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lundi 20 juillet 2015

Axes de communications et transports

Un TGV Duplex sur la LGV Méditeranée

En raison de sa situation de carrefour, la France est un pays de passage. Elle est en effet le passage obligé pour les hommes et les marchandises circulant par voie terrestre entre la péninsule ibérique et le reste de l'Europe, et, depuis l'ouverture en 1994 du tunnel sous la Manche, entre le Royaume-Uni et le reste de l'Europe. Héritages de l'histoire, les réseaux de transports français sont très centralisés autour de Paris, cette centralisation est particulièrement forte dans les transports ferroviaires et aériens, même si elle commence à diminuer.
Le principal moyen de transport utilisé en France est la route, qui représentait, en 2011, 84% des trafics voyageurs et marchandises. La France compte plus d'un million de kilomètres de routes en 2011, dont la quasi-totalité sont revêtues. Depuis la Libération, la France s'est dotée d'un réseau autoroutier étendu, qui totalise 11 412km en 2011. Depuis quelques décennies, les politiques publiques s'attachent à réduire les accidents mortels sur la route, dont les principales causes identifiées sont la vitesse et l'alcool, et cherchent à réduire la dépendance des Français vis-à-vis de la voiture, au profit d'autres moyens de transport moins polluants.

Le réseau ferroviaire français, de son côté, date pour l'essentiel du milieu et de la fin du XIXe siècle, en 2009, il compte 29 473km de lignes, dont plus de la moitié sont électrifiées. L'essentiel du trafic est géré par l'entreprise publique SNCF, sur les lignes appartenant au gestionnaire d'infrastructure SNCF Réseau, un des trois EPIC composant la société depuis 2014. Depuis les années 1980, le trafic voyageurs augmente en France, grâce d'une part à la prise en charge par les régions du trafic régional et local, et surtout à la naissance et à l'extension continue du réseau de lignes à grande vitesse parcouru par le TGV. D'autre part, les principales villes du pays sont dotées d'un réseau ferroviaire urbain, de type métro, tramway ou RER, le métro de Paris, né en 1900, forme l'un des réseaux les plus denses au monde.

Quant au transport aérien, il est particulièrement centralisé: les deux aéroports parisiens-Roissy-Charles-de-Gaulle et Orly-ont accueilli 92,7 millions de passagers en 2014 quand le premier aéroport de province, Nice-Côte d'Azur, en accueillait 11,7 millions. Les aéroports de province sont en effet concurrencés par le TGV pour le trafic domestique, tandis que les aéroports parisiens accueillant la quasi-totalité du trafic long-courrier. La France est le siège de l'une des premières compagnies aériennes mondiales en nombre de passagers transportés (Air France-KLM) et du premier constructeur aéronautique civil (Airbus) d'Europe.

D'autres modes de transport sont utilisés en France, mais ils sont plus marginaux. Le trafic fluvial assure une part négligeable du trafic voyageurs, et très secondaire du trafic marchandises, en raison principalement de l'inadaptation d'une grande partie du réseau au trafic moderne. Le trafic maritime est plus important, mais les ports de Dunkerque, du Havre, de Nantes-Saint-Nazaire et de Bordeaux font pâle figure à leurs rivaux de la mer du Nord comme celui de Rotterdam ou celui d'Anvers, seul le port de Marseille tire son épingle du jeu, en étant le premier port de la Méditerranée en tonnage expédié. Quant au vélo, il connaît aujourd'hui une nouvelle jeunesse, notamment grâce à la préoccupation environnementale des Français et à la mise en place de systèmes de location de bicyclettes dans plusieurs villes du pays.

Paysages et environnement

Le massif alpin du Mont-Blanc


                                                               Le village d'Usson, perché sur une butte volcanique du Massif central


Champ de lavande en Provence

                                                                                       La pointe du Van, à l'extrémité occidentale de la Bretagne


La plage de Sainte-Anne, en Guadeloupe

                                                                       Bora Bora et son climat tropical



Cette diversité des paysages et des écosystèmes est menacée par la fragmentation écologique des milieux par un dense réseau routier, par l'artificialisation des côtes et par la pollution de son eau et de ses sols. Un tiers des eaux de surface sont de mauvaise voire de très mauvaise qualité, principalement à cause des pollutions industrielles, les pollutions agricoles liées à l'usage d'engrais et de pesticides ont quant à elles fortement détérioré la qualité des nappes phréatiques dans plusieurs régions, en particulier la Bretagne. La littoralisation du peuplement et des activités entraîne une extension et une densification du bâti sur les côtes, malgré la loi littoral de 1986 et l'intervention du Conservatoire du littoral et le caractère inondable de certains secteurs. Quant aux infrastructures de transport, notamment routières, elles exposent leurs riverains à une pollution atmosphérique, sonore et visuelle importante.

Néanmoins, les pouvoirs publics tentent depuis plusieurs décennies de répondre à ces défis environnementaux. Aux réserves naturelles et aux parcs nationaux se sont ajoutés depuis 1968 les parcs naturels régionaux, qui mêlent conservation et mise en valeur du patrimoine naturel et culturel et couvrent en 2007 13% du territoire français. Six agences de l'eau ont été mises en place pour gérer et protéger les ressources en eau du pays. Grâce à une politique de limitation de l'usage des produits pétroliers et à l'importance de l'énergie nucléaire, les émissions françaises de CO2 par tête sont inférieures à celles de la plupart de ses voisins européens, et a fortiori de celles des Etats-Unis. Cependant selon une étude du ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer publiée en 2010, "sur plusieurs points, le bilan environnemental demeure préoccupant, voire se détériore".

Climat

carte des grands domaines climatiques de France métropolitaine


Le climat de la France métropolitaine est tempéré, influencé par l'anticyclone des Açores comme le reste de l'Europe de l'Ouest, avec des variantes régionales ou locales assez marquées. La typologie actuelle retient six grands domaines climatiques:
 
.le quart nord-ouest du pays appartient au domaine breton, avec ses nuances parisiennes et flamandes: celui-ci est caractérisé par des températures douces, une amplitude thermique faible et des précipitations relativement importantes;
 .au sud de celui-ci, le domaine aquitain reprend les caractéristiques du domaine breton, mais avec des températures plus élevées,
.au nord-est du pays, le domaine lorrain possède des caractéristiques semi-continentales, avec un hiver froid et des précipitations plus faibles qu'à l'ouest,
.au bord de la mer Méditerranée, le domaine provençal connaît un ensoleillement important, des étés chauds et secs et des hivers doux et humides,
.entre les domaines lorrain et provençal, le domaine danubien fait office de zone de transition, avec une amplitude thermique forte,
.le domaine montagnard, qui correspond aux régions d'attitude élevée, est caractérisé par des hivers froids et humides aux précipitations nivales importantes.
 
Une grande partie de la France d'outre-mer est en revanche soumise à des climats tropicaux (avec de fortes variantes), auxquels il faut ajouter les exceptions de la Guyane (climat équatorial), de Saint-Pierre-et-Miquelon (climat océanique) et des Terres australes et antarctiques françaises (climats polaire et océanique).
 
La France métropolitaine connaît des événements climatiques aux conséquences importantes: des tempêtes (celles de décembre 1999 ont abattu 7% des arbres des forêts françaises), des canicules (la canicule européenne de 2003 fit 15 000 morts), des incendies et des inondations.
 
La température moyenne en France s'est élevée de 0,1°C en moyenne par décennie au cours du XXe siècle.
  

