Nombre total de pages vues

vendredi 17 juillet 2015

La Première Guerre mondiale et ses suites

La "Grande Guerre" (1914-1918)

 Soldats australiens portant des masques à gaz Ypres, 1917


Les manuels scolaires de la IIIe République propagent un discours nationaliste, une large partie de l'opinion publique n'a pas renoncé à récupérer l'Alsace-Lorraine, voire à une revanche contre l'Allemagne.

Une loi rétablissant le service militaire, supprimé depuis 1815 par Louis XVIII, est adoptée le 27 juillet 1872 car une des raisons de la défaite 1871 avait été la déficience de la mobilisation des réserves et l'insuffisance numérique de l'armée française.

Le 9 janvier 1912, le Président Fallières, chef constitutionnel des armées, avait déclaré: "Nous sommes résolus à marcher droit à l'ennemi sans arrière-pensée, l'offensive convient au tempérament de nos soldats et doit nous assurer la victoire, à condition de consacrer à la luette toutes nos forces actives sans exception".

Le cabinet Briand fait voter le 19 juillet 1913 la loi faisant passer la durée du service militaire à trois ans.

La mobilisation décrétée le 1er août 1914 suscite cependant la stupeur et la consternation dans certains milieux, notamment dans le monde rural en pleine moisson: l'idée d'une revanche contre l'Allemagne pour reprendre les provinces perdues s'est éloignée peu à peu des jeunes générations. Mais les mobilisés font preuves d'une véritable résolution devant cette guerre à entreprendre: la France fait figure d'agressée par l'Allemagne, de plus beaucoup pensent qu'elle sera courte. Les Français sont décidés à se battre comme en témoigne le nombre dérisoire de déserteurs, 1,5% des mobilisés, et convaincus dans leur immense majorité de la légitimité de leur cause.

On attendait une guerre éclair, faite de mouvements rapides, mais dans les premiers affrontements entre les armées allemande et française lors de la bataille des Frontières (août 1914), la doctrine de l'offensive à outrance adoptée par les états-majors entraîne des pertes humaines considérables, à cause notamment des tirs de mitrailleuse: le 22 août 1914 est le jour le plus meurtrier de l'Histoire de France, environ 27 000 soldats français sont tués pendant cette seule journée dans les Ardennes belges, soit quatre fois plus qu'à Waterloo. Les soldats seront contraints de s'enterrer dans des tranchées pour se protéger, et le conflit se transformera rapidement en une guerre de positions.

La "Grande Guerre" est un élément pivot de l'histoire de France.Le XXe siècle émerge de ce conflit hors normes qui voit la victoire des Alliés sur les forces des empires centraux, et questionne pour la première fois la société sur le pouvoir destructeur de la technique.
 

jeudi 16 juillet 2015

D'une guerre à l'autre

Charge française à la baïonette pendant la Première Guerre mondiale


Au début du XXe siècle,l'affrontement entre la France et l'Allemagne à propos du Maroc conduit à des incidents diplomatiques (coup de Tanger, crise d'Agadir). L'antagonisme franco-allemand puise sa force dans plusieurs problèmes dont dans la question de l'Alsace-Lorraine, les revendications coloniales tardives de l'Allemagne et son attitude agressive (Weltpolitik). Il se nourrit aussi de la crainte qu'éprouvent les Français devant la poussée démographique de l'Allemagne. La France pouvait encore aligner 74 divisions face aux 94 divisions allemandes: qu'en serait-il dix ou vingt ans plus tard?
 

La France coloniale

Empire colonial: carte indiquant le premier empire colonial français en bleu clair et le second en bleu foncé


Faidherbe forme les fameux tirailleurs sénégalais qui accompliront la conquête des régions du Niger en 1898 avec des officiers comme Gallieni, Voulet-Chanoine, Fourreau-Lamy, Monteil et Gentil. Les Touaregs opposeront une sérieuse résistance. La France confère le statut de "commune française de plein exercice" à Saint-Louis, Gorée et Dakar en 1872 et à la ville de Rufisque en 1880. A compter de ces dates, les habitants de ces quatre communes sont citoyens français avec tous leurs droits et tous leurs devoirs, représentés dans les Assemblées parlementaires de France. A tout cela viendront s'ajouter la conquête du Gabon, du Congo, de la Mauritanie, de la Guinée, de la Haute-Volta, du Tchad, du Dahomey et de l'Indochine. En 1914 l'empire français est alors 22 fois plus grand que l'Hexagone.

Les conquêtes coloniales sont entreprises en partie pour des raisons économiques, apporter des matières premières des territoires colonisés à l'industrie française, créer des débouchés grâce aux colonats ou aux colonisés. Elles sont effectuées sous la pression de lobby coloniaux comme Afrique française ou Asie française dans lesquelles on trouve des banquiers, des hommes d'affaires, des journalistes, des parlementaires et des militaires. A côté de la prétention à apporter la "civilisation" aux peuples "sauvages", les protestations contre cette expansion coloniale sont nombreuses. L'exposition coloniale de 1931 voit la reconstruction du temple d'Angkor Vat à Paris, mais aussi des zoos humains. Au total cette exposition attire à peu près 8 millions de visiteurs (dont 1 million d'étrangers).
 

La France sous la Troisième République

Population et société

La France connaît un fort déclin démographique. Alors qu'en 1800, la France était deux fois plus peuplée que l'Allemagne et trois fois plus que le Royaume-Uni, elle compte en 1913 moins d'habitants que chacun de ces deux pays. La France devient le pays du fils unique, protégé, poussé, sur lequel reposent les projets d'ascension sociale de la famille. Le malthusianisme français s'explique en partie par la volonté de ne pas diviser l'héritage familial. Face à la montée des tensions, la faiblesse démographique de la France inquiète. Pour pallier le manque de soldats, le service militaire est porté à trois ans en juillet 1913. Le recrutement de trompes coloniales a débuté dès la fin du XIXe siècle, s'il s'accélère en 1910.

Autre conséquence, le recours à l'immigration, qui apparaît comme une solution au déclin démographique. Elle est encouragée par l'instauration du principe du droit du sol pour l'obtention de la nationalité française en 1889. En 1914, la France compte 1,2 millions d'étrangers venus de Belgique et d'Italie, ce qui suscite une série de réactions xénophobes (Vêpres marseillaises en 1881, pogrom d'Algues-Mortes en 1893, etc...)

La France reste ainsi un pays essentiellement agricole, comme le prouve la part du secteur primaire dans la population active (43,2% en 1906), alors que ce secteur représente moins du quart de la production nationale. L'exode rural qui a commencé en 1848 continue. Environ 35 000 personnes quittent chaque année les campagnes vers 1900. Les petites exploitations donnent: 80% d'entre elles ont moins de 10 hectares. Dans les petites exploitations, les rendements sont très médiocres: 13 quintaux de blé à l'hectare en moyenne voire 4 ou 5 dans les régions où les sols sont les plus pauvres. En fait, les petites exploitations pratiquent une polyculture vivrière où seule une petite partie de la production est commercialisée.

Au nord de la Loire existe une agriculture capitaliste et productive.Les années 1900 sont en effet celles d'une timide mutation agricole: seniors mécaniques, moissonneuses deviennent plus courants dans ces exploitations.Leur poids électoral font des agriculteurs une préoccupation des Républicains. En 1881, le ministère de l'Agriculture est créé. Un tarif protectionniste est instauré en 1892 par Jules Méline pour protéger les petits agriculteurs de la baisse mondiale des prix agricoles.

L'enracinement de la République

La dégradation d'Alfred Dreyfus

Les républicains s'attachent à enraciner la République en établissant les grandes libertés: la liberté de réunion et de la presse en 1881, le droit de se syndiquer par la loi Waldeck-Rousseau de 1884, la possibilité de divorcer la même année. La loi de 1901 sur la liberté d'association permet la formation de partis politiques qui remplacent les groupements informels des clubs et des comités. Les premiers partis à se former sont le parti radical en 1901 et le parti socialiste, la SFIO en 1905.

La République se dote de ses grands symboles: le buste de Marianne, la Marseillaise qui redevient l'hymne national en 1878 et le 14 juillet comme fête nationale. En même temps, des grands républicains comme Victor Hugo ou Léon Gambetta reçoivent à leur mort des obsèques nationales.

 Toutes ces lois sont en parties l'oeuvre de Jules Ferry qui poursuit trois objectifs: étendre les libertés, soustraire l'école à l'emprise de l'Eglise catholique et "relever" la France de la défaite grâce à la colonisation. Cependant le nom de Jules Ferry évoque pour tous les Français l'instauration de l'école gratuite, obligatoire et laïque. En effet, pour rendre la république irréversible, la formation de jeunes générations paraît indispensable. Or l'école est placée depuis la loi Falloux sous l'autorité de l'Eglise qui s'est toujours montrée une adversaire de la République. Jules Ferry fait voter toute une série de lois portant sur la question scolaire: création de lycées publics pour jeunes filles par Camille Séé en 1880 (même si ceux-ci ne permettent pas de passer le baccalauréat), instauration de l'école gratuite laïque et obligatoire par les lois Ferry de 1881-1882, laïcisation de personnel enseignant des écoles publiques. L'instituteur devient un des piliers de la République. C'est à lui que revient le devoir d'inculquer aux jeunes élèves la morale républicaine et l'amour de la patrie.

