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mercredi 2 décembre 2015

Jean Casimir-Perier

Portrait officiel du président Jean Casimir-Perier.Portrait officiel du président Jean Casimir-Perier


Jean casimir-Perier, né le 8 novembre 1847 à Paris et décédé le 11 mars 1907 dans le 16e arrondissement, est un homme d'Etat français.

Il est président de la République française du 27 juin 1894 au 16 janvier 1895, date de sa démission. Elu à l'âge de 46 ans, il est le deuxième plus jeune jamais élu à cette fonction, toutes républiques confondues, après Louis-Napoléon Bonaparte. Il détient aussi le record du mandat de président de la République française le plus court, toutes républiques confondues, soit 6 mois et 16 jours.

Biographie 

Origines

Jean Paul Pierre Casimir Casimir-Perier dit Jean Casimir-Perier est le petit-fils de Casimir Perier (1777-1832), président du Conseil sous Louis-Philippe Ier sous la Monarchie de Juillet, et le fils d'Auguste Casimir-Perier (1811-1876), ministre de l'Intérieur dans le gouvernement d'Adolphe Thiers, et de Camille Fontenilliat (1823-1907), fille de Henry Fontenilliat, et le neveu de Gaston d'Audiffret-Pasquier, président de l'Assemblée nationale puis du Sénat de 1875 à 1879. Il appartient à la grande bourgeoisie parisienne. Il étudie au lycée Condorcet.

Mariage et enfants

Il épouse à Paris le 17 avril 1873, sa cousine Hélène Perier-Vitet qui lui donne deux enfants: Claude (1880-1915) décédé pour la France) et Germaine (Mme Sommier, 1885-1968).

Carrière politique

Il entre dans la vie publique comme secrétaire de son père, ministère de l'Intérieur dans le ministère Thiers.

En 1874, il est élu conseiller général de l'Aube, et envoyé par ce département à la chambre des députés lors des élections générales de 1876 et il est toujours réélu jusqu'à ce qu'il devienne président de la République. Malgré les traditions de sa famille, il rejoint le groupe des Républicains de gauche et est un des 363 qui s'opposent au Seize-Mai (1877). Il refuse de voter l'expulsion des princes en 1883 et démissionne comme député quand la loi est promulguée, à cause de ses liens personnels avec la famille d'Orléans.

Le 17 octobre 1883 il devient sous-secrétaire d'Etat à la Guerre, poste qu'il occupe jusqu'au 30 mars 1885 dans le gouvernement de Jules Ferry. De 1890 à 1892, il est vice-président de la Chambre, tout en présidant la commission des Finances. En 1893 il accède au "perchoir", c'est-à-dire à la présidence de la Chambre.

Président du Conseil

Quelques mois plus tard, la victoire des "progressistes" aux élections législatives lui dégage la route vers le pouvoir.Le président de la République, Sadi Carnot, le nomme président du Conseil le 3 décembre 1893. Casimir-Perier se fait longuement prier avant d'accepter le poste. Désireux d'écarter du pouvoir les radicaux comme les monarchistes, il décide de gouverner au centre-droit, dans une majorité ouverte aux ralliés. Son gouvernement est constitué de républicains modérés traditionnels, comme l'ancien gambettiste Eugène Spuller. Il prend pour lui-même le portefeuille des Affaires étrangères.

Le 9 décembre 1893 a lieu l'attentat (aucun décès) d'Auguste Vaillant à la Chambre des députés, point d'orgue de la vague d'attentats anarchistes qui frappe le pays. En réaction le gouvernement vote les "Lois scélérates" destinées à mettre en place une sévère répression de l'anarchisme en France. Vaillant est guillotiné.

Sur le plan diplomatique, c'est sous Casimir-Perier qu'est signée le 4 janvier 1894 l'Alliance franco-russe qui reste un temps secrète.

Le 3 mars, Spuller appelle un discours à la Chambre à la tolérance dans les affaires religieuses. Pour Casimir-Perier ces dernières doivent être examinées dans un "esprit nouveau". Gestes envers les réalités, ces déclarations suscitent surtout l'émoi des anticléricaux qui accusent le président du Conseil de "pactiser avec l'ennemi".

Le cabinet se retrouve alors fragilisé. Lorsque le ministre des Travaux publics Charles Jonnart refuse d'accorder la liberté syndicale aux employés des chemins de fer, la Chambre refuse de voter l'ordre du jour et Casimir-Perier remet sa démission le 23 mai 1894.

Président de la République

Casimir-Perier ne reste pas longtemps inactif puisqu'il retrouve aussitôt la présidence de la Chambre. Le 24 juin 1894, le président Carnot est assassiné à Lyon. Casimir-Perier apparaît comme un successeur plausible du président défunt, qui le considérait d'ailleurs comme son héritier. Mais il se montre très réticent à poser sa candidature, craignant le rôle de représentation qu'on lui ferait jouer à l'Elysée. Il se laisse finalement convaincre.Le 27 juin 1894, soutenu par la droite, il est élu président de la République par 451 voix contre 195 pour Henri Brisson et 97 pour Charles Dupuy. Cette élection est loin de le satisfaire, d'autant qu'il est très vite considéré par les radicaux et les socialistes comme le "président de la réaction".