Géologie, topographie et hydrographie

Carte physique simplifiée de la France métropolitaine


Le territoire métropolitain de la France offre une grande variété d'ensembles topographiques et de paysages naturels. De larges parties du territoire actuel de la France ont été soulevées lors de plusieurs épisodes tectoniques, notamment la surrection hercynienne à l'ère paléozoïque qui est à l'origine des massifs armoricain, central, morvandeau, vosgien, ardennais et corse. Les massifs alpin, pyrénéen et jurassien sont eux beaucoup plus jeunes, et possèdent des formes moins érodées-les Alpes culminent à 4 810m d'altitude au Mont Blanc. Bien que 60% des communes soient classées comme présentant des risques sismiques, ces risques restent modérés.

Ces massifs délimitent plusieurs sédimentaires, notamment le bassin aquitain au sud-ouest et le bassin parisien au nord-ce dernier comprend plusieurs régions au sol particulièrement fertile, notamment les plateaux limoneux de la Beauce et de la Brie. En outre, diverses voies de passage naturelles, telles que la vallée du Rhône, permettent des communes aisées. Les littoraux offrent des paysages assez contrastés, il s'agit tantôt de retombées de massifs montagneux (la Côte d'Azur par exemple), de plateaux se terminant sur des falaises (la Côte d'Albâtre), des régions humides et forestière comme la Sologne ou de larges plaines sableuses (la plaine du Languedoc).

Le réseau hydrographique de la France est principalement organisé autour de quatre grands fleuves, La Loire, la Seine, la Garonne et le Rhône, auxquels on peut ajouter la Meuse et le Rhin, moins importants en France mais majeurs à l'échelle européenne. Le bassin versant français des quatre premiers correspond à plus de 62% du territoire métropolitain.

La France dispose de 11 millions de km² d'eaux marines sous sa juridiction, sur trois océans et à 97% en outre-mer.


 Géologie de la France métropolitaine




Géographie

Localisation et frontières

La France métropolitaine est située à l'une des extrémité occidentales de l'Europe. Elle est bordée par la mer du Nord au nord, la Manche au nord-ouest, l'océan Atlantique à l'ouest et la mer Méditerranée au sud-est. Elle est frontalière de la Belgique et du Luxembourg au nord-est, de l'Allemagne et de la Suisse à l'est, de l'Italie et de Monaco au sud-est, de l'Espagne et d'Andorre au sud-ouest.

Si les frontières du sud et de l'est du pays correspondent à des massifs montagneux, les frontières du nord-est ne correspondent à aucune limite géographique (à part le Rhin) ni linguistique.

La France métropolitaine comprend plusieurs îles, notamment la Corse et des îles côtières. Sa partie continentale s'étend sur environ 1000km du nord au sud et d'est en ouest.

La France est composée de nombreux territoires situés en-dehors du continent européen, couramment appelés territoires d'outre-mer, naguère DOM-TOM, qui lui permettent d'être présente dans tous les océans sauf l'Arctique.

Ces territoires ont des statuts variés dans l'administration territoriale de la France et sont situés:

.sur le continent sud-américain: la Guyane,
.dans l'océan Atlantique: Saint-Pierre-et-Miquelon et, dans les Antilles, la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélémy,
.dans l'océan Pacifique: la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et Clipperton,
.dans l'océan indien: La Réunion, Mayotte, les îles Eparses, les îles Crozet, les îles Kerguelen et Saint-Paul-et-Amsterdam,
.en Antarctique: la Terre Adélie.

A travers ses collectivités ultra-marines, la France possède également des frontières terrestres avec le Brésil et le Suriname, ainsi qu'avec les Pays-Bas via la partie française de Saint-Martin.

La superficie totale de la France est d'environ 675 000km², ce qui correspond à près d'un hectare par habitant.La France métropolitaine occupe 551 500km², les départements d'outre 92 220km² et les autres territoires 30 904km². Cette superficie ne comprend pas la Terre Adélie, sur laquelle la souveraineté française est contestée.

C'est le 42e plus grand Etat du monde par sa surface terrestre. C'est aussi le troisième plus grand pays d'Europe, après la Russie et l'Ukraine, ou le deuxième si on inclut les départements ultra-marins, et le plus grand de l'Union européenne.

L'étendue de son littoral, outre-mer inclus, est de 8 245km.

La France

La France ou République française est un pays d'Europe de l'Ouest, mais qui comprend également plusieurs régions et territoires d'outre-mer disséminés sur plusieurs océans. Politiquement, il s'agit d'une république constitutionnelle unitaire ayant un régime semi-présidentiel. Elle a pour capitale Paris, pour langue officielle le français et pour monnaie l'euro. Sa devise est "Liberté, Egalité, Fraternité" et son drapeau est constitué de trois bandes verticales respectivement bleue, blanche et rouge. Son hymne est La Marseillaise.

 La Marseillaise (prise sur youtube)

La France est un pays formé à la fin du Haut Moyen Âge, tirant son nom des Francs. Du début du XVIIe siècle à la première moitié du XXe siècle, elle possède un vaste empire colonial. A partir des années 1950, elle est l'un des acteurs de la construction de l'Union européenne. Elle est la troisième puissance nucléaire mondiale, l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et l'un des membres de l'OTAN. Elle est également membre du G7, du G20, de la zone euro, de l'Espace Schengen et abrite le siège du Conseil de l'Europe, du Parlement européen et de l'Unesco. La France possède une influence notoire en matière politique, économique, militaire et culturelle en Europe et dans le reste du monde. Seul pays aux côtés du Royaume-Uni à posséder des territoires d'outre-mer simultanément sur trois océans, sa présence géopolitique est importante au niveau mondial, car elle s'appuie sur un réseau d'ambassades et de consulats étendu, le deuxième au monde derrière celui des Etats-Unis et dispose de bases militaires dans les trois grands océans de la planète. La France est classée deuxième zone économique exclusive (espace maritime) mondiale et première puissance maritime mondiale par sa diversité et sa biodiversité.

 La France est aussi la troisième puissance économique européenne derrière l'Allemagne et le Royaume-Uni, et la sixième puissance économique mondiale par PIB nominal (neuvième à parité de pouvoir d'achat), et affiche un niveau de vie "très élevé" (20e au classement IDH en 2014). Elle figure parmi les leaders mondiaux dans les secteurs de l'agroalimentaire, de l'aéronautique, de l'automobile, des produits de luxe, du tourisme et du nucléaire. Au 1er janvier 2015, le nombre de personnes habitant en France est estimé à 66,9 millions, dont 64,2 millions en France métropolitaine, 2,1 millions dans les départements d'outre-mer et 600 000 dans les collectivités d'outre-mer et en Nouvelle-Calédonie. La France est le deuxième pays le plus peuplé de l'Union européenne derrière l'Allemagne. Elle est aussi le plus vaste de l'Union européenne et le troisième pays le plus vaste d'Europe. Ancienne puissance coloniale, sa culture et sa civilisation sont diffusées par les pays francophones à travers le monde, unis dans l'Organisation internationale de la francophonie. Le français est la dixième langue maternelle la plus parlée au monde et est une des langues avec la plus grande diffusion, traditionnellement utilisé comme langue de la diplomatie. Elle est l'une des six langues officielles et une des deux langues de travail avec l'anglais de l'Organisation des Nations unies, et langue officielle ou de travail de plusieurs organisations internationales ou régionales. Le français est également une des trois langues de travail de l'union européenne-ensemble avec l'allemand et l'anglais.

