendre leur insertion à partir des productions locales, leur essor qui n'a pu être assuré qu'en s'adossant à un plus grand groupe. C'est seulement pour cette raison que nous détaillerons un peu leur histoire.

Il existe finalement bien des points communs entre Labeyrie et Delpeyrat, deux entreprises agroalimentaires qui ont fait du foie gras la base de leur développement tout en se diversifiant surtout dans le poisson pour la première et vers les plats cuisinés pour la seconde. Deux entreprises aux mains désormais de deux puissantes coopératives agricoles du sud de l'Aquitaine, Lur Berri et Maïsadour. Le fondateur de Labeyrie a créé son entreprise à Saint-Geours-de-Marenne en 1946, n'hésitant pas à se rendre sur les marchés de Bordeaux pour écouler sa production de foie gras et de saumon de l'Adour. Pierre Delpeyrat saisit dès 1890 l'opportunité que représente "l'appertisation" pour vendre des truffes, du foie gras et d'autres spécialisations du Périgord. Toutefois, un siècle plus tard, Delpeyrat se délocalise dans les Landes, principal foyer de production de foie gras, à Saint-Pierre-du-Mont.Les deux entités font plus de 200 millions d'€ de chiffre d'affaires, ont la particularité de vendre surtout aux moments festifs de l'année, principalement pendant les fêtes de Noël, d'écouler prioritairement leur production dans les circuits de la grande distribution. Dernier point commun, ces deux grands coopératives agricoles. C'est en 1998 que Maïsadour prend le contrôle de Delpeyrat qui fusionne à cette occasion avec Sarrade, tout en accroissant la taille de l'affaire en procédant à des achats d'autres entreprises, dans les années 2000, opérant sur des segments proches: plats cuisinés, charcuterie, jambon, etc. En reprenant Comtesse du Barry, produit haut de gamme vendu dans les boutiques, Delpeyrat semble opter aussi pour le haut de gamme. De son côté, Labeyrie avait été vendue en 2004 au groupe agroalimentaire Alfesca d'origine islandaise qui se présentait comme le leader des aliments festifs (foie gras et saumon). Toutefois, dès cette première opération, la coopérative Lur Berri implantée à Aïcirits-Camou-Suhast dans les Pyrénées-Atlantiques était présente à hauteur de 35% et elle fournissait les foies gras à Labeyrie. Profitant de la sortie du groupe Alfesca, Lur Berri vient de porter sa part à 60% et prend donc le contrôle de Labeyrie.

Plus globalement, en dehors des deux sociétés présentées ci-dessus, les industries de la viande se signalent par la vitalité de plusieurs autres entreprises tant par leur chiffre d'affaires que le nombre de leurs salariés. Citons, dans le secteur de la découpe de la viande, "Les Fermiers Landais" à Saint-Sever ainsi que Sobeval à Boulazac.

Si l'essentiel du lait produit en Aquitaine est peu transformé pour être vendu sous une forme conditionnée pour la consommation des ménages, une modeste part est destinée à la production de yaourts ou autres laits fermentée et le reste à la livraison de fromages. Comme la part la plus importante de la production laitière se concentre dans deux départements, Pyrénées-Atlantiques et Dordogne, il n'est pas étonnant que les deux principales fromageries d'Aquitaine s'y localisent elles aussi et toutes deux appartiennent au groupe Bongrain. On sait que le concepteur de cette société en 1956 a fondé sa stratégie sur la commercialisation de spécialités fromagères sur le modèle du Caprice des Dieux. Les deux usines d'Aquitaine s'inscrivent dans ces objectifs. La fromagerie de Marsac-sur-l'Isle livre avec deux autres unités en France des pâtes fraîches comme St Môret et Tartare. La Fromagerie des Chaumes à Jurançon fait partie de ces unités fromagères rachetées par le groupe Bongrain et elle aussi s'inscrit dans un ensemble orienté vers la livraison de produits de caractère tels Saint Albray et Etorki.

Quatre entreprises émergent dans le domaine de la biscuiterie et de la confiserie. Comme dans les autres branches des IAA déjà présentées, elles sont adossés à des groupes puissants, ce qui assure leur pérennité et leur développement face à une concurrence toujours plus forte. Lu compte une usine (500 salariés environ) à Cestas qui est plutôt spécialisée dans la production de biscuits chocolatés. Lu s'est associé dans son dernier investissement à la firme belge Côte d'Or pour livrer un produit destiné plutôt aux adultes. Dans un tout autre registre "Martine Spécialités" basée à Condat-sur-Trincou, de création récente (1984), a opté pour la pâtisserie industrielle ce qui a porté son essor, passant de 30 salariés à près de 500. Toutefois, l'équilibre est souvent fragile malgré la vente de la société à de plus grands groupes, si bien que c'est le management qui gère aujourd'hui l'usine avec l'aide de deux fonds de financement. Enfin, deux chocolateries ont une taille importante. Celle de Bègles est liée à la marque Cémoi depuis la prise de contrôle dans les années 1990 par le groupe Cantalou. Beaucoup plus importante est l'usine Lindt à Oloron-Sainte-Marie (environ 1 000 salariés selon les périodes). Cette usine Lindt est une des plus importantes du monde dans sa double orientation: une livraison régulière tout au long de l'année de tablettes et produits pralinés et une bien plus importante production saisonnière pour les fêtes de Noël. De ce fait, le plein emploi est atteint durant l'été parce que c'est à ce moment que se prépare les livraisons pour la fin de l'année.

Plusieurs entreprises implantées sur les terres viticoles de la Gironde assurent l'élevage du vin et la mise en bouteille. Une de ces sociétés s'impose par l'ampleur de son chiffre d'affaires, proche de 200 millions d'€, "Les caves de Landiras Louis Eschenauer". L'établissement est la propriété des "Grands Chais de France", un des premiers négociants français de vins et d'alcools. Landiras constitue pour le groupe un centre essentiel tirant parti de la proximité du grand port maritime de Bordeaux. L'établissement est installé sur 7 ha, comporte de grandes capacités de stockage et dispose d'une capacité de plus d'un million de bouteilles par jour.

Malgré une importante production de fruits et légumes et la grande spécialisation de la gouttière garonnaise dans ce secteur de l'activité agricole, l'industrie agroalimentaire des fruits et légumes a enregistré un certain nombre de difficultés pour se développer. L'orientation de la profession en faveur de la commercialisation sur les grands marchés de frais comme Rungis a été un obstacle car l'IAA des fruits et légumes exige une continuité dans l'approvisionnement. De ce fait, seules deux firmes ressortent dans cette branche des IAA: Bonduelle Sud Europe basé dans les Landes et surtout "Maître Prunille" localisé à Casseneuil, un des principaux leaders dans la transformation et la commercialisation des pruneaux. Notons aussi la fermeture de la manufacture de tabac de Tonneins en 2000, la perte de plus de 300 emplois a eu des effets très négatifs dans cette petite ville de moins de 10 000 habitants.

Le groupe Olano, transporteur frigorifique, a son siège à Saint-Jean-de-Luz où il emploie une centaine de personnes.

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