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vendredi 12 février 2016

L'industrie dans l'agglomération de Bordeaux

Certes, la contraction des emplois est nette par rapport aux années 1970 où on relevait quelque 65 000 actifs dans l'industrie dans les limites de la CUB (communauté urbaine de Bordeaux). A cette date, l'activité industrielle était concentrée dans les vingt-sept communes de la CUB. Même en prenant l'aire urbaine qui aujourd'hui reflète mieux les dynamiques urbaines de la métropole, il manque 15 000 emplois. Cependant, cette perte doit être relativisée car les services aux entreprises ont progressé si bien que ce secteur concentre aujourd'hui plus de 70 000 emplois dans l'agglomération de Bordeaux et devancent ainsi nettement la branche industrielle au sens strict.

La force de l'agglomération bordelaise réside dans la croissance de sa population, ce qui favorise le dynamisme des entreprises qui répondent à l'augmentation des produits locaux (dans le jargon des économistes, il s'agit d'économie résidentielle) et dans la présence d'un environnement favorable pour des entreprises qui opèrent sur les marchés étrangers et plus soumises à la concurrence: transports variés et diversifiés, universités dotées de laboratoires de recherche, services aux entreprises, etc. Malgré tout, l'industrie de l'agglomération bordelaise a connu de nombreuses fermetures d'entreprises, principalement dans les industries de la personne. Pas seulement, puisque l'implantation de Solectron dans les années 1970 s'est achevée sur une faillite. Reste aussi à fédérer les différents acteurs d'une filière qui souvent ont des attaches parisiennes voire européennes. Au développement des technopoles succède aujourd'hui la politique des pôles de compétitivité mise en place par l'Etat. Bordeaux peut se targuer de participer ou de piloter quatre projets. Nous avons déjà évoqué le Pôle de compétitivité mondial, "Aerospace Valley" réunit des entreprises de Toulouse et de Bordeaux opérant dans l'aéronautique, l'espace et les systèmes embarqués. Si cela conforte la place aéronautique de Bordeaux, le fonctionnement de ce pôle de compétitivité en montre également les limites car l'essentiel des forces et des emplois mobilisés se trouvent à Toulouse ( plus de 5 000 salariés dont la moitié de cadres contre 800 à Bordeaux) et on saisit mieux le caractère contraignant de la domination de l'aéronautique militaire dans la métropole de l'Aquitaine. Profitant du développement en cours du Laser Mégajoule (LMJ), les collectivités territoriales soutiennent un pôle de compétitivité "Route des lasers" fondé sur la recherche et ses applications en s'appuyant sur le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et sur une cinquantaine d'entreprises mobilisant quelque 700 salariés. 


Bien des nouveaux projets s'inscrivent territorialement dans les franges de l'aire urbaine qui dispose des terrains nécessaires. A ce titre, Canéjan et Cestas s'affirment de plus en plus, au même titre que les communes situées le long de l'A10 (dite "L'Aquitaine"), l'A89 (dite "La Transeuropéenne") et dans une moindre mesure la RD 936. Le CEA est installé au Barp. Pour autant, les paysages industriels hérités du XIXe siècle, essentiellement le long de la Garonne sur sa rive droite, ou résultant des phases d'aménagement de la seconde moitié du XXe siècle, à proximité de la rocade, impriment leur marque dans la métropole bordelaise tout en enregistrant un certain nombre de mutations. Ainsi, si la plupart des zones industrielles aménagées en relation avec les principaux échangeurs sur la rocade concentrent toujours une part importante des activités industrielles, leur tertiarisation est souvent très avancée au rythme du recul de l'industrie et de l'attrait commercial des échangeurs. A Floirac comme à Bordeaux, le long des berges de la Garonne, l'emprise industrielle s'efface au rythme des fermetures d'entreprises et de la mutation d'anciennes friches. Enfin, le bec d'Ambès apparaît de plus en plus enclavé ce qui freine son renouvellement tandis que le complexe aérospatial, proche de l'aéroport, est débordé sur ses flancs par la poussée d'une urbanisation qui s'avance vers le littoral.

jeudi 11 février 2016

Les territoires industriels de l'Aquitaine

En étudiant les grandes branches des activités industrielles, nous avons pu observer que la localisation des industries dépendaient à la fois des héritages souvent liés à l'existence de ressources locales (matières premières mais aussi main-d'oeuvre disponible), aux profondes évolutions au regard de la mondialisation et de la concurrence qu'elle induit et surtout à la nécessité de développer des activités de haute technologie qui dépendent des potentialités en matière de recherche mais aussi de services.

Tous ces éléments éclairent la nouvelle carte des territoires industriels en Aquitaine: le poids de l'agglomération bordelaise, le rôle majeur joué par les principales villes, le déclin prononcé, souvent inexorable, de l'industrie dans les plus petites villes et le monde rural.

Nombre d'emplois industriels par aires urbaines en Aquitaine en 2008


Avant de poursuivre, il faut aborder une autre évolution dans les localisations à l'intérieur des espaces urbains. La fermeture des usines les plus anciennes insérées dans les quartiers centraux, l'apparition de zones industrielles dans les années 1980 en relation avec les politiques d'aménagement dans les agglomérations pour profiter des espaces disponibles dans les communes limitrophes, l'attractivité des grandes voies autoroutières, autant de facteurs qui poussent à analyser les territoires industriels en prenant en compte les aires urbaines. Ces dernières permettent de mieux prendre en compte les dynamiques dans les franges des agglomérations et ainsi de mieux mesurer la part de chacune des villes dans l'emploi industriel total.

Selon l'INSEE, l'Aquitaine disposait d'environ 150 000 emplois industriels. La cinquantaine d'aires urbaines en regroupait un  peu plus de 130 000, soit près de 90% du total. Au sein de ces aires urbaines, la métropole bordelaise écrase toutes les autres par le volume des emplois industriels qui s'y concentrent, soit un peu plus de 52 000 ou encore 35% du total des actifs dans l'industrie dans la Région. Suivent, avec quatre fois moins de personnes, les deux principales villes moyennes, Pau et Bayonne. Ces trois aires urbaines, Bordeaux-Pau-Bayonne, rassemble un peu plus de la moitié des emplois dans l'industrie (53%). Si on prend en compte les cinq premières aires urbaines en ajoutant aux trois premières, les préfectures d'Agen et de Périgueux qui ont respectivement 5 600 et 4 000 emplois, on atteint quasiment 60% du total des actifs de l'industrie en Aquitaine. En élargissant aux dix premières (les cinq suivantes sont Bergerac, Oloron-Sainte-Marie, Marmande, Villeneuve-sur-Lot et Mont-de-Marsan) on arrive à 68%. Ainsi, les dix premières aires concentrent les deux tiers des emplois industriels. La corrélation entre la taille des villes et l'importance de l'emploi industriel est évidente sauf dans deux cas: Oloron-Sainte-Marie est mieux classée quant au nombre d'emplois industriels alors qu'Arcachon est en retrait ce qui aisément compréhensible en raison de sa vocation touristique.

Une seconde corrélation peut être établie: plus les agglomérations urbaines sont importantes (dans leur zonage en aire urbaine) moins les actifs de l'industrie sont représentés en pourcentage de la population active totale. Le classement, en relation avec la part de l'industrie dans l'emploi total, place en première position avec 40% la très petite ville d'Hagetmau dans les Landes (5 000 habitants dans son aire urbaine). En seconde position on trouve Saint-Seurin-sur-l'Isle avec 33% d'emplois dans l'industrie. Suivent ensuite une dizaine d'aires urbaines pour lesquelles la part de l'industrie est comprise entre 20 et 30%. Parmi elle on relève des petites villes depuis longtemps qualifiés d'industrielles: Mourenx, Mauléon, Nontron, Mimizan, Fumel, Oloron-Sainte-Marie, Terrasson-Lavilledieu. Un fort taux d'emplois dans l'industrie par rapport à une moyenne nationale à 13% ne signifie pas que les effectifs sont importants. Seules Oloron-Sainte-Marie, Mourenx et Fumel comptent plus de 1 000 actifs dans l'industrie. Mais toutes dépendent encore fortement du petit nombre d'entreprises qui les animent et procurent des emplois. On se trouve le plus souvent en position de mono-industrie. C'est dire si les restructurations en cours frappent de plein fouet les petits centres industriels de l'Aquitaine, le plus souvent insérés dans le milieu rural. Ce sont des bassins d'emplois qui dépérissent et des bassins de vie qui se contractent jusqu'à perdre des bassins de vie qui se contractent jusqu'à perdre des habitants.

Le cas de Fumel (Lot-et-Garonne) fournit le meilleur exemple des effets dévastateurs des restructurations industrielles sur la dynamique d'un petit bassin d'emplois représentatif des modalités de formation d'un appareil industriel fondé sur des ressources locales et une main-d'oeuvre disponible, grossi ensuite par des flux migratoires. Les avantages du site (proximité de gisement de fer et de charbon) se révèlent aujourd'hui un handicap en raison de l'éloignement de Fumel des grands axes de circulation. Malgré les efforts de la Région et des collectivités locales les créations d'emplois ne sont pas assez nombreuses. Aussi l'aire urbaine de Fumel a perdu de la population, ce qui est probablement le seul cas en Aquitaine. Après un pic de 17 000 habitants en 1975, les pertes de population se succèdent si bien que l'aire urbaine de Fumel compte 14 248 habitants en 2008, soit à peu près autant qu'en 1962. Les difficultés récentes des "Paquets Marty" aggrave la santé économique de cette petite ville industrielle.

Bien d'autres exemples permettraient de montrer que les petits centres industriels encore très actifs dans les années 1970 ont vu disparaître leurs entreprises et les emplois. Moins de 500 personnes travaillant encore dans l'industrie àCasteljaloux, Miramont-de-Guyenne, Tartas. Les fermetures récentes dans l'industrie du meuble à Hagetmau ne sont pas encore totalement prises en compte dans les données de l'INSEE en 2006, mais il est certain que les prochains recensements souligneront la gravité des derniers événements dans la "capitale du meuble".

De très nombreuses petites villes n'ont jamais eu d'activités industrielles importantes dans le passé. En raison de leurs activités dans le commerce et les services rendus dans leur bassin de vie, les taux d'emplois dans l'industrie restent inférieurs à la moyenne française. La plupart ont entre 10 et 12% d'actifs dans l'industrie: La Réole, Ribérac, Orthez en sont des exemples. Certaines comptent moins de 10% d'emplois industriels: Lesparre, Langon, Peyrehorade. Biscarosse dans les Landes enregistre le plus faible taux: 3,2%.

A contrario, si les villes moyennes, celles qui ont 20 000 habitants et plus, concentrent les emplois industriels proportionnellement à leur taille, la part de l'industrie dans l'ensemble des activités reculent régulièrement et se situe en dessous de la moyenne en France. En effet, à l'exception de la petite ville moyenne de Marmande (16,7% d'actifs dans l'industrie), toutes les autres possèdent un taux inférieur à 13%. Si Pau et Bayonne ont un taux proche de la moyenne de la France, ce taux n'est plus que de 10% dans l'aire urbaine de Bordeaux, alors même que la métropole de l'Aquitaine totalise plus de 50 000 emplois dans l'industrie.