vendredi 17 juillet 2015

Préhistoire et protohistoire/Paléolithique

en haut: Gisements humains au pléistocène
en bas: Civilisations paléolithiques


L’homme du Paléolithique

Fin Tertiaire, c'est-à-dire au Pléistocène inférieur, premières apparitions connues de l'Homme : Australopithécidés ou Préhominiens (nommés ainsi par DARTS en 1924, après la découverte de Taungs, Transvaal). La naissance de l'intelligence humaine (fabrication d'outils) situe les Préhominiens entre l'animal et l'homme.Les Préhominiens entre l'animal et l'homme. Les Préhominiens connaissant la taille des galets (Pebble culture). Développement graduel de l'homme pendant le Pléistocène: les Pithécanthropiens sont les représentants des premières civilisations humaines.Ils connaissent le feu (premiers travaux à l'aide du feu en Chine).
Au Pléistocène moyen, apparition des Néanderthaliens (civilisation du Moustier), puis du groupe Présapiens (Néanthropiens). Lors de la dernière période glaciaire, l'Homo sapiens succède au Présapiens (Cro-Magnon, Grimaldi).
Fin du Pléistocène, formation des grandes races humaines: Mongoloïde (Asie), Négroïde (Afrique centrale), Europoïde, et Australoïde.
 Le Pléistocène (âge glaciaire) est une succession de périodes glaciaires et interglaciaires (ci-dessous en milliers d'années):
600-540: 1re période glaciaire (Günz)
540-480: 1re période interglaciaire (Günz-Mindel)
480-430: 2e période glaciaire (Mindel)
430-240: 2e période interglaciaire (Riss-Würm)
120-10: 4e période glaciaire (Würm).
 Vient ensuite l'époque postglaciaire.
Historiquement et anthropologiquement, cet âge postglaciaire se divise en trois périodes:
600-100: le Paléolithique inférieur
100-50 le Paléolithique moyen
50-10 le Paléolithique supérieur.

Les civilisations
Les noms de ces époques historiques proviennent de la matière première la plus importante, la pierre fissile, à laquelle on donnait au moyen de chocs des formes appropriées pour travailler le bois ou l'os (outils) ou pour l'utiliser comme arme (massue, hache, pointe).
Le travail de la pierre a donné quatre sortes différentes d'outils.
1.Outils en pierre non travaillée
Civilisation des galets (Pebble culture): Afrique du Sud et de l'Est, Siam, Birmanie, Malaisie, Java, Chine. En heurtant un galet sur l'autre, on obtenait des outils à trancher (chopping tools), des grattoirs (choppers).
2.Outils travaillés le plus souvent sur les deux faces à partir d'un nucléus obtenu préalablement à force de heurts (coups-de-poing). 
Abbevillien (Abbeville-sur-Somme) (anciennement appelé: Chelléen, Chelles-sur Marne): Afrique, Inde, Java, Europe occidentale.
Acheuléen (Saint-Acheul près d'Amiens): Afrique, Inde, Europe occidentale et centrale.
Micoquien (La Micoque, Dordogne): Afrique, Inde, Europe occidentale et centrale, Palestine, Syrie
 3. Outils obtenus en frappant le nucléus avec outils à trancher (éclats travaillés sur une face).
Clactonien (Clacton, Essex): Europe occidentale et centrale, Afrique, Inde.
Levalloisien (Levallois-Perret): Afrique, Europe, Inde du Nord.
Tayacien (Tayac, Dordogne): Palestine, Syrie, Afrique du Nord, Europe occidentale.
Fusion des techniques du coup-de-poing et du travail des éclats dans le Moustérien (Le Moustier, Dordogne): pointes manuelles, grattoirs retouchés avec soin. Ensevelissement des morts avec présents funéraires, peut-être monothéisme primitif.
Dans les civilisations précédentes, la fabrication des outils est certaine, mais non la création artistique.
4. Outils obtenus par façonnage des éclats: lames, (pointes, forêts, grattoirs, burins).
Périgordien (Périgord): pointes de Chatelperron, suivies des pointes de Gravette.
Aurignacien (Aurignac): outils en os, pointes d'armes, massues et grattoirs en forme de faucilles. L'art naît de la magie cynégétique: idoles féminines (Vénus de Willendorf), gravures sur pierre, os et ivoire (style linéaire, dessins géométriques), peinture et dessin aux grottes d'Altamira, El Castillo, etc.... L'Homo sapiens émigre du Proche-Orient vers le nord.
Solutréen (Solutré): outils à surface retouchée, pointes en feuille de laurier, aucun art.
Magdalénien (abri La Madeleine par Tursac): outils en os, lances à propulseur, harpons, longues lames.
Apogée de l'art des cavernes (environ 120 fouilles) à Altamira (1879) et Lascaux (1940).
Petits objets artistiques en os, bois de cerf, ivoire et pierre (gravures et sculptures). A la fin du Magdalénien, déclin de l'art.
Chasse de bêtes sauvages, à l'aide de trappes et de pièges. Mode d'habitat: cavernes, huttes, tentes ou abris sous roche.
Religion. Sorcellerie cynégétique, magie, croyance en une déesse de la Fécondité (Magna Mater). Enterrement des morts avec ornements funéraires. Importance du sorcier.
 

Atlas historique


Les débuts de la guerre d'Algérie

La semaine des barricades à Alger


La guerre d'Indochine est à peine terminée que commence la guerre d'Algérie. Le 1er novembre 1954, une poignée de nationalistes algériens regroupent en Front de Libération National déclenchent l'insurrection en organisant en Kabylie et dans les Aurès une série d'attentats qui feront 8 morts. Les territoires européens de la République, qui semblaient avoir oublié la répression de la manifestation musulmane de Sétif le 8 mai 1945, réagissent immédiatement. Le gouvernement (Pierre Mendès France) envoie des renforts militaires et prend des mesures répressives.

Le 12 novembre, Mendès-France proclame sa détermination de rétablir l'ordre alors que François Mitterrand, ministre de l'intérieur, affirme que l'Algérie c'est la France et qu'il faut tout tenter pour que le "peuple algérien se sente chez lui, comme nous et parmi nous" et propose même, le 5 janvier 1955, que l'Algérie soit intégrée à la France. Cette intégration remettrait en cause le statut de l'Algérie voté en 1947 qui avait institué une assemblée algérienne comprenant deux collèges de 60 membres-l'un élu par les Français minoritaires, l'autre par les musulmans majoritaires en nombre-qui envoyait six députés à l'assemblée de l'Union française. Ainsi l'idée de remettre en cause les avantages et privilèges de la communauté française provoque un profond mécontentement. Le gouvernement Mendès-France est renversé le 5 février 1955.

Les forces armées, effectivement, augmentent rapidement. Jacques Soustelle est nommé gouverneur général de l'Algérie.La situation s'aggrave et l'état d'urgence et la censure sont proclamés le 3 avril. Cependant l'intégration semble encore possible jusqu'au déclenchement de la grève générale organisée par le FLN qui marque la coupure définitive entre les deux communautés. Guy Mollet, chef de la SFIO, est pressenti, après les élections législatives de 1956 pour former le gouvernement. Il se rend à Alger le 6 février pour investir le général Catroux à la place de Soustelle. Il est accueilli par un climat insurrectionnel (Lagaillarde, Ortiz) et se soumet. Il remplace Catroux par Robert Lacoste, bien vu des militaires. Le 12 mars 1956, l'Assemblée vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement. Désormais, Guy Mollet et Robert Lacoste peuvent mettre en place la politique de maintien de l'ordre en Algérie.La spirale des attentats et de la répression s'amplifie.Le pouvoir progressivement passe la main aux militaires. Face à la recrudescence des attentats les parachutistes du général Massu livrent la bataille d'Alger (janvier 1957) au cours de laquelle la torture est souvent utilisée pour avoir des renseignements sur les réseaux. Ce recours à la torture est légitimé par le gouvernement français.