La lute contre l'influence de l'Eglise est un thème qui permet l'émergence d'un nouveau parti à gauche de l'échiquier politique, le parti radical. L'attachement des Français à la République n'empêche pas celle-ci d'être secouée par de nombreuses crises dues à la montée du nationalisme (épisode du boulangisme dirigé par le général Georges Boulanger) ou de l'antisémitisme (affaire Dreyfus). Ces évènements montrent qu'il existe deux France, l'une conservatrice et revancharde, l'autre acquise aux idéaux révolutionnaires et au progrès social. Ce sont finalement les progressistes qui l'emportent. Les républicains forment un gouvernement d'union nationale dirigée par Waldeck-Rousseau entre 1899 et 1902. L'arrivée au pouvoir du parti radical en 1902 accentue la laïcisation de la société. En 1904, les congrégations religieuses n'ont plus le droit d'enseigner et un grand nombre d'entre elles sont expulsées de France. En 1905, sous l'impulsion du président du conseil Emile Combes, L'Assemblée nationale vote la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Les ministres du culte cessent d'être rétribués par l'Etat. Les biens mobiliers et immobiliers du culte sont nationalisés et mis à la disposition d'association culturelles religieuses après un inventaire de tous les biens nationalisés. Dans quelques régions régions, les inventaires ont donné lieu à des affrontements violents entre les catholiques et les forces de l'ordre, mais le phénomène reste marginal même s'il a beaucoup frappé les esprits. A partir de 1905, la religion devient affaire privée.
 

La mise en place des institutions

Née de la défaite, aux prises à la révolte parisienne, dominée pendant 5 ans par une assemblée monarchiste, la République a peu de chances de survivre. Elle doit son installation à la mésentente des monarchistes. En effet les royalistes sont divisés en deux groupes, les légitimistes, partisans du descendant de Charles X, le comte de Chambord, et les orléanistes. En attendant, la loi Rivet donne au chef de l'exécutif, Thiers, le titre de président de la République.

Les républicains qui ont prouvé grâce à la répression de la Commune de Paris qu'ils ne sont pas des révolutionnaires et savent maintenir l'ordre, gagnent la plupart des élections partielles. Faute de mieux, les orléanistes rompent avec les légitimistes et se rallient à l'idée d'un régime républicain. En 1875, toute une série de lois constitutionnelles est votée. Elle fera office de constitution pendant toute la durée de la troisième République. Le régime républicain est un régime parlementaire bicaméral. Le président de la République est élu pour sept ans par les deux chambres, le Sénat et l'Assemblée nationale réunis en congrès à Versailles. Il est politiquement irresponsable. En 1876, les républicains remportent 360 des 500 sièges à pourvoir. Le conflit entre le président monarchiste Mac-Mahon et l'assemblée est inévitable. Le 16 mai 1877, Mac-Mahon renvoie le président du Conseil, Jules Simon, républicain modéré, et le remplace par Albert de Broglie, un royaliste. Il est mis en minorité par 363 voix républicaines, et Mac-Mahon fait dissoudre la chambre. Cet épisode est connu sous le nom de crise de 1877. Une campagne électorale agitée s'ensuit opposant les monarchistes aux républicains. Les républicains font bloc autour de Gambetta. Deux concepteurs de la république s'affrontent. Pour Mac-Mahon, le président de la république est l'égal du Parlement. Il peut donc avoir sa propre politique et renvoyer les ministres qui n'ont pas sa confiance. En cas de conflit avec le Parlement, c'est le peuple qui tranche. Pour les Républicains, le président n'est qu'une figure symbolique. Il doit nommer des ministres dont les vues doivent être conformes à celle de la Chambre des députés. C'est la seule à représenter la souveraineté nationale car la seule élue au suffrage universel. L'imprécision des textes permet les deux interprétations. De nouveau, les Républicains remportent les élections. En 1879, le renouvellement partiel du Sénat leur permet d'acquérir la majorité dans cette chambre. La victoire des républicains est totale. Désavoué et sans appui, Mac-Mahon démissionne. Son successeur, le républicain Jules Grévy renonce volontairement à exercer ses prérogatives constitutionnelles (principalement le droit de dissolution) et s'interdit d'intervenir contre les voeux de l'Assemblée.Le président de la République se cantonne donc à une fonction représentative, laissant le pouvoir au président du Conseil et au Parlement. Les présidents de la IIIe République suivent cette pratique. En dix ans la France est devenue républicaine.
 

La Troisième République de 1870 à 1940

L'instauration du régime républicain

Des débuts difficiles

Organigramme de la Troisième République
 
La république naît dans des conditions difficiles. Le gouvernement provisoire décide de continuer la guerre. Les Allemands atteignent rapidement Paris qu'ils assiègent. Gambetta, ministre de l'Intérieur du gouvernement de défense nationale, quitte Paris en ballon pour appeler la province à la levée en masse. Mais les troupes ainsi constituées ne parviennent pas à rompre l'encerclement prussien. La ville subit des bombardements réguliers et souffre du manque de nourriture. Pour permettre aux Parisiens de ne pas tomber dans la misère, le gouvernement décrète le moratoire des dettes et des loyers. Des armes sont distribuées aux volontaires qui forment une garde nationale.

Le 28 janvier 1871, le gouvernement doit se résoudre à signer l'armistice. Les Allemands laissent se dérouler des élections. Celles-ci donnent la majorité aux monarchistes. La nouvelle assemblée signe une paix qui ampute le pays de l'Alsace et du nord de la Lorraine et oblige les Français à payer au vainqueur une lourde amende de guerre. Thiers, un ancien premier ministre de Louis-Philippe est nommé chef du pouvoir exécutif en attendant que l'assemblée statue sur la nature du régime et son organisation.

Les Parisiens qui ont vaillamment résisté pendant le siège de Paris sont scandalisés par l'armistice et les conditions imposées par la Prusse. Ils se méfient d'une assemblée monarchiste qui par peur des périls révolutionnaires préfère s'installer à Versailles plutôt que dans la capitale. Alors que la situation économique des Parisiens est toujours précaire, le gouvernement provisoire abroge le moratoire des loyers et des dettes. Le 18 mars 1871 Thiers ordonne de désarmer les Parisiens. Cette annonce déclenche une émeute. Thiers se retire de la capitale et décide de la reprendre par la force. A Paris, le comité central des gardes nationaux décide de l'élection d'un conseil municipal. La commune de Paris se met en place à partir du 26 mars 1871. Les principaux animateurs de la Commune de Paris viennent d'horizons différents. Ils prennent des mesures radicales pour soulager la misère populaire: réquisition des logements, instruction gratuite, laïque et obligatoire. Ils inventent une démocratie participative en permettant aux citoyens d'intervenir dans les affaires de la commune. A côté de revendications issues du mouvement sans-culotte de 1793 comme l'anticléricalisme et le respect de la liberté de conscience, des revendications de type socialiste sont portées par les insurgés avec la condamnation du militarisme et du capitalisme.

La commune ne dure que 70 jours. Le 21 mai 1871, les troupes du gouvernement surnommées les Versaillais par les communards investissent Paris. Les révoltés mènent un combat désespéré. Ils incendient des monuments comme le palais de Tuileries ou l'hôtel de ville pour ralentir l'avance des versaillais. Après l'exécution de l'archevêque de Paris par les communards (Marx écrira que c'est Thiers qui l'a assassiné), la répression tourne au bain de sang. Entre 20 000 et 30 000 communards sont exécutés en une semaine. Des milliers de révoltés sont envoyés dans des bagnes en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie.
 
Les conditions imposées par la Prusse, qui avaient scandalisé les parisiens au moment de l'armistice sont encore durcies par une loi de décembre 1871 exigeant de la France une indemnité de guerre représentant 25% de son PIB. La dette publique augmente fortement, et avec elle une nouvelle classe de petits rentiers vivant de son intérêt puis participant à la nouvelle expansion boursière, ce qui accélère la création de banques de dépôt.
  

Second Empire (1852-1870)

Napoléon III empereur


Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 entraîne peu de réactions. Seules quelques personnalités s'opposent ouvertement au nouveau régime. C'est le cas de Victor Hugo qui part en exil à Guernesey d'où il ne cesse de fustiger Louis-Napoléon Bonaparte qu'il appelle "Napoléon le Petit". Le plébiscite du 20 décembre 1851 donne au nouvel homme fort les pleins pouvoirs pour rédiger une nouvelle constitution. Après un nouveau plébiscite, il est proclamé empereur sous le nom de Napoléon III. Napoléon met en place un régime autoritaire.La liberté de la presse est limitée, les opposants sont pourchassés. La pratique des candidatures officielles réduit l'opposition au silence. Seuls quelques républicains parviennent à se faire élire. Mais comme le pays bénéficie d'une bonne conjoncture économique, il y a peu de protestations.