Il s'agit d'une évolution inéluctable, résultat de l'accroissement rapide des emplois tertiaires dans les villes. Mécaniquement le taux d'actifs dans l'industrie recule en raison de l'emploi qui stagne voire décline alors que le tertiaire continue de progresser en volume. Ce qui permet de relativiser le déclin de l'industrie dans les plus grandes villes de l'Aquitaine, principalement les trois plus importantes: Bordeaux, Bayonne et Pau. En effet, une partie des emplois en relation avec l'industrie se retrouve dans les services rendus aux entreprises. Si on intègre ces actifs à ceux de l'industrie on retrouve des effectifs presque aussi importants que dans les années 1975.

Il n'en reste pas moins que l'emploi industriel recule, y compris dans les grandes villes. Sur la période 1999-2008, les données de l'INSEE permettent de dégager un solde négatif de près de 3 000 salariés. Le recul des emplois industriels dans l'aire urbaine de Bordeaux, -1 836 sur la même période, participe fortement à ce déclin industriel. Outre Bordeaux, les pertes les plus élevées en emplois industriels s'observent dans les aires urbaines d'Orthez (-690), Bayonne (-440), Nérac (-413), Tonneins (-378), Hagetmau (-368), Souillac (-366) et Fumel (-265) pour s'en tenir à celles qui perdent plus de 200 emplois.

Une autre moitié des aires urbaines connaît, selon l'INSEE, un solde positif des emplois industriels entre 1999 et 2008. Certes, cela ne gomme pas les pertes durant les périodes antérieures, mais ces soldes positifs témoignent du dynamisme de quelques villes moyennes, y compris de petites villes. Sur cette période c'est Agen, préfecture du Lot-et-Garonne qui enregistre le gain le plus important (+561) suivi par Pau (+527). Avec de 200 à 300 emplois en plus, viennent Mont-de-Marsan, Bazas, Blaye et Capbreton. Marmande, Mourenx, Arcachon, Périgueux et Libourne ont un solde positif compris entre 100 et 200 personnes.

Ces variations négatives ou positives ont peu d'effets sur la concentration des emplois industriels dans quelques aires urbaines. Celles de Bordeaux, de Pau et de Bayonne rassemblent 52% des actifs de l'industrie en Aquitaine. Mais la suprématie de Bordeaux est incontestable avec un peu plus de 50 000 personnes oeuvrant dans l'industrie.
    

Les industries de la personne

Si le déclin de l'emploi dans les filières du bois apparaît important, c'est de sinistre qu'il faut parler pour traiter des industries de la personne: 45 000 emplois en 1954, soit autant que les industries métallurgiques, à peine 4 000 en 2008 et la baisse pourrait se poursuivre. Cette évolution négative a commencé dès les années 1960 en raison de la concurrence toujours plus forte de la production étrangère parce que les industries de la personne en Aquitaine étaient elles aussi fondées sur des avantages de main-d'oeuvre pour une production plutôt de bas de gamme.

Il s'agissait d'un industrie fortement présente dans la plupart des villes, y compris l'agglomération de Bordeaux. Toutefois, pour plusieurs petites villes, il s'agissait d'une mono-activité créatrice de nombreux emplois. Citons les activités lainières à Oloron-Sainte-Marie, les usines de chaussures à Mauléon, Hasparren, Miramont-de-Guyenne, Neuvic et Nontron. Dans toutes ces petites villes, la contraction de l'emploi a été très forte en quelques années. Ainsi Oloron-Sainte-Marie comptait une dizaine d'affaires familiales faisant travailler 1 200 personnes, dès 1975, il n'y en avait plus que cinq et seulement 350 ouvriers et aujourd'hui pratiquement plus rien. Même évolution dans toutes les petites villes liées à la fabrication de chaussures puisque actuellement elles ont perdu leurs entreprises, souvent très importantes par les effectifs. Plus de 800 emplois supprimés chez Soussial à Miramont-de-Guyenne, plus encore (près de 2 000 emplois dans les années 1960) à l'usine Marbot (groupe Bata) de Neuvic qui a fermé définitivement en 2010 alors qu'il ne restait plus que 73 ouvriers. Les fermetures pour faillites et relocalisation dans les pays où la main-d'oeuvre était meilleur marché sont tout aussi nombreuses dans les plus grandes villes. Ainsi, il ne reste plus grand-chose des industries de la personne dans l'agglomération de Bordeaux. Le dernier conflit le plus médiatique concerne la décision d'un fonds de placement de fermer l'usine Arena de Libourne qui fournissait des maillots de bain, près de 150 emplois disparaissent en 2006.

Désormais, seules sept entreprises dépassaient la centaine de salariés dans les industries de la personne au milieu des années 2000 et aucune n'en a plus de 200. Deux d'entre elles, Bidegain SA et Tonon Laburthe sont localisés dans les Pyrénées-Atlantiques, deux dans les Landes, une à Blanquefort dans l'agglomération de Bordeaux et deux en Dordogne à Saint-Cyprien et Nontron. Les temps sont difficiles et l'emploi continue de se contracter, puisque dans le cas de Teton SA à Saint-Cyprien, il y a maintenant moins de 70 ouvriers et il en est de même pour Tonon Laburthe à Pontacq.

Les industries de la filière bois

Les industries du bois en Aquitaine en 2008

La filière bois est constituée de deux grands types d'activités qui utilisent principalement le bois de la forêt des Landes et secondairement celui de la Dordogne. Les industries de la première transformation (pâte à papier, sciage, tranchage, etc...) sont très souvent le fait d'entreprises de taille importante pour réaliser des opérations qui nécessitent de forts investissements. Les industries de seconde transformation (papier/carton, meubles, menuiserie et contreplaqués, etc..) ne nécessitent pas autant de moyens. Elles sont donc plus dispersées géographiquement et aux mains d'entreprises de dimension plus réduite, voire artisanale.

Si les industries de la filière bois tiennent une place importante dans les industries de l'Aquitaine et ont fait l'objet, régulièrement, de projets soutenus pas les autorités nationales et régionales, elles n'en demeurent pas moins soumises à de très fortes tensions liées à la concurrence internationale, au changement de la mode surtout surtout dans le bâtiment et le mobilier, aux conséquences des tempêtes sur le massif forestier.

Ces tensions expliquent l'évolution des effectifs de la filière. Près de 27 000 emplois en 1954 et 36 000 en 1975, l'année du maximum. Depuis, le recul est constant, les plans sociaux se succèdent dans les entreprises de sciage et de seconde transformation qui sont les plus affectées par les évolutions du marché, tandis que dans l'industrie du papier la tendance est à la réduction des emplois pour s'adapter à la concurrence internationale. Dès le début des années 1990, la filière retombe à 24 000 emplois, dont environ 6000 dans le papier et le carton et 18 000 dans les autres secteurs de la filière. En 2008, les industries du bois totalisent à peine 17 000 emplois, en fait moins de 13 000 si on n'inclue pas le secteur de l'imprimerie, notamment les employés du journal Sud Ouest. Un peu moins de 3 000 personnes participent à la fabrication de pâte à papier alors qu'un peu moins de 10 000 oeuvrent dans la fabrication d'articles en bois dans des entreprises qui huit fois sur dix comptent moins de 10 salariés. Le recul est constant et spectaculaire, il devrait malheureusement se poursuivre tant la conjoncture actuelle est défavorable.

L'industrie papetière fournit des pâtes à partir de sous-produits du bois (coupes d'éclaircies et connexes de scieries) et de plus de papiers recyclés. Si une douzaine d'établissements participent à cette production, quatre dominent ce secteur marqué par la concentration et la présence de grands groupes de dimension internationale. Cette branche a été longtemps dominée par le groupe Cellulose du Pin filiale de Saint-Gobain (usines de Condat-sur-Vézère, Facture et Tartas), avant de se désengager au profit de groupes étrangers.

Créée à l'est de la Dordogne au début du XXe siècle, l'usine de Condat-sur-Vézère est aujourd'hui une filiale du groupe papetier européen Lecta spécialisé dans la fabrication de papier couché pour l'édition publicitaire et les beaux livres. Sa capacité est de plus 500 000 t/an et elle emploie près de 800 salariés. L'usine Smurfit-Cellulose du Pin de Facture occupe une place importante dans le dispositif de production de papier kraft à partir de fibres vierges de pin maritime: un peu plus de 500 000 t/an en mobilisant 450 personnes.Le groupe irlandais Smurfit a récemment fusionné avec le néerlandais Kappa ce qui entraîne des restructurations dont le site girondin n'a pas à souffrir pour le moment. L'établissement papetier de Gascogne Paper à Mimizan est de taille identique, également spécialisé dans la livraison de papier kraft mais se veut aussi un nouvel acteur des papiers couchés spéciaux. Cette unité est intégrée dans le groupe régionale Gascogne très diversifié dans la filière bois. Enfin, l'usine de Tartas, propriété du groupe canadien Tembec depuis 1999, emploie 250 personnes et fourni 150 000 t/an de deux types de pâtes: BIOFUF à usage sanitaire et BIOFLOC à usages multiples et à valeur ajoutée plus grande.

Une partie de la production de pâte à papier est utilisé sur place pour la fabrication d'articles en papier ou carton. Cette activité mobilise 1 500 personnes environ, dans des établissements de moyenne dimension, filiales le plus souvent des grands groupes papetiers.L'usage le plus fréquent est celui de l'emballage (cartons ondulés et sacs).

L'emballage en bois est également une spécificité de l'Aquitaine. On estime que 1 800 salariés environ fournissent des emballages pour le transport sous la forme de palettes, de caisses et autres emballages industriels, mais également des produits d'emballage en relation avec l'activité viticole locale (barriques et caisses à vin). L'entreprise la plus importante, spécialisée dans la livraison de palettes, est Beynel-Manustock dont la création à Belin-Beliet remonte à 1945. Cette PME de plus de 250 salariés a ouvert d'autres établissements, dont récemment celui du Teich. Toutefois, pour être en mesure de faire face aux investissements de cette croissance, Beynet-Manustock vient d'entrer en 2009 dans le groupe PGS (Palette Gestion Services) leader français dans cette activité.

L'industrie des panneaux de bois fabrique des contreplaqués, des panneaux de particules et des panneaux de fibres destinés aux autres secteurs de la filière bois comme l'ameublement, mais aussi en direction du bâtiment. Une dizaine d'entreprises donnent du travail à un millier de salariés. Deux de ces PME appartiennent à de grands groupes.La société autrichienne Egger a pris en 1994 le contrôle de la fabrique de panneaux à Rien-des-Landes. Encore plus importante, avec plusieurs établissements, GascogneWood, filiale du groupe Gascogne, ne se contente pas de livrer des panneaux, élargissant son activité aux autres secteurs de la filière bois.