Dans les territoires européens de la République, le fossé se creuse entre partisans de la guerre et opposants (communistes, intellectuels et journaux d'avant-garde). La fraction la plus ultra des partisans est conduite par l'extrême droite (Tixier-Vignancour) relayée par Soustelle et Bidault au sein de l'Union pour le salut et le renouveau en Algérie française (USRAF) qu'ils créent. Les positions se durcissent lors de la prolongation du service militaire porté à 27 mois (1957) et du rappel du contingent libéré. De violentes manifestations et des blocages de convois en partance pour l'Algérie ont lieu à l'initiative de la CGT et des communistes. Sur le terrain, le quadrillage et la répression ainsi que la surveillance des côtés par la marine rendent difficile le ravitaillement en armes du FLN. L'audience du FLN diminue cependant que les désertions dans ses rangs et les engagements dans l'armée française se multiplient. Les militaires obtiennent le droit de poursuite sur le sol tunisien et effectuent un bombardement sur Sakiet Sidi Youssef.Mais la France est aussitôt condamnée par l'ONU, ce qui va l'affaiblir politiquement.

Félix Gaillard président du conseil par intérim confie les pleins pouvoirs en Algérie au général Salan, puis au général Massu qui constitue un Comité de salut public. Félix Gaillard est remplacé par Pierre Pflimlin.Mais celui-ci jugé trop libéral n'a pas la confiance des militaires. Le général Massu, lance alors un appel au général de Gaulle lui demandant de former un gouvernement de salut public. De Gaulle répond au cours d'une conférence de presse, le 19 mai, qu'il est prêt à assumer les responsabilités du pouvoir.

 

La guerre d'Indochine

Légionnaire en Indochine française en 1954
 
 
Dès 1940, les Japonais qui occupent l'Indochine française encouragent le mouvement de décolonisation qui aboutira le 2 septembre 1945 à la proclamation de l'indépendance du Viêt Nam par Hô Chi Minh. A partir des années 1950, le Viêt Minh, mouvement nationaliste d'inspiration communiste, est aidé par l'URSS et la République populaire de Chine. Dans le contexte de la guerre froide, la France se trouve placée au premier rang mondial de la lutte contre l'avancée communiste en Asie. Le conflit indochinois se développe et s'amplifie dans un contexte général d'indifférence pour cette guerre lointaine et ruineuse.
 
En 1954, le général Henri Navarre, commandant en chef des forces françaises en Indochine, espérant attirer le Viêt-minh sur un terrain où il pourrait le combattre de façon classique, concentre ses troupes dans la cuvette de Diên Biên Phû.Le camp retranché de Diên Biên Phu, commandé par le général de Castries, comporte les meilleures unités du corps expéditionnaire. Après 55 jours de combats et de nombreuses erreurs stratégiques des dirigeants de l'armée française, les Français, épuisés par huit années de guérilla menée par le général Giap, sont noyés sous un déluge de feu. Cette puissance exceptionnelle est alimentée par la mobilisation de tout un peuple. Diên Biên Phu tombe le 7 mai 1954. Pierre Mendès France signe les accords de Genève le 21 juillet qui mettent fin à la guerre.
 
Ils prévoient la séparation du Viêt Nam en deux Etats de part et d'autre du 17e parallèle: le Nord revient au Viêt-minh communiste tandis que le Sud devient un Etat indépendant.
 
Le 7 août, le cessez-le-feu est total en Indochine.La guerre aura provoqué du côté français près de 100 00 morts et coûté environ 300 milliards de francs.
 

La politique générale du nouveau régime

Le régime parlementaire de la Quatrième République permet la reconstruction et la modernisation de la France grâce notamment à la création du commissariat au Plan et à un certain nombre de nationalisations dans les secteurs stratégiques. C'est dans cette période que les fameuses Trente Glorieuses prennent leurs sources, en profitant aussi au secteur privé, la reconstruction du pays, s'effectuant via une forte croissance économique et financière.

En matière de politique étrangère, la France entre dans l'OTAN, acceptant même le maintien des bases américaines sur le territoire national. En 1956, la mise en échec par les USA et l'URSS de l'intervention franco-britannique sur le canal de Suez encourage le rapprochement des Etats européens: le marché commun (CEE) est créé en 1957.

La Constitution de 1946 crée l'Union française. L'Union, outre les territoires européens de la République, comprend l'Algérie formée de trois départements (Alger, Oran et Constantine) et les territoires du Sud (Sahara), les départements d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe, La Réunion, Guyane), les territoires d'outre-mer (ex-AEF, AOF, Océanie), les territoires associés (Cameroun et Togo) et les Etats associés (Indochine, Maroc, Tunisie). Il faut y rajouter: Saint-Pierre-et-Miquelon, la côte française des Somalis, Madagascar et les Comores, la terre d'Adélie, les comptoirs des Indes et les protectorats sur la Syrie et Le Liban.Plus de 12 000 000km² en tout répartis en colonies, protectorats et états sous mandat. Le statut politique de chaque territoire découle de l'histoire et des conditions de la conquête. Au lendemain de la guerre des fissures apparaissent. La décolonisation sera marquée par deux grands conflits.
 

La Quatrième République (1946-1956)

Organigramme de la IVe République


En 1946, le gouvernement provisoire cède la place à la Quatrième République, instaurée par une nouvelle constitution approuvée par référendum. Mais l'instabilité politique et les divergences concernant les problèmes coloniaux en Indochine et en Algérie conduisent à des crises ministérielles successives et finalement la chute du régime.

Vincent Auriol (1947-1954) est le premier président de la IVe République. René Coty lui succède (1954-1958).
 

La France depuis 1945

Le Gouvernement provisoire de la République française (1944-1946)



 De Gaulle, chef de la résistance française avec Jean Moulin
 
Après le débarquement des Alliés en Normandie, De Gaulle déclare le 14 juin: "Nous combattons aux côtés des Alliés, avec les Alliés, comme un allié. Et la victoire que nous remporterons sera la victoire de la France". Il s'impose à tous comme l'homme fort français. Roosevelt qui s'était méfié de lui se résout à le recevoir en grande pompe à Washington en juillet 1944. De Gaulle a gagné la partie et, fort de l'accord secret conclu avec Winston Churchill, le 7 août 1940, la France retrouve bien vite sa position de "grande puissance".

Fin août 1944, le Gouvernement provisoire de Charles de Gaulle s'impose sur le terrain. Il faudra attendre mi-octobre pour qu'il soit officiellement reconnu par les Etats-Unis. Il est composé des communistes, des socialistes et des gaullistes. L'engagement des communistes français dans la résistance, le courage des soldats soviétiques et la victoire finale de l'URSS et des Alliés procurent aux dirigeants communistes un prestige important dans l'opinion publique. Le gouvernement provisoire (GPRF) accorde notamment le droit de vote aux femmes le 21 avril 1944, dans l'article 17 de l'ordonnance d'Alger: elles voteront pour la première fois aux élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945.

Le Gouvernement provisoire sera ensuite conduit par Félix Gouin et Georges Bidault

Les gouvernements concurrents du Régime de Vichy et de la France libre

Le 10 juillet 1940, est votée la loi qui donne les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Il profite de la victoire allemande pour imposer aux Français un gouvernement abolissant la République. Dès le 11 juillet, par le premier des actes constitutionnels de Vichy, "vu la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940", il se déclare chef de l'Etat et crée le Régime de Vichy. Le pays, amputé de fait de l'Alsace-Lorraine doit payer une forte indemnité d'occupation. Une grande partie de sa force vive est déjà prisonnière ou envoyée au travail forcé en Allemagne (STO).

De son côté le général de Gaulle s'oppose à l'armistice annoncé le 17 juin 1940 par le maréchal Pétain et lance son fameux appel du 18 juin au peuple français, via la radio BBC depuis Londres, incitant au ralliement aux côtés des Alliés britanniques afin de poursuivre la lutte contre les nazis. Il prend dès lors la tête de la France libre qui s'appuie sur les Forces françaises libres. Obtenant le ralliement rapide de plusieurs possessions coloniales françaises, surtout l'Afrique-Equatoriale française, la France libre reste présente dans le camp allié, en poursuivant le combat sur les fronts libyen, égyptien, puis tunisien et italien.
 