A partir de 1860, le Second Empire se libéralise. Napoléon III a perdu une grande partie du soutien des catholiques car il aide le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II à réaliser l'unité italienne, ce qui va à l'encontre des intérêts de la papauté. De plus, la signature d'un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni, alors première puissance industrielle mondiale, mécontente les industriels qui craignent la concurrence de produits anglais. L'empereur cherche donc de nouveaux soutiens en allant vers les libéraux et les classes populaires.Le droit de grève est accordé en 1864. Les ouvriers ont le droit de constituer des caisses d'entraide (suppression de la loi Le Chapelier). Le corps législatif obtient peu à peu des droits. Il peut critiquer le gouvernement, voter le budget. Il a même l'initiative des lois à partir de 1869. Le Second Empire a peu à peu évolué vers un régime parlementaire, les ministres étant responsables devant le Parlement. Cette libéralisation du régime est approuvée massivement par un plébiscite en mai 1870 qui donne à l'empereur 7 336 000 "oui" contre 1 560 000 "non". Le Second Empire semble consolidé sur des bases plus démocratiques. Il est cependant balayé par la guerre franco-prusienne en quelques semaines.

Le décollage industriel de la France se fait sous le Second Empire. Le crédit se libéralise, la création de SARL et de SA est facilitée. L'Etat montre lui-même l'exemple. Des grands travaux de modernisation sont entrepris dans Paris sous la houlette du baron Haussmann.La Sologne et les Landes sont bonifiées (création de la forêt des Landes.

Napoléon III soutient les processus d'unité italienne et allemande. En échange de ses bons offices, la France reçoit du Royaume de Sardaigne le Duché de Savoie et le Comté de Nice annexés à la France en 1861 après la signature du traité de Turin. En échange de sa neutralité bienveillante lors de la guerre austro-prusienne de 1866, l'empereur réclame des compensations territoriales que Bismarck, le chancelier prussien, refuse de lui accorder. Au contraire, il multiplie les provocations envers la France pour la pousser à déclarer la guerre à la Prusse. A la suite de la publication de la dépêche d'Ems, la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Le Second Empire ne peut opposer que 265 000 hommes aux 500 000 Prussiens et alliés allemands. La guerre tourne rapidement au désastre. Le 6 août, l'Alsace est prise. Napoléon capitule à Sedan le 2 septembre 1870. A cette annonce, les Lyonnais dès le matin puis les Parisiens dans la soirée proclament la république le 4 septembre 1870.

Deuxième République (1848-1852)

Victor Schoelcher en 1885


En 1847, l'opposition, alimentée par une vague de mécontentement due à la corruption du régime en place et par la crise économique, organise dans tout le pays des banquets pour demander l'élargissement du corps électoral. La liberté de réunion n'existant pas, la présence à ces banquets républicains permet aux opposants au régime de se réunir sans enfreindre la loi. Le 22 février 1848, le pouvoir interdit la tenue d'un banquet. Ceci entraîne des manifestations qui se poursuivent le lendemain. C'est alors que la troupe tire sur les manifestants. Quand la nouvelle de cette fusillade est connue, tout le Paris populaire s'embrase. Le roi abdique le lendemain car il ne veut pas être responsable d'un massacre de la foule parisienne. Les insurgés ont retenu la leçon de 1830. Ils exigent que des républicains siègent dans le gouvernement provisoire. Celui-ci proclame la République le soir même. La deuxième République commence.

La Deuxième République institue définitivement le suffrage universel masculin en France. Elle abolit l'esclavage sur proposition de Victor Schoelcher. Ceci n'empêche pas l'armée française de commencer la conquête du Sénégal la même année. Sous la pression du peuple et des socialistes, des mesures sociales sont prises: proclamation du droit au travail, limitation de la journée de travail à 10 heures à Paris et à 11 heures en province. Des ateliers nationaux sont créés pour donner du travail aux parisiens touchés par la crise économique. Mais aux élections d'avril 1848, les Français élisent majoritairement des modérés hostiles aux mesures novatrices (500 députés) ou des monarchistes (300). Les socialistes qui défendent les mesures sociales ne sont qu'une centaine. Le gouvernement provisoire qui découle de cette assemblée décide de fermer les ateliers nationaux. L'est parisien se révolte à l'annonce de cette décision. Le général Cavaignac est muni des pleins pouvoirs pour mater la rébellion. Il brise celle-ci dans un bain de sang après trois jours de combats, du 23 au 25 juin 1848. Ces "journées de juin" discréditent ou salissent la jeune République aux yeux de certains milieux, notamment ouvriers. Mais tandis que ceux-ci, victimes de la répression, s'en désintéressent, les paysans et les possédants craignent les désordres sociaux et recherchent un régime stable et autoritaire.

Pour décider des nouvelles institutions, les constituants s'inspirent des Etats-Unis dont le contrôle dont le modèle a été popularisé par Alexis de Tocqueville dans son livre De la démocratie en Amérique, publié en 1835.La constitution du 4 novembre 1848 choisit de confier le pouvoir exécutif à un président élu au suffrage universel direct pour une durée de quatre ans. Il peut se représenter après un intervalle de quatre ans. Comme aux Etats-Unis, l'Assemblée et le président sont totalement indépendants. Mais contrairement aux Etats-Unis, le président n'a pas le droit de veto.

Louis Napoléon Bonaparte, Lamartine, Cavaignac et le socialiste Rapail sont à l'élection présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Le neveu de Napoléon Ier peut notamment profiter de la division des gauches et de la faiblesse du niveau d'instruction, tandis que le nom de Bonaparte est bien plus connu dans les campagnes.Le 10 décembre 1848, et après près de 75% des voix, issues notamment du Parti de l'Ordre, il est élu pour quatre ans. La nouvelle assemblée élue en mai 1849 est dominée par les monarchistes. Elle mène une politique extrêmement conservatrice. Elle envoie à Rome des troupes pour maintenir le pape dans ses Etats pontificaux menacés par les révolutionnaires républicains italiens. Elle vote la loi Falloux qui met l'école sous le contrôle de l'Eglise catholique. Le 31 mai 1850, l'Assemblée vote une loi électorale qui exclut du corps électorat ceux qui ne peuvent pas justifier de trois ans de résidence continue dans la même commune, ce qui élimine 3 millions de personnes du corps électoral, principalement des artisans et des oeuvres saisonniers. En s'opposant à cette réforme, Louis-Napoléon fait figure de héros pour le peuple.

Au début de l'année 1851, Louis Napoléon Bonaparte demande une révision de la constitution pour lui permettre de se représenter dès la fin de son mandat. Devant le refus de l'Assemblée Nationale, il exécute un coup d'Etat minutieusement préparé le 2 décembre 1851, qu'il entérine par un référendum. Le 2 décembre est en effet une date fétiche pour les Bonaparte: Napoléon Ier a été couronné un 2 décembre et l'année suivante il a remporté l'éclatante victoire d'Austerlitz le 2 décembre 1805. La deuxième République finit renversée par son propre président, qui ne tarde pas à instaurer un régime impérial.

Le XIXe siècle de 1814 à 1870

La restauration (1814-1830) et la Monarchie de juillet (1830-1848)

Louis-Philippe Ier

La restauration est la période allant de la chute du Premier Empire le 6 avril 1814 à la Révolution de 1830.
Les Bourbons reviennent au pouvoir lors d'une période appelée Restauration qui débute le 6 avril 1814. Le 24 avril 1814, Louis XVIII débarque à Calais. Le 4 juin 1814, il accorde une charte par laquelle il consent volontairement à limiter son pouvoir. Il affirme par la même la souveraineté de droit divin du monarque. De ce fait, la charte de 1814 accorde un pouvoir important au roi, personnalité "inviolable et sacrée". L'initiative des lois lui est réservée, mais celles-ci sont votées par le Parlement composé de deux chambres: la Chambre des pairs dont les membres sont nommés à vie par le roi et dont le nombre est illimité, la Chambre des députés lesquels sont élus pour cinq ans au suffrage censitaire.Les députés parviennent à obliger les ministres à venir justifier leur politique devant eux, et à répondre à leurs questions.
La Restauration, qui semble bien partie malgré quelques obstacles, est abrégée par le retour de Napoléon en mars 1815, qui oblige Louis XVIII à fuir à Gand. Napoléon reprend le pouvoir pour une période de cent jours qui va durer jusqu'à la défaite de Waterloo du 18 juin 1815, laquelle réinstalle Louis XVIII sur le trône.
Louis XVIII se voulant un roi conciliant, sa politique n'est pas du goût des "Ultras" qui exigent un châtiment contre ceux qui ont soutenu Napoléon pendant les Cent-Jours. Dans ce climat de vengeance, les élections d'août 1815 leur donnant la majorité, et paradoxalement, ce sont eux qui mettent en pratique la responsabilité politique des ministres devant la chambre, ce que la charte de 1814 ne prévoyait pas.