Gascogne Wood est notamment présent dans la fabrication de menuiserie, de lambris, de parquets, dont la destination est le bâtiment tant pour la construction que pour l'aménagement. On estime que la branche charpente et menuiserie industrielle en bois rassemble un peu plus de 3 000 salariés, tandis que les parquets-lambris et moulures, un des secteurs phares de la région compte un peu plus de 2 000 emplois. On peut y ajouter l'ameublement et ces 1 000 travailleurs. Ce sont ces différentes branches qui souffrent le plus des crises à répétition, de la concurrence des autres matériaux (plastiques et aluminium). Si les petites, voire très petites entreprises, sont nombreuses, il existait tout de même quelques PME de plus 400 salariés. Elles sont aujourd'hui en faillite ou en grande difficulté. C'est le cas de Capdevielle à Hagetmau (Landes) qui a déposé son bilan et c'est en même temps tout le savoir faire local en matière d'ameublement qui disparaît car Hagetmau pouvait apparaître comme la "capitale" de l'ameublement en raison des nombreuses usines y opérant. Autre symbole de ces difficultés, les parquets Marty localisés près de Fumel (Lot-et-Garonne) connaissent toute une série de plans sociaux pour essayer de sauver une affaire qui donnait du travail à plus de 500 personnes au milieu des années 2000, c'est Tarkett France qui reprend l'usine, ne conservant que 130 ouvriers.

La filière bois est suffisamment importante pour obtenir l'appui des collectivités territoriales tout au long des dernières années. Ainsi, s'explique l'obtention du label Pôle de compétitivité national pour le projet "Xylofutur" dont la vocation principale est de faire émerger des projets innovants au profit de la totalité de la filière. Ce pôle compte 143 membres actifs dont 16 grandes entreprises, des centres de recherches.
  

Chimie, pharmacie et plastique

Les industries chimiques en Aquitaine en 2008

L'essor de la production d'électricité, la découverte et l'exploitation du gisement de gaz de Lacq ont permis le développement d'une industrie chimique en Aquitaine. Cependant, on retiendra l'échec des projets d'une plateforme chimique fondée sur le pétrole importé et sur l'usage de l'électricité. La crise pétrolière du milieu des années 1970, suivi d'une crise économique, a condamné l'opération. En outre, l'arrêt de la production de gaz naturel dans le gisement de Lacq provoque une recomposition des activités chimiques. Dans le même temps, trois établissements assurent l'essor de l'industrie pharmaceutique: deux (Labaz et Sarget) s'implantent dans l'agglomération de Bordeaux, UPSA à Agen.

Cette histoire conditionne la localisation actuelle de l'industrie chimique et para-chimique. Deux grands foyers s'imposent, celui de l'agglomération bordelaise et surtout l'ensemble allant du sud des Landes au gisement de Lacq qui associe les entreprises héritières de l'industrie de la gemme et celles fondées sur le pétrole et le gaz de Lacq. En dehors de ces deux pôles, seuls émergent les sites de Bergerac et Agen. 

Malgré l'épuisement du gisement de gaz naturel, la fermeture de la centrale thermique, le bassin de Lacq conserve une industrie chimique dominée par la chimie de base assortie d'une diversification en chimie fine. Il est possible de distinguer quatre plateformes au sein de ce que certains considèrent comme un complexe chimique. Le site de Mont est spécialisé dans les matières plastiques. Total, qui a pris le contrôle d'Elf d'Aquitaine, reste présent sur la plateforme de Lacq. Sur la commune de Pardies sont valorisés les produits et sous-produits du gaz naturel. Enfin Mourenx accueille plutôt des entreprises orientées dans la chimie fine. Cet ensemble est traversé par des restructurations, le fait le plus marquant étant la fermeture en 2009 d'Acetex, principale usine du bassin de Lacq. Pour autant l'existence d'un complexe autorise des espoirs, la presse annonçant fin 2011 la venue du japonais Toray qui pourrait installer une unité de production de fibre de carbone.

Entre Soustons et Dax dans le sud des Landes, plusieurs établissements interviennent dans la chimie de base et la parachimie. Trois d'entre eux comptent plus de 200 salariés. Variplast Packaging France, implanté à Soustons, est spécialisé dans les emballages en plastiques pour l'industrie agroalimentaire. MLPC International, à Rion-des-Landes, filiale d'Arkema, est orienté dans la production d'agents de vulcanisation pour le marché de la transformation du caoutchouc. Finalement, seule la société DRT, localisée à Dax dès 1932, toujours aux mains de capitaux familiaux, conserve une activité héritée de la transformation de gemme. Mais l'approvisionnement se fait dans le monde entier, le groupe a deux usines en Asie et l'essentiel des ventes se fait à l'international.

Le pôle chimique bordelais est le plus diversifié, plus orienté désormais dans la parachimie et la pharmacie que dans la chimie de base. Cette dernière se concentre plutôt sur les bords de la Garonne de Bassens à Ambès. Outre la production d'engrais, la principale unité est l'unité est l'usine Simorep filiale de Michelin qui livre depuis 1964 du caoutchouc synthétique aux usines du groupe Michelin. De 20 000 tonnes par an au début, on est passé à 150kt/an ce qui mobilise près de 400 salariés. Une partie de l'industrie chimique satisfait la demande du complexe aérospatial. C'est notamment le cas de la SNPE spécialisée dans la production de poudre et d'explosifs implantée à Mérignac, une des plus importantes usines de l'agglomération avec un millier de salariés. Trois des plus importants laboratoires pharmaceutiques ont connu des fortunes diverses. Né de l'esprit d'entreprise d'un pharmacien local, les laboratoires Sarget localisés à Mérignac ont été intégrés dans le groupe allemand Degussa qui lui fournissait le sargénol et lui ouvrait le marché de la Bétadine, avant d'appartenir désormais au groupe suédois Meda AB. Labaz à Ambarès, aujourd'hui propriété de Sanofi, est une usine de fabrication et de conditionnement de formules sèches et de produits injectables sous formes d'ampoules. Enfin, CEVA Santé Animale à Libourne, fort de plus de 500 employés, initialement créé par Sanofi, aujourd'hui propriété de ses salariés, est (selon la société) le neuvième groupe pharmaceutique vétérinaire mondial.

Bergerac a été pendant longtemps animé par l'activité de l'usine Bergerac NC appartenant au groupe SNPE, orientée dans la production de nitrocellulose. Progressivement la production s'est contractée et les emplois aussi. En 2011, la SNPE devait vendre son unité à la société espagnole Maxam, ce qui devrait se traduire par une perte d'une centaine d'emplois.

La situation est diamétralement différente à Agen où l'entreprise UPSA (Union Pharmaceutique des Sciences Appliquées) fondée par un médecin local (le docteur Camille Bru), vendue au groupe américain Bristol-Myers Squibb (BMS) en 1994, demeure un des plus gros employeurs local et régional avec 1 400 salariés.Deux usines et une plate-forme logistique permettent de livrer sur le marché toute la gamme des antalgiques depuis l'aspirine et le paracétamol jusqu'à la morphine. Depuis 1994, le groupe américain a investi régulièrement dans ses deux unités agenaises qui livrent la moitié de leur production à l'exportation.
    

   

Les autres activités industrielles

Comme pour les industries agroalimentaires, les ressources locales interviennent dans le développement de l'industrie chimique et les industries du papier et du bois, tandis que les industries de la personne ont bénéficié principalement de la main-d'oeuvre locale. Toutefois, ces différentes branches ont également en commun de totaliser des effectifs salariés moindres, moins de 20 000 pour la chimie-pharmacie et papier-bois, moins de 5 000 pour les industries de la personne littéralement sinistrées. Enfin, si la chimie et la pharmacie ont maintenu le niveau de leur activité sans jamais être capable de prendre de l'importance malgré l'approvisionnement régional, les industries du bois et du papier ainsi que les industries de la personne sont particulièrement sensibles à la concurrence internationale, ce qui se traduit par un recul régulier des emplois et de nombreuses crises parmi les établissements les plus importants. 

mardi 9 février 2016

Les industries agroalimentaires (IAA)

Selon les sources, DRAAF (Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt) ou INSEE, le potentiel de l'industrie agroalimentaire est sensiblement différent. En 2006, la DRAAF considérait que les IAA mobilisaient un peu plus de 20 000 salariés répartis dans 4 000 entreprises. En 2008, l'INSEE avance des données sensiblement différentes: près de 900 entreprises et près de 30 000 salariés. Deux années d'écart ne peuvent suffire à expliquer cet écart. Cela tient à ce que les deux organismes ne prennent pas en compte les mêmes bases pour effectuer ce recensement. Ainsi, la base d'Agreste que gère la DRAAF écarte les métiers de la boulangerie ou les charcutiers. Quoi qu'il en soit, avec de 20 000 à 30 000 salariés selon l'option retenue, les IAA restent une activité fondamentale en Aquitaine.

Les industries agroalimentaires en Aquitaine en 2008


Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Bordeaux constituait le principal foyer de concentration de l'industrie agroalimentaire en Aquitaine en relation avec ses activités portuaires: huileries, raffineries du sucre, spiritueux, chocolateries, sécheries de morue, fabriques de pâtes alimentaires, etc. Ce potentiel s'est rapidement délité pour deux raisons essentielles: l'évolution de l'activité du port et son recul par rapport à d'autres ports français ou européens, la concentration des IAA au profit d'autres localisations comme dans la biscuiterie. Parallèlement, le reste de l'Aquitaine jusqu'alors cantonné à des petites entreprises, l'évolution de la demande, de l'action des pouvoirs publics et du rôle des organismes coopératifs de plus en plus puissants.


Répartition des salariés de l'industrie agroalimentaire par départements de l'Aquitaine en 2008


Sans qu'on puisse en faire une règle absolue, le développement des industries agroalimentaires a été réalisé en s'appuyant sur les spécificités locales. Nous avons déjà mentionné le rôle du trafic portuaire sur l'installation d'IAA dans la métropole régionale et plus secondairement dans les environs de Bayonne. Pour le reste du territoire aquitain, il ressort que l'industrie de la viande et du poisson est dominante dans le sud des Landes et le nord des Pyrénées-Atlantiques, que celle de la boisson est fortement représentée en Gironde, celle des fruits et légumes est bien une spécificité du Lot-et-Garonne, tandis que l'industrie laitière est marquée sur le piémont pyrénéen. Seule la transformation des farines et celle de la confiserie sont plus dispersées.

Les principaux secteurs de l'industrie agroalimentaire en Aquitaine en 2008


Une dizaine d'affaires émergent dans l'industrie agroalimentaire en Aquitaine, dont six réalisent plus de 200 millions d'€ de chiffre d'affaires en 2008 et ce sont également celles qui emploient le plus de salariés, jusqu'à 1 000 pour deux d'entre elles: Lindt et Labeyrie. Ces sociétés importantes détonnent dans une activité industrielle où la petite taille est le plus souvent la règle. En effet, deux tiers des entreprises comptent moins de dix salariés tandis qu'elles sont moins de 100 à disposer de 50 salariés et plus. En évoquant quelques-unes des établissements les plus importants il est possible de comprendre leur insertion à partir des productions locales, leur essor qui n'a pu être assuré qu'en s'adossant à un plus grand groupe. C'est seulement pour cette raison que nous détaillerons un peu leur histoire.