La défaite de 1940

Après avoir déclaré la guerre le 3 septembre à l'Allemagne à la suite de son entrée en Pologne, la France tente avec le Royaume-Uni de secourir la Norvège victime d'un même assaut allemand, sans succès probant. Cette "drôle de guerre" où il ne se passe pas grand-chose sur le front prend fin le 10 mai 1940 avec une offensive éclair (blitzkrieg) de l'Axe qui conquiert la France (directement la partie nord) en six semaines. Pourtant, Philippe Pétain avait fait construire la ligne Maginot le long de la frontière franco-allemande (il aurait voulu la construire également le long de la frontière belge mais le roi Léopold III voulait conserver la neutralité de son pays). Les Allemands sont passés par la Belgique et la forêt des Ardennes, et grâce à l'aide des chars et de l'aviation, ont réussi à atteindre la France très rapidement et prendre à revers la Ligne Maginot.Les mots sont trop faibles pour relater l'état d'esprit des Français et même du reste du monde à l'occasion de cet effondrement "L'Abîme", pour reprendre de Gaulle, apparaît le plus cohérent. Le corps expéditionnaire britannique se replie avec quelques soldats français sur Dunkerque, puis vers l'Angleterre. Le reste des soldats se bat contre l'avancée inexorable des Allemands. Quand l'armistice est signé le 22 juin, on compte moins de 100 000 pertes militaires et 1 million et demi de prisonniers.

La crise des années trente et la Seconde Guerre mondiale

La France des années trente

La France n'est touchée par la Grande Dépression qu'en 1931. La France entre assez tardivement dans la crise, dont elle a apparemment été protégée durant quelques années, lorsque la chute de l'activité économique des autres pays affecte fortement ses exportations. Quand le gouvernement britannique décide de dévaluer la livre, les prix français sont trop élevés à l'exportation.La crise entraîne une baisse assez longue de la production industrielle. Entre 1929 et 1935 la production industrielle recule de 25%. Si la France est plus tardivement et moins profondément touchée par la crise, elle commence plus tard à en sortir, contrairement aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. En outre, elle ne met pas en place des politiques de relance comme l'ont fait les Etats-Unis avec le New Deal. En 1938, la France n'a toujours pas retrouvé son niveau de production d'avant la crise.

La France se dote d'un gouvernement de gauche en 1936, le "Front Populaire", et de nombreux droits sociaux, tels les congés payés ou les conventions collectives, sont institués. Cependant, la France se trouve impuissante face aux bouleversements qui touchent au même moment plusieurs pays d'Europe. Elle entame une large politique d'alliance, qui ne mènera nulle part. Elle refuse d'intervenir dans la guerre d'Espagne. Bien plus, traumatisée par la Première Guerre mondiale, elle n'ose pas s'opposer à la politique extérieure agressive de l'Allemagne nazie dont le chef d'Etat Adolf Hitler, veut revenir sur le traité de Versailles de 1919 et réunir à son Reich les peuples germaniques limitrophes, en vertu des idées pangermanistes. Coup sur coup, la France laisse l'Allemagne opérer son réarmement (1934-1935), remilitariser la Rhénanie (1936) et annexer l'Autriche (1938). L'état d'esprit pacifiste français atteint un sommet en 1938 avec la signature des accords de Munich permettant à Hitler de prendre possession du territoire des Sudètes sans combattre (au mépris de ces accords, Hitler progressera plus loin en Tchécoslovaquie, quelques mois plus tard, en mars 1939). La paix à tout prix était alors le mot d'ordre, mais la signature des accords de Munich marque la dernière concession faite à Hitler par les diplomaties françaises et britanniques, enfin unies sur ces sujets.
 

Sortir de la guerre (1919-1929)

Au sortir de la Grande Guerre, la France est victorieuse mais exsangue à la suite des sacrifices humains, financiers et matériels concédés pendant la guerre. La joie de vivre le pas sur les heures sombres de la guerre: ce sont les Années folles. La grande majorité des Français de l'époque sont encore des villageois-agriculteurs qui ont d'autres soucis, comme assurer la récolte après que les hommes de la famille sont rentrés blessés ou morts sur le champ de bataille.

Au niveau politique, les gouvernements de Raymond Poincaré ont pour principal objectif le rétablissement des finances publiques. Pour payer la dette de la Première Guerre mondiale, la France créé un impôt sur les plus-values et un impôt sur les sociétés, qui s'ajoutent à l'impôt sur le revenu de 1914. Majorée de 20% en mars 1924 par la "Chambre bleu horizon" l'imposition marginale supérieure atteint 90%, contre 2% dix ans avant.

Une croissance française des années 1920 plus forte que dans les autres pays est stimulé par la multiplication par huit, en une décennie, de la protection hydroélectriques. L'électrification facilite la diffusion du cinéma, de la radio et de l'autonomie, qui utilise les produits de l'électro-métallurgie.

Trois grand pays industriels européens
Angleterre
Allemagne
France
Hausse de la production manufacturière entre 1913 et 1928
6%
18%
39%
 
Porté par le boom du secteur électrique, le total des émissions d'actions et d'obligations en France double, en valeur constante, entre la décennie 1901-1910 et de la décennie 1920-1929, atteignant l'indice 217.La capitalisation des sept bourses de province est multipliée par neuf entre 1914 et 1928, pour atteindre 16% de la capitalisation française contre 9% en 1914. Moins sous-capitalisées qu'au XIXe siècle, les sociétés françaises résistent au krach de 1929: leurs cours sont divisés par deux, quand ceux des américaines sont divisés par quatre.
 

La Première Guerre mondiale et ses suites

La "Grande Guerre" (1914-1918)

 Soldats australiens portant des masques à gaz Ypres, 1917


Les manuels scolaires de la IIIe République propagent un discours nationaliste, une large partie de l'opinion publique n'a pas renoncé à récupérer l'Alsace-Lorraine, voire à une revanche contre l'Allemagne.

Une loi rétablissant le service militaire, supprimé depuis 1815 par Louis XVIII, est adoptée le 27 juillet 1872 car une des raisons de la défaite 1871 avait été la déficience de la mobilisation des réserves et l'insuffisance numérique de l'armée française.

Le 9 janvier 1912, le Président Fallières, chef constitutionnel des armées, avait déclaré: "Nous sommes résolus à marcher droit à l'ennemi sans arrière-pensée, l'offensive convient au tempérament de nos soldats et doit nous assurer la victoire, à condition de consacrer à la luette toutes nos forces actives sans exception".

Le cabinet Briand fait voter le 19 juillet 1913 la loi faisant passer la durée du service militaire à trois ans.

La mobilisation décrétée le 1er août 1914 suscite cependant la stupeur et la consternation dans certains milieux, notamment dans le monde rural en pleine moisson: l'idée d'une revanche contre l'Allemagne pour reprendre les provinces perdues s'est éloignée peu à peu des jeunes générations. Mais les mobilisés font preuves d'une véritable résolution devant cette guerre à entreprendre: la France fait figure d'agressée par l'Allemagne, de plus beaucoup pensent qu'elle sera courte. Les Français sont décidés à se battre comme en témoigne le nombre dérisoire de déserteurs, 1,5% des mobilisés, et convaincus dans leur immense majorité de la légitimité de leur cause.

