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vendredi 2 septembre 2016

Entre Saint-Empire et royaume de France dans la région Lorraine

Charles III duc de 1545 à 1608


Au XVIe siècle, à la rivalité France-Bourgogne succède la rivalité France-Autriche. Le duc Antoine de Lorraine cherche à conserver la neutralité de ses duchés et de bonnes relations avec ses voisins. Son frère François de Guise combat pour la France tandis que son fils François, filleul de François Ier de France, épouse une nièce de Charles Quint. Peu avant sa mort, par le traité de Nuremberg, la Lorraine est déclarée "Etat libre et non incorporable" par l'empereur. Son successeur François Ier meurt après 363 jours de règne. Il laisse un fils de 2 ans Charles III de Lorraine et la régence partagée entre son épouse Christine de Danemark, favorable à l'empereur et son frère Nicolas de Lorraine, francophile.

En 1552, après avoir passé un accord avec les protestants allemands, le roi Henri II de France, au cours de son "voyage d'Allemagne", annexe successivement les trois villes épiscopales de la région Metz, Toul, Verdun qui seront unies sous le vocable "Trois-Evêchés". A cette occasion, il séjourne à Nancy. Il donne la régence au seul prince Nicolas et soustrait l'éducation du jeune duc à sa mère en l'emmenant à Paris. Le jeune duc ne reviendra en Lorraine que 7 ans plus tard nanti d'une épouse française, Claude de France, fille cadette du roi. Les Trois-Evêchés ne seront officiellement réunis à la France qu'en 1648 par les traités de Westphalie qui mettent fin à la Guerre de Trente Ans, qui fut très durement vécue par les Lorrains. 

En effet, en Lorraine, le XVIIe siècle commence par un conflit de succession. Le duc Henri II de Lorraine meurt en 1624 en ne laissant que deux filles. D'abord promise à Louis XIII de France, l'aînée, Nicole de Lorraine, a été mariée à son cousin Charles de Lorraine-Vaudémont. Le testament du duc stipule que les époux régneront conjointement, Charles tenant son pouvoir de Nicole. Charles réussit à évincer Nicole du pouvoir mais sa politique fantasque et son opposition ouverte à la France causeront le malheur de ses Etats et de ses sujets.

Léopold Ier, duc de Lorraine et de Bar (1703)



En 1661, la Lorraine cède plusieurs localités à la France dans le cadre du Traité de Vincennes.

Le duché de Lorraine est occupé par la France sous Louis XIII et Louis XIV de France mais retrouve son indépendance (surveillée) en 1697 avec le duc Léopold Ier, qui entreprend de restaurer ses Etats. Pour bien montrer sa détermination, il fait construire le château-résidence de Lunéville. Estimé de tous, le duc meurt en 1729 laissant le trône à son fils François III qui, élevé à Vienne, est le fiancé potentiel de l'héritière de l'empereur. La France ne saurait accepter que l'influence de l'Autriche, qui possède alors l'actuelle Belgique et le Luxembourg, s'étende jusqu'à Bar-le-Duc.

En 1738 l'empereur Charles VI obtint l'acceptation par la France de la Pragmatique sanction en échange des duchés de Lorraine et de Bar. Ces deux duchés appartenaient à celui qui deviendra en 1745, l'empereur romain du saint Empire, François Ier du Saint-Empire. Les duchés seront donnés, à titre viager, au roi déchu de Pologne, Stanislas Leszczynski, beau-père de Louis XV de France qui avait épousé sa fille Marie Lescznska. A la mort de Stanislas en 1766, la France reçut les duchés qui devinrent des provinces du Royaume de France "à l'instar de l'étranger", ce qui signifiait que les taxes douanières sur les produits passant de Lorraine en France étaient maintenues. Le duc de Lorraine recevait la Toscane et épousait la fille de l'empereur. Il sera le père de Marie-Antoinette d'Autriche qui, devenue reine de France, sera condamnée à mort lors de la Révolution française.

Stanislas Leszynski

Stanislas Leszczynski, homme affable, placé deux fois sur le trône de Pologne par des puissances étrangères et chassé deux fois par son rival Frédéric-Auguste Ier de Saxe, abandonna immédiatement la réalité du pouvoir à un intendant nommé par la France et s'appropria le Château de Lunéville dont il fit sa résidence favorite. Il fut à Nancy un acteur important des Lumières. Souverain fantoche, après les destructions ayant suivi les guerres de Louis XIII et Louis XIV, il dota la ville d'un ensemble architectural exceptionnel, la Place Royale conçue à la gloire de son gendre Louis XV. Cet ensemble urbain est inscrit depuis 1983 au titre du patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco. Il se distingua par des initiatives sociales en avance sur son temps: écoles, hôpitaux et bibliothèques publiques, greniers collectifs, secours aux plus démunis, et obtient le surnom de "Bienfaisant" tandis que l'intendant français Chamont de La Galaizière remplaçait les administrateurs lorrains par des Français, imposait la langue française dans les actes de justice (alors qu'une partie de la Lorraine était de langue germanique) et envoyait les récalcitrants aux galères royales.

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