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mercredi 2 décembre 2015

Paul Doumer

Paul Doumer en 1931.Paul Doumer, en 1931

Joseph Athanase Paul Doumer, né le 22 mars 1857 à Aurillac (Cantal) et décédé assassiné le 7 mai 1932 à Paris, est un homme d'Etat français, président de la République française de 1931 à son décès, en 1932, durant la IIIe République.

Membre du Parti radical, ministre des Finances à trois reprises, puis président du Sénat, Paul Doumer vit sa carrière couronnée par son élection à la présidence de la République, en 1931. Il est assassiné moins d'un an après son investiture, en 1932, par un jeune émigré russe, Paul Gorgulov.

Biographie

Des origines modestes

Paul Doumer est issu d'une famille modeste du Quercy, dont les membres sont habituellement manouvriers ou cultivateurs. Il est le dernier enfant de Jean Doumer, né en 1814, et de Victorine David, née en 1823. Il a deux soeurs: Renée (1854) et Thérèse (1855).

Lors de sa naissance, son père est poseur de rails de la Compagnie des chemins de fer d'Orléans. Peu après, la famille quitte Aurillac pour Mende (Lozère), puis pour Paris; Jean Doumer décéda et sa veuve travaille comme femme de ménage. Paul est scolarisé à l'école communale de la rue Ramey à Paris.

Une ascension sociale

Paul Doumer est un cas emblématique d'ascension sociale par l'école.

Après avoir obtenu le certificat d'études primaires, il commence à travailler à 12 ans comme coursier, il devient ensuite ouvrier graveur dans une fabrique de médailles, tout en poursuivant ses études grâce aux cours du soir du Conservatoire national des arts et métiers. Il est reçu au baccalauréat ès-sciences puis, entré dans l'enseignement comme répétiteur, obtient, en 1877, une licence de mathématiques. Il est nommé professeur de mathématiques au collège de Mende. L'année suivante, il obtient une licence de droit. En 1878, il épouse Blanche Richel, dans la famille de laquelle il logeait pendant ses études. De leur mariage naîtront huit enfants:


  • Fernand Doumer (1879-1972), officier et industriel,
  • Hélène Doumer (1880-1968),
  • Marcel Doumer (1886-1918), ingénieur, mort pour la France,
  • René Doumer (1887-1917), attaché bancaire, mort pour la France,
  • André Doumer (1889-1914), lieutenant d'artillerie, mort pour la France,
  • Armand Doumer (1890-1923), docteur en médecine, gazé, mort pour la France,
  • Lucile Doumer (1893-1918), mariée à Marcel Pasquier, docteur en droit,
  • Germaine Doumer (1897), mariée à Louis Lemaire, résistante, connue pour avoir abattu un sous-officier allemand le 17 juin 1940.

En 1879, il est nommé au collège de Remiremont (Vosges). Parallèlement à l'enseignement, qu'il quittera en 1883 pour raisons de santé, il commence à fréquenter le monde de la presse et écrit quelques articles à l'occasion de ses vacances à Paris. En 1880, par l'intermédiaire de son beau-père, ancien inspecteur primaire dans l'Aisne, il entre en contact avec des personnalités parisiennes: l'historien Henri Martin et l'archéologue William Waddingon, tous deux sénateurs du département. Il devient grâce à eux rédacteur en chef du journal Le Courrier de l'Aisne, à Saint-Quentin. Il est sur une ligne très radicale, de sorte qu'à la mort d'Henri Martin, la direction du journal l'oblige à démissionner. Il fonde alors La Tribune de l'Aisne.

De la Chambre au gouvernement

Aux élections municipales de 1885, il se présente sur une liste qui, avec le soutien actif de La Tribune, obtient la majorité. Il devient conseiller municipal et est remarqué par Charles Floquet, président du Conseil, qui en fait son chef de cabinet.

En 1888, à l'occasion d'un scrutin partiel, il est élu député de la deuxième circonscription de Laon. A la Chambre, il siège dans les rangs de la gauche radicale. Il est cependant battu lors des élections générales de septembre 1889. Il se présente alors à un autre scrutin partiel en 1890 à Auxerre et est élu au deuxième tour; il est réélu aux élections de 1893. En 1894, il est à l'origine avec Godefroy Cavaignac d'un projet d'impôt sur le revenu, soutenu par Jean Jaurès, mais repoussé par la Chambre. Il se fait remarquer en 1895 comme rapporteur du budget des Colonies par une étude sur la situation financière de l'Anmam et du Tonkin, et dès cette époque, on pense à lui pour occuper le poste de gouverneur général de l'Indochine, que son titulaire, Rousseau, souhaite quitter.