On attendait une guerre éclair, faite de mouvements rapides, mais dans les premiers affrontements entre les armées allemande et française lors de la bataille des Frontières (août 1914), la doctrine de l'offensive à outrance adoptée par les états-majors entraîne des pertes humaines considérables, à cause notamment des tirs de mitrailleuse: le 22 août 1914 est le jour le plus meurtrier de l'Histoire de France, environ 27 000 soldats français sont tués pendant cette seule journée dans les Ardennes belges, soit quatre fois plus qu'à Waterloo. Les soldats seront contraints de s'enterrer dans des tranchées pour se protéger, et le conflit se transformera rapidement en une guerre de positions.

La "Grande Guerre" est un élément pivot de l'histoire de France.Le XXe siècle émerge de ce conflit hors normes qui voit la victoire des Alliés sur les forces des empires centraux, et questionne pour la première fois la société sur le pouvoir destructeur de la technique.
 

jeudi 16 juillet 2015

D'une guerre à l'autre

Charge française à la baïonette pendant la Première Guerre mondiale


Au début du XXe siècle,l'affrontement entre la France et l'Allemagne à propos du Maroc conduit à des incidents diplomatiques (coup de Tanger, crise d'Agadir). L'antagonisme franco-allemand puise sa force dans plusieurs problèmes dont dans la question de l'Alsace-Lorraine, les revendications coloniales tardives de l'Allemagne et son attitude agressive (Weltpolitik). Il se nourrit aussi de la crainte qu'éprouvent les Français devant la poussée démographique de l'Allemagne. La France pouvait encore aligner 74 divisions face aux 94 divisions allemandes: qu'en serait-il dix ou vingt ans plus tard?
 

La France coloniale

Empire colonial: carte indiquant le premier empire colonial français en bleu clair et le second en bleu foncé


Faidherbe forme les fameux tirailleurs sénégalais qui accompliront la conquête des régions du Niger en 1898 avec des officiers comme Gallieni, Voulet-Chanoine, Fourreau-Lamy, Monteil et Gentil. Les Touaregs opposeront une sérieuse résistance. La France confère le statut de "commune française de plein exercice" à Saint-Louis, Gorée et Dakar en 1872 et à la ville de Rufisque en 1880. A compter de ces dates, les habitants de ces quatre communes sont citoyens français avec tous leurs droits et tous leurs devoirs, représentés dans les Assemblées parlementaires de France. A tout cela viendront s'ajouter la conquête du Gabon, du Congo, de la Mauritanie, de la Guinée, de la Haute-Volta, du Tchad, du Dahomey et de l'Indochine. En 1914 l'empire français est alors 22 fois plus grand que l'Hexagone.

Les conquêtes coloniales sont entreprises en partie pour des raisons économiques, apporter des matières premières des territoires colonisés à l'industrie française, créer des débouchés grâce aux colonats ou aux colonisés. Elles sont effectuées sous la pression de lobby coloniaux comme Afrique française ou Asie française dans lesquelles on trouve des banquiers, des hommes d'affaires, des journalistes, des parlementaires et des militaires. A côté de la prétention à apporter la "civilisation" aux peuples "sauvages", les protestations contre cette expansion coloniale sont nombreuses. L'exposition coloniale de 1931 voit la reconstruction du temple d'Angkor Vat à Paris, mais aussi des zoos humains. Au total cette exposition attire à peu près 8 millions de visiteurs (dont 1 million d'étrangers).
 

La France sous la Troisième République

Population et société

La France connaît un fort déclin démographique. Alors qu'en 1800, la France était deux fois plus peuplée que l'Allemagne et trois fois plus que le Royaume-Uni, elle compte en 1913 moins d'habitants que chacun de ces deux pays. La France devient le pays du fils unique, protégé, poussé, sur lequel reposent les projets d'ascension sociale de la famille. Le malthusianisme français s'explique en partie par la volonté de ne pas diviser l'héritage familial. Face à la montée des tensions, la faiblesse démographique de la France inquiète. Pour pallier le manque de soldats, le service militaire est porté à trois ans en juillet 1913. Le recrutement de trompes coloniales a débuté dès la fin du XIXe siècle, s'il s'accélère en 1910.

Autre conséquence, le recours à l'immigration, qui apparaît comme une solution au déclin démographique. Elle est encouragée par l'instauration du principe du droit du sol pour l'obtention de la nationalité française en 1889. En 1914, la France compte 1,2 millions d'étrangers venus de Belgique et d'Italie, ce qui suscite une série de réactions xénophobes (Vêpres marseillaises en 1881, pogrom d'Algues-Mortes en 1893, etc...)

La France reste ainsi un pays essentiellement agricole, comme le prouve la part du secteur primaire dans la population active (43,2% en 1906), alors que ce secteur représente moins du quart de la production nationale. L'exode rural qui a commencé en 1848 continue. Environ 35 000 personnes quittent chaque année les campagnes vers 1900. Les petites exploitations donnent: 80% d'entre elles ont moins de 10 hectares. Dans les petites exploitations, les rendements sont très médiocres: 13 quintaux de blé à l'hectare en moyenne voire 4 ou 5 dans les régions où les sols sont les plus pauvres. En fait, les petites exploitations pratiquent une polyculture vivrière où seule une petite partie de la production est commercialisée.

Au nord de la Loire existe une agriculture capitaliste et productive.Les années 1900 sont en effet celles d'une timide mutation agricole: seniors mécaniques, moissonneuses deviennent plus courants dans ces exploitations.Leur poids électoral font des agriculteurs une préoccupation des Républicains. En 1881, le ministère de l'Agriculture est créé. Un tarif protectionniste est instauré en 1892 par Jules Méline pour protéger les petits agriculteurs de la baisse mondiale des prix agricoles.

L'enracinement de la République

La dégradation d'Alfred Dreyfus

Les républicains s'attachent à enraciner la République en établissant les grandes libertés: la liberté de réunion et de la presse en 1881, le droit de se syndiquer par la loi Waldeck-Rousseau de 1884, la possibilité de divorcer la même année. La loi de 1901 sur la liberté d'association permet la formation de partis politiques qui remplacent les groupements informels des clubs et des comités. Les premiers partis à se former sont le parti radical en 1901 et le parti socialiste, la SFIO en 1905.

La République se dote de ses grands symboles: le buste de Marianne, la Marseillaise qui redevient l'hymne national en 1878 et le 14 juillet comme fête nationale. En même temps, des grands républicains comme Victor Hugo ou Léon Gambetta reçoivent à leur mort des obsèques nationales.

 Toutes ces lois sont en parties l'oeuvre de Jules Ferry qui poursuit trois objectifs: étendre les libertés, soustraire l'école à l'emprise de l'Eglise catholique et "relever" la France de la défaite grâce à la colonisation. Cependant le nom de Jules Ferry évoque pour tous les Français l'instauration de l'école gratuite, obligatoire et laïque. En effet, pour rendre la république irréversible, la formation de jeunes générations paraît indispensable. Or l'école est placée depuis la loi Falloux sous l'autorité de l'Eglise qui s'est toujours montrée une adversaire de la République. Jules Ferry fait voter toute une série de lois portant sur la question scolaire: création de lycées publics pour jeunes filles par Camille Séé en 1880 (même si ceux-ci ne permettent pas de passer le baccalauréat), instauration de l'école gratuite laïque et obligatoire par les lois Ferry de 1881-1882, laïcisation de personnel enseignant des écoles publiques. L'instituteur devient un des piliers de la République. C'est à lui que revient le devoir d'inculquer aux jeunes élèves la morale républicaine et l'amour de la patrie.