A la mort sans héritier de Louis XVIII en septembre 1824, son frère Charles X lui succède. Contrairement à son frère, ce dernier n'a pas compris que certains changements étaient irréversibles. Il se fait sacrer à Reims en 1825 dans la pure tradition capétienne, et tente de rétablir l'Ancien Régime en favorisant la noblesse et le catholicisme. Il fait voter une loi sur l'indemnisation des nobles qui avaient émigré pendant la Révolution et dont les propriétés avaient été vendues comme biens nationaux. Une autre loi, dite loi sur le sacrilège, punit de mort le vol des ciboires contenant des hosties consacrées ou à la profanation de ces dernières. Il s'appuie sur les ultras, c'est-à-dire les députés partisans d'un retour à l'Ancien Régime. Mais sa politique réactionnaire se heurte à l'opposition déterminée de la bourgeoisie libérale. En 1830, le ministre Polignac publie quatre ordonnances réactionnaires. Elles prévoient le rétablissement de la censure pour la presse, la dissolution de la chambre, la modification du cens électoral pour réserver le droit de vote aux grands propriétaires fonciers, et la fixation de la date des nouvelles élections. La publication de ces ordonnances le 27 juillet 1830 provoque une révolution dite des Trois Glorieuses en juillet 1830.

Dans un Paris couvert de barricades, on crie vive la République ou vive l'Empereur. Mais dans les coulisses du pouvoir, des bourgeois modérés comme Adolphe Thiers ou Casimir Perier parviennent à imposer le duc d'Orléans comme nouveau souverain. La branche aînée de la famille royale, celle des Bourbons, est donc remplacée par la branche cadette, celle des Orléans. La bourgeoisie libérale a su utiliser la révolution populaire pour mettre sur le trône un roi conforme à ses intérêts. La révolution de Juillet ne constitue donc pas une rupture avec le régime précédent. Le principal changement est le fait que la souveraineté nationale remplace la souveraineté de droit divin. Ce changement se manifeste dans le titre donné au roi: Louis-Philippe devient roi des Français, c'est-à-dire qu'il détient son pouvoir de la volonté du peuple, alors que ses prédécesseurs portaient le titre de roi de France. La Chambre des pairs perd son influence.Le drapeau tricolore remplace définitivement le drapeau blanc.

La Monarchie de Juillet correspond aux débuts de l'industrialisation de la France.La France expérimente, dans le sillage de l'Angleterre, un boom ferroviaire des années 1840, qui stimule la production d'acier. Le Premier ministre Guizot lance le credo d'une nouvelle société: "enrichissez-vous!". Les grandes dynasties bourgeoises, liées aux banques ou aux grandes entreprises, se constituent et affirment leur volonté de dominer la vie politique. Le suffrage censitaire étant très restreint, elles sont les seules, avec l'aristocratie traditionnelle, à pouvoir voter et à avoir des élus à la Chambre des députés. Cela se traduit par l'apparition de deux partis politiques, les conservateurs, les représentants de la vieille noblesse, et les libéraux, les représentants du monde des affaires. Mais ces deux groupes s'entendent sur la conservation du régime tel qu'il est, puisqu'il sert leurs intérêts. La loi Guizot de 1833 oblige chaque commune à entretenir une école élémentaire. Cependant la révolution industrielle crée une nouvelle classe sociale, celle des ouvriers en proie à la misère. Les théories socialistes de Louis Blanc et de Proudhon cherchent à remédier aux injustices sociales dont le prolétariat est la victime.

La Monarchie de Juillet est aussi marquée par un nouvel essor de la colonisation française. L'incident diplomatique du coup d'éventail donné par le dey d'Alger au consul français en 1827 sert de raison à la conquête française de l'Algérie 1830.La colonisation s'étend progressivement à toute l'Afrique. En 1842 les généraux Binger, Crozat et Marchand se lancent à la conquête de la Côte d'Ivoire, mais doivent faire face à la résistance de Samory.

Le roi se présente comme un bon père de famille bourgeois, mais en réalité, c'est un homme autoritaire et un habile manoeuvrier. La faiblesse du corps électorat, l'autorité du roi, et la révélation d'une grande corruption au sein du gouvernement finissent par discréditer totalement le régime. De plus, à la suite de mauvaises récoltes, le pays connaît une crise économique profonde à partir de 1846. L'opposition républicaine en profite pour s'agiter à nouveau.
  

Le Consulat (1799) et le Premier Empire (1804)

Le Premier Empire
Bonaparte fait rapidement rédiger une constitution, la Constitution de l'an VIII. Il y est désigné comme premier consul donc de fait à la tête de l'exécutif. Il a le pouvoir de nommer aux principales fonctions publiques et il a le pouvoir d'initiative des lois et du budget. Il y a trois consuls en tout mais les deux autres, Cambarcérès et Lebrun, n'ont qu'un pouvoir consultatif. Bien que Bonaparte possède une grande partie du pouvoir législatif, il prend soin de créer quatre assemblées mais aucune n'est élue par les citoyens. Leurs membres sont choisis par le premier consul ou par le Sénat, une des quatre chambres. Parmi elles on peut signaler le Conseil d'Etat qui doit préparer, rédiger les projets de la loi et interpréter les lois. Il est à l'origine du conseil d'Etat actuel. Le suffrage universel est rétabli mais il n'y a plus d'élections. Les Français sont consultés pour des plébiscites.Le pouvoir personnel de Napoléon Bonaparte est renforcé par la constitution du 16 thermidor an X (4 août 1802). Il est consul à vie et peut nommer son successeur de son vivant. Les pouvoirs des assemblées sont réduits au profit des senatus-consulte acte émanant du Sénat. Les élections sont rétablies mais elles se déroulent à plusieurs degrés et seuls les 600 citoyens les plus imposés peuvent faire partie du collège départemental. De plus, les citoyens ne choisissent pas des représentants, ils proposent des candidats dans ce qui est appelé des "listes de confiance". De plus, les citoyens ne choisissent pas des représentants, ils proposent des candidats dans ce qui est appelé des "listes de confiance". De plus les libertés publiques sont supprimées: liberté de presse, de réunion, censure dans l'édition et le théâtre.
Bonaparte renforce la centralisation administrative. A partir de 1800, il nomme à la tête de chaque département, un préfet et un sous-préfet par arrondissement. Il prend soin aussi de nommer ou de faire nommer les maires. Les préfets sont chargés de mettre fin aux divisions nées de la Révolution et de briser tout ce qui reste de particularismes locaux. Les institutions financières et judiciaires sont organisées de la même manière, les juges étant nommés par le premier Consul.
Napoléon Bonaparte rétablit progressivement la stabilité financière. Il créé la Banque de France en 1800, la seule institution à pouvoir émettre de la monnaie. En 1803, le décret de Germinal créé le franc, dit franc germinal. La pièce d'un franc est d'un poids invariable de 5g d'argent. Elle gardera la même valeur jusqu'en 1914.La promulgation du code civil de 1804 permet l'achèvement de l'unité du pays. Ce code, en projet depuis 1789, traite de la famille, de la propriété et des contrats. Il mélange les règles de droit écrit et les coutumes des différentes régions dans un texte applicable à tous les Français.La loi du 16 septembre 1807 crée la Cour des comptes, un corps unique centralisé de contrôle des comptes publics.Le premier consul met aussi fin au brigandage et à l'insécurité dont souffraient beaucoup de départements. En 1804, les Français acceptent par plébiscite que Napoléon Bonaparte devienne empereur héréditaire sous le nom de napoléon Ier. On sait aujourd'hui qu'il a choisi le titre d'empereur pour ne pas se mettre à dos une partie de la population anti-monarchiste et par préférence à l'Antiquité. Ce n'est qu'après la flamboyante victoire d'Austerlitz le 2 décembre 1805 qu'il envisage de créer un empire continental.

  Napoléon à la bataille d'Austerlitz

Sous Napoléon Bonaparte, la France est presque sans arrêt en guerre. En 1810, à l'apogée du Premier Empire, elle compte 130 départements qui englobent les Pays-Bas, une partie de l'Allemagne jusqu'au Danemark et une partie de l'Italie. Les annexions sont en grande partie dues à la nécessité pour Napoléon de faire respecter le blocus continental qui vise à asphyxier le Royaume-Uni économiquement. De plus, un grand nombre d'Etats sont inféodés à la France: la Confédération du Rhin, la Confédération helvétique, les royaumes d'Italie, de Naples et d'Espagne. En tout, près de la moitié de l'Europe est sous influence française. Mais cette domination est de plus en plus contestée. En effet, la France favorise son économie aux dépens des Etats vassaux. En 1812, pour contraindre la Russie à respecter le blocus continental qu'elle a rompu, Napoléon Ier l'envahit. Mais il s'avance de manière trop imprudente jusqu'à Moscou et doit effectuer une retraite en subissant les rigueurs de l'hiver et les assauts des troupes et des partisans russes. Il perd 90% de ses effectifs. Le désastre de la campagne de Russie en 1812-1813 précipite la fin du Premier Empire. Une nouvelle coalition se noue contre la France. En octobre 1813, à la suite de la défaite de Leipzig, les Français doivent évacuer l'Allemagne. Les Pays-Bas et l'Espagne sont perdus. En 1814, la France est envahie. Napoléon abdique en avril et devient roi de l'île d'Elbe. Le frère du roi Louis XVI, le comte de Provence, devient roi sous le nom de Louis XVIII. La France garde ses frontières de 1792, incluant la Savoie et le comté de Nice, et peut conserver toutes les oeuvres confisquées à l'étranger. Mais en 1815, Napoléon Ier s'enfuit de l'île d'Elbe et revient au pouvoir à partir du 20 mars jusqu'au 18 juin 1815, date à laquelle il est définitivement vaincu à Waterloo et envoyé en exil dans l'Atlantique Sud, sur l'île de Sainte-Hélène. La France paie durement les Cent-Jours. Elle doit rendre une grande partie des oeuvres pillées et perd les acquisitions de 1792, Savoie et Nice notamment plus la Sarre. Elle doit en outre payer l'entretien d'une force d'occupation de 150 000 soldats.