Il existe finalement bien des points communs entre Labeyrie et Delpeyrat, deux entreprises agroalimentaires qui ont fait du foie gras la base de leur développement tout en se diversifiant surtout dans le poisson pour la première et vers les plats cuisinés pour la seconde. Deux entreprises aux mains désormais de deux puissantes coopératives agricoles du sud de l'Aquitaine, Lur Berri et Maïsadour. Le fondateur de Labeyrie a créé son entreprise à Saint-Geours-de-Marenne en 1946, n'hésitant pas à se rendre sur les marchés de Bordeaux pour écouler sa production de foie gras et de saumon de l'Adour. Pierre Delpeyrat saisit dès 1890 l'opportunité que représente "l'appertisation" pour vendre des truffes, du foie gras et d'autres spécialisations du Périgord. Toutefois, un siècle plus tard, Delpeyrat se délocalise dans les Landes, principal foyer de production de foie gras, à Saint-Pierre-du-Mont.Les deux entités font plus de 200 millions d'€ de chiffre d'affaires, ont la particularité de vendre surtout aux moments festifs de l'année, principalement pendant les fêtes de Noël, d'écouler prioritairement leur production dans les circuits de la grande distribution. Dernier point commun, ces deux grands coopératives agricoles. C'est en 1998 que Maïsadour prend le contrôle de Delpeyrat qui fusionne à cette occasion avec Sarrade, tout en accroissant la taille de l'affaire en procédant à des achats d'autres entreprises, dans les années 2000, opérant sur des segments proches: plats cuisinés, charcuterie, jambon, etc. En reprenant Comtesse du Barry, produit haut de gamme vendu dans les boutiques, Delpeyrat semble opter aussi pour le haut de gamme. De son côté, Labeyrie avait été vendue en 2004 au groupe agroalimentaire Alfesca d'origine islandaise qui se présentait comme le leader des aliments festifs (foie gras et saumon). Toutefois, dès cette première opération, la coopérative Lur Berri implantée à Aïcirits-Camou-Suhast dans les Pyrénées-Atlantiques était présente à hauteur de 35% et elle fournissait les foies gras à Labeyrie. Profitant de la sortie du groupe Alfesca, Lur Berri vient de porter sa part à 60% et prend donc le contrôle de Labeyrie.

Plus globalement, en dehors des deux sociétés présentées ci-dessus, les industries de la viande se signalent par la vitalité de plusieurs autres entreprises tant par leur chiffre d'affaires que le nombre de leurs salariés. Citons, dans le secteur de la découpe de la viande, "Les Fermiers Landais" à Saint-Sever ainsi que Sobeval à Boulazac.

Si l'essentiel du lait produit en Aquitaine est peu transformé pour être vendu sous une forme conditionnée pour la consommation des ménages, une modeste part est destinée à la production de yaourts ou autres laits fermentée et le reste à la livraison de fromages. Comme la part la plus importante de la production laitière se concentre dans deux départements, Pyrénées-Atlantiques et Dordogne, il n'est pas étonnant que les deux principales fromageries d'Aquitaine s'y localisent elles aussi et toutes deux appartiennent au groupe Bongrain. On sait que le concepteur de cette société en 1956 a fondé sa stratégie sur la commercialisation de spécialités fromagères sur le modèle du Caprice des Dieux. Les deux usines d'Aquitaine s'inscrivent dans ces objectifs. La fromagerie de Marsac-sur-l'Isle livre avec deux autres unités en France des pâtes fraîches comme St Môret et Tartare. La Fromagerie des Chaumes à Jurançon fait partie de ces unités fromagères rachetées par le groupe Bongrain et elle aussi s'inscrit dans un ensemble orienté vers la livraison de produits de caractère tels Saint Albray et Etorki.

Quatre entreprises émergent dans le domaine de la biscuiterie et de la confiserie. Comme dans les autres branches des IAA déjà présentées, elles sont adossés à des groupes puissants, ce qui assure leur pérennité et leur développement face à une concurrence toujours plus forte. Lu compte une usine (500 salariés environ) à Cestas qui est plutôt spécialisée dans la production de biscuits chocolatés. Lu s'est associé dans son dernier investissement à la firme belge Côte d'Or pour livrer un produit destiné plutôt aux adultes. Dans un tout autre registre "Martine Spécialités" basée à Condat-sur-Trincou, de création récente (1984), a opté pour la pâtisserie industrielle ce qui a porté son essor, passant de 30 salariés à près de 500. Toutefois, l'équilibre est souvent fragile malgré la vente de la société à de plus grands groupes, si bien que c'est le management qui gère aujourd'hui l'usine avec l'aide de deux fonds de financement. Enfin, deux chocolateries ont une taille importante. Celle de Bègles est liée à la marque Cémoi depuis la prise de contrôle dans les années 1990 par le groupe Cantalou. Beaucoup plus importante est l'usine Lindt à Oloron-Sainte-Marie (environ 1 000 salariés selon les périodes). Cette usine Lindt est une des plus importantes du monde dans sa double orientation: une livraison régulière tout au long de l'année de tablettes et produits pralinés et une bien plus importante production saisonnière pour les fêtes de Noël. De ce fait, le plein emploi est atteint durant l'été parce que c'est à ce moment que se prépare les livraisons pour la fin de l'année.

Plusieurs entreprises implantées sur les terres viticoles de la Gironde assurent l'élevage du vin et la mise en bouteille. Une de ces sociétés s'impose par l'ampleur de son chiffre d'affaires, proche de 200 millions d'€, "Les caves de Landiras Louis Eschenauer". L'établissement est la propriété des "Grands Chais de France", un des premiers négociants français de vins et d'alcools. Landiras constitue pour le groupe un centre essentiel tirant parti de la proximité du grand port maritime de Bordeaux. L'établissement est installé sur 7 ha, comporte de grandes capacités de stockage et dispose d'une capacité de plus d'un million de bouteilles par jour.

Malgré une importante production de fruits et légumes et la grande spécialisation de la gouttière garonnaise dans ce secteur de l'activité agricole, l'industrie agroalimentaire des fruits et légumes a enregistré un certain nombre de difficultés pour se développer. L'orientation de la profession en faveur de la commercialisation sur les grands marchés de frais comme Rungis a été un obstacle car l'IAA des fruits et légumes exige une continuité dans l'approvisionnement. De ce fait, seules deux firmes ressortent dans cette branche des IAA: Bonduelle Sud Europe basé dans les Landes et surtout "Maître Prunille" localisé à Casseneuil, un des principaux leaders dans la transformation et la commercialisation des pruneaux. Notons aussi la fermeture de la manufacture de tabac de Tonneins en 2000, la perte de plus de 300 emplois a eu des effets très négatifs dans cette petite ville de moins de 10 000 habitants.

Le groupe Olano, transporteur frigorifique, a son siège à Saint-Jean-de-Luz où il emploie une centaine de personnes.

Autres transformations des métaux et équipement mécanique

Si une forte proportion des industries métallurgiques assure des missions de sous-traitance en répondant aux commandes de grands groupes, particulièrement ceux du complexe spatial et aéronautique, il n'en reste pas moins que ces activités ont aussi leur vie propre et répondent aux besoins d'autres activités industrielles. Grâce à une production très variée, allant de la pelle hydraulique ou de la nacelle jusqu'à la cuve d'un réacteur nucléaire, des tôles embouties à des pièces subissant un usinage complexe, des lunettes à la casserole, les équipements de la mécanique et de la transformation des métaux sont sollicités par la plupart des autres activités industrielles, y compris les industries agroalimentaires et apparaissent ainsi indispensables à l'évolution technologique des branches industrielles.

Ces activités de transformation des métaux et de l'équipement mécanique sont le fait de petites entreprises qui majoritairement comptent moins de 50 salariés, souvent pas plus d'une dizaine. Impossible de faire une analyse exhaustive, aussi nous en tiendrons-nous à moins d'une dizaine d'établissements qui émergent en raison de leur taille et de leur savoir-faire.

En ce qui concerne les équipements mécaniques quatre affaires permettent de souligner la variété et les compétences accumulées qui placent certaines en position de leader. Lectra, anciennement "Lectra-système", est une entreprise, fondée au début des années 1970 en Gironde, qui est devenu le leader mondial de solutions textiles en matière de découpe, de conception et de développement. Secouée par la conjoncture et par des erreurs de management, l'entreprise a été recapitalisée, son siège déplacé à Paris, mais une usine de 500 salariés demeure en Gironde. Tout autre est la société Bonnet-Neve, résultat d'une série de regroupement d'affaires, leader dans le domaine des meubles réfrigérés et des unités de réfrigération, qui possède une usine à Hendaye. Lafon SA, simple installation pétrolière a diversifié ses activités pour devenir un spécialiste des automates de distribution de carburants et de stations de lavage. Enfin, JLG France, basé à Feuillet en Lot-en-Garonne, est un des principaux constructeurs de nacelles en Europe.

La diversification des principales entreprises de la transformation des métaux est tout aussi grande et rend difficile une présentation synthétique. Exameca SA, basé à Serres-Castet près de Pau, est un bon exemple de groupe sous-traitant de l'industrie aéronautique, mais également présent dans la tuyauterie et le domaine de la mesure, 350 emplois au total. De taille identique, Signature, installé à Urrugne, appartient au groupe Burelle à la tête de Plastic Omnium et est le spécialiste de la signalisation routière. Plusieurs affaires opèrent dans les constructions métalliques en relation avec l'industrie de la construction. Ainsi Cance (près de 300 salariés) implanté à Nay a débuté dans la serrurerie avant d'élargir ses activités à la menuiserie et aux constructions métalliques. Loubat-Frères à Sainte-Livrade-sur-Lot et Garrigues à Colayrac-Saint-Cirq sont présents sur le créneau des fermetures et menuiseries. D'autres sont orientés maintenance industrielle, tels A2M maintenance métallurgie à Saint-Aubin-de-Blaye, toutefois l'affaire a traversé une sévère crise depuis 2007. Enfin, quelques établissements interviennent dans l'emballage métallique comme Ramondin à Tosse (Landes) et Rexam France localisé à Mont.

La construction automobile n'occupe pas une place importante en Aquitaine, mais la venue de Ford à Blanquefort (agglomération de Bordeaux) au début des années 1970, qui a compté jusqu'à 4 000 salariés, a eu des effets en matière de sous-traitance. L'avenir d'une des deux usines du groupe américain continue de susciter des craintes aussi bien parmi les salariés de la firme que dans tout le tissu économique et chez les politiques. En effet, dès l'origine, une des deux usines a fabriqué des boîtes de vitesse pour le marché américain. Ford fortement touché par la crise économique et financière, mais aussi par l'évolution du marché automobile, a décidé de fermer l'unité de production travaillant pour le marché des Etats-Unis. La mobilisation des acteurs politiques locaux, appuyés par le gouvernement, conduit à la vente de l'usine, en 2009, à la HZ Holding, entité à capitaux allemands, qui s'engage à maintenir au moins 1 600 emplois et à diversifier la production, notamment dans l'éolien. Ford Aquitaine Industrie devient alors First Aquitaine Industrie. En fait, cette solution se révèle assez vite sans avenir, à tel point qu'au printemps 2011, Ford annonce reprendre l'usine de Blanquefort, en préservant moins de 1 000 emplois, parce que la demande est repartie aux Etats-Unis et qu'il existe de nouveaux débouchés avec une nouvelle boîte de vitesse.Les syndicats s'inquiètent cependant de l'avenir de l'usine et constatent que des centaines d'emplois ont été perdus.
       