La lute contre l'influence de l'Eglise est un thème qui permet l'émergence d'un nouveau parti à gauche de l'échiquier politique, le parti radical. L'attachement des Français à la République n'empêche pas celle-ci d'être secouée par de nombreuses crises dues à la montée du nationalisme (épisode du boulangisme dirigé par le général Georges Boulanger) ou de l'antisémitisme (affaire Dreyfus). Ces évènements montrent qu'il existe deux France, l'une conservatrice et revancharde, l'autre acquise aux idéaux révolutionnaires et au progrès social. Ce sont finalement les progressistes qui l'emportent. Les républicains forment un gouvernement d'union nationale dirigée par Waldeck-Rousseau entre 1899 et 1902. L'arrivée au pouvoir du parti radical en 1902 accentue la laïcisation de la société. En 1904, les congrégations religieuses n'ont plus le droit d'enseigner et un grand nombre d'entre elles sont expulsées de France. En 1905, sous l'impulsion du président du conseil Emile Combes, L'Assemblée nationale vote la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Les ministres du culte cessent d'être rétribués par l'Etat. Les biens mobiliers et immobiliers du culte sont nationalisés et mis à la disposition d'association culturelles religieuses après un inventaire de tous les biens nationalisés. Dans quelques régions régions, les inventaires ont donné lieu à des affrontements violents entre les catholiques et les forces de l'ordre, mais le phénomène reste marginal même s'il a beaucoup frappé les esprits. A partir de 1905, la religion devient affaire privée.
 

La mise en place des institutions

Née de la défaite, aux prises à la révolte parisienne, dominée pendant 5 ans par une assemblée monarchiste, la République a peu de chances de survivre. Elle doit son installation à la mésentente des monarchistes. En effet les royalistes sont divisés en deux groupes, les légitimistes, partisans du descendant de Charles X, le comte de Chambord, et les orléanistes. En attendant, la loi Rivet donne au chef de l'exécutif, Thiers, le titre de président de la République.

Les républicains qui ont prouvé grâce à la répression de la Commune de Paris qu'ils ne sont pas des révolutionnaires et savent maintenir l'ordre, gagnent la plupart des élections partielles. Faute de mieux, les orléanistes rompent avec les légitimistes et se rallient à l'idée d'un régime républicain. En 1875, toute une série de lois constitutionnelles est votée. Elle fera office de constitution pendant toute la durée de la troisième République. Le régime républicain est un régime parlementaire bicaméral. Le président de la République est élu pour sept ans par les deux chambres, le Sénat et l'Assemblée nationale réunis en congrès à Versailles. Il est politiquement irresponsable. En 1876, les républicains remportent 360 des 500 sièges à pourvoir. Le conflit entre le président monarchiste Mac-Mahon et l'assemblée est inévitable. Le 16 mai 1877, Mac-Mahon renvoie le président du Conseil, Jules Simon, républicain modéré, et le remplace par Albert de Broglie, un royaliste. Il est mis en minorité par 363 voix républicaines, et Mac-Mahon fait dissoudre la chambre. Cet épisode est connu sous le nom de crise de 1877. Une campagne électorale agitée s'ensuit opposant les monarchistes aux républicains. Les républicains font bloc autour de Gambetta. Deux concepteurs de la république s'affrontent. Pour Mac-Mahon, le président de la république est l'égal du Parlement. Il peut donc avoir sa propre politique et renvoyer les ministres qui n'ont pas sa confiance. En cas de conflit avec le Parlement, c'est le peuple qui tranche. Pour les Républicains, le président n'est qu'une figure symbolique. Il doit nommer des ministres dont les vues doivent être conformes à celle de la Chambre des députés. C'est la seule à représenter la souveraineté nationale car la seule élue au suffrage universel. L'imprécision des textes permet les deux interprétations. De nouveau, les Républicains remportent les élections. En 1879, le renouvellement partiel du Sénat leur permet d'acquérir la majorité dans cette chambre. La victoire des républicains est totale. Désavoué et sans appui, Mac-Mahon démissionne. Son successeur, le républicain Jules Grévy renonce volontairement à exercer ses prérogatives constitutionnelles (principalement le droit de dissolution) et s'interdit d'intervenir contre les voeux de l'Assemblée.Le président de la République se cantonne donc à une fonction représentative, laissant le pouvoir au président du Conseil et au Parlement. Les présidents de la IIIe République suivent cette pratique. En dix ans la France est devenue républicaine.
 

La Troisième République de 1870 à 1940

L'instauration du régime républicain

Des débuts difficiles

Organigramme de la Troisième République
 
La république naît dans des conditions difficiles. Le gouvernement provisoire décide de continuer la guerre. Les Allemands atteignent rapidement Paris qu'ils assiègent. Gambetta, ministre de l'Intérieur du gouvernement de défense nationale, quitte Paris en ballon pour appeler la province à la levée en masse. Mais les troupes ainsi constituées ne parviennent pas à rompre l'encerclement prussien. La ville subit des bombardements réguliers et souffre du manque de nourriture. Pour permettre aux Parisiens de ne pas tomber dans la misère, le gouvernement décrète le moratoire des dettes et des loyers. Des armes sont distribuées aux volontaires qui forment une garde nationale.

Le 28 janvier 1871, le gouvernement doit se résoudre à signer l'armistice. Les Allemands laissent se dérouler des élections. Celles-ci donnent la majorité aux monarchistes. La nouvelle assemblée signe une paix qui ampute le pays de l'Alsace et du nord de la Lorraine et oblige les Français à payer au vainqueur une lourde amende de guerre. Thiers, un ancien premier ministre de Louis-Philippe est nommé chef du pouvoir exécutif en attendant que l'assemblée statue sur la nature du régime et son organisation.

Les Parisiens qui ont vaillamment résisté pendant le siège de Paris sont scandalisés par l'armistice et les conditions imposées par la Prusse. Ils se méfient d'une assemblée monarchiste qui par peur des périls révolutionnaires préfère s'installer à Versailles plutôt que dans la capitale. Alors que la situation économique des Parisiens est toujours précaire, le gouvernement provisoire abroge le moratoire des loyers et des dettes. Le 18 mars 1871 Thiers ordonne de désarmer les Parisiens. Cette annonce déclenche une émeute. Thiers se retire de la capitale et décide de la reprendre par la force. A Paris, le comité central des gardes nationaux décide de l'élection d'un conseil municipal. La commune de Paris se met en place à partir du 26 mars 1871. Les principaux animateurs de la Commune de Paris viennent d'horizons différents. Ils prennent des mesures radicales pour soulager la misère populaire: réquisition des logements, instruction gratuite, laïque et obligatoire. Ils inventent une démocratie participative en permettant aux citoyens d'intervenir dans les affaires de la commune. A côté de revendications issues du mouvement sans-culotte de 1793 comme l'anticléricalisme et le respect de la liberté de conscience, des revendications de type socialiste sont portées par les insurgés avec la condamnation du militarisme et du capitalisme.

La commune ne dure que 70 jours. Le 21 mai 1871, les troupes du gouvernement surnommées les Versaillais par les communards investissent Paris. Les révoltés mènent un combat désespéré. Ils incendient des monuments comme le palais de Tuileries ou l'hôtel de ville pour ralentir l'avance des versaillais. Après l'exécution de l'archevêque de Paris par les communards (Marx écrira que c'est Thiers qui l'a assassiné), la répression tourne au bain de sang. Entre 20 000 et 30 000 communards sont exécutés en une semaine. Des milliers de révoltés sont envoyés dans des bagnes en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie.
 
Les conditions imposées par la Prusse, qui avaient scandalisé les parisiens au moment de l'armistice sont encore durcies par une loi de décembre 1871 exigeant de la France une indemnité de guerre représentant 25% de son PIB. La dette publique augmente fortement, et avec elle une nouvelle classe de petits rentiers vivant de son intérêt puis participant à la nouvelle expansion boursière, ce qui accélère la création de banques de dépôt.
  

Second Empire (1852-1870)

Napoléon III empereur


Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 entraîne peu de réactions. Seules quelques personnalités s'opposent ouvertement au nouveau régime. C'est le cas de Victor Hugo qui part en exil à Guernesey d'où il ne cesse de fustiger Louis-Napoléon Bonaparte qu'il appelle "Napoléon le Petit". Le plébiscite du 20 décembre 1851 donne au nouvel homme fort les pleins pouvoirs pour rédiger une nouvelle constitution. Après un nouveau plébiscite, il est proclamé empereur sous le nom de Napoléon III. Napoléon met en place un régime autoritaire.La liberté de la presse est limitée, les opposants sont pourchassés. La pratique des candidatures officielles réduit l'opposition au silence. Seuls quelques républicains parviennent à se faire élire. Mais comme le pays bénéficie d'une bonne conjoncture économique, il y a peu de protestations.

A partir de 1860, le Second Empire se libéralise. Napoléon III a perdu une grande partie du soutien des catholiques car il aide le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II à réaliser l'unité italienne, ce qui va à l'encontre des intérêts de la papauté. De plus, la signature d'un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni, alors première puissance industrielle mondiale, mécontente les industriels qui craignent la concurrence de produits anglais. L'empereur cherche donc de nouveaux soutiens en allant vers les libéraux et les classes populaires.Le droit de grève est accordé en 1864. Les ouvriers ont le droit de constituer des caisses d'entraide (suppression de la loi Le Chapelier). Le corps législatif obtient peu à peu des droits. Il peut critiquer le gouvernement, voter le budget. Il a même l'initiative des lois à partir de 1869. Le Second Empire a peu à peu évolué vers un régime parlementaire, les ministres étant responsables devant le Parlement. Cette libéralisation du régime est approuvée massivement par un plébiscite en mai 1870 qui donne à l'empereur 7 336 000 "oui" contre 1 560 000 "non". Le Second Empire semble consolidé sur des bases plus démocratiques. Il est cependant balayé par la guerre franco-prusienne en quelques semaines.

Le décollage industriel de la France se fait sous le Second Empire. Le crédit se libéralise, la création de SARL et de SA est facilitée. L'Etat montre lui-même l'exemple. Des grands travaux de modernisation sont entrepris dans Paris sous la houlette du baron Haussmann.La Sologne et les Landes sont bonifiées (création de la forêt des Landes.

Napoléon III soutient les processus d'unité italienne et allemande. En échange de ses bons offices, la France reçoit du Royaume de Sardaigne le Duché de Savoie et le Comté de Nice annexés à la France en 1861 après la signature du traité de Turin. En échange de sa neutralité bienveillante lors de la guerre austro-prusienne de 1866, l'empereur réclame des compensations territoriales que Bismarck, le chancelier prussien, refuse de lui accorder. Au contraire, il multiplie les provocations envers la France pour la pousser à déclarer la guerre à la Prusse. A la suite de la publication de la dépêche d'Ems, la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Le Second Empire ne peut opposer que 265 000 hommes aux 500 000 Prussiens et alliés allemands. La guerre tourne rapidement au désastre. Le 6 août, l'Alsace est prise. Napoléon capitule à Sedan le 2 septembre 1870. A cette annonce, les Lyonnais dès le matin puis les Parisiens dans la soirée proclament la république le 4 septembre 1870.

Deuxième République (1848-1852)

Victor Schoelcher en 1885


En 1847, l'opposition, alimentée par une vague de mécontentement due à la corruption du régime en place et par la crise économique, organise dans tout le pays des banquets pour demander l'élargissement du corps électoral. La liberté de réunion n'existant pas, la présence à ces banquets républicains permet aux opposants au régime de se réunir sans enfreindre la loi. Le 22 février 1848, le pouvoir interdit la tenue d'un banquet. Ceci entraîne des manifestations qui se poursuivent le lendemain. C'est alors que la troupe tire sur les manifestants. Quand la nouvelle de cette fusillade est connue, tout le Paris populaire s'embrase. Le roi abdique le lendemain car il ne veut pas être responsable d'un massacre de la foule parisienne. Les insurgés ont retenu la leçon de 1830. Ils exigent que des républicains siègent dans le gouvernement provisoire. Celui-ci proclame la République le soir même. La deuxième République commence.

La Deuxième République institue définitivement le suffrage universel masculin en France. Elle abolit l'esclavage sur proposition de Victor Schoelcher. Ceci n'empêche pas l'armée française de commencer la conquête du Sénégal la même année. Sous la pression du peuple et des socialistes, des mesures sociales sont prises: proclamation du droit au travail, limitation de la journée de travail à 10 heures à Paris et à 11 heures en province. Des ateliers nationaux sont créés pour donner du travail aux parisiens touchés par la crise économique. Mais aux élections d'avril 1848, les Français élisent majoritairement des modérés hostiles aux mesures novatrices (500 députés) ou des monarchistes (300). Les socialistes qui défendent les mesures sociales ne sont qu'une centaine. Le gouvernement provisoire qui découle de cette assemblée décide de fermer les ateliers nationaux. L'est parisien se révolte à l'annonce de cette décision. Le général Cavaignac est muni des pleins pouvoirs pour mater la rébellion. Il brise celle-ci dans un bain de sang après trois jours de combats, du 23 au 25 juin 1848. Ces "journées de juin" discréditent ou salissent la jeune République aux yeux de certains milieux, notamment ouvriers. Mais tandis que ceux-ci, victimes de la répression, s'en désintéressent, les paysans et les possédants craignent les désordres sociaux et recherchent un régime stable et autoritaire.

Pour décider des nouvelles institutions, les constituants s'inspirent des Etats-Unis dont le contrôle dont le modèle a été popularisé par Alexis de Tocqueville dans son livre De la démocratie en Amérique, publié en 1835.La constitution du 4 novembre 1848 choisit de confier le pouvoir exécutif à un président élu au suffrage universel direct pour une durée de quatre ans. Il peut se représenter après un intervalle de quatre ans. Comme aux Etats-Unis, l'Assemblée et le président sont totalement indépendants. Mais contrairement aux Etats-Unis, le président n'a pas le droit de veto.

Louis Napoléon Bonaparte, Lamartine, Cavaignac et le socialiste Rapail sont à l'élection présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Le neveu de Napoléon Ier peut notamment profiter de la division des gauches et de la faiblesse du niveau d'instruction, tandis que le nom de Bonaparte est bien plus connu dans les campagnes.Le 10 décembre 1848, et après près de 75% des voix, issues notamment du Parti de l'Ordre, il est élu pour quatre ans. La nouvelle assemblée élue en mai 1849 est dominée par les monarchistes. Elle mène une politique extrêmement conservatrice. Elle envoie à Rome des troupes pour maintenir le pape dans ses Etats pontificaux menacés par les révolutionnaires républicains italiens. Elle vote la loi Falloux qui met l'école sous le contrôle de l'Eglise catholique. Le 31 mai 1850, l'Assemblée vote une loi électorale qui exclut du corps électorat ceux qui ne peuvent pas justifier de trois ans de résidence continue dans la même commune, ce qui élimine 3 millions de personnes du corps électoral, principalement des artisans et des oeuvres saisonniers. En s'opposant à cette réforme, Louis-Napoléon fait figure de héros pour le peuple.

Au début de l'année 1851, Louis Napoléon Bonaparte demande une révision de la constitution pour lui permettre de se représenter dès la fin de son mandat. Devant le refus de l'Assemblée Nationale, il exécute un coup d'Etat minutieusement préparé le 2 décembre 1851, qu'il entérine par un référendum. Le 2 décembre est en effet une date fétiche pour les Bonaparte: Napoléon Ier a été couronné un 2 décembre et l'année suivante il a remporté l'éclatante victoire d'Austerlitz le 2 décembre 1805. La deuxième République finit renversée par son propre président, qui ne tarde pas à instaurer un régime impérial.