Crises et succès de la République

L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793

A l'automne les armées de la Révolution occupent les Pays-Bas autrichiens, la rive gauche du Rhin, la Savoie et Mulhouse. Danton fait sienne la théorie des frontières naturelles et encourage les guerres de conquête bien loin de l'idéal révolutionnaire de libération des peuples opprimés. A Paris, la nouvelle assemblée élue au suffrage universel pour voter une nouvelle constitution, la convention, est occupée par le procès du roi à partir de décembre 1792. Son exécution le 21 janvier 1793 soulève l'indignation de l'Europe monarchiste et entraîne la formation de la première coalition en février.

La jeune république est vite assaillie de toutes parts par les coalisés qui franchissent les frontières aux printemps 1793. A partir de mars 1793, l'Ouest de la France est la proie d'une insurrection catholique et royaliste, appelée guerre de Vendée.Les Girondins, l'aile droite de la Convention, qui dirigent le pays depuis la proclamation de la république, veulent respecter les institutions en place et veulent réduire Paris où l'agitation et la pression des sans-culotte sont permanentes, à 1/83e de la France. Ils tiennent à maintenir des institutions décentralisées face à l'aile gauche de la Convention qui réclame des mesure d'exception face aux difficultés.

Robespierre, homme politique révolutionnaire, admirateur de Jean-Jacques Rousseau, père de la démocratie populaire mais aussi acteur de la Terreur.


Sous la pression des sans-culottes les Girondins sont chassés de la Convention par les journées révolutionnaires des 31 mai et 2 juin 1793. Les Montagnards qui forment la partie la plus radicale de l'assemblée arrivent au pouvoir. Ils n'hésitent pas à satisfaire certaines revendications du peuple parisien pour garder le pouvoir et surtout, sauver la République menacée de chaos face aux menées contre-révolutionnaires des royalistes en Vendée et ailleurs, à la révolte des Girondins contre la "dictature parisienne" appelée révolte fédéraliste et à l'avancée des coalisés sur le territoire français. Les Montagnards instaurent un gouvernement révolutionnaire, c'est-à-dire un gouvernement extrêmement centralisé dans lequel les décisions sont prises par un organe issu de la Convention, le Comité de salut public, dominé par la forte personnalité de Robespierre. Ces mesures extraordinaires doivent sauver la révolution par la Terreur (envers les ennemis de la République) et la vertu (des patriotes). Le 23 août 1793, la levée en masse est décrétée. C'est le premier exemple dans l'histoire de France d'une conscription obligatoire de tous les jeunes hommes célibataires. C'est aussi la première fois que l'économie nationale est presque entièrement tournée vers l'effort de guerre. Lors des journées des 4 et 5 septembre, les sans-culottes demandent que la Terreur soit mise "à l'ordre du jour". Cette demande est transmise à la Convention le 5 septembre, mais sans que les députés ne l'instaurent officiellement. Le 10 octobre 1793, le gouvernement est déclaré révolutionnaire jusqu'à la paix avant d'être régi officiellement par le décret du 14 frimaire (4 décembre). Sous la pression du peuple qui souffre de la faim, relayée par les sans-culottes, les députés adoptent des mesures économiques d'urgence: à la loi du 27 juillet 1793 contre l'accaparement qui punit de la mort la spéculation, ils ajoutent le 11 septembre le maximum national des grains et des farines et le 29 septembre 1793 une nouvelle loi du maximum général sur les denrées et les salaires. L'ensemble de ces mesures d'exception permet de vaincre les révoltes et de dégager les frontières dès l'automne 1793.Les armées françaises, commandées pour la plupart par des généraux issus du rang, passent de nouveau à l'offensive.Les régions conquises deviennent des départements: celui du Mont-Blanc, des Alpes-Maritimes et du Mont-Terrible (Mulhouse-Bâle). En 1794 la Belgique est reconquise ainsi que la rive gauche du Rhin, Robespierre, qui veut renforcer la Terreur alors que la situation ne le justifie plus, est renversé le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et exécuté le lendemain.

Les Conventionnels mettent fin au régime d'exception qu'a été la Terreur. Ils rédigent une nouvelle constitution, celle du Directoire, qui partage le pouvoir exécutif entre 5 directeurs et le pouvoir législatif entre deux assemblées. Le suffrage censitaire est rétabli.Mais la constitution ne permet pas de résoudre les conflits entre les différents pouvoirs. Le Directoire est une période où les multiples élections et les coups d'Etat se succèdent. L'insécurité est très grande ainsi que la misère populaire. Par contre, sur le plan extérieur, les conquêtes et les annexions sont nombreuses.La Belgique et une partie de la Hollande sont transformées en 9 départements français le 1er octobre 1796. En 1798, c'est au tour de la rive gauche du Rhin et de Genève d'être organisés en cinq départements. Les frontières naturelles sont largement atteintes. Si on ajoute que les Provinces-Unies, la Suisse et l'Italie sont transformées en républiques soeurs avec des institutions calquées sur celles du Directoire et une politique étrangère inféodée à celle de la France, les frontières naturelles sont même dépassées. Si les républiques soeurs bénéficient des acquis révolutionnaires comme la suppression de la féodalité et l'égalité en droit, elles doivent fournir des réquisitions et des oeuvres d'art, ce qui rend vite la présence française impopulaire.

La lassitude des Français induite par les désordres intérieurs permet au général Napoléon Bonaparte d'être favorablement accueilli, quand par le coup d'Etat du 18 brumaire (9 novembre 1799), il met fin au Directoire. Le général est en effet très populaire depuis ses éclatantes victoires lors de la première campagne d'Italie (1796-1797). Il bénéficie de plus de puissants appuis politiques. Son frère Lucien Bonaparte est président du conseil des cinq-cents, une des deux assemblées du Directoire. Sieyès fait appel à lui pour renverser le régime et pouvoir ainsi en établir un autre plus stable. Mais dès qu'il est au pouvoir Napoléon Bonaparte le confisque à son profit et établit un régime personnel: le Consulat.
 

La naissance d'une France nouvelle (suite)

L'abolition des privilèges et de la féodalité pousse les constituants, pétris de rationalisme et des idées de Lumières, à réorganiser la France pour lui donner l'unité qui lui faisait défaut. L'assemblée décide de supprimer l'enchevêtrement des anciennes circonscriptions administratives et décide le 15 janvier 1790 de créer une circonscription administrative unique pour la justice, l'administration, la religion, la collecte des impôts, gérant la chose publique de manière très décentralisée. Il s'agit des 83 premiers départements, gérés par des conseils de département élus et divisés eux-mêmes en districts, en cantons et en communes. La suppression des douanes intérieures, la décision de créer de nouvelles unités de poids et mesures basées sur le système décimal et valables dans toute la France, la rédaction de codes unifiant le droit à l'échelle nationale, l'égalité en droit pour les protestants et les juifs sont autant d'initiatives propres à consolider l'unité nationale à mettre au crédit des Constituants. La suppression des corporations par le décret d'Allarde et l'interdiction des rassemblements paysans et ouvriers par la loi Le Chapelier en 1791 participent de ce désir d'unité, mais entraînent à long terme une faiblesse des corps intermédiaires, notamment des syndicats. L'affaire des princes possessionnés d'Alsace et de l'annexion d'Avignon et du Comtat Venaissin en 1790 permet aux révolutionnaires de poser un nouveau principe du droit international, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Par contre, la réorganisation du clergé catholique sans l'autorisation de la papauté suscite une profonde division dans le royaume. La constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790 transforme les évêques et les curés en fonctionnaires élus et devant prêter serment de fidélité à la Nation. Cette loi est condamnée par le pape, ainsi que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.La France est alors divisée en deux: le monde rural soutient plutôt les prêtres réfractaires, ceux qui refusent de prêter serment pour obéir au pape, les citadins plutôt les jureurs, ceux qui acceptent le serment à la Nation. L'hostilité du roi et d'une immense majorité de la noblesse aux changements est un autre élément fondamental de division. De nombreux nobles émigrent, formant à la frontière allemande une armée d'émigrés prête à intervenir. Louis XVI louvoie, espère la guerre et une défaite française pour retrouver son pouvoir absolu. Celle-ci est déclarée le 20 avril 1792 par toute nouvelle assemblée législative issue de la Constitution de 1791, la première jamais votée en France. Les défaites des premiers combats et l'invasion du territoire national ont pour conséquence la chute de la monarchie le 10 août 1792 et la proclamation de la République le 22 septembre 1792. Deux jours avant, le 20 septembre 1792, une armée composée de jeunes volontaires patriotes avait arrêté l'avance prussienne à Valmy. Si la victoire militaire est minime, son impact symbolique est très fort.

