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jeudi 26 mai 2016

Emblèmes et symboles de la région Bretagne

Le Gwen-ha du

Le Gwenn ha du


Le drapeau de la Bretagne, dans sa version moderne (1923) est le Gwenn ha Du (en français "Blanc et Noir"). Le quart supérieur gauche reprend les armoiries de Bretagne: un semé d'hermine. En héraldique, on dit "franc-quartier d'hermine plain", c'est-à-dire sans nombre précis. Habituellement, le drapeau en compte onze.Les bandes blanches et noires, selon l'explication la plus populaire, représentent les pays ou neuf évêchés de Bretagne: quatre pour les pays de langue bretonne et cinq pour les pays de langue gallo. Ces bandes sont en fait dues à la volonté de créer un nouvel emblème pour rompre avec le vieux drapeau d'hermine, trop marqué par le mouvement régionaliste aristocratique, et que certains confondaient avec des fleurs de lys, cette création s'inspirait de la façon de construire les pavillons de marine au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Grèce. A l'origine, il s'agissait de doter le mouvement Unvaniez yaounkiz Vreiz (Union de la jeunesse de Bretagne) d'un emblème. Une souscription fut lancée, relayée par le journal Breiz Atao et, à sa sortie, il va s'imposer "comme l'emblème incontournable du Mouvement breton". Le Gwenn ha du a été créé par Morvan Marchal, architecte, militant anticlérical et nationales breton, et exposé pour la première fois en 1925 au pavillon de la Bretagne à l'exposition des arts déco à Paris.


Aujourd'hui, ce drapeau flotte au fronton de nombreuses mairies et de certains et de bâtiments publics de Bretagne (par exemple le conseil général de la Loire-Atlantique).Quelques communes utilisent toujours l'ancien drapeau d'hermine, que le succès du Gwenn-ha-du a marginalisé de même que le Kroaz du, le drapeau à croix noire sur fond blanc ou d'hermine.


Autres drapeaux historiques


Le drapeau de la province de Bretagne en 1532





Kroaz du, pavillon de la flotte bretonne du XVIe siècle au XVIIIe siècle



Parmi les emblèmes utilisés en Bretagne et permettant d'illustrer la naissance du Gwenn ha Du, la première référence évoque un "vert étendard aux sept saints de Bretagne" qui aurait été arboré à la fin du haut Moyen Âge d'après une version de la chanson de Roland du XIe siècle. Les emblèmes attestés sont les suivants:


.Les souverains bretons auraient peut-être utilisé un drapeau blanc traversé d'une bande rouge, simplification des bannières à dragon rouge.

.Une croix noire sur fond blanc est attestée par plusieurs sources aux XVe et XVIe siècle sur divers supports: étendard, pavillon, bouclier, vêtement....



Flamme bretonne du XVe siècle selon une reconstitution du XVIe siècle (Combat des Trente)


Ce drapeau est nommé Kroaz du, ce qui signifie "croix noire" en breton.


.A partir de Pierre Mauclerc, les ducs de Bretagne utilisent la bannière échiquetée au franc-quartier d'hermine.


.En 1316 le duc Jean III modifia cette dernière au profit de la bannière d'hermine, que conserveront tous ses successeurs et qui restera par la suite le drapeau de la Bretagne jusqu'à son éviction par le Gwenn-ha-du au XXe siècle. Il est à noter que durant la période ducale, les queues d'hermine de cet emblème n'étaient en général pas coupées aux bords du tissu ou de l'écu, contrairement à l'"hermine plain" de l'héraldique française.


.D'autres drapeaux, bannières ou étendards ont également été utilisées pendant le Moyen Âge, notamment lors de la guerre de succession (1341-1364), les deux prétendants utilisent des flammes différentes, reprenant les couleurs aujourd'hui utilisées par le drapeau breton.


.Du XVIe au XVIIIe siècle, l'amirauté de Bretagne conserve le pavillon de la flotte bretonne, le Kroaz du, une croix noire avec quatre puis un seul quartier d'hermine.



L'écu d'hermine


Blason du duc de Bretagne Pierre de Dreux dit Mauclerc



L'écu d'hermine forme les armoiries de la Bretagne depuis son adoption en 1316.


Il remplaçait un échiqueté au franc-quartier d'hermine: Le duc baillistre de Bretagne d'origine capétienne Pierre de Dreux dit Mauclerc, étant cadet, avait brisé les armes des Dreux ("échiqueté d'or et d'azur") par un franc-quartier d'hermine. Ces armes, introduites en Bretagne en 1213, furent conservées par ses successeurs jusqu'à Jean III qui, pour faire oublier les origines capétiennes de la dynastie étant en conflit avec la France, remplaça l'échiqueté par un écu d'hermine plain (hermines occupant la totalité du blason) qui fut désormais l'emblème héraldique du duché puis de la province de Bretagne jusqu'à la Révolution.