En novembre 1895, il est nommé ministre des Finances, dans le gouvernement Bourgeois, qui est renversé quelques mois plus tard, en avril 1896. A la suite du décès du gouverneur général de l'Indochine, Jules Méline lui offre de prendre ce poste. Paul Doumer est nommé le 28 décembre 1896; il est remplacé à la Chambre par Jean-Baptiste Bienvenu-Martin.

Gouverneur de l'Indochine

La Villa Blanche de Paul Doumer au Cap Saint-Jacques (photographie de 2013)

Gouverneur général de l'Indochine de 1897 à 1902, où il succède à Armand Rousseau, il réorganise la structure de la colonie en basant le gouvernement à Hanoï, où il fait construire une nouvelle résidence, et en créant les différents budgets de l'Union indochinoise. Il se fait également construire la Villa Blanche au Cap Saint-Jacques, lieu de villégiature prisé des coloniaux de Cochinchine.

Sur le plan des infrastructures, il est un ferme partisan de la construction du chemin de fer Transindochinois (achevé en 1937) dont l'essentiel du plan du réseau avait été dressé par son prédécesseur. Il obtient pour la réalisation du chemin de fer du Yunnan un emprunt de 200 millions de francs-or. Ses services font achever les travaux du port de Haïphong, commencés sous le mandat de Paul Bert par le groupe lyonnais dirigé par le soyeux Ulysse Pila (1837-1909). Etant l'un des premiers administrateurs de la Compagnie générale d'électricité (fondée par Pierre Azaria), il fait de Hanoï la première ville d'Asie à avoir l'électricité. il entérine le souhait du pasteurien Alexandre Yersin de construction d'un premier sanatorium à Dalat.

A la suite de l'agronome Auguste Chevalier et de l'économiste Henri Brenier, Paul Doumer est favorable à l'acclimatation de l'hévéa, dont la culture est déjà importante en Malaisie britannique, et aux Indes néerlandaises dans les terres récemment conquises de Sumatra. Il légalise le monopole de l'opium, très rentable pour le budget de la colonie.

Son autoritarisme et l'apparition de tensions avec la Chine, dans le contexte très tendu de la guerre des Boxers entraînant son rappel en métropole, alors que Théophile Delcassé et Paul Cambon s'efforcent de surmonter le différend franco-britannique qui fait suite à l'incident de Fachoda. Paul Doumer, accusé de "césarienne", est remplacé par le diplomate Paul Beau afin d'apaiser la situation plus que tendue à la frontière avec le Yunnan chinois.

Une figure du Parlement

Caricature par Sem (1905)



Paul Doumer en 1913


A son retour d'Indochine, il entre en contact avec l'historien et écrivain André Lichtenberger, qui devient son assistant. Réélu député de l'Aisne en 1902, il est placé à la tête de la commission des Finances. Ayant évolué avec son retour en politique, il subit de vives attaques de ses anciens compagnons de la gauche radicale. A l'issue d'une élection où il fait figure de candidat des modérés, il remporte le 10 janvier 1905 la présidence de la Chambre des députés contre le sortant Henri Brisson. Lors de son élection, il promet de "rendre plus fécond le travail législatif". Particulièrement apprécié pour son ardeur au travail et malgré une austérité quelque peu ostentatoire, sa courte présidence ne lui laisse pas le temps de mettre en oeuvre ses projets, puisqu'à la fin de la législature, le 31 mai 1906, il cède sa place au "perchoir" à Henri Brisson.

Il perd son siège de député en 1910, mais revient au Parlement en 1912 comme sénateur de Corse. Dès avant, puis pendant la Première Guerre mondiale, il fait partie de la Commission de l'Armée du Sénat. En août 1914, il se met à la disposition du général Gallieni en ces termes: "Je sais commander; je saurai donc obéir". Gallieni le charge d'assurer la liaison avec le gouvernement replié à Bordeaux. Nommé ministre d'Etat du premier cabinet Painlevé, de septembre à novembre 1917, il devient à la fin de la guerre rapporteur général du budget, puis par deux fois ministre des Finances dans les septième et huitième cabinets Briand. Dans les années 1920, il participe au Cartel des gauches, au sein duquel il représente le secrétaire général du Parti radical.

Il préside le Sénat de janvier 1927 jusqu'en juin 1931, date à laquelle il est investi de ses fonctions présidentielles.

Président de la République

Sa carrière culmine avec son élection à la présidence de la République le 13 mai 1931. Il s'agit d'une belle revanche politique et personnelle pour le président du Sénat, qui fut vingt-cinq ans plus tôt le démocrate Armand Fallières, lors de l'élection présidentielle de janvier 1906.