La fonderie et le travail des métaux

Au sein des industries métallurgiques, les activités spécialisées dans le travail des métaux ont été "laminées" au cours des quarante dernières années. La disparition des Forges du Boucau (1 700 salariés) a été réalisée par étapes entre 1962 et 1965 et s'est accompagné de la création de nouvelles entreprises pour compenser cette fermeture catastrophique pour le tissu industriel local. En 1995, avec des capitaux espagnols (Pays basque dans un premier temps puis catalan actuellement, ouvre une aciérie électrique spécialisée dans la production de billettes d'acier à partir de ferrailles de récupération. Celsa France installée à cheval sur Tarnos et Le Boucau emploie 250 salariés mais génère un chiffre d'affaires de plus de 400 millions d'€. Dans le bassin de Lacq, l'usine d'aluminium de Noguères pourtant relativement récente, a été fermée par Péchiney au début des années 1990. Les chantiers navals de la Gironde (1 600 salariés), à Bordeaux, disparaissent au cours d'une longue agonie durant les années 1970. Il en est de même de l'usine métallurgique de Fumel qui, de plans sociaux en plans sociaux, est passée de 3 000 salariés à moins de 500 actuellement sans que son avenir soit clairement assuré (depuis 2009, la fonderie de Fumel a été reprise par Metaltemple Aquitaine, filiale du groupe italien B4 Italia). Cette désindustrialisation a eu plus de conséquences dans le Fumélois parce qu'il était plus difficile de compenser ce déclin par la création de nouvelles activités.  

Les industries métallurgiques

Le vaste ensemble des industries métallurgiques rassemble des activités très différentes allant du travail du fer aux industries aéronautiques et spatiales en passant par les industries électriques et électroniques. Si le travail du fer a été le fondement du développement industriel, il a été progressivement supplanté par la branche des industries aéronautiques et spatiales qui ont un effet d'entraînement sur tout le tissu des industries métallurgiques en raison d'une utilisation de sous-traitants. Cet ensemble des industries métallurgiques regroupe près de 55 000 salariés et se décomposent en cinq groupes dont quatre sont d'importance comparable. Les constructions aéronautiques navales et ferroviaires représentent un quart du total. Suivent les industries d'équipements mécaniques (24%), le secteur de la transformation des métaux (21%) et celui des industries électriques et électroniques (21%). Le reste est composé de l'industrie automobile (8%) et des équipements ménagers (1%). 

Les principales branches industrielles en Aquitaine

Evolution de l'industrie en Aquitaine par grands secteurs entre 1954 et 2008

La filière industrielle aéronautique et spatiale d'Aquitaine regroupe l'ensemble des entreprises dont l'activité concourt à la construction d'aéronefs et de systèmes spatiaux, ainsi que de leurs systèmes embarqués et systèmes de propulsion. Elle regroupe

-les grands maîtres d'oeuvre industriels chargés d'assurer les fonctions de conception, de définition, d'assemblage et d'essais des aéronefs et/ou de leurs systèmes, ainsi que leur maintien en condition opérationnelle.

-des entreprises sous-traitantes qui fabriquent des pièces dites primaires et des sous-ensembles, cette "supply chain" représentant les 2/3 des emplois en Aquitaine.

L'ensemble de cette industrie aéronautique et spatiale en Aquitaine est forte de 612 établissements employant 32 400 salariés (données INSEE 2013), qui se répartissent à peu près pour moitié dans les entreprises aéronautiques et dans des secteurs industriels relevant de la métallurgie, de la logistique et des services Cette filière régionale se concentre principalement en Gironde et dans les Pyrénées-Atlantiques. L'industrie aéronautique et spatiale d'Aquitaine tient la position.

.de leader mondial pour les avions d'affaires, les batteries de haute technologie, les matériaux composites hautes performances, les systèmes de trains d'atterrissage, les turbines pour hélicoptères.

.de leader européen pour les avions militaires, les équipements et systèmes de cockpits, les essais au sol et en vol, les lanceurs, la propulsion solide, les radars et systèmes aéroportés, les systèmes d'armes de dissuasion, les technologies de rentrée atmosphérique, 

.de leader national pour l'aménagement intérieur d'avions d'affaires, la maintenance aéronautique, les systèmes de drones. La filière aéronautique et spatiale d'Aquitaine couvre ainsi un spectre d'activités inégalé, ce qui lui confère aussi des contraintes et des enjeux spécifiques, et la distingue de fait de celles d'autres régions.

Historiquement, l'essor industriel du secteur aéronautique et spatial en Aquitaine (qui a fêté son centenaire en 2011) a d'abord reposé sur l'engagement d'hommes passionnés par l'industrie et l'aéronautique, que furent, entre autres, Marcel Dassault, Henri Potez, Joseph Slydlowski,....qui ont, durant l'entre-deux guerres, implanté leurs usines dans l'agglomération Bordelaise, sur les rives de l'Adour jusqu'aux pieds des Pyrénées, afin de les soustraire aux menaces ennemies. De fait, la filière aéronautique et spatiale d'Aquitaine entretient originellement un lien indissociable avec l'industrie de défense, ce qui conduit à parler aujourd'hui de filière industrielle "ASD" (aéronautique, spatiale et de défense). En particulier, 45% des établissements sont très dépendants du secteur militaire (>25% du chiffre d'affaires) contre moins de 15% dans le cas de Midi-Pyrénées.

La physionomie industrielle de la filière ASD d'Aquitaine est diverse.Leader mondial des turbines d'hélicoptères TURBOMECA (groupe SAFRAN) est installé à Bordes près de Pau (siège social et 1er centre de production, 2 500 salariés) et à Tarnos (support aux clients, 300 salariés). L'entreprise réalise près de un milliard d'€ de chiffre d'affaires, ce qui en fait la première entreprise d'Aquitaine sur ces deux critères.

Dassault Aviation emploie environ 3 000 salariés sur trois établissements: Biarritz est spécialisé dans les composites et l'assemblage de structures (1 200 personnes). Mérignac (1 150 personnes) assure l'assemblage final et la mise en vol des Rafale et des Falcon. Ce site réalise également l'aménagement, la modernisation ou le retrofit d'avions. Enfin, Martignas (400 personnes) réalise toutes les voilures des avions civils et militaires.

Dans le domaine spatial, AIRBUS Defence&Space (ex: ASTRIUM: 1 300 personnes à Saint-Médard-en-Jalles) conçoit, développe et produit les lanceurs Ariane et les missiles de la Force de dissuasion. Pour sa part, HERAKLES (groupe SAFRAN) (issu de la fusion de SNECMA Propulsion Solide SPS avec SNPE Matériaux énergétiques SME: env. 2000 personnes en Gironde) conçoit, développe et produit des moteurs à propergol solide, des matériaux énergétiques, des composites thermostructuraux et organiques, ainsi que des équipements pyrotechniques.

Thales Systèmes Aéroportés (ex-établissement Thomson CSF à Pessac, 1000 collaborateurs) est spécialisé dans les systèmes embarqués aéronautiques tels que les calculateurs de mission, les radars aéroportés de combat et de surveillance, les systèmes de drones.  THALES Avionics (anciennement Sextant Avionique au Haillan, 1000 collaborateurs) assure la conception et le développement des systèmes de cockpits pour les principaux avionneurs dans le monde.

Sabena Technics est spécialisée dans la maintenance aéronautique, dont l'expertise couvre le support des flottes régionales, moyens et longs courriers, ainsi que le secteur militaire.

Bien que non limitée à la région Aquitaine, la "supply chain" de ces grands maîtres d'oeuvre comprend localement des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et de nombreuses PME. Ces entreprises sont généralement représentées au sein des structures régionales de l'UIMM(Union des industries et des métiers de la métallurgie Gironde-Landes et Adour-Atlantique). Elles sont pour certaines également adhérentes du Pôle Aerospace Valley.

Par ailleurs, il convient d'évoquer la forte présence en Aquitaine d'entités militaires dépendant de l'armée de l'air et de centres dépendant de la Direction générale de l'Armement (DGA). Les structures industrielles du ministère de la Défense ont pour vocation de réaliser des essais ou d'assurer des opérations de maintenance. Tel est le cas de l'Atelier industriel et aéronautique (AIA) de Bordeaux (1000 personnes), des centres de "DGA Essais de missiles" de Biscarrosse et de Saint-Médard-en-Jalles, et enfin DGA "Essais en vol"(Cazaux) qui assure le développement et qualification des appareils militaires. La proximité des structures industrielles avec les acteurs opérationnels (avec l'implantation du CFA et de la SIMMAD sur la base aérienne 106 de Mérignac), renforce par ailleurs la position prééminente de l'Aquitaine dans l'aéronautique de Défense.

Enfin, la filière ASD d'Aquitaine comprend également le Centre d'études scientifiques et techniques d'Aquitaine (CESTA), établissement du pôle défense du CEA, qui a pour mission l'architecture des têtes nucléaires, ainsi que l'expertise et l'exploitation des lasers de puissance du programme Simulation. Le centre emploie 1 000 personnes dans des secteurs très variés tels que l'optique, l'électromagnétisme, la mécanique, l'ingénierie, l'informatique...Le site accueille l'un des plus grands lasers du monde: le laser Mégajoule.

Les membres de la filière ASD d'Aquitaine participent donc à deux pôles de compétitivité:

.La "Route des lasers" dont la vocation est de devenir le pôle de référence dans le développement et la diffusion des technologies innovantes de l'optique et des lasers aussi bien dans les filières de haute technologie que dans la santé et les industries alimentaires

.Aerospace Valley qui fédère les industries aéronautiques et spatiales du Grand Sud-Ouest (Aquitaine et Midi-Pyrénées) et qui a été labellisé Pôle mondial par le ministère de l'Industrie.

Cette filière industrielle, qui est également représentée au niveau national par le GIFAS (Groupement des Industries françaises de l'aéronautique et du spatial), a su se fédérer localement dans une association professionnelle, Bordeaux Aquitaine Aéronautique et Spatial (BAAS) qui facilite, au niveau régional, la concertation régulière entre les industriels et les partenaires institutionnels afin de favoriser le développement des entreprises et leur attractivité en particulier auprès des jeunes.

En effet, le recrutement et la formation professionnelle sont assurément parmi les enjeux majeurs et durables de la filière industrielle aéronautique. De fait, depuis 2010, on peut noter en particulier:

.la création d'"Aérocampus Aquitaine", campus issu d'un partenariat entre la région Aquitaine et les industriels locaux, qui concentre sur un seul site l'ensemble des voies de formation offrant un cursus complet en maintenance aéronautique allant du bac au diplôme d'ingénieur, en formation initiale ou continue,

.un nouveau Centre de Formation de l'Industrie (CFAI) à Bordes (64) qui, aux côtés des autres CFAI (qui dépendent de l'UIMM) répondent à des besoins de formations spécifiques, dans le cadre de la formation continue des salariés ou des demandeurs d'emplois et en apprentissage industriel.

