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jeudi 16 juillet 2015

Nouvelle-France

Au XIe siècle, des marins français commencent à naviguer le long des côtes nord-est de l'Amérique du Nord. En 1524, Giovanni de Verrazzano explore pour le compte de François Ier le littoral et les environs de l'actuelle New York, puis descend jusqu'aux Antilles. Dix ans plus tard, en 1534, le même François Ier envoie le malouin Jacques Cartier explorer de nouvelles terres aux environs de Terre-Neuve. Cartier parvient jusqu'à l'estuaire du fleuve Saint-Laurent, puis remonte celui-ci, prend officiellement possession des lieux découverts au nom du roi de France, et atteint plusieurs campements amérindiens. Un second voyage s'ensuit, l'année suivante, lors duquel il pousse jusqu'à l'actuelle Montréal et croit avoir découvert une région riche en or, ce qui motive le roi dans la préparation d'une troisième expédition, cette fois-ci de colonisation.Mais celle-ci, qui a lieu en 1541, échoue et il faut désormais attendre un demi-siècle pour assister à l'installation des Français sur les rives du Saint-Laurent. Néanmoins, si cette première entreprise de colonisation n'atteint pas ses objectifs et si les guerres de religion détournent longuement le regard de la monarchie de l'Amérique,les flottes des pêcheurs bretons, basques et normands fréquentent régulièrement les côtes de Terre-Neuve et l'estuaire du Saint-Laurent dans leurs campagnes de pêche à la morue assurant une présence française indirecte, discrète et périodique.

Profitant de cette présence qui s'intensifie à partir des années 1580, Henri IV, souhaitant relancer l'effort maritime et outremer de la France, pacifiée par la fin des guerres de religion, octroie en 1598 puis en 1603 des monopoles commerciaux, destinés à encourager l'installation à Terre-Neuve. C'est l'Acadie qui est colonisée en première, lorsque Pierre Dugua de Mons et Jean de Poutrincourt fondent Port-Royal en 1605. En 1608, Québec est officiellement fondée par Samuel de Champlain, qui s'efforce de développer la colonie naissante. En 1614, il scelle, au nom de la France, une alliance avec les Indiens Hurons, qui engage les Français dans la guerre contre les Iroquois, ennemis des Hurons. Alors que, plus au sud, les Anglais s'installent sur les côtes de Virginie (1607) puis du Massachussetts (1620), et que les Hollandais font de même sur l'île Manhattan, la Nouvelle-France s'étend timidement, sous la pression iroquoise et avec des moyens financiers, militaires et politiques limités, voire parfois presque dérisoire. Le cardinal de Richelieu, qui perçoit l'importance et les avantages du commerce maritime et de l'expansion coloniale, réussit à relever partiellement une colonie québécoise délaissée par la régence de Marie de Médicis, et créé en 1627 la Compagnie des Cent-associés, qui détient le monopole de tout commerce avec la Nouvelle-France mais également la gestion de celle-ci. Elle ne parvient toutefois pas à s'imposer, subissant des revers d'abord militaires en 1629, lorsque les Anglais s'emparent de Québec une première fois-rendue en 1631-et détruisent une flotte de secours, puis commerciaux, la traite des fourrures ne constituant pas un atout économique assez fort pour faire face aux dettes qu'accumule la compagnie. Elle survit au cardinal un peu plus de vingt ans, jusqu'à sa dissolution par Louis XIV en 1663.

A la même date, la colonie passe sous contrôle royal direct. Colbert, dont l'objectif est de former une industrie nationale puissante et de développer pour ce faire le commerce maritime, se lance dans un projet de modernisation et de peuplement de la Nouvelle-France, qui doit devenir à réellement devenir un empire économiquement prospère et politiquement imposant. Depuis la mort de Richelieu en 1642, une nouvelle période d'oubli de la part de la métropole s'était ensuivie pour la colonie, sous-peuplée au regard de l'essor démographique des possessions anglaises. L'exploration du territoire repose alors sur les missionnaires, notamment jésuites, qui évangélisent les tribus amérindiennes, et sur des aventuriers et trappeurs individuels, parfois hors-la-loi, nommés coureurs des bois ou voyageurs. Les Grands Lacs sont atteints dans les années 1640, Montréal est fondée en 1642, mais, dans l'ensemble, la présence française est fragile à l'arrivée de Louis XIV. Celui-ci, conseillé par Colbert, entreprend de pacifier la colonie en acculant les Iroquois à la défaite en 1666, de s'assurer le contrôle de l'Acadie rendue par les Anglais en 1667, puis de peupler la colonie, notamment par l'envoi, au cours des années 1660 et 1670, d'orphelines ou de veuves-les fameuses filles du roi.

A partir de 1689, commence une série de guerres coloniales contre les Anglais, les deux adversaires ajoutant à leurs rivalités continentales une concurrence commerciale, maritime et territoriale dont les colonies constituent la principale scène de conflit.La fondation de la Louisiane Française en 1699, qui achève d'encercler les possessions anglaises confinées sur le littoral atlantique, ne fait qu'exacerber les tensions. Par le traité d'Utrecht de 1713, la France reconnaît la perte de l'Acadie et de la Baie d'Hudson. Si les années 1730 et 1740 sont celles du développement relatif du commerce atlantique et d'une longue paix avec la Grande-Bretagne, propice à la croissance économique et à la stabilité sociale, la Louisiane reste sous-développée et le Canada sous-peuplé face aux concurrents anglais. L'empire français nord-américain manque de plus d'une véritable continuité, l'intérieur de son territoire officiel ou revendiqué étant le plus souvent à l'écart de la présence française, qui ne s'y manifeste qu'au travers d'un réseau décousu de forts. Les colons britanniques se sentent cependant de plus en plus menacés, surtout lorsque les Français s'implantent dans la vallée de l'Ohio au milieu du XVIIIe siècle. En 1754 éclate la guerre de la Conquête, pendante de celle de Sept Ans en Europe. L'issue en est désastreuse pour l'empire colonial français: Québec est prise en 1759, Montréal se rend en 1760, et le traité de Paris de 1763 entérine la perte par la France du Canada et de la Louisiane. Momentanément récupérée en 1800, celle-ci est définitivement vendue aux Etats-Unis trois ans plus tard.
  

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