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samedi 28 mai 2016

Tourisme dans la région Bretagne

Château des ducs de Bretagne à Nantes



La Bretagne n'a jamais eu de capitale permanente. Les premiers ducs et leur cour changeaient perpétuellement de résidence, allant chasser d'une forêt à l'autre, et habitaient finalement assez peu en milieu urbain, sauf pour quelque motif stratégique ou politique. En ce cas, c'était presque toujours dans une villede l'Est ou du Sud du duché.


Les Etats de Bretagne se réunissaient en différentes villes. A l'époque ducale à Dinan, Nantes (17 fois), Ploërmel, Redon, Rennes, Vitré, Vannes (19 fois), Guérande. Le concept moderne de capitale naît avec la création d'une véritable administration, processus lent qui commence au XIIIe siècle. Le nombre de ses employés et la masse de ses archives la rendaient moins mobile que l'ancienne cour. LeConseil, la Chancellerie et la Chambre des comptes restaient généralement en ville. Sous les Montfort, le Conseil (le gouvernement ducal) suivait parfois le duc d'une ville à l'autre, à Nantes, Vannes, Redon, Rennes, Fougères, Dol, Dinan, Guérande.


Du temps où elle était siège archiépiscopal (jusqu'en 1199), Dol était "la métropole de Bretagne".Elle gardait de ce fait la primauté sur les autres prélats bretons et l'évêque de Dol présidait les Etats en l'absence du duc et plus tard du gouverneur ou du commandant. Dol ayant été rattaché à son diocèse en 1790, l'évêque de Rennes obtint sous Napoléon III de relever son ancienne dignité archiépiscopale.


Rennes était la ville du couronnement et ses habitants l'appelaient "ville capitale" pour cela. Conan le Tort y règne, faute de contrôler Nantes et Alain III y constitue un embryon de chancellerie. Il subsiste quatorze actes ducaux écrits à Rennes de la fin du XIe siècle à 1166 pour témoigner de la présence active des ducs dans la ville, contre seize actes subsistants sur ceux qui furent faits à Nantes pendant la même période. L'enfant Geoffroy II est reçu à la cathédrale de Rennes en 1169, mais c'est à Nantes qu'il reçoit l'hommage de ses vassaux. Il tient l'Assise du comte Geoffroy à Rennes en 1185. En 1196, la duchesse Constance réunit la noblesse en assemblée à Rennes pour faire reconnaître son fils Arthur Ier. Les Dreux et les Montfort y résidaient rarement et leur château s'était ruiné au point qu'on dut le démolir au début du XVe siècle.


Saint-Brieuc menait déjà la contestation en 1235 par les "Réclamations générales des Bretons" que les vassaux de Mauclerc assemblées spontanément lui adressèrent sans ménagement.


Pourtant les échecs des comtes de Penthièvre à l'accession au trône en 1212, 1364 et 1420 coûtèrent sans doute à Guingamp et Lamballe le rang de capitale administrative qu'elles auraient pu espérer partager avec Nantes, ce qui aurait modifié le point d'équilibre politique de la Bretagne au profit du Nord.


A l'abbaye de Prières se crée la Chambre des comptes sous le duc Jean le Roux, ses archives étant déposées à Muzillac tandis que le duc réside au château de Suscinio ou à celui de l'Isle. La capitale se trouve alors éclatée de la presqu'île de Rhuys à la basse Vilaine.


Ploërmel, plus centrale que Rennes ou Nantes, et ses forêts giboyeuses, sont souvent préférées par Jean II et Jean III, qui y ont leur sépulture.


Carrefour des voies menant aux villes les plus fréquentées des ducs, Redon vit se réunir les Etats dans ses murs et reçut les tombes de Prostlon (fille du roi Salomon), d'Alain Fergant, de François Ier et, selon certaines traditions, de Nominoë.


En 1203, les barons et les prélats bretons s'assemblent à Vannes pour attribuer le pouvoir à la duchesse Alix et à son père Guy de Thouars. Alors que Charles de Blois navigue de Nantes à Guingamp, Jean de Montfort tient Vannes durant l'essentiel de la guerre de succession, et la fidélité de cette ville à la cause de Jean IV lui vaut d'être faite capitale administrative par ce duc. Elle le reste en conservant le Conseil jusqu'en 1460 et la Chambre des comptes jusqu'à la fin du duché. Le Parlement y est créé au XIVe siècle.Il devient sédentaire et souverain en 1485. Il y siège jusqu'en 1553 et de 1675 à 1689 (en mesure de punition contre Rennes après la révolte du papier timbré). Jean V, comme Pierre II, réside surtout à Vannes et aux environs (Plaisance, La Garenne, Suscinio...) mais aussi à Nantes, Dinan, Auray, Hédé, Redon ou Rennes. Arthur II et les duchesses Jeanne de France et Ysabeau d'Ecosse choisissent de s'y faire enterrer.


Château de Pontivy



La position stratégique, puis la prospérité de Nantes l'avaient fait choisir par de nombreux ducs dès Alain Barbetorte qui libéra la ville en 937 et décida d'en faire sa capitale. Le château du Bouffay devint la résidence ducale sous la dynastie cornouaillaise et Alain Fergent y réunit ses vassaux en 1808. Guy de Thouars s'occupa du nouveau château pour y résider plus à l'aise. C'est à Nantes que Jean de Montfort fonça se faire acclamer duc en 1341. Les derniers princes, Arthur III, François II et Anne y règnent aussi, plutôt qu'à Vannes. La Chambre des comptes y est transférée en 1492-1499 pour y rester jusqu'à la Révolution. L'université y fut créée dans les années 1460. Alain Barbetorte, Jean IV, Pierre II, Arthur III et François II s'y font enterrer et Anne ordonne que son coeur fût placé dans un reliquaire et placé dans le tombeau de son père François II, aux Carmes.Les duchesses Constance, Alix et d'autres princes bretons furent inhumés dans les proches environs (abbayes de La Villeneuve, de Scouëtz).


En 1532 le parlement de Bretagne devait se réunir alternativement dans les deux villes mais les préventions de la cour de France (à commencer par Catherine de Médicis) devant l'attachement des Nantais aux anciens privilèges de leur ville et de la Bretagne lui firent préférer Rennes à qui est attribué le siège du Parlement (de 1560 à 1790), la faculté de droit, la résidence du commandant en chef puis celle de l'intendant. En écho à cette politique séculaire, la préfecture de région lui est assignée par la République. Nantes obtenant la préfecture d'une région des Pays de la Loire, constituée autour de cette ville par des départements plus ou moins voisins.


Entre-temps en 1790 Pontivy avait été choisie pour réunir deux fédérations de Garde Nationale, de préférence à Morlaix et Saint-Brieuc, à cause des orientations politiques de ses délégués et de la position géographique centrale de cette ville. Napoléon Ier envisagea de faire de Pontivy rebaptisée Napoléonville une capitale administrative centralisée sous tous aspects.


En conclusion, la tradition bretonne tout au long de son histoire a été de répartir les organes du pouvoir entre différents villes au lieu de les concentrer en une seule. L'exécutif et le judiciaire étaient exercés depuis le triangle Vannes-Nantes-Rennes, à la guise des gouvernants et à la mode féodale. Le législatif était réuni dans presque toutes les villes bretonnes, malgré les contraintes, parce que le duc devait obtenir l'assentiment de ses vassaux sur les aspects de sa politique, notamment financière. La Bretagne n'a donc pas de métropole régionale dominante. Elle dispose en revanche d'un réseau, unique en France, de vingt-cinq villes dites moyennes (10 000 à 20 000 habitants).
       

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