En compagnie de son épouse, l'élégante Blanche, le nouveau président de la République prend ses appartements au palais de l'Elysée. Le couple présidentiel y réside, en compagnie de sa plus jeune fille, Germaine, et de son gendre.

Le nouveau chef de l'Etat, dès lors, souhaite offrir à la fonction présidentielle, un prestige moral et un rôle moins politique. On voit ainsi le président Doumer inaugurer des expositions et prononcer des discours à l'occasion de fêtes populaires. C'est à cette époque que l'expression "inaugurer les chrysanthèmes", traduisant le fait qu'un personnage public n'a guère de pouvoirs étendus sinon d'inaugurer quelques expositions et de prononcer quelques discours, fait son apparition.

En inaugurant une exposition sur l'aviation, en Seine-et-Oise, le 2 avril 1932, le président Doumer, s'étonnant de l'impressionnant dispositif de sécurité mis à sa disposition, confie, amusé, à Léon Noël, directeur de la Sûreté générale et secrétaire général du ministère de l'Intérieur, cette petite phrase: "A mon âge, après tout, ce serait une belle fin que de mourir assassiné".

L'assassinat

Le 6 mai 1932, le président Doumer se rend à l'hôtel Salomon de Rothschild, afin d'inaugurer une grande exposition consacrée aux écrivains de la Grande Guerre. Le chef de l'Etat salue courtoisement les écrivains présents et achète quelques livres, dans le but de les offrir à son épouse. Alors qu'il converse avec l'écrivain Claude Farrère, plusieurs coups de feu retentissent. Le président est atteint par deux balles, à la base du crâne et l'aisselle droite. Il s'écrie "Tout de même!", pour s'effondre au beau milieu de l'assistance, médusée. Le tireur Paul Gorgulov a fait feu avec un pistolet Browning M1910 (aujourd'hui conservé au musée de la Préfecture de Police). Il est déstabilisé par Farrère qui, après avoir tenté de sauver dans le décor. L'agresseur de Doumer est immédiatement maîtrisé par les inspecteurs de la Sûreté, puis arrêté.

Le chef de l'Etat est immédiatement transporté à l'hôpital Beaujon, qui était alors situé à quelques pas du lieu de l'agression, au n°208 rue du Faubourg-Saint-Honoré. Mal soigné, victime d'une hémorragie sévère due à la section de l'artère axillaire,Paul Doumer décéda le lendemain, à 4 heures 37 du matin.

Après avoir appris le décès de son époux, Blanche Doumer, à laquelle les autorités avaient proposé d'inhumer le président défunt au Panthéon, déclare: "Je vous l'ai laissé toute sa vie. Alors maintenant, s'il vous plaît, laissez-le-moi". Des funérailles nationales sont organisées en hommage au défunt président, à Notre-Dame de Paris, ainsi qu'au Panthéon. Doumer est inhumé, dans l'intimité, dans le caveau familial du cimetière de Vaugirard.

Paul Gorgulov est condamné à mort, puis guillotiné le 14 septembre.

Le prestige des fils Doumer

Le prestige retiré du sacrifice patriotique de ses quatre fils décédés pour la France du fait de la Grande Guerre fut un atout essentiel dans l'élévation de Paul Doumer à la présidence de la République. Ils lui avaient inspiré auparavant un ouvrage de morale pour les enfants, intitulé Le Livre de mes fils, publié pour la première fois en 1906.

Franc-maçonnerie

Paul Doumer a été franc-maçon mais a pris ses distances avec la franc-maçonnerie à la suite de l'affaire des fiches, jugeant le cabinet Combes excessivement sectaire. Il quitte le GODF d'abord provisoirement, en 1906, pour marquer sa désapprobation du jeu auquel s'est alors livré l'obédience, puis définitivement, en 1906, à la suite de sa défaite lors de l'élection à la présidence de la République face à Armand Fallières, les membres de l'obédience lui ayant reproché son opposition à Combes. Doumer n'est ainsi plus franc-maçon depuis des années lorsqu'il devient chef de l'Etat, en 1931.

Carrière politique

Mandats électifs

.1888-1891: député de l'Aisne (circonscription de Laon, parti radical).
.1891-1895: député de l'Yonne (circonscription d'Auxerre)
.1902-1910: député de l'Aisne (circonscription de Laon).

Fonctions exécutives

.1895-1896: ministre des Finances
.1921-1922: ministre des Finances du gouvernement Briand VII
.1925-1926: ministre des Finances
1927-1931: président du Sénat 
1931-1932: président de la République
  

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