Enfin, la filière industrielle ASD d'Aquitaine et ses industries de haute technologie, bénéficient localement d'un réseau de compétences situées dans les laboratoires et centres de recherche des universités et des écoles d'ingénieur. Il convient de citer en particulier

.le regroupement des écoles d'ingénieurs de l'Institut Polytechnique Bordeaux qui, dès septembre 2014, apparaîtra sous sa nouvelle identité, INP Bordeaux-Aquitaine, regroupant huit écoles de l'Aquitaine,

.le centre de formation et recherche Bordeaux-Talence de l'ENSAM

.le centre de ressources en ingénierie et maintenance aéronautique, à Mérignac, du collège Sciences et Technologie de l'Université de Bordeaux, ainsi que les départements technologiques de l'IUT à Gradignan,

.les laboratoires universitaires de recherche associées au CNRS (ICMCB, LCTS, I2M, IMS, LATEP, LCF-R,....) participant aux axes stratégiques du pôle de compétitivité Aerospace Valley,

.les centres technologiques adossés aux laboratoires de recherche (CANOE, COMPOSITE-ADOUR, RESCOLL).

.la chaire STAH (Systèmes Technologiques pour l'augmentation de l'Humain) financée par la Région Aquitaine pour l'Ecole Nationale Supérieure de Cognitique...

Pour être totalement exhaustif sur cet éco système favorable, évoquons enfin ces nouveaux acteurs économiques, pépinières, incubateurs et centres d'affaires, qui ont vu progressivement le jour, comme

.Bordeaux Technowest qui favorise l'accueil et le développement des entreprises en leur offrant un environnement favorable à la création et à la croissance de nouvelles activités,

.Bordeaux Aéroparc qui est, avec 1 570 ha, le plus grand parc technologique français dédié aux technologies issues de l'aéronautique.

Pour conclure, si le marché de l'aéronautique civile est en pleine croissance du fait du renouvellement des flottes, des programmes à venir et de l'augmentation des voyageurs en particulier dans la zone Asie-Pacifique, la filière aéronautique, spatiale et de Défense en Aquitaine connaît des perspectives différentes selon la nature de ses activités. Dans un contexte de concurrence accrue et de budgets militaires en baisse, la réussite du programme Ariane 6 pour le segment spatial comme celle du Rafale export pour le secteur aéronautique, sont des enjeux majeurs pour la filière d'Aquitaine.

Enfin l'aboutissement de nombreux projets, visant au développement de produits innovants comme de processus industriels performants, conditionne aussi l'adaptation, et donc l'avenir de la filière ASD d'Aquitaine:

.d'un côté, il s'agit de relever tous les défis, de l'avion électrique au cockpit du futur, des aéronefs de nouvelle génération aux satellites à propulsion électrique, des matériaux composites thermostructuraux aux nanotechnologies,...

.de l'autre, il s'agit de mettre en place l'usine du futur, usine étendue à l'ensemble des acteurs industriels dans une organisation collaborative et connectée, et d'y attirer les futurs talents.
  

Emploi industriel et services aux entreprises (suite et fin)

L'analyse de l'emploi industriel ne peut plus se faire s'en prendre en compte les emplois dans les services aux entreprises. Ce qui représente tout de même plus de 90000 personnes. Car si par commodité on continue de distinguer trois grands domaines d'activité, dont l'industrie, une part grandissante des emplois associés à l'industrie sont aujourd'hui tertiaire et résulte du rôle grandissant de l'externalisation des tâches, des besoins en conseil et en recherches, surtout au sein des entreprises les plus importantes.

L'INSEE regroupe les entreprises de services en quatre grandes catégories. Les plus nombreuses relèvent des activités de services administratifs et de soutien, leur part étant proche de 50% du total en Aquitaine. Le second groupe, un tiers environ de l'ensemble, est constitué des activités juridiques, comptables, contrôles et analyses techniques. Le reste, environ 20% appartient à la recherche et au développement scientifique ainsi qu'aux activités qui lui sont liés. Quand on prend en compte le seul noyau dur de la recherche et du développement scientifique on observe que les effectifs sont concentrés dans les deux seuls départements de la Gironde et des Pyrénées-Atlantiques. Le pourcentage de chercheurs étant même plus élevé dans ce dernier département qu'en Gironde alors que l'université de Pau et des Pays de l'Adour reste de taille modeste par rapport aux universités bordelaises et que les industries innovantes gourmandes en chercheurs sont plus présentes dans la métropole que dans les agglomérations de Pau et de Bayonne. Cela résulte de la présence à Pau du centre scientifique et technique Jean-Féger (CSTJF), un des tout premiers centres intégrés d'ingénierie et de recherche pétrolière au monde qui abrite toutes les expertises de l'exploration et la production du groupe Total. Il s'agit d'un héritage lié à l'essor du groupe Elf, présent sur le gisement de Lacq, avant que ce dernier ne soit absorbé par Total. Sur un campus de 27 ha, travaillent près de 2 000 personnes, dont 55% sont des cadres, qui disposent de 18 000 m² de laboratoires, de superordinateurs, de réseaux de communications ultra-performants avec l'ensemble du monde.

La répartition par département des emplois salariés dans les services aux entreprises confirme la supériorité du département de la Gironde. Aux 50 000 actifs dans l'industrie stricto sensu il faut ajouter près de 55 000 personnes oeuvrant dans les services aux entreprises. Loin derrière, les Pyrénées-Atlantiques totalisent près de 20 000 emplois, quant aux autres départements aquitains ils mobilisent peu d'effectifs, de l'ordre de 5 000 à 6 000 pour chacun d'eux. Cette supériorité de deux départements repose sur l'existence des trois grandes agglomérations en leur sein. Il est clair cependant que le poids industriel de l'agglomération bordelaise et plus largement de la Gironde va en s'accentuant parce que c'est dans la métropole qu'on trouve les plus grandes capacités de recherche, les services de conseil et de gestion les plus compétents. Et c'est un processus qui est à l'oeuvre dans tous les pays industrialisés car face à la concurrence des pays émergents la principale solution est de monter en qualité dans la gamme des produits et des pays émergents la principale solution est de monter en qualité dans la gamme des produits et des process. Or pour y parvenir il faut s'appuyer sur un réseau de compétences que seules les très grandes agglomérations de Toulouse est éclairante. Voilà deux entités à peu près comparables, mais Toulouse fait preuve de plus de dynamisme dans les hautes technologies et à l'international en raison de la place prise par l'aéronautique civile. De ce fait les emplois dans les services y sont plus importants qu'en Gironde, soit 70 000 contre 54 000, et la recherche occupe 13% des actifs contre 9% en Gironde.
  

Emploi industriel et services aux entreprises

Selon les données de l'INSEE de 2008, l'Aquitaine comptabilisait 158 000 emplois salariés dans l'industrie hors BTP (industrie du bâtiment des travaux publics). Il convient d'ajouter environ 8 000 emplois non-salariés à cette même date. Ainsi, en cette fin de la première décennie du XXIe siècle, l'Aquitaine totalise moins d'emplois industriels qu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

L'observation de la courbe de l'évolution de l'emploi industriel salarié permet de dégager trois grandes périodes: une phase de croissance jusqu'en 1975, une profonde crise industrielle entre cette date et 1993, un déclin persistant jusqu'à aujourd'hui.

De 1954 à 1975, l'Aquitaine au même titre que l'ensemble de la métropole a enregistré une forte croissance de l'emploi industriel, en valeur comme en part de la population active, d'autant que le fort exode rural constaté pendant cette même période réduit le rôle du secteur primaire au profit du secondaire et du tertiaire. Ainsi est atteint un maximum de 220 000 emplois salariés dans l'industrie (hors BTP).La croissance a été très régulière durant cette phase, de l'ordre de 1,5% par an. Le secteur secondaire est tiré par une forte demande relevant d'une conjoncture favorable: reconstruction de la France, besoins énergétiques en hausse constante et découverte du gisement gazier de Lacq, urbanisation accélérée assortie de la nécessité de construire de nouveaux logements, amélioration des infrastructures et de la qualité de la vie, mécanisation de l'agriculture, etc. Globalement, ces sont les entreprises régionales qui bénéficient de cette phase de croissance, mais les établissements délocalisés, principalement dans le secteur aéronautique, y participent pleinement.

Pour autant, toutes les branches industrielles n'en profitent pas de la même manière. L'industrie de la chimie se distingue par un taux de croissance particulièrement rapide. Outre la transformation des ressources énergétiques autour du gisement de Lacq et des centres de raffinage sur l'estuaire, il faut mentionner le secteur pharmaceutique surtout présent dans l'agglomération de Bordeaux mais également à Agen (UPSA). Il se trouve que dans la nomenclature de l'époque, la transformation des plastiques se classe dans les industries diverses qui enregistrent des taux de croissance soutenus. Les industries du bois progressent également plus vite que la moyenne. Outre l'industrie papetière qui s'appuie sur les ressources locales, il convient de souligner le lien assez fort qui existe entre ces activités et la très forte demande dans le domaine de la construction. Les industries métallurgiques connaissent une croissance moyenne tout en demeurant le premier secteur pour ce qui est du nombre d'emplois salariés, soit près de 62 000 personnes en 1975.Le secteur agroalimentaire se signale par une croissance molle pendant toute cette période. Finalement, seules les industries de la personne (textile, habillement, chaussures, etc.) sont déjà affectées par de graves difficultés de telle manière que les effectifs diminuent entre 1954 et 1975, soit quelque 9 000 salariés de moins.

De 1975 au milieu des années 1990, l'industrie de la région Aquitaine connaît une crise d'une extrême gravité. En près de vingt années, il a été perdu quelque 60 000 emplois salariés et en 1993 on compte déjà moins d'actifs salariés dans l'industrie qu'en 1954. Cette brutale réduction des effectifs concerne toutes les branches industrielles et l'installation des quelques grandes entreprises (Ford, IBM, Sony) ne suffira pas à inverser la tendance. L'industrie du bois est affectée par le marasme dans la construction, ce qui se traduit par 10 000 salariés en moins. Toutefois, la crise est encore plus forte dans les industries de la personne qui perdent 25 000 emplois pour tomber à moins de 10 000 salariés en 1993.

On rappellera simplement pour mémoire que cette évolution résulte de la crise économique qui faut suite au choc pétrolier. Cependant, ce choc énergétique a masqué pendant un temps les effets bien plus inquiétants de la mondialisation sur des structures entrepreneuriales peu adaptées pour y résister. L'Aquitaine, d'une certaine manière, avait assis son développement industriel sur une main-d'oeuvre disponible et assez bon marché. Ce fut, à côté des raisons géopolitiques, une des raisons de la venue en Aquitaine de multinationales en quête de débouchés dans un marché européen en construction. Cet avantage n'a pas résisté longtemps face au potentiel et au coût de la main-d'oeuvre dans les pays du bassin méditerranéen puis en Asie. Le volontarisme industriel pendant les deux septennats du président F.Mitterrand a certainement évité un déclin industriel plus prononcé, mais il n'a pu empêcher une restructuration industrielle plus difficile à mettre en oeuvre en Aquitaine en raison caractère familial des entreprises industrielles régionales.

