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vendredi 12 février 2016

Le BTP, une activité très liée à la demande

Composant de l'activité industrielle et toujours traitée dans ce cadre, le secteur de la construction selon la dénomination actuelle de l'INSEE, présente une belle complexité et se place à l'articulation entre l'industrie proprement dite et les services. Notons tout d'abord que certaines branches industrielles déjà analysées précédemment ont un lien très fort avec le BTP. C'est plus particulièrement le cas du travail du bois mais également de la partie de la métallurgie qui aliment le secteur de la construction. Au sein même du secteur de la construction, le caractère industriel est indéniable chaque fois que les entreprises livrent des infrastructures exigeant une forte technicité. D'autres en revanche, comme les métiers qui participent à l'équipement et à la fonctionnalité du logement, sont très proches des services.

Même si une part de l'activité du BTP dépend des financements nationaux, voire européens s'agissant de grands projets structurants, il n'en reste pas moins que ce secteur de la construction est très dépendant de la demande locale. Pour la clarté de l'analyse il convient d'aborder séparément l'activité bâtiment et celle des travaux publics. 

En ce qui concerne le bâtiment, le dynamisme de l'activité repose principalement sur la production de logements neufs (37%) et la rénovation des logements anciens (32%). Le reste, soit 31% relève de la production d'autres formes de constructions neuves (agriculture, industrie, commerces et services) et de leur réhabilitation. En 2010, les mises en chantier pour des constructions individuelles s'élevaient à près de 15 000. S'y ajoutaient un peu moins de 8 000 logements en habitat collectif. Soit un total de 22 400 logements pour l'Aquitaine, en baisse de 2% par rapport à l'année précédente. Car, le secteur de la construction est particulièrement sensible à la conjoncture financière et économique et les crises que nous connaissons depuis 2008 se sont immédiatement traduites dans la production de logements. En effet, en 2006 et 2007, les mises en chantier portaient sur 30 000 logements par an.

Sans chercher l'exhaustivité au sujet des évolutions enregistrées en Aquitaine depuis les années 1950, il est possible de dégager quelques grandes tendances. Lesquelles trouverons une traduction dans l'évolution des effectifs que nous aborderons ci-après. Le secteur de la construction a connu une croissance très soutenue depuis le début des années 1950 jusqu'à 1975. Interviennent en effet une série de facteurs très favorables dont la reconstruction du pays, l'urbanisation associée à l'exode rural et l'amélioration du niveau de vie des Français dans cette phase de croissance économique. Aussi, entre 1954 et 1976, il a été construit plus de 400 000 logements en Aquitaine à un rythme de plus en plus soutenu: moins de 4 000 logements annuellement dans les années 1950, plus de 20 000 au début des années 1970. Il est vrai que les grands programmes à l'origine des grands ensembles dans les principales agglomérations d'Aquitaine jouent un rôle majeur dans cette production de logements. Durant cette phase l'habitat collectif arrive à représenter près de 80% des réalisations.

Après 1975, le secteur de la construction est fortement influencé par la série de crises qui affectent l'économie. Toutefois, la principale évolution tient au recul de l'habitat collectif face à la demande de maisons individuelles dans un périmètre urbain de plus en plus élargi. Ce phénomène affecte toutes les villes de l'Aquitaine. Désormais, les constructions individuelles dominent largement, le collectif ne totalisant en moyenne qu'un tiers de la production de logements.

Mais il est une troisième évolution favorable à l'Aquitaine, la forte croissance du nombre de résidences secondaires. Si cette tendance s'observe partout, y compris dans certaines régions de l'intérieur de l'Aquitaine et à ce titre l'est du Périgord en a largement profité, il demeure que c'est le littoral aquitain qui est le principal bénéficiaire face à face à cette demande. Le bassin d'Arcachon totalise plus de 20 000 résidences secondaires, on en compte un peu moins de 10 000 à Biarritz. Avec 5 000 résidences secondaires viennent ensuite Lacanau, Biscarosse, Capbreton, Saint-Jean-de-Luz et Hendaye. Outre la satisfaction de la demande en provenance de l'étranger (notamment au Pays basque et dans le sud des Landes) et du territoire national, on peut y voir surtout l'effet de proximité de la capitale régionale pour les stations touristiques les plus proches.

Les travaux publics (TP) dépendent très fortement des investissements des collectivités territoriales, l'Etat tenant désormais une place infime (moins de 10% en moyenne). C'est le résultat des politiques de déconcentration administrative et de renforcement des compétences des Régions et des Départements. Certes, l'investissement privé est loin d'être négligeable puisqu'il approche 30% des investissements, mais c'est bien les grands travaux financés par les collectivités qui assurent le dynamisme des entreprises de TP.

La typologie des grands chantiers fait ressortir la place des travaux routiers, de 35% à 39% selon les années durant la période 2006-2008. Cette part est en progression régulière depuis le début des années 2000 en raison de la prise en charge des réseaux par les collectivités territoriales. L'entretien du réseau routier existant occupe une place essentielle et quelques grands projets sont annoncés, telle la liaison autoroutière de Salles à Saint-Geours-de-Maremme dans le cadre d'une délégation de service public pour un montant de 400 millions d'€ et une livraison à l'horizon 2015. En seconde position dans les grands chantiers de TP, on trouve les ouvrages d'art et les grands travaux de terrassement souvent liés aux routes. Parmi les ouvrages d'art, signalons le pont levant en construction à Bordeaux sur la Garonne permet de relier Bacalan à La Bastide d'un coût de près de 100 millions d'€, livré en 2013.

Les autres grands chantiers comprennent les opérations sur les réseaux d'eau et d'assainissement, les réseaux électriques. Si les programmes portant sur les lignes ferroviaires sont restés modestes jusqu'en 2008, les travaux préparatoires à l'arrivée de la LGV à Bordeaux ont fourni du travail aux entreprises de TP, en attendant que soient arrêtés définitivement les tracés de la LGV en direction de Toulouse et du Pays basque et le début des travaux initialement prévus en 2013 dans leur première phase pour un coût global estimé à près de 20 milliards d'€.
   

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