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lundi 15 février 2016

Permanence de l'armature urbaine dans le temps

La carte du réseau des villes secondaires en 1954,



Le réseau des villes secondaires de l'Aquitaine en 1954



soit un demi-siècle auparavant, permet de vérifier la permanente de l'armature urbaine en Aquitaine. Les grands éléments de l'organisation urbaine sont déjà en place, alors qu'à cette date, la région est encore à dominante agricole ce qui se traduit par de plus fortes densités dans le monde rural. Bordeaux est déjà à part. Forte de ses "100 000" habitants dès le début du XIXe siècle, la commune-centre plateforme autour de 250 000 habitants tandis que les communes qui la ceinturent prennent de l'importance. C'est en 1954, une agglomération qui regroupait onze commune et totalisait un peu moins de 500 000 citadins.


La hiérarchie entre les autres villes identifiées comme telles en 1954 était la même qu'aujourd'hui pour les plus peuplées: Pau et Bayonne dans le sud de l'Aquitaine, Agen Bergerac et Périgueux dans le quadrant nord-est, Mont-de-Marsan et Dax dans les Landes. Aucune ne passait la barre des 100 000 habitants, la plupart totalisait 30 000 résidents voire moins. Si l'urbanisation du littoral paraissait moins évidente qu'actuellement, il était possible d'identifier déjà ce phénomène dans le Pays basque et tout autour du bassin d'Arcachon.


Cette permanence résulte d'une longue histoire. Bordeaux, Agen et Périgueux s'affirment dès l'époque gallo-romaine en raison de leur situation sur les grandes voies de circulation dans l'Empire romain et des fonctions qu'elles y tiennent. Dans la majorité des autres cas, les petites villes actuelles doivent leur existence à la présence d'un château, à la création d'une abbaye d'une bastide. Certes, c'est moins ce caractère au demeurant très répandu, que leur avantage de situation à un moment donné qui leur permet d'imposer leur suprématie et de s'affirmer comme un élément de l'armature urbaine régionale. Ainsi, par exemple, alors que tant de bastides ont végété après leur création, Libourne et Villeneuve-sur-Lot ont su tirer parti de leur position de carrefour sur une voie de circulation.


C'est au moment de la Révolution et de l'Empire, que se dessinent les positions acquises par les petites villes apparues lors des phases antérieures. La hiérarchie actuelle, repose incontestablement sur la situation administration déterminée entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Hors Bordeaux, les agglomérations les plus importantes sont des préfectures ou des sous-préfectures. Il n'y a nul déterminisme dans cette affirmation, mais le constat qu'en fixant une organisation de l'espace au sein de chaque département, le pouvoir donnait un avantage indéniable aux villes dotées de fonctions administratives et d'une capacité de rayonnement sur leur territoire environnant.


La carte de 1954 reflète cette réalité. Bien sur il y a des exceptions à la règle. Le développement de l'industrie est à l'origine de l'essor de plusieurs petites villes qui ne jouaient pas de rôle majeur dans la carte administrative départementale. Outre Fumel dont il a déjà été question, on relève les cas de morcenx (exploitation de lignite) et surtout Mourenx dont l'existence est liée à la découverte contemporaine du gaz de Lacq. S'y ajoutent les stations balnéaires sur la côte basque et autour du bassin d'Arcachon. Arcachon est d'ailleurs une création du Second Empire.


L'intérêt de la carte du réseau des villes secondaires est de faire ressortir un classement fondé sur la taille et les fonctions dominantes déterminées par l'importance des grands secteurs d'activités au recensement de 1954. Les villes les plus peuplées apparaissent à cette date comme des centres commerciaux et administratifs avec plus de 45% d'emplois dans le tertiaire. Les stations touristiques bénéficient de ces mêmes fonctions, de même que de petites villes pourtant insérées dans leur milieu rural, comme Langon. Quelques sous-préfectures, principalement Villeneuve-sur-Lot, Marmande et Sarlat, sont considérées comme des marchés ruraux que leur population active résidente comptait moins d'emplois d'actifs dans le tertiaire que les précédentes alors que le secteur primaire est plus fourni.


Si une moitié des villes de l'Aquitaine en 1954 dépendait en 1954 du développement du secteur tertiaire pour porter leur croissance économique et démographique, une autre moitié environ avait leur sort lié à la place tenue par les activités industrielles et artisanales. Cela est très significatif pour presque toutes les petites villes des Pyrénées-Atlantiques et du Lot-et-Garonne. Le plus souvent, ces cités étaient marquées par la mono-activité: métallurgie à Fumel ou Casteljaloux, papeterie à Terrasson-Lavilledieu ou Facture, industries de la personne dans les centres urbains du piémont pyrénéen ou à Mussidan. Ces activités ont largement bénéficié de la période de forte croissance économique des années 1960, tirée à la fois par la demande nationale et surtout par les besoins régionaux et locaux. La crise qui débute en 1975 et la concurrence accrue dans le cadre de la mondialisation, mettent à mal ce tissu industriel de PME insuffisamment armées pour résister à la concurrence et pour faire évoluer leur production. Pour autant, ce recul du secteur secondaire n'a pas eu d'effet trop négatif sur la croissance démographique, sauf dans le cas de Fumel. L'essor du tertiaire a pu compenser les pertes dans l'industrie.