 

La révolution française (1789-1799)

La naissance d'une France nouvelle

Prise de la Bastille le 14 juillet 1789

1789 est une année riche en événements. Incapable d'établir un impôt universel, Louis XVI a convoqué les Etats généraux pour le 5 mai 1789 à Versailles. Les députés du tiers état parviennent en deux mois et sans violence à mettre fin à la monarchie absolue avec l'aide d'une partie du clergé et de la noblesse. Le 14 juillet 1789, les Parisiens exaspérés par la crise économique et l'arrivée de troupes autour de Paris prennent d'assaut la Bastille. Cet événement est à l'origine de deux symboles de la République, la fête nationale et le drapeau tricolore. En effet, le 17 juillet, le roi, venu à Paris entériner les nouvelles institutions parisiennes nées de la prise de la Bastille, accepte de porter la cocarde tricolore: le blanc, la couleur royale, entouré des deux couleurs de Paris, le bleu et le rouge. A la fin du mois de juillet 1789, les campagnes sont agitées par la Grande Peur, une révolte contre les droits féodaux. Pour mettre fin à l'agitation les députés votent dans la nuit du 4 août 1789, l'abolition des privilèges et des droits féodaux. Même si ces derniers sont déclarés rachetables lors de la rédaction des décrets, entre le 5 et le 11 août, cette date marque la fin de l'Ancien Régime et le début d'une nouvelle société. 

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen votée le 26 août 1789 en est l'acte de baptême. Ce texte reconnaît l'égalité des citoyens devant la loi, consacre la souveraineté nationale et légitime le droit à la résistance à l'oppression. Avec le retour forcé du roi à Paris les 5 et 6 octobre 1789, la Révolution semble avoir atteint ses buts: faire naître une monarchie parlementaire en rabaissant le prestige du roi.


La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793

Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.

En conséquence, l'Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'Homme et du Citoyen.

Art.1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Art.2.Le but de toute association politique est la conversation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.

Art.3. Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

Art.4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par La Loi.

Art. 5. La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.

Art.6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.

Art.7. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis, mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant: il se rend coupable par la résistance.

Art.8. La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.

Art.9. Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire peut s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.

Art.10. Nul ne doit doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi

Art.11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme: tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Art.12. La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique: cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

Art.13. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable: elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.

Art.14. Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée.

Art.15. La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Art.16. Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.

Art.17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

La période révolutionnaire

La période révolutionnaire commence vers 1787. A cette époque la monarchie absolue est incapable de conduire les réformes, notamment fiscales, indispensables à la modernisation de la France face à la contestation des groupes privilégiés, parlements et noblesse en tête. D'autre part, les idées nouvelles portées par les philosophes des Lumières et les économistes anglais ont pénétré les couches aisées de la population qui réclament une monarchie parlementaire, la rationalisation des institutions et la libéralisation d'un système économique archaïque. La réaction nobiliaire et la crise économique jouent un rôle non négligeable dans l'ébranlement populaire. La période révolutionnaire se termine en 1814-1815, quand l'empereur Napoléon Ier est envoyé en exil d'abord à l'île d'Elbe et ensuite dans l'île de Sainte-Hélène. Napoléon Bonaparte, en consolidant certains acquis révolutionnaires, en exportant certains de ses aspects au cours de guerres et des conquêtes qui manquent son règne, en mettant fin à la guerre civile entre les Français, est considéré, aux yeux de ses contemporains, comme le continuateur de la Révolution. Traditionnellement les historiens distinguent deux temps majeurs pendant la période révolutionnaire: la Révolution française de 1789 à 1799 et la période napoléonienne (Consulat et Premier Empire) de 1799 à 1815.

Antilles et Amérique du Sud

En 1635, la Guadeloupe et la Martinique passent sous contrôle français.La culture du tabac, qui demande en main-d'oeuvre fournie au départ par des engagés européens, subit la concurrence du tabac de Virginie, plus compétitif.Les îles se tournent donc, à partir des années 1660 et 1670, vers l'exploitation sucrière, qui fera leur richesse. Au moment, Louis XIV envoie aux boucaniers de l'île d'Hispaniola, établis à Saint-Domingue (actuelle Haïti, soit la partie ouest de l'île) un gouverneur, afin de faire passer les républiques boucanières et flibustières sous sa coupe. L'opération est un succès: en 1697, l'Espagne, présente sur la partie est d'Hispaniola, reconnaît à la France la possession de Saint-Domingue. S'y développe durant les années qui suivent l'exportation du sucre, qui dépasse bientôt celle de la Jamaïque anglaise, pourtant grosse productrice.

La traite des esclaves africains prend de l'importance avec l'émergence de la culture de la canne à sucre, nécessitant une main-d'oeuvre importante à l'heure où les engagés se font de moins en moins nombreux. Le commerce triangulaire se met en place sur l'Atlantique, les Européens échangent des armes, munitions ou objets de pacotille en Afrique contre des esclaves, avant de revendre ceux-ci dans les colonies en échange des produits exotiques produits par celles-ci. Ces produits (dont le sucre), fortement demandés en Europe, y sont écoulés sur un marché dynamique et lucratif. Ce commerce, véritable système économique et maritime atlantique qui concerne toutes les Antilles, contribue autant à l'essor des colonies antillaises de la France que de grands ports comme Nantes ou Bordeaux, qui s'embellissent.
 

Nouvelle-France

Au XIe siècle, des marins français commencent à naviguer le long des côtes nord-est de l'Amérique du Nord. En 1524, Giovanni de Verrazzano explore pour le compte de François Ier le littoral et les environs de l'actuelle New York, puis descend jusqu'aux Antilles. Dix ans plus tard, en 1534, le même François Ier envoie le malouin Jacques Cartier explorer de nouvelles terres aux environs de Terre-Neuve. Cartier parvient jusqu'à l'estuaire du fleuve Saint-Laurent, puis remonte celui-ci, prend officiellement possession des lieux découverts au nom du roi de France, et atteint plusieurs campements amérindiens. Un second voyage s'ensuit, l'année suivante, lors duquel il pousse jusqu'à l'actuelle Montréal et croit avoir découvert une région riche en or, ce qui motive le roi dans la préparation d'une troisième expédition, cette fois-ci de colonisation.Mais celle-ci, qui a lieu en 1541, échoue et il faut désormais attendre un demi-siècle pour assister à l'installation des Français sur les rives du Saint-Laurent. Néanmoins, si cette première entreprise de colonisation n'atteint pas ses objectifs et si les guerres de religion détournent longuement le regard de la monarchie de l'Amérique,les flottes des pêcheurs bretons, basques et normands fréquentent régulièrement les côtes de Terre-Neuve et l'estuaire du Saint-Laurent dans leurs campagnes de pêche à la morue assurant une présence française indirecte, discrète et périodique.

Profitant de cette présence qui s'intensifie à partir des années 1580, Henri IV, souhaitant relancer l'effort maritime et outremer de la France, pacifiée par la fin des guerres de religion, octroie en 1598 puis en 1603 des monopoles commerciaux, destinés à encourager l'installation à Terre-Neuve. C'est l'Acadie qui est colonisée en première, lorsque Pierre Dugua de Mons et Jean de Poutrincourt fondent Port-Royal en 1605. En 1608, Québec est officiellement fondée par Samuel de Champlain, qui s'efforce de développer la colonie naissante. En 1614, il scelle, au nom de la France, une alliance avec les Indiens Hurons, qui engage les Français dans la guerre contre les Iroquois, ennemis des Hurons. Alors que, plus au sud, les Anglais s'installent sur les côtes de Virginie (1607) puis du Massachussetts (1620), et que les Hollandais font de même sur l'île Manhattan, la Nouvelle-France s'étend timidement, sous la pression iroquoise et avec des moyens financiers, militaires et politiques limités, voire parfois presque dérisoire. Le cardinal de Richelieu, qui perçoit l'importance et les avantages du commerce maritime et de l'expansion coloniale, réussit à relever partiellement une colonie québécoise délaissée par la régence de Marie de Médicis, et créé en 1627 la Compagnie des Cent-associés, qui détient le monopole de tout commerce avec la Nouvelle-France mais également la gestion de celle-ci. Elle ne parvient toutefois pas à s'imposer, subissant des revers d'abord militaires en 1629, lorsque les Anglais s'emparent de Québec une première fois-rendue en 1631-et détruisent une flotte de secours, puis commerciaux, la traite des fourrures ne constituant pas un atout économique assez fort pour faire face aux dettes qu'accumule la compagnie. Elle survit au cardinal un peu plus de vingt ans, jusqu'à sa dissolution par Louis XIV en 1663.