De 1993 à aujourd'hui, les évolutions se complexifient parce que le recul des industries traditionnelles s'amplifie alors d'autres secteurs enregistrent des créations d'emplois. Les industries de la personne se raréfient sur le territoire aquitain en perdant encore 50% des emplois salariés entre 1993 et 2008. Avec quelque 4 000 postes de travail, le poids de ce secteur est presque devenu anecdotique. Les industries du bois et du papier poursuivent leur déclin. Certes, cette branche fait encore travailler 17 000 personnes en 2008, mais 7 000 emplois ont été détruits au cours des quinze dernières années. Il en est de même pour les industries diverses même si on se maintient à un plus haut niveau avec encore plus de 20 000 salariés.

Heureusement trois branches, les IAA (industries agroalimentaires), la chimie et les industries métallurgiques, ont à nouveau créé des emplois entre 1993 et 2008. Certes, au sein même de ces trois branches, on note des évolutions différenciées, mais au moins ce sont désormais les trois domaines qui portent la dynamique industrielle en région Aquitaine.

On commence à mesurer également les conséquences de la crise financière de 2008 sur l'industrie en Aquitaine. Les données de Pôle emploi, pas totalement comparables à celles de l'INSEE, indiquent la perte de 2 000 emplois dans l'industrie en 2008 et 4 500 en 2009. Il est fort probable que 2010 fournira également de mauvais résultats. Sur l'année 2009, Pôle emploi estime la baisse globale des effectifs dans tous les secteurs de l'économie à 10 000 postes de travail, dont près de la moitié dans l'industrie. En 2009, ces disparitions affectent tous les départements sauf les Landes qui est aussi le département le moins industrialisé avec moins de 10 000 salariés. En Gironde, désormais département le plus industrialisé avec près de 50 000 salariés, la baisse est de -5% seulement. On évalue à 8% dans le cas des Pyrénées-Atlantiques tandis que les 10% sont atteints en Lot-et-Garonne et en Dordogne. Manifestement, la capacité de résistance des départements les plus ruraux est moindre que celle des territoires où dominent les principes agglomérations de la région.

lundi 8 février 2016

Principles caractéristiques des établissements industriels

Selon les données de l'INSEE de 2008, un peu plus de 16 000 établissements industriels d'Aquitaine emploient quelque 150 000 salariés. Ainsi, en moyenne, un établissement industriel compte moins de 10 salariés et cette donné témoigne de l'importance du tissu des toutes petites entreprises industrielles qui oeuvrent en Aquitaine. Cette situation n'est pas très éloignée de celle qui prévaut à l'échelle de la France métropolitaine. Toutefois, l'Aquitaine est toujours en deçà des valeurs nationales.


Taille et effectif des établissements industriels en Aquitaine (2008)

Nombre de salariés et taille des établissements industriels en Aquitaine en 2008 


La répartition des établissements industriels selon le nombre de salariés permet d'affiner cette perception de la taille:85% des établissements industriels comptent moins de 20 salariés. Manifestement, ces unités appartiennent au mode de l'artisanat ou de la très petite entreprise. Une majorité d'entre elles ne font pas appel à des salariés, les autres en mobilisent très peu, ce qui donne une valeur moyenne de 3 salariés.Au total ces ateliers de moins de 20 salariés totalisent moins de 50 000 personnes, soit un tiers de l'ensemble des effectifs de l'industrie.A contrario, les usines de plus de 20 salariés, bien moins nombreuses pusiqu'on en compte moins de 2 500, rassemblent près des trois-quarts des 150 000 salariés de l'industrie.

Ces établissements de plus de 20 salariés se décomposent en deux grands groupes inégaux. Un peu plus de 2 200 se situent dans la tranche 20 à 250 salariés, soit 64 000 emplois. Si seulement 69 entreprises emploient plus de 250 personnes, elles totalisent cependant près de 40 000 postes de travail. Parmi elles, l'Aquitaine compte à peine une dizaine d'unités de plus de 1000 salariés si on exclut de cette liste EDF (centrale nucléaire de Braud-Sant-Louis et distribution) et le journal Sud Ouest. La presque totalité de ces unités de production sont des filiales de multinationales ayant leur siège hors de l'Aquitaine.

Une majorité d'entre elles appartiennent au secteur de l'industrie aérospatiale à la suite de l'implantation d'établissements surtout liés aux activités militaires. Ainsi la société Safran possède-t-elle trois usines en Aquitaine, orientées dans la propulsion, à travers ses filiales Turbomeca et la Snecma. L'usine Turbomeca de Bordes (près de Pau) occupe désormais le premier rang dans la région avec plus de 2 500 emplois, tandis que celle de Tarnos est moins importante. Le groupe Thales (anciennement Thomson-CSF) possède deux unités de production, tout comme Dassault Aviation héritier des usines Société des avions Marcel Bloch, tandis qu'Astrium SAS, filiale d'EADS est à la tête d'une seule usine. En dehors de l'industrie aérospatiale, trois entreprises 900 salariés. Il s'agit de Ford Aquitaine Industrie installé à Blanquefort depuis les années 1970, de Bristol-Myers Squibb (anciennement UPSA avant sa reprise par le groupe américain) à Agen et de Labeyrie, la seule affaire régionale dans l'agroalimentaire ayant atteint une telle importance.


Répartition des établissements industriels par département de l'Aquitaine en 2008


Dans la tranche inférieure, on relève une quinzaine d'entreprises qui emploient de 500 à 1 000 salariés. Ce groupe est plus diversifié et offre une base régionale prédominante. On y trouve en effet une majorité d'établissements naît en Aquitaine pour exploiter les ressources locales notamment en ce qui concerne les industries agroalimentaires, pour répondre à la demande du secteur de la construction ou encore pour offrir quelques compétences pointues dans les industries de haute technologie. Cette catégorie de 500 à 1 000 salariés est également très affectée par les crises économiques, les effets de la concurrence. Aussi observe-t-on deux évolutions significatives. Certaines de ces unités de production ont connu la faillite ou de très grandes difficultés: plaçons dans cette situation les "établissements Capdevielle et fils" (travail du bois), les "parquets Marty", la "Sogerma" spécialisée dans la maintenance aéronautique. La liste n'est pas exhaustive. D'autres PMI ont dû s'adosser à des firmes ou des ressources financières pour s'en sortir ou continuer de progresser: Lectra, spécialisée dans la découpe des vêtements et Creuzet aéronautique en fournissent deux exemples. Ajoutons que ce groupe de PME de plus de 500 salariés comporte pas moins de trois entreprises agroalimentaires (Caves De Landiras Louis Eschenauer, Fromagerie des Chaumes et Delpeyrat) et une unité de biotechnologie orientée santé animale (CEVA santé animale). Observons enfin, que ces affaires, originaires le plus souvent de l'Aquitaine, ont des implantations plus rurales que les très grands groupes. Leur disparition tout comme leurs difficultés affectent sérieusement le tissu économique territorial des villes moyennes et des petites villes.

Cet ancrage local devient de plus en plus prégnant au fur et à mesure qu'on prend en compte les établissements industriels de moins de 500 salariés. De même, la part des industries agroalimentaires dans ce tissu industriel devient de plus en plus prononcée. Une quarantaine d'établissements industriels appartiennent au groupe des PMI (petites et moyennes industries) de 250 à 500 salariés. Sur cette quarantaine, il est possible d'isoler les quatre usines réalisant plus de 200 millions de CA HT (chiffres d'affaires hors taxes) en 2008: Smurfit Kappa Cellulole du Pin, Acetex Chimie, Simorep et Cie, et FroMarsac. Les trois premières relèvent de ce qu'on appelle l'industrie lourde tandis que FroMarsac dépend de l'industrie agroalimentaire. Toutes les quatre ont en commun d'appartenir à de grands groupes industriels à dimension internationale: Smurfit est leader dans les pâtes à papier, "Acetex chimie" est une filiale de l'américain Celanese, Simorep est propriété de Michelin et FroMarsac de Bongrain. Ces unités n'échappent pas aux tensions économiques récentes. Ainsi, Celanese a fermé 2009 son usine de Pardies, supprimant par la même occasion 350 emplois. Plus globalement, le rôle des IAA (9 établissements) et des industries du bois (5 établissements) se renforce dans cette catégorie des 250 à 500 salariés.

Cette place devient encore plus conséquente dans la tranche des 100 à 250 salariés. Sur quelque 110 unités industrielles concernées, près d'une trentaine sont des IAA et une dizaine opèrent dans les industries utilisant le bois comme matière première. Toutefois, ce ne sont pas ces branches industrielles qui génèrent les chiffres d'affaires les plus élevés dans ce groupe de PMI. Une seule usine dépasse le seuil de 200 millions de CA HT, il s'agit des Aciéries de l'Atlantique occupant l'ancien site des Forges de l'Adour, à cheval sur les communes du Boucau et de Tarnos. Ouverte par une entreprise du Pays basque espagnol en 1996, cette aciérie électrique spécialisée dans la production de billettes issues de ferrailles de récupération industrielle catalane. Suivent quatre autres entreprises qui réalisent entre 100 et 200 millions d'€ de CA HT: JLG France basé à Fauillet (fabrication de nacelles). Arysta Lifescience (produits phytosanitaires) à Noguères, les établissements Decons (récupération et traitement des métaux industrielles font entre 50 et 100 millions d'€ de CA HT, la très grande majorité des usines employant de 100 à 250 personnes reste de petites affaires aux CA HT inférieur à 50 millions d'€.

Dans toutes les autres tranches d'entreprises, 50 à 100 salariés et 20 à 50 salariés, le chiffre d'affaires hors taxe est toujours inférieur à 20 millions d'€. On est dans le domaine de la PMI opérant principalement pour le marché régional et cela se voit également à la place prise par les activités traditionnelles tirant parti des ressources et de la demande locales. Ainsi, dans le groupe des entreprises de 50 à 100 salariés, soit entre 200 et 250 établissements selon les années, les IAA sont les nombreuses (une trentaine), suivies de près par les industries du bois, puis le secteur des machines/équipements (une vingtaine). La part de ces trois activités dans le tissu industriel régional s'affirme encore un peu plus dans la tranche dans les très petites PMI (20 à 50 salariés) puisque sur 400 établissements répertoriés, une centaine sont des IAA, tandis que bois et machine/équipement constitue à part égale un autre ensemble d'une centaine d'usines.

La comparaison entre la situation en Aquitaine et la France permet de souligner la place plus importante des PMI employant moins de 100 salariés dans la région Aquitaine. En effet, alors que la part des grandes entreprises est systématiquement plus faible en Aquitaine que dans la France entière, le rapport se renverse à partir de la tranche 50 à 99 salariés de telle manière que les très petites PMI sont surreprésentées en Aquitaine. Cela peut apparaître comme un élément de faiblesse quand il s'agit de se développer à l'international, quand il convient de renforcer le rôle de la recherche. Cela peut être aussi considéré comme un atout dans les crises qui se succèdent car ces très petites PMI résistent un peu mieux et y sont sensibles avec un certain retard par rapport à la France entière.

La production de la centrale photovoltaïque de Losse-Gabardan (Landes), inaugurée en 2011, équivaut à la consommation électrique annuelle d'environ 37 000 habitants.
    