Malgré la disparition de la Bretagne comme entité politique en 1790, l'écu d'hermine est resté en usage jusqu'à aujourd'hui. Le conseil régional de la région administrative de Bretagne l'utilise parfois, sur les trains par exemple, mais il lui a un temps préféré un logo à bandes bleues et vertes, remplacé par une hermine.


Cet écu d'hermine est la source de toute l'emblématique bretonne: la bannière herminée a donné le drapeau traditionnel, puis le franc-quartier du Gwenn ha du: Jean IV y a puisé sa devise personnelle, son ordre de chevalerie, sa livrée et le nom du château de sa capitale (Vannes/Gwened); ses couleurs furent reprises au XVe siècle par la croix noire. La moucherie d'hermine est déclinée sur toutes sortes de support.....


L'hermine héraldique


L'hermine héraldique, dont le motif répété est appelé " queue d'hermine", ou (plus héraldiquement) "moucheture d'hermine" est issue des armes de Bretagne. Dès le XVIe siècle, elle a colonisé les médailles, les papiers timbrés, les documents officiels et privés, les ex-libris, les façades et les cursives de nombreux bâtiments, les bibelots et plus récemment les auto-collants....



Contrairement aux armoiries qui représentent la Bretagne elle-même, l'hermine est la marque de ce qui est breton. C'est ce qui l'a rendue si populaire, au point que le président du conseil régional de la région Bretagne l'a choisie comme logo en septembre 2005. Citons également l'ordre de l'Hermine.


L'hermine naturelle


L'hermine naturelle, c'est l'animal proprement dit, revêtu pour marquer, la Bretagne, de la fourrure blanche qu'il arbore l'hiver dans les pays froids. Le duc Jean IV à son retour d'Angleterre, à la fin du XIVe siècle, fut le premier à en faire sa devise (ou badge).



Depuis, elle est apparue sur les sceaux des ducs puis des Etats de Bretagne, à la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, sur les sablières de tant d'églises, sur les châteaux des Montfort et un peu partout en support d'armoiries. Réactualisée en une bestiole sympathique, elle fait un retour en force ces dernières années, entre autres sur des maillots de football ou des panneaux urbains.


Elle est devenue le symbole de la Bretagne car, selon une légende, au cours d'une chasse d'Anne de Bretagne avec sa cour, une hermine parvient à échapper à la mort. Mais acculé par un chemin marécageux, l'animal préfère mourir que se salir. La duchesse Anne, impressionnée par son attitude, recueille l'hermine et défend qu'on y touche. Elle devient l'emblème de la Bretagne pour son courage et donne naissance à la devise "Potius mori quam foedari" ("Plutôt mourir que la souillure", en breton "Kentoc'h mervel eget bezan saotret). Selon les sources, le personnage cité peut aussi bien être Konan Meriadeg ou le roi Barbe-Torte.


Devise


Potius mori quam foedari en latin, Kentoc'h mervel eget bezan saotret en breton, parfois écourtée en Kentoc'h mervel (plutôt la mort que la souillure), qui fait référence à l'hermine qui préférait, selon la légende, mourir plutôt que de tâcher sa fourrure immaculée. On trouve la devise comme celle d'Anne de Bretagne, et régulièrement utilisée par les régiments bretons, historiquement ou actuellement, ou par la Résistance.


La couleur noire


L'Armes Prydein parles des "armées noires" des Bretons d'Armorique et le poème d'Ermold Le Noir évoque leurs boucliers ronds peints en noir. Le noir deviendra une constante dans l'emblématique bretonne, et c'est une couleur rare. Peut-on en conclure que l'entourage de Jean IV de Montfort ait connu ces textes anciens ou connu cette tradition par d'autres sources lors de leur choix du noir pour leurs troupes? En tout cas de nos jours l'association de couleurs noir/blanc évoque toujours la Bretagne sur des maillots de sportifs ou des casaques.


La cordelière


Dès le règne du duc François Ier au XVe siècle apparaît dans l'emblématique ducale une corde nouée en 8 appelée cordelière, écho de sa dévotion pour St-François d'Assise, son saint patron. LA duchesse Anne érigea en décoration cette cordelière héritée de son père et en fit un usage constant sur ses armoiries, ses manuscrits, le décor sculpté et le mobilier de ses résidences et de ses fondations religieuses.....La reine Claude et le roi François Ier (fils de Louise de Savoie qui portait aussi les fameux "lacs d'amour" des ducs de Savoie) l'utilisèrent aussi, ainsi que plusieurs seigneurs et quelques villes bretonnes, dont Nantes. 



Le triskell


Le triskell



On peut également citer le triskel (ou triskell), symbole à trois branches ancien et polysémqiue (symbolisant probablement des triades bardiques, une roue solaire ou les éléments primaires: l'eau, le feu et la terre) que l'on retrouve dans les cultures celtes comme dans de nombreuses autres cultures à travers les cinq continents. Accepté petit à petit comme emblème panceltique, voire comme breton, il est devenu très populaire depuis 1972, en Bretagne surtout, bien sûr, et notamment dans la jeune génération de l'époque. Mais cette popularité s'est étendue à un certain degré ailleurs (territoire français, Espagne en particulier). De la mode de porter le triskel autour de du cou, imitant Alan Stivell, ou brodé sur la manche, il s'est propagé aux marques et au tourisme bretons.