Les aires urbaines: étalement urbain et concentration des emplois dans les pôles.


L'Aquitaine n'a pas échappé au mouvement qui conduit les habitants à délaisser le centre des villes au profit des banlieues dans un premier temps, puis les communes rurales qui forment le périurbain. Si ce mouvement se poursuit, il a connu sa phase maximale entre les recensements de 1975 et de 1982. Ce changement, enlevait une grande partie de sa valeur à une définition des villes fondées sur la continuité du bâti. L'INSEE a proposé pour y remédier la notion d'aire urbaine qui permet de conjuguer deux variables des modes de vie actuels: résidence de plus en plus éloignée principalement pour accéder à la propriété immobilière mais obligation de continuer à se rendre, pour y travailler, dans le coeur des villes. 


En 1999, selon l'INSEE, les aires urbaines de l'Aquitaine recouvraient près de 30% de l'espace régional, soit entre quatre et cinq fois plus qu'en 1968, on en comptait sept sur 10 en 2006. C'est dire le renforcement de l'attractivité des principales villes, mais ce processus demeure moins marqué en Aquitaine que dans le reste du territoire français.


En reconstituant les aires urbaines depuis le recensement de 1968, dans les limites de celles-ci au recensement de 1999,



Trente ans d'étalement urbain en Aquitaine


l'INSEE donne la possibilité d'apprécier l'intense bourgeonnement qui affecte les villes d'Aquitaine, phénomène d'autant plus visible que l'agglomération est très peuplé. En 1968 le périmètre des aires urbaines se superposait à peu de chose près à la proche banlieue. Par la suite, la forte périurbanisation enregistrée au cours de chose près à la proche banlieue. Par la suite, la forte périurbanisation enregistrée au cours des recensements de 1975 et 1982 se traduit par la constitution des auréoles qui encerclent le pôle urbain (commune centre et proche banlieue) où les emplois se maintiennent. Au cours des deux dernières décennies l'étalement urbain se poursuit en incorporant des communes de plus en plus éloignées de telle manière que de nouvelles continuités s'esquissent.


Ainsi, l'unité urbaine de Terrasson-Lavilledieu en Dordogne jouxte l'aire urbaine de Brive-la-Gaillarde. Les aires urbaines d'Agen et de Villeneuve-sur-Lot se mêlent par poussée de l'urbanisation le long de la RN21 qui les relie. L'aire urbaine de Pau est de plus en plus étendue, à tel point qu'elle vient se frotter à celle d'Oloron-Sainte-Marie et qu'elle entre en contact avec celle de Tarbes. Plus significatif encore sont les évolutions observées autour des aires urbaines de Bayonne et de Bordeaux. L'aire urbaine d'Hendaye apparaît intégrée dans celle de Bayonne, tandis que vers l'ouest (Cambo-les-Bains) et vers le nord-nord-est, l'aire urbaine de Bayonne se prolonge par toute une série d'unités urbaines dont la population s'accroît en raison justement de la présence de la grande ville. L'interrogation sur la nécessité de considérer une entité bordelaise débordant sur le Libournais et le bassin d'Arcachon est récurrente depuis plusieurs années. Les extensions successives de l'aire urbaine au gré des recensements confirment cette approche, mais la question de la continuité se pose aussi quand on considère les dynamiques récentes vers Biscarrosse au sud du bassin et vers Langon sur l'axe de la Garonne.


Bayonne et Bordeaux sont également les deux agglomérations où la densification compte autant que l'extension de leur périmètre par incorporation de nouvelles communes pour expliquer la croissance démographique de leur aire urbaine respective. Ainsi, pour Bordeaux, l'INSEE propose un comparatif de la variation de la densité de population des ménages au cours des années 1990.


Trente ans d'étalement urbain en Aquitaine



Cette représentation, exprimée en habitant par km² et par an, permet de faire quelques constations importantes. L'étalement urbain s'accompagne d'une densification entre les recensements de 1990 et 1999 à tel point que les auréoles de densification observées entre les recensements de 1990 et 1999 ne dépassent pas l'actuelle zone où la variation de densité actuelle est comprise entre 1,1 et 2,5 par habitants et par an. En outre, cette densification s'avance plus loin encore de quelques grands axes comme au sud-est vers Langon et à l'est vers Libourne. Bordeaux et le bassin d'Arcachon ne sont plus séparés que par une forme d'occupation qui privilégie encore les faibles densités. Nul doute que la densification se fera plus forte au cours des prochaines décennies. Notons enfin que la variation de densité demeure la plus forte au coeur des aires urbaines et qu'elle n'est plus limitée dans ce cas de Bordeaux à la seule commune centre. Il faut y voir l'effet des politiques immobilières en cours sur les anciens terrains industriels de la rive droite de la Garonne dans la commune de Bordeaux participent, à titre d'exemple, à cet accroissement de la densification.
  

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