Les fondements de l'industrialisation de l'Aquitaine

Si l'Aquitaine n'a jamais été une grande région industrielle en raison de l'absence de matières premières au moment de l'essor de l'industrie au XIXe siècle, elle n'en est pas pour autant un désert industriel. L'activité industrielle a deux origines principales: le dynamisme d'entrepreneurs locaux pour satisfaire la demande régionale et l'implantation de grands groupes, soit pour des raisons stratégiques au moment des deux grandes guerres, soit pour bénéficier des avantages offertes par l'Aquitaine dans le cadre des politiques d'aménagement du territoire.

Dans la dernière partie du XIXe siècle, la production industrielle est propulsée par la demande des sociétés de chemins de fer, par la construction de barrages dans les Pyrénées. Ainsi, apparaissent des forges à Fumel (Société Métallurgique du Périgord), à Tarnos (Forges de l'Adour). Ces dernières bénéficieront d'une reconversion dans l'armement au cours des deux grands conflits. Leur existence sera cependant rapidement menacée. Les Forges de l'Adour ferment en 1965 en laissant environ 1 500 ouvriers sans travail. Passé dans le giro de Saint-Gobain, la fonderie de Fumel pourra poursuivre son expansion jusqu'aux années 1970 et comptera près de 3 000 salariés avant de subir elle aussi une série de plans sociaux, des changements de propriétaire, de telle manière qu'il y a aujourd'hui moins de 500 travailleurs dans l'usine de Fumel.

Le développement industriel de la fin du XIXe siècle a également bénéficié de la présence de deux ports. L'installation des Forges de l'Adour à Tarnos tient à la possibilité d'exporter le fer de Biscaye. A Bayonne comme à Bordeaux, l'essor des industries agroalimentaires liées aux importations coloniales se poursuit: sucre, cacao, huile, etc. Bordeaux possède en outre des chantiers navals.

La Première Guerre mondiale a des effets positifs sur le tissu industriel local. Les commandes affluent dans les usines existantes, les forges notamment. Surtout, débutent les premiers transferts des industries de l'armement (poudrerie à Saint-Médard-en-Jalles et à Bergerac) et de l'aéronautique. Durant l'entre-deux-guerres en raison des menaces d'un second conflit, le processus s'accélère continuant de bénéficier à Bordeaux mais également au sud de l'Aquitaine avec l'installation de Turbomeca à proximité de Pau. C'est également durant cette période que l'estuaire de la Gironde fixe les premières unités de raffinage.

La crise des années 1930 a mis en difficulté une majorité d'entreprises d'Aquitaine. La Seconde Guerre Guerre mondiale n'a rien arrangé, d'une part parce qu'il n'y a pas eu dynamique industrielle et aussi en raison de la ligen de partage qui coupait en deux la région. Ainsi s'explique la sous-industrialisation manifeste de l'Aquitaine au recensement de 1954 et la difficulté pour les entreprises de profiter pleinement de la reprise économique très forte qui caractérise les années 1960-70.

Pour autant le développement industriel est réel durant cette période. L'augmentation de la consommation favorise les industries agroalimentaires et les industries d'équipement de la personne. Certains entrepreneurs se signalent par leur réussite et faute de pouvoir tous les mentionner, signalons le développement de Labeyrie à Saint-Geours-de-Maremne dans le secteur agroalimentaire et celui d'UPSA à Agen (créée à Agen en 1935, UPSA a été une société indépendante à capitaux familiaux jusqu'en 1994, où elle devient filiale à 100% de Bristol-Myers Squibb). L'existence de massifs forestiers dans les Landes et la Dordogne favorise la création de nouvelles usines dans le travail du bois et l'industrie papetière.

Cette période de l'après-Seconde Guerre mondiale est aussi marquée par la découverte et la mise en valeur du gisement de gaz de Lacq. Aujourd'hui épuisé, ce gisement a cependant favorisé le développement industriel sur le bassin de Lacq grâce à l'installation d'une centrale thermique aujourd'hui fermée et il a surtout permis de doter Pau d'un centre de recherches sur les hydrocarbures.

Durant la présidence du général de Gaulle, le complexe aérospatial est renforcé ce qui profite à l'agglomération bordelaise et au sud de l'Aquitaine. Enfin au cours des années soixante-dix, plusieurs multinationales viennent s'installer en Aquitaine en raison de choix stratégiques européens et pour profiter des avantages qui leur sont procurés en s'implantant dans le sud-ouest. On ne peut pas considérer que l'enracinement est réussi, puisque trente plus tard, IBM (repris par Solectron) et Sony ont fermé leurs usines tandis que la situation de Ford à Blanquefort demeure fragile.   

L'industrie

Evolution du nombre d'emplois industriels en Aquitaine entre 1954 et 2008.


L'évolution des effectifs de l'industrie entre 1954 et 2008 permet de dégager deux grandes périodes. De 1954 à 1975, les effectifs de l'industrie progressent régulièrement passant de 184 810 à 222 015, ce qui s'accompagne d'une croissance modeste de la part de l'industrie dans le population ayant un emploi puisqu'en 1975 le "record" de 23% est atteint. Cette phase est celle des "Trente Glorieuses" marquée par les effets de la reconstruction du pays, de sa modernisation, des stratégies industrielles portées par une planification dirigiste, de la forte consommation dans une société de plus en plus urbanisée, sans oublier que cette période coïncide également avec un fort exode rural qui fournit des contingents de main-d'oeuvre à l'industrie.

La période la plus récente est moins favorable, l'emploi industriel tombe à moins de 160 000 en 2008 et la part de l'industrie dans la totalité de l'emploi s'effondre à moins de 14%. Les raisons en sont connues: crises économiques répétées depuis 1975 qui fragilisent le tissu industriel local tout comme les grandes multinationales implantées en Aquitaine, concurrence accrue dans le cadre de la mondialisation notamment dans les industries de la personne. A cela s'ajoute la difficulté des entreprises régionales de s'adapter aux changements, de s'ouvrir à l'international, d'atteindre la taille critique pour résister aux effets de la mondialisation.
  

Secteur secondaire

Le secteur secondaire en Aquitaine emploie en 2008 un peu moins de 270 000 personnes,soit 20% de la population active. La part de l'emploi aquitain dans le secteur secondaire en France représente environ 5% de celui de la métropole. Si l'Aquitaine n'a jamais été une région industrielle, elle est de plus en plus en phase avec l'évolution de ce secteur dans l'économie française et la place de l'Aquitaine dans le territoire national s'est stabilisée au cours des dernières années.

Le secteur secondaire se décompose en deux grands ensembles: l'industrie et la construction parfois dénommée bâtiment et travaux publics (BTP). L'industrie totalise un peu moins de 160 000 emplois au lieu de travail, soit 12,24% de l'emploi total, taux un peu plus faible que la moyenne nationale. Si la construction rassemble un peu moins de 100 000 emplois, sa part dans la population active de l'Aquitaine, 7,56%, est légèrement plus élevée que dans l'ensemble de la France.   

Secteur primaire

Le vignoble de Moulis



Blonde d'Aquitaine à l'estive dans les Pyrénées



L'agriculture, la sylviculture, la pêche ou encore l'aquaculture jouent un rôle majeur dans l'économie régionale. L'Aquitaine est la première région agricole française. 10% des actifs travaillent dans le secteur agricole alors que la moyenne nationale se situe autour de 4%.

L'Aquitaine est connue pour son vin provenant du Bordelais ou des coteaux du Jurançon. On y produit la majeure partie des pruneaux d'origine française dont le fameux pruneau d'Agen mais aussi des fraises, des kiwis, du maïs, des carottes, des asperges, etc...

Cette production végétale est complétée par la pratique de l'élevage en particulier dans les Pyrénées et sur le piémont du Massif Central. Mais, l'Aquitaine reste surtout la première région productrice de foie gras.

Elle est encore la première région forestière, le massif forestier des Landes occupant 900 000 hectares.

Saint-Jean-de-Luz, Hendaye, Capbreton et Arcachon sont les principaux ports de pêche.

Enfin, l'ostréiculture du bassin d'Arcachon est très réputée.

Economie

L'Aquitaine est la sixième région en ce qui concerne le PIB, qui s'élève à 4,5% de la richesse nationale. 

Activités

Les utilisateurs basés sur la plate-forme comptent environ une cinquantaine d'appareils, et les clubs ou sociétés sont:

.ASAP-Aéroclub de Périgueux (baptême de l'air, vol d'initiation, école de pilotage)

.CVVP-Centre de vol à voile du Périgord

.European Aircraft Maintenance (atelier de réparation et maintenance d'aéronefs)

.CALVI-Club ULM

.Hiram Aviation (aviation historiques)

.Association "Ailes Pétrocoriennes"

Prestations

Un service d'information de vol est actif en semaine pour tous les usagers et activable en dehors des horaires habituels d'ouverture pour tout vol commercial non régulier ou pour des demandes particulières comme des vols de transports d'organes ou d'évacuations sanitaires. Une aérogare est ouverte pour les vols commerciaux en semaine avec un parking voiture gratuit à disposition des passagers. Il n'y a actuellement pas de point de restauration sur l'aéroport, le plus proche se trouvant sur la commune de Bassillac.

Le Service de sauvetage et de lutte contre l'incendie des aéronefs (SSLIA) est assuré au niveau 4 pendant les horaires ATS publiés. En dehors de ces horaires, le niveau 1 est appliqué.

L'aéroport assure une astreinte continue jour et nuit avec le Centre hospitalier de Périgueux, pour le transport d'organes notamment.

La plate-forme dispose d'une station d'avitaillement en carburant.  

Plate-forme

Etendue sur une surface totale de 76 hectares, la plate-forme de Périgueux dispose d'une piste revêtue de 1 700 m de long et 30 m de large, ainsi qu'une piste en herbe de 1 200 m de long et de 80 m de large réservée aux aéronefs basés ou autorisés. L'aéroport accueille plusieurs activités aériennes: aviation de loisirs, aviation d'affaires et commerciale, vol à voile, ULM et aéromodélisme. La piste revêtue dispose d'un balisage lumineux et d'un système d'approche aux instruments (ILS) pour une exploitation du terrain de nuit et par conditions météo dégradées.

Le parking avion comporte une quinzaine de places pour des avions légers et trois places pour des "gros porteurs".

Dessertes et compagnies

Depuis le 31 mars 2008, la liaison Périgueux-Paris-Orly est rétablie à raison de deux trajets aller/retour journaliers et permet de relier la Dordogne à la capitale en environ une heure et dix minutes de vol. C'est la compagnie aérienne française Twin Jet, partenaire du programme Flying Blue, qui assure cette liaison. Chaque année, environ 8 000 passagers utilisent cette ligne aérienne. Une extension en taxi jusqu'à Bergerac est proposée par la compagnie aérienne. 

Gestion

L'aéroport a été géré jusqu'à fin 2014 par la municipalité de Périgueux. Au 1er janvier 2015, c'est le Grand Périgueux, la structure intercommunale, qui a repris la gestion. Celle-ci, bien que déficitaire, devrait être maintenue pour favoriser l'économie périgourdine. En 2014, le déficit prévu s'élèverait à 750 000€. Ce déficit est pris en charge par le Conseil général de la Dordogne (42%), Périgueux (23,69%), Le Grand Périgueux (17,85%), la Chambre de commerce et d'industrie de la Dordogne (8,15%), les communes de l'ancienne communauté de communes Isle Manoire en Périgord (6,46%)et Bassillac (1,85%)