Hymne


Il s'agit du Bro gozh ma zadoù (Vieux pays de mes pènes), bien qu'il n'ait pas été officialisé.







Paroles en breton(Komzioù e brezhoneg)


Nl, Breizhiz a gralon, karomp hon gwir Vro !
Brudet eo an Arvor dre ar bed tro-do.
Dispont kreiz ar brezel, hon tadoù ken mad,
A skuilhas eviti o gwad.

Refrain

O Breizh, ma Bro, me'gar ma Bro.
Tra ma vo mor'vel mur'n he zro
Ra vezo digabestr ma Bro!

Breizh, douar ar Sent Kozh, douar ar Varzhed,
N'eus bro all a garan kement'barzh ar bed,
Pep menez, pep traonienn, d'am c'halon zo kaer,
Enne kousk meur a Vreizhad taer!

Refrain

Ar Vretoned'zo tud kalet ha krefiv,
N'eus pobl ken kaloneg a zindan an nenv,
Gwerz trist, son dudius a ziwan eno,
O! pegen kaer ec'h out, ma Bro!

Refrain

Mar d'eo bet trec'het Breizh er breizelioù braz,
He yezh a zo bepred ken beo ha bizkoazh,
He c'halon birvidik a lamm c'hoazh'n he c'hreiz,
Dihunet out breman, ma Breizh! 

Paroles en français (Komzioù e galleg)


Nous Bretons de coeur, nous aimons notre vrai pays!
L'Arvor est renommée à travers le monde.
Sans peur au coeur de la guerre, nos ancêtres si bons
Versèrent leur sang pour elle.



Refrain

O Bretagne, mon pays, que j'aime mon pays
Tant que la mer sera comme un mur autour d'elle.
Sois libre, mon pays!


Bretagne, terre des vieux Saints, terre des Bardes,
Il n'est d'autre pays au monde que j'aime autant,
Chaque montagne, chaque vallée est chère dans mon coeur.
En eux dorment plus d'un Breton héroïque!


Refrain


Les Bretons sont des gens durs et forts,
Aucun peuple sous les cieux n'est aussi ardent,
Complainte triste ou chant plaisant s'éclosent en eux.
O! Combien tu es belle, ma patrie!


Refrain

Si autrefois Bretagne, tu as fléchi durant les guerres,
Ta langue est restée vivante à jamais,
Son coeur ardent tressaille encore pour elle.
Tu es réveillée maintenant ma Bretagne!


Il s'agit d'un hymne à la Bretagne avec des paroles en breton composées par François Taldir-Jaffrenou à la fin du XIXe siècle.  Il est chanté sur la musique de l'hymne national gallois. La même musique est utilisée pour l'hymne de la Cornouailles au Royaume-Uni sous le titre de Bro goth agan tasow en cornique. Cette réutilisation de la musique dans les hymnes nationaux symbolise la proximité de coeur entre les trois nations celtiques/brittoniques.


Quelques autres emblèmes et symboles


Un certain nombre d'autres symboles, aussi importants et tout aussi sinon plus répandus, identifient la Bretagne et les Bretons. On peut citer le chapeau breton à guides, la crêpe, la carte de la Bretagne avec différents pays, le menhir ou le dolmen, la galette de sarrasin, le calvaire, le pêcheur en ciré, la Bigoudène ou la Fouesnantaise en habits et coiffes traditionnels, le bol de cidre, ils tiennent lieu dans l'imagerie populaire de marque de bretonnitude, sinon de bretonnerie.


Les lettres BZH apparaissent comme abréviation pour Bretagne pour la première fois en 1967 comme macaron de véhicules automobiles. Ce signe distinctif, comme tous ceux portant confusion avec un signe officiel, a été interdit plusieurs fois par arrêté, avant d'être complètement banalisé de nos jours. Début 2013 la Bretagne a obtenu la création d'une extension Internet ".bzh".


La coiffe et le chapeau breton sont la marque de reconnaissance quasi obligatoire des caricaturistes, par exemple dela presse parisienne (du Monde à Charlie -Hebdo) quand ils veulent représenter des Bretons.


En revanche, le personnage caricatural de Bécassine, créé à une époque coloniale peu respectueuse des minorités, a été perçu comme dégradant et insultant par le mouvement breton. Il est mieux accepté de nos jours où on peut le voir comme le symbole des petites gens quittant leur région pour trouver quelque emploi à Paris et qui furent légion dans la première partie du XXe siècle.


Du reste, dans les années 1970-1980, les Bretons se chargent de donner d'eux-mêmes une image plus juste et plus positive, avec les bandes dessinées Du Termaji chez les Penn-Sardinn de Kerik (remplis d'expressions populaires de la région de Douarnenez), et Superbigou de Stephan (en parler bigouden, mélange de français et de breton bigouden).

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