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lundi 15 février 2016

Réseaux urbains en Aquitaine et dans sa périphérie

Le premier schéma d'armature urbaine avait été établi en 1965. Il distinguait, en fonction de la population et des services offerts, cinq niveaux:une capitale régionale Bordeaux, une sous-capitale Pau, trois centres principaux (Bayonne, Agen et Périgueux), huit centres secondaires (Mont-de-Marsan et Dax, Acachon et Libourne, Marmande et Villeneuve-sur-Lot, Bergerac et Sarlat) et enfin neuf centres relais souvent reliés aux précédents (Orthez, Oloron-Sainte-Marie, Aire-sur-Adour, Biscarrosse, Pauillac Blaye Langon, Sainte-Foy-la-Grande, Fumel). Comme on a pu le constater dans les lignes qui précédent, cette organisation urbaine fait preuve d'une très grande stabilité jusqu'à l'orée des années 1980. Mais à partir de cette date, la crise de l'industrie met en difficulté un certain nombre de petites villes, surtout la poussée littorale de l'urbanisation renforce le poids de Bayonne, réduit l'influence d'Agen et plus encore de Périgueux, tandis que la suprématie de la métropole régionale est confortée.


Réseaux urbains en Aquitaine et dans sa périphérie


La figure correspondante souligne le fonctionnement actuel en réseau plus qu'en niveaux comme cela avait été défini dans les années 1960. L'environnement n'est plus le même: les villes n'ont plus principalement un rapport à leur zone d'influence, elles sont aussi en compétition et les évolutions des plus importantes ont un effet sur celles de rang inférieur. Aborder l'analyse sous l'angle du réseau permet d'expliquer les interactions entre les composantes d'un système urbain dominé par Bordeaux. De plus, il n'est plus possible d'analyser les villes de l'Aquitaine sans se replacer dans un environnement plus large en intégrant la périphérie et sans aborder les perspectives européennes.


Le système urbain aquitain peut être qualifié de "polarisé intégral" assorti de relations linéaires entre la métropole polarisante et les villes qui sont sous son influence. Les villes moyennes de 100 000 habitants et plus sont disposées en auréole à moins 100 km de Bordeaux. Toutes ces villes sont liées à leur métropole par des autoroutes ou des voies rapides et pour l'agglomération paloise se sera chose faite en décembre 2010. Bien entendu la domination de Bordeaux sur les chefs-lieux des deux départements charentais n'est pas totale, ne serait-ce que parce qu'elles dépendent administrativement de Poitiers. En outre, la situation au sud de l'Aquitaine est un peu plus complexe car les aires urbaines de Pau et de Tarbes se joignent et toutes deux peuvent jouer de leur proximité par rapport à Toulouse.


De fait, si on observe l'Aquitaine et sa périphérie, on constate que le sud-ouest de la France appartient à un système urbain bipolaire dans lequel Bordeaux et Toulouse sont plus rivales que complémentaires. Cette bipolarité pèse sur la réalisation des grandes infrastructures du futur comme la ligne à grande vitesse (LGV). Il est avéré désormais que sa construction doit se poursuivre jusqu'à Toulouse pour assurer la rentabilité.


En oeuvrant un peu plus le regard sur la périphérie et en se limitant à la façade atlantique, on note que si Bordeaux est bien au centre, elle n'est qu'une des quatre métropoles qui maillent ce territoire. C'est un autre élément du réseau à l'échelle de la France, cette fois-ci, chacune de ces villes millionnaires ou presque, se positionnant à au moins 200 km. Dans ce schéma, Nantes a peu de liens avec Bordeaux et Toulouse tant est grande la proximité de Paris, place incontournable dans l'organisation urbaine de la France, ce qui justifie pour les présidents de Région que Bordeaux et Toulouse disposent rapidement d'une LGV vers Paris et les pays du nord de l'Europe. Pour autant, Toulouse joue d'autres cartes comme une liaison plus directe vers Lyon et l'espace rhénan ou en direction de Barcelone.


Or, aux portes sud de l'Aquitaine, se trouve la conurbation du Pays basque dont Bilbao est la capitale économique incontestable. Malgré quelques relations politiques et économiques entre Bayonne et Saint-Sébastien, la frontière continue de freiner toute réflexion sur la situation urbaine de cette partie du littoral atlantique. Or, on est droit de s'interroger sur l'évolution future de l'aire urbaine de Bayonne prise au sens le plus large possible, c'est-à-dire en incorporant les avancés de l'urbanisation vers Dax. On pourrait en effet, sous cet angle, considérer que Bayonne est une composante septentrionale de la conurbation dont Bilbao est le leader inconstesté. Ce qui reste purement théorique pour des raisons politiques, peut le devenir dans le futur et cela devrait conduire dès maintenant à réfléchir aux impacts possibles en ce qui concerne le développement et l'aménagement.

Plus globalement encore, Bordeaux, au même titre que les autres métropoles de cette façade atlantique, n'a pas une dimension européenne satisfaisante tant sur le plan de la population de spécificités économiques que des capacités à consolider sa place dans la compétition que se livrent les grandes villes. Le schéma plaçant Bordeaux dans la marge du coeur dynamique de l'Union européenne reste d'actualité.





Place de la Bourse et miroir d'eau à Bordeaux


  

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