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mardi 5 janvier 2016

Les Malgré-nous et l'incorporation de force

Monument en hommage aux Malgré-nous dans le canton d'Obernai (Bas-Rhin)














 Quand fut signé l'armistice du 22 juin 1940, le cas de l'Alsace n'était pas évoqué. Ce territoire restait donc juridiquement français. Le régime nazi l'annexa de fait en juillet suivant sans en faire la proclamation officielle.

La propagande était active pour inciter les jeunes Alsaciens à s'engager dans la Wehrmacht. Beaucoup de jeunes Alsaciens refusaient de s'engager dans l'Armée allemande et de soutenir le régime. Les nazis proclamaient alors à ce moment qu'on n'avait pas besoin des Alsaciens pour gagner la guerre qui devait être rapide.

Alfred Wahl, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Metz, écrit: "Seuls les fils des fonctionnaires allemands présents semblent avoir répondu à l'appel: ils furent moins d'nn millier pour les deux départements".

Le Gauleiter responsable du Reichsgau Baden-Elsaß, Robert Wagner, était persuadé que les "frères de race" nouvellement reconquis entendraient vite l'appel de leur sang et se sentiraient rapidement allemands mais constatant le nombre limité d'engagés volontaires, il conclut-non sans cynisme-que les jeunes hésitaient à entrer dans l'armée allemande "par peur de leur famille" et qu'ils seraient heureux de s'y voir forcés.

  • Dès septembre 1940, Marcel Weinum, âgé de 16 ans, organise un réseau de résistance constitué de 25 garçons de 14 à 16 ans et spécialisé dans la propagande, le sabotage et le renseignement appelé La main noire. A la suite d'un attentat contre le Gauleiter Robert Wagner, les membres du groupe sont tous arrêtés et dix d'entre eux sont jugés par un tribunal spécial. Marcel Weinum est condamné à mort et décapité à Stuttgart le 14 avril 1942.

La plaque commémorative apposée sur la façade du Collège épiscopal Saint-Etienne à Strasbourg

Au printemps 1942, à Vinnytsia, il persuada Adolf Hitler, au début fort réticent, d'instaurer l'incorporation de force en Alsace, ce qui fut fait officiellement le 25 août 1942.

100 000 jeunes Alsaciens seront ôtés à leurs familles et envoyés de force, principalement sur le front de l'Est, pour combattre l'armée de Joseph Staline. 30% furent tués ou portés disparus.

De nombreux autres furent faits prisonniers par les Soviétiques. Parmi eux, beaucoup choisirent de déserter la Wehrmacht pour se rendre délibérément à l'Armée rouge et ainsi, en tant que Français, rejoindre le général de Gaulle et la France libre, mais les soviétiques n'avaient, dans leur grande majorité, pas connaissance du drame de ces Alsaciens. Beaucoup furent donc considérés comme des déserteurs ou des espions, et donc fusillés, victimes d'une double méprise.Les autres ont été déportés au camp de Tamboy après un passage dans les mines de charbon de Karaganda. Dans un compte rendu du colloque de Hambourg sur le retour des prisonniers de guerre après 1945 on peut lire:

"Les Alsaciens en uniforme allemand furent concentrés dans le camp de Tambov et subirent le sort de tous les prisonniers de la Wehrmacht, avec des conditions de vie très dures, un taux de mortalité élevé et des campagnes de rééducation antifasciste. Libérés en grande majorité durant l'automne 1945, une partie des "malgré-nous" passe pourtant plusieurs années supplémentaires en captivité. Accusés de crimes de guerre par les Soviétiques, ils se sentent trahis par la France libre, et utilisés comme monnaie d'échange dans les négociations diplomatiques."

Le dernier malgré-nous libéré est Jean-Jacques Remetter, retourné chez lui en 1955.

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