Nombre total de pages vues

samedi 8 octobre 2016

Histoire du col de Bussang de la région Lorraine: limites diocésaines

Evêché de Bâle avant la Révolution

Au spirituel, le col de Bussang servit également de frontière pendant des siècles entre deux très anciens et vastes diocèses qu'il ne faut pas confondre avec les principautés épiscopales impériales: celui de Toul dépendant de la province ecclésiastique ou archidiocèse de Trèves et celui de Bâle. Une fois passé lecol de Bussang vers l'Alsace, le voyageur entrait dans le doyenné ou chapitre rural de Mazopolitanum du diocèse de Bâle, donc celui de Masevaux. Ce n'est qu'à la Révolution française, plus exactement en 1790, que la réorganisation du diocèse de Bâle lui a amputé les parties aujourd'hui françaises en Alsace pour les incorporer au nouveau diocèse constitutionnel Haut-Rhin. Côté lorrain, le Pouillé ecclésiastique et civil du diocèse de Toul de 1402 décrit précisément les origines et les divisions de "l'un des diocèses les plus étendus de l'ancienne Gaule", en 6 archidiaconés comprenant 680 paroisses. La limite diocésaine touloise au col de Bussang la frontière de l'ancienne cité des Leugues (Civitas Leuguorum) qui relevait de la métropole de Trèves. Cela explique pourquoi Bussang qui se trouve à 265 km de Trèves et à seulement 65 km de Bâle, appartient au Toulois. Jusqu'à l'Ancien Régime, l'évêque de Toul a officiellement conservé le titre honorifique de Leuchorum episcopus. Les archidioconés sont apparus vers le milieu du Xe siècle et le pays de Bussang, autrefois annexe de Saint-Maurice-sur-Moselle, se trouvait dans l'archidiaconé de Vosges et le doyenné de Remiremont dont le Pouillé fait la description succincte suivante: "Le Doyenné d'Epinal. La rivière de Moselle se partage en deux, depuis sa source qui est à Bussans, dans la paroisse de Saint-Maurice, jusqu'au-dessous d'Arches qui est la dernière paroisse de ce Doyenné du côté d'Epinal (....)." 

Les premières modifications remontent à la bulle Ad univeram agri du 19 novembre 1777 par laquelle le pape Pie VI érige les diocèses de Nancy-Toul et de Saint-Dié qui dépendent tous les deux à partir de 1823 de la province ecclésiastique de Besançon, tout comme d'ailleurs le diocèse de Strasbourg qui sera élevé au rang d'archidiocèse par Jean-Paul II par la constitution apostolique Antiquissima ipsa du 1er juin 1988. Avec le traité de Campo-Formio qui met fin à la guerre franco-autrichienne en 1797, Trèves et la rive gauche du Rhinpassent de toute façon sous administration française pour la période napoléonienne. La restructuration de 1823 met un terme au lien historique des diocèses lorrains avec l'archidiocèse de Trèves créé au VIIIe siècle après 1 100 ans d'histoire commune au spirituel. La caractéristique de ces territoires diocésains se trouve, en effet, dans le caractère transfrontalier des deux territoires dépendant chacun d'une ancienne principauté épiscopale dirigée par un prince-évêque du Saint-Empire romain germanique. Toul appartenait aux Trois-Evêchés et Bâle se scindera en une ville dans la Fédération helvétique au traité de Bâle en 1499 et un évêché qu s'étend jusqu'à la trouée de Belfort. Le flanc oriental des Vosges relevait d'une terre épiscopale, aujourd'hui suisse, tandis que la façade occidentale rassemblaient des diocèses suffragants de l'archidiocèse de Trèves, désormais en Allemagne. Les deux anciens sièges épiscopaux séculaires sont donc situées en terres germanophones.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire