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jeudi 16 juillet 2015

Deuxième République (1848-1852)

Victor Schoelcher en 1885


En 1847, l'opposition, alimentée par une vague de mécontentement due à la corruption du régime en place et par la crise économique, organise dans tout le pays des banquets pour demander l'élargissement du corps électoral. La liberté de réunion n'existant pas, la présence à ces banquets républicains permet aux opposants au régime de se réunir sans enfreindre la loi. Le 22 février 1848, le pouvoir interdit la tenue d'un banquet. Ceci entraîne des manifestations qui se poursuivent le lendemain. C'est alors que la troupe tire sur les manifestants. Quand la nouvelle de cette fusillade est connue, tout le Paris populaire s'embrase. Le roi abdique le lendemain car il ne veut pas être responsable d'un massacre de la foule parisienne. Les insurgés ont retenu la leçon de 1830. Ils exigent que des républicains siègent dans le gouvernement provisoire. Celui-ci proclame la République le soir même. La deuxième République commence.

La Deuxième République institue définitivement le suffrage universel masculin en France. Elle abolit l'esclavage sur proposition de Victor Schoelcher. Ceci n'empêche pas l'armée française de commencer la conquête du Sénégal la même année. Sous la pression du peuple et des socialistes, des mesures sociales sont prises: proclamation du droit au travail, limitation de la journée de travail à 10 heures à Paris et à 11 heures en province. Des ateliers nationaux sont créés pour donner du travail aux parisiens touchés par la crise économique. Mais aux élections d'avril 1848, les Français élisent majoritairement des modérés hostiles aux mesures novatrices (500 députés) ou des monarchistes (300). Les socialistes qui défendent les mesures sociales ne sont qu'une centaine. Le gouvernement provisoire qui découle de cette assemblée décide de fermer les ateliers nationaux. L'est parisien se révolte à l'annonce de cette décision. Le général Cavaignac est muni des pleins pouvoirs pour mater la rébellion. Il brise celle-ci dans un bain de sang après trois jours de combats, du 23 au 25 juin 1848. Ces "journées de juin" discréditent ou salissent la jeune République aux yeux de certains milieux, notamment ouvriers. Mais tandis que ceux-ci, victimes de la répression, s'en désintéressent, les paysans et les possédants craignent les désordres sociaux et recherchent un régime stable et autoritaire.

Pour décider des nouvelles institutions, les constituants s'inspirent des Etats-Unis dont le contrôle dont le modèle a été popularisé par Alexis de Tocqueville dans son livre De la démocratie en Amérique, publié en 1835.La constitution du 4 novembre 1848 choisit de confier le pouvoir exécutif à un président élu au suffrage universel direct pour une durée de quatre ans. Il peut se représenter après un intervalle de quatre ans. Comme aux Etats-Unis, l'Assemblée et le président sont totalement indépendants. Mais contrairement aux Etats-Unis, le président n'a pas le droit de veto.

Louis Napoléon Bonaparte, Lamartine, Cavaignac et le socialiste Rapail sont à l'élection présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Le neveu de Napoléon Ier peut notamment profiter de la division des gauches et de la faiblesse du niveau d'instruction, tandis que le nom de Bonaparte est bien plus connu dans les campagnes.Le 10 décembre 1848, et après près de 75% des voix, issues notamment du Parti de l'Ordre, il est élu pour quatre ans. La nouvelle assemblée élue en mai 1849 est dominée par les monarchistes. Elle mène une politique extrêmement conservatrice. Elle envoie à Rome des troupes pour maintenir le pape dans ses Etats pontificaux menacés par les révolutionnaires républicains italiens. Elle vote la loi Falloux qui met l'école sous le contrôle de l'Eglise catholique. Le 31 mai 1850, l'Assemblée vote une loi électorale qui exclut du corps électorat ceux qui ne peuvent pas justifier de trois ans de résidence continue dans la même commune, ce qui élimine 3 millions de personnes du corps électoral, principalement des artisans et des oeuvres saisonniers. En s'opposant à cette réforme, Louis-Napoléon fait figure de héros pour le peuple.

Au début de l'année 1851, Louis Napoléon Bonaparte demande une révision de la constitution pour lui permettre de se représenter dès la fin de son mandat. Devant le refus de l'Assemblée Nationale, il exécute un coup d'Etat minutieusement préparé le 2 décembre 1851, qu'il entérine par un référendum. Le 2 décembre est en effet une date fétiche pour les Bonaparte: Napoléon Ier a été couronné un 2 décembre et l'année suivante il a remporté l'éclatante victoire d'Austerlitz le 2 décembre 1805. La deuxième République finit renversée par son propre président, qui ne tarde pas à instaurer un régime impérial.

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