A la même date, la colonie passe sous contrôle royal direct. Colbert, dont l'objectif est de former une industrie nationale puissante et de développer pour ce faire le commerce maritime, se lance dans un projet de modernisation et de peuplement de la Nouvelle-France, qui doit devenir à réellement devenir un empire économiquement prospère et politiquement imposant. Depuis la mort de Richelieu en 1642, une nouvelle période d'oubli de la part de la métropole s'était ensuivie pour la colonie, sous-peuplée au regard de l'essor démographique des possessions anglaises. L'exploration du territoire repose alors sur les missionnaires, notamment jésuites, qui évangélisent les tribus amérindiennes, et sur des aventuriers et trappeurs individuels, parfois hors-la-loi, nommés coureurs des bois ou voyageurs. Les Grands Lacs sont atteints dans les années 1640, Montréal est fondée en 1642, mais, dans l'ensemble, la présence française est fragile à l'arrivée de Louis XIV. Celui-ci, conseillé par Colbert, entreprend de pacifier la colonie en acculant les Iroquois à la défaite en 1666, de s'assurer le contrôle de l'Acadie rendue par les Anglais en 1667, puis de peupler la colonie, notamment par l'envoi, au cours des années 1660 et 1670, d'orphelines ou de veuves-les fameuses filles du roi.

A partir de 1689, commence une série de guerres coloniales contre les Anglais, les deux adversaires ajoutant à leurs rivalités continentales une concurrence commerciale, maritime et territoriale dont les colonies constituent la principale scène de conflit.La fondation de la Louisiane Française en 1699, qui achève d'encercler les possessions anglaises confinées sur le littoral atlantique, ne fait qu'exacerber les tensions. Par le traité d'Utrecht de 1713, la France reconnaît la perte de l'Acadie et de la Baie d'Hudson. Si les années 1730 et 1740 sont celles du développement relatif du commerce atlantique et d'une longue paix avec la Grande-Bretagne, propice à la croissance économique et à la stabilité sociale, la Louisiane reste sous-développée et le Canada sous-peuplé face aux concurrents anglais. L'empire français nord-américain manque de plus d'une véritable continuité, l'intérieur de son territoire officiel ou revendiqué étant le plus souvent à l'écart de la présence française, qui ne s'y manifeste qu'au travers d'un réseau décousu de forts. Les colons britanniques se sentent cependant de plus en plus menacés, surtout lorsque les Français s'implantent dans la vallée de l'Ohio au milieu du XVIIIe siècle. En 1754 éclate la guerre de la Conquête, pendante de celle de Sept Ans en Europe. L'issue en est désastreuse pour l'empire colonial français: Québec est prise en 1759, Montréal se rend en 1760, et le traité de Paris de 1763 entérine la perte par la France du Canada et de la Louisiane. Momentanément récupérée en 1800, celle-ci est définitivement vendue aux Etats-Unis trois ans plus tard.
  

Formation d'un premier empire colonial

C'est à l'époque moderne et sous l'égide des Bourbons que la France se dote d'un premier empire outremer, en élaborant, pour la première fois de son histoire, une vaste entreprise de colonisation. Celle-ci, qui débute véritablement dans la première moitié du XVIIe siècle, s'appuie principalement sur le commerce maritime sucrier avec les Antilles, la traite des noirs en provenance d'Afrique et celle des fourrures en Amérique du Nord. Malgré les efforts de Richelieu puis de Colbert, le vaste ensemble que forme la Nouvelle-France, s'étaient du Québec actuel à la vallée du Mississippi, n'arrivera jamais à se développer, hormis en quelques points localisés, du fait d'une récurrente faiblesse démographique et du désintérêt progressif du pouvoir royal pour ces contrés lointaines. Les possessions antillaises, au contraire, prospèrent à partir de la fin du XVIIe siècle et se hissent au sommet d'un système commercial atlantique lucratif qui concentre davantage l'attention de la monarchie. L'Inde est également l'objet de convoitises françaises qui échouent cependant à s'imposer face aux Britanniques au XVIIIe siècle, tandis que plusieurs comptoirs, notamment au Sénégal actuel, sont implantés sur la côte ouest de l'Afrique afin de servir de bases pour le commerce des esclaves. Ils seront, plus tard, le point de départ de la seconde expansion coloniale de la France sur le continent africain.

Le siècle des Lumières

Louis XV par Hyacinthe Rigaud


Louis XV règne de 1715 à 1774. N'ayant que cinq ans à la mort de son arrière-grand-père, Louis XIV, le pouvoir est confié à un conseil de régence dirigé par le duc d'Orléans. Celui-ci a pris soin de faire casser le testament du roi défunt, qui limitait son pouvoir, par le parlement de Paris en échange d'un retour au droit de remontrance. Un des pouvoirs autonomes muselés par Louis XIV retrouve ainsi un pouvoir de contestation de la monarchie dont il se servira tout au long du XVIIIe siècle. L'époque est au relâchement des moeurs, au boom économique, à la spéculation.Le goût pour les produits exotiques favorise le développement des ports de l'Atlantique. Les marchands de produits coloniaux, la monarchie et les trafiquants d'esclaves font d'éclatantes fortunes et les colons importent des produits manufacturés de France. Le port de Nantes se développe et les négriers se font construire à Nantes, à Bordeaux et à La Rochelle d'imposants bâtiments. La Nouvelle-Orléans est fondée en 1718.
 
Quand le régent meurt en 1723, Louis XV s'appuie sur un de ses ministres, Fleury, son ancien précepteur en qui il a toute confiance, jusqu'à la mort de celui-ci en 1743, date à laquelle le roi prendra alors les rênes effectifs du pouvoir. Sous son règne, la France s'agrandit. En 1735, la Lorraine, principauté souveraine, plusieurs fois occupée par la France, est donnée à Stanislas Leszczynski, roi malheureux, chassé du trône de Pologne par les Russes et les Autrichiens, et beau-père de Louis XV. A sa mort en 1766, elle entre dans le domaine royal. La Corse est cédée par la République de Gênes en 1768. Auparavant en 1762, la région des Dombes avait, elle aussi, rejoint le domaine. Sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI, est entreprise une politique de simplification et de régularisation des frontières. Il s'agit de procéder à des échanges de places avancées avec les Etats voisins pour éviter les enclaves aussi bien françaises en dehors des frontières qu'étrangères à l'intérieur du territoire. En 1789, il n'existe plus que trois enclaves étrangères en territoire français, Avignon et le Comtat qui appartiennent au pape, la principauté de Montbéliard et la République de Mulhouse.
 
C'est d'ailleurs au XVIIIe siècle que se forge la théorie des frontières naturelles de la France. Un mémoire adressé au roi précise: "La France effectivement doit se tenir bornée par le Rhin et ne songer jamais à faire aucune conquête en Allemagne. Si elle se faisait une loi de ne point passer cette barrière et les autres que la nature lui a prescrites du côté de l'occident et du midi: mer céane, Pyrénées, mer Méditerrannée, Alpes, Meuse et Rhin, elle deviendrait alors l'arbitre de l'Europe et serait en état de maintenir la paix au lieu de la troubler". Pendant son règne, Louis XV refuse plusieurs fois les propositions qui lui sont faites d'annexer les Pays-Bas autrichiens (la Belgique actuelle) en échange de son alliance ou de sa neutralité, sans que les historiens en comprennent bien la raison.Le refus de Louis XV d'annexer les Pays-Bas autrichiens montre que cette idée n'est pas, à ce moment, la doctrine officielle de l'Etat.
 
En pendant la guerre de Sept ans (1756-1763), la France perd son importance politique d'outre-mer, notamment en Amérique (perte de la Nouvelle-France) et en Inde (où elle ne conserve que Yanaon, Chandernagor, Karikal, Mahé et Pondichéry) en cédant ses territoires à la rivale Grande-Bretagne par le traité de Paris de 1763.
 
Le règne de Louis XV est très brillant sur le plan culturel, avec l'apparition des philosophes des Lumières tels Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et D'Alembert.
 
Louis XVI en costume de sacre

Le plus grand problème de l'Etat est alors le déficit budgétaire chronique qui conduit à rendre le roi dépendant des financiers et des manieurs d'argent. Autre source de paralysie des systèmes de gouvernement, l'opposition des parlements, se posant en défenseur des lois du royaume et en contre-pouvoir. S'opposant à toute tentative de réformes du royaume, elle contribue à la crise de la monarchie absolue sous le règne de Louis XVI.
 
Le petit-fils de Louis XV, Louis XVI, arrive au pouvoir en 1774. Il est gauche et timide. Il vit dans une cour traversée par les intrigues et les coteries. Son règne est marqué par une politique velléitaire. face aux pressions de la cour, des parlements et de la noblesse, il est incapable de prendre les mesures nécessaires pour combler une dette publique et un déficit budgétaire démesurés. L'aide apportée aux insurgés américains aggrave encore le déficit. Plusieurs autres facteurs expliquent les difficultés de la monarchie absolue.
 