Il devient immédiatement une des cibles favorites de la gauche, qui l'exècre pour son appartenance à la haute bourgeoisie. Propriétaire de la majeure partie des actions des mines d'Anzin, il est surnommé "Casimir d'Anzin". Les campagnes de presse hostiles se multiplient, tout comme les procès pour offense au chef de l'Etat: le plus célèbre est celui où le journaliste Gérault-Richard est défendu par Jaurès qui, dans sa plaidoirie, dresse un véritable réquisitoire contre Casimir-Perier et sa politique. De tempérament susceptible, le président est atteint par ces attaques.

Très vite, il prend conscience du faible rôle réservé au président de la République. Il tente d'intervenir dans la politique du gouvernement, ce que ni sa fonction ni sa popularité ne lui permettent. Il est dépossédé des affaires étrangères, jusqu'alors domaine réservé du président. Sa grande impopularité ne lui permet pas de réagir. Marginalisé par le président du Conseil Charles Dupuy, il sombre dans l'abattement. Regrettant de s'être présenté, il attend le premier prétexte pour démissionner.

De fait, sa présidence ne durera que 6 mois. La démission du ministère Dupuy le 14 janvier 1895 est suivie de la sienne dès le lendemain. Il explique par le fait qu'il se sent ignoré des ministres, qui ne le consultent pas avant de prendre leurs décisions et ne l'informent pas des événements politiques, surtout dans le domaine des affaires étrangères. Dans le message qu'il adresse aux Chambres, il explique que sa retraite est motivée par l'attitude de la majorité, qui ne lui a pas prêté le concours sur lequel il était en droit de compter.



Message de Casimir-Périer aux chambres


Messieurs les sénateurs, Messieurs les députés,

Je ne me suis jamais dissimulé les difficultés de la tâche que l'Assemblée nationale m'a imposée. Je les avais prévues. Si on ne refuse pas un poste au moment du danger, on conserve une dignité qu'avec la conviction de servir son pays.

La présidence de la République, dépourvue de moyens d'action et de contrôle, ne peut puiser que ans la confiance de la nation la force morale sans laquelle elle n'est rien. Ce n'est ni du bon sens ni de la justice de la France que je doute; mais on a réussi à égarer l'opinion publique: plus de vingt années de luttes pour la même cause, plus de vingt années d'attachement à la République, de dévouement à la démocratie, n'ont affectent de croire que je me ferai l'instrument de leurs passions et de leurs espérances.

Depuis six mois se poursuit une campagne de diffamation et d'injures contre l'armée, la magistrature, le Parlement, le chef irresponsable de l'Etat, et cette liberté de souffler les haines sociales continue à être appelée liberté de penser.

Le respect et l'ambition que j'ai pour mon pays, ne me permettent qu'on puisse insulter chaque jour les meilleurs serviteurs de la patrie et celui qui la représente aux yeux de l'étranger.

Je ne me résigne pas à comparer le poids des responsabilités morales qui pèsent sur moi et l'impuissance à laquelle je suis condamné.

Peut-être me comprendra-t-on si j'affirme que les fictions constitutionnelles ne peuvent faire taire les exigences de la conscience politique: peut-être, en me démettant de mes fonctions, aurai-je tracé leur devoir à ceux qui ont le souci de la dignité du pouvoir et du bon renom de la France dans le monde.

Invariablement fidèle à moi-même, je demeure convaincu que les réformes ne se feront qu'avec le concours actif d'un Gouvernement résolu à assurer le respect des lois, à se faire obéir de ses subordonnés et à les gouper tous dans une action commune pour une oeuvre commune.

J'ai foi, malgré les tristesses de l'heure présente, dans un avenir de progrès et de justice sociale.

Je dépose sur le bureau du Sénat et de la Chambre des députés ma démission des fonctions de président de la République française.

Casimir-Perier


Fin de sa vie

A partir de ce moment, Casimir-Perier abandonne complètement la politique. Il se consacre aux affaires et, surtout, à l'exploitation minière. Lors du procès d'Alfred Dreyfus à Rennes, son témoignage, opposé à celui du général Mercier, est très utile à la cause de l'accusé. En 1899, en pleine crise politique, le président Loubet lui propose la présidence du Conseil, qu'il refuse.

Il décéda dans sa soixantième année en 1907, des suites d'une angine de poitrine, après avoir refusé des obsèques nationales.

Mandats électifs:

.1876-1894: député de Nogent-sur-Seine (centre gauche)
.10 janvier 1893-3 décembre 1893: président de la Chambre des députés
.2 juin 1894-27 juin 1894: président de la Chambre des députés
.27 juin 1894-16 janvier 1895: président de la République

Fonctions gouvernementales

.1877-1879: sous-secrétaire d'Etat à l'Instruction publique, aux Beaux-Arts et aux Cultes
.1883-1885: sous-secrétaire d'Etat à la Guerre
.1893-1894: président du Conseil et ministre des Affaires étrangères
      


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