Malgré les tentatives de centralisation administrative, le pays est loin d'être unifié. Il existe des douanes intérieures entre les provinces, il n'y a pas d'unité des poids et mesures. Tout ceci entrave le développement économique de la France à un moment où l'Angleterre est en plein décollage industriel. Les impôts ne sont pas perçus de la même manière dans tout le pays, même si les intendants en supervisent la répartition et la levée. Malgré les efforts entrepris depuis François Ier avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts, les lois ne sont pas les mêmes dans tout le royaume. Le nord est encore soumis au droit coutumier, à peu près 300 coutumes, alors que le sud est régi par un droit écrit, inspiré du droit romain. L'Ancien Régime avait l'habitude de ne rien supprimer mais de superposer. De ce fait dans les années 1780, il existe un enchevêtrement de circonscriptions de tailles et de fonctions différentes: diocèses de l'Antiquité, bailliage et sénéchaussées du Moyen Âge, généralités du XVIe siècle.Par exemple: "Un habitant de Saint Mesnin résidait dans le bailliage de Semur, payait ses impositions à la recette de Semur, avait affaire au subdélégué de Vitteaux et à l'évêque de Dijon, si quelque affaire des eaux et forêts le retenait, c'était à la maîtrise d'Avallon qu'il devait se rendre, s'il avait besoin de la justice consulaire, c'est à Saulieu que son voyage le menait". Cette confusion s'explique par la manière dont le domaine royal s'est formé. A chaque acquisition, les rois promettaient de respecter les privilèges et les coutumes des provinces et des villes. A l'aube de la Révolution les particularismes régionaux restent très vifs.
 

mercredi 15 juillet 2015

L'âge classique: du XVIIe au XVIIIe siècle

Territoire sous règne français et conquêtes de 1552 à 1798


Le grand siècle


Aux XVIe siècle et XVIIe siècle, la théorie de la monarchie absolue prend de l'ampleur. Elle a comme principal relais dans les provinces les officiers de justice qui cherchent à réduire les droits de justice seigneuriale. La justice est en effet un puissant moyen d'unification du pays. Tous les cas peuvent aller en appel auprès du conseil du roi par le moyen des évocations. La coutume de Paris a tendance à s'imposer comme droit commun coutumier.
Louis XIII(1601-1643) a neuf ans quand son père Henri IV est assassiné en 1610. Sa mère Marie de Médicis assure la régence avec ses favoris et néglige l'éducation du jeune roi Louis XIII l'écarte du pouvoir en 1617 en faisant assassiner son favori Concini. A partir de 1624, il règne en étroite collaboration avec son principal ministre, le cardinal de Richelieu qu'il soutient contre les intrigues des nobles, furieux d'être écartés du pouvoir. Il mène une politique de domestication des grands seigneurs du royaume (affaire du comte de Chalais en 1626), de durcissement envers les protestants à qui il parvient à retirer les places-fortes que l'édit de Nantes leur octroyait. Il installe des intendants de justice, police et finance dans les provinces; Contrairement aux officiers ceux-ci sont des commissaires révocables. Ils sont indispensables dans les régions frontières ou occupées par les Français. Ils y assurent l'ordre en luttant contre les pillages des soldats français et en s'assurant de la fidélité des sujets, particulièrement des nobles et des villes. Le roi accentue la centralisation en favorisant l'atelier de frappe monétaire de Paris aux dépens de ceux de provinces. Dès 1635, Louis XIII et le cardinal de Richelieu s'engagent dans la guerre de Trente Ans auprès des princes allemands protestants pour réduire la puissance de la dynastie des Habsbourg, d'Espagne, la première puissance européenne à cette époque et de ceux d'Autriche qui sont à la tête du Saint-Empire romain germanique. Pour affaiblir les Habsbourg, les Français occupent des places fortes et s'assurent des passages qui les relient à leurs alliés, en Alsace, en Lorraine et dans le Piémont. L'augmentation considérable de la pression fiscale, nécessitée par la guerre, provoque de nombreux soulèvements populaires: en 1636-1637 celui des croquants de Saintonge-Périgord, en 1639 celui des va-nu-pieds de Normandie, sévèrement réprimés.


 Louis XIV en manteau de sacre par Hyacinthe Rigaud

Louis XIV a quatre ans et demi quand son père meurt en 1643. Sa mère Anne d'Autriche assure la régence avec le cardinal Mazarin. Jusqu'en 1661, date de sa mort, c'est ce dernier qui gouverne effectivement, même après la majorité de Louis XIV. Il poursuit l'effort de guerre entamé par Richelieu. Les troupes françaises remportent des victoires décisives qui permettent de mettre fin à la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le traité de Münster d'octobre 1648 accorde à la France presque toute l'Alsace, confirme la possession des trois évêchés et donne trois forteresses à la France sur la rive droite du Rhin, Landau, Philippsbourg et Brisach. Mazarin poursuit ainsi la politique de passage vers le Saint-Empire romain germanique entreprise par le cardinal de Richelieu. Le conflit se poursuit cependant avec l'Espagne jusqu'en 1659. Avec la paix de Pyrénées, le domaine royal s'agrandit du Roussillon, de l'Artois et de certaines places du Hainaut comme Thionville et Montmédy. Louis XIV épouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse d'Autriche. Pour la première fois, dans un traité signé par la France, la frontière entre la France et l'Espagne est définie par la nature: "les crêtes des montagnes qui forment les versants des eaux".

A la mort de Mazarin, en 1661, Louis XIV déclare qu'il gouvernera désormais seul, c'est-à-dire sans premier ministre. Il réclame de ses secrétaires d'Etat une stricte obéissance et leur interdit de décider sans lui. Pour être sûr d'être obéi de ses ministres, il les choisit parmi la bourgeoisie comme Colbert ou Le Tellier. Le règne de Louis XIV marque une centralisation extrême du pouvoir royal. Les grandes décisions sont prises par le conseil d'en haut qui se réunit deux ou trois fois par semaine et où ne siègent que 3 à 5 ministres. Les intendants sont plus que jamais la voix du roi dans les provinces. Dès le début de son règne personnel (1661-1715), Louis XIV amorce le redressement de l'autorité royale. Les gouverneurs des provinces, issus de la haute noblesse n'ont plus d'armée à leur disposition et doivent résider à la cour, ce qui rend plus difficile le clientélisme. En 1665, Louis XIV interdit aux parlements de délibérer sur les édits et leur ordonne de les enregistrer sans vote.Les états provinciaux de Normandie, Périgord, Auvergne, Rouergue, Guyenne et Dauphiné disparaissent. Avec Colbert, il entreprend de réformer la justice et fait rédiger toute une série d'ordonnances ou codes applicables dans le tout royaume. N'étant pas sûr de la fidélité des officiers propriétaires de charges héréditaires, il confie leurs fonctions à des commissaires révocables. Ce procédé finit par contraindre les officiers à l'obéissance. La noblesse perd tout pouvoir politique. Elle est domestiquée à Versailles où son plus grand souci est de se faire remarquer du roi. Pour cela, elle doit faire des dépenses excessives et en est réduite à quémander des pensions au roi pour assurer son train de vie fastueux.

Louis XIV pense que la guerre est la vocation naturelle d'un roi. Mais au début de son règne, l'armée est encore une entreprise privée monopolisée par la noblesse. Sous l'égide de Le Tellier puis de son fils Louvois, les officiers sont contrôlés par des administrateurs civils qui s'appliquent des réglementations strictes, les dépouillant d'une grande partie de leur pouvoir. Les efforts faits pour moderniser et discipliner l'armée permettent à Louis XIV de remporter d'éclatantes victoires dans la première partie de son règne personnel. La guerre de Dévolution (1667-1668) lui permet de conquérir de nouvelles places fortes au nord de la France parmi lesquelles Dunkerque, Lille et Douai. Le traité de Nimègue de 1678 met fin à la guerre de Hollande. Louis XIV n'a pu réduire les Pays-Bas mais acquiert la Franche-Comté au détriment de l'Espagne. Des échanges de places fortes permettent de régulariser la frontière au nord. En 1680-1681, Louis XIV, fort de sa domination sans partage sur l'Europe procède à la politique des "réunions". Le but est de relier le chapelet de places fortes élaborées par Vauban. En pleine paix il annexe entre Nancy et Strasbourg. Cette violation du droit international indigne les Etats d'Europe. Louis XIV s'aliène les Etats protestants en révoquant l'édit de Nantes en 1685.

Ses rapports avec l'Angleterre se tendent. en effet la France commence à peupler la Nouvelle-France entre 1635 et 1654 la Guadeloupe est conquise par Léonard de l'Olive et Duplessis d'Ossonville, en 1682 Cavelier de la Salle découvre ce qu'il appelle la Louisiane, les Français fondent des comptoirs commerciaux en Inde, ce qui concurrence les projets britanniques. Les 25 septembre 1688 Louis XIV lance un ultimatum exigeant que la trêve qui lui accordait des "réunions" pour 20 ans soit transformée en traité définitif. Il fait occuper et dévaster le Palatinat dont il revendique la succession. Ceci entraîne la guerre de la Ligue d'Augsbourg dirigée par Guillaume d'Orange, Stathouder de Hollande, devenu roi d'Angleterre avec sa femmes Marie II. La guerre est indécise et coûte très cher alors que la France connaît une période de disette en 1693. Louis XIV accepte de négocier, il rend les "réunions" mais conserve Strasbourg par le traité de paix de Ryswick de 1697.

La guerre de Succession d'Espagne, menée par un coalition européenne pour empêcher le comte d'Anjou second fils du dauphin de devenir roi d'Espagne commence en 1701. La France après quelques victoires connaît de nombreux revers. La paix est signée à Utrecht en 1714 et confirme l'accession d'une branche des Bourbon sur le trône d'Espagne.Le vieux roi qui meurt en 1715, voit son fils et son petit-fils mourir avant lui. Son héritier est donc son arrière-petit-fils né en 1710.