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mercredi 15 juillet 2015

L'âge classique: du XVIIe au XVIIIe siècle

Territoire sous règne français et conquêtes de 1552 à 1798


Le grand siècle


Aux XVIe siècle et XVIIe siècle, la théorie de la monarchie absolue prend de l'ampleur. Elle a comme principal relais dans les provinces les officiers de justice qui cherchent à réduire les droits de justice seigneuriale. La justice est en effet un puissant moyen d'unification du pays. Tous les cas peuvent aller en appel auprès du conseil du roi par le moyen des évocations. La coutume de Paris a tendance à s'imposer comme droit commun coutumier.
Louis XIII(1601-1643) a neuf ans quand son père Henri IV est assassiné en 1610. Sa mère Marie de Médicis assure la régence avec ses favoris et néglige l'éducation du jeune roi Louis XIII l'écarte du pouvoir en 1617 en faisant assassiner son favori Concini. A partir de 1624, il règne en étroite collaboration avec son principal ministre, le cardinal de Richelieu qu'il soutient contre les intrigues des nobles, furieux d'être écartés du pouvoir. Il mène une politique de domestication des grands seigneurs du royaume (affaire du comte de Chalais en 1626), de durcissement envers les protestants à qui il parvient à retirer les places-fortes que l'édit de Nantes leur octroyait. Il installe des intendants de justice, police et finance dans les provinces; Contrairement aux officiers ceux-ci sont des commissaires révocables. Ils sont indispensables dans les régions frontières ou occupées par les Français. Ils y assurent l'ordre en luttant contre les pillages des soldats français et en s'assurant de la fidélité des sujets, particulièrement des nobles et des villes. Le roi accentue la centralisation en favorisant l'atelier de frappe monétaire de Paris aux dépens de ceux de provinces. Dès 1635, Louis XIII et le cardinal de Richelieu s'engagent dans la guerre de Trente Ans auprès des princes allemands protestants pour réduire la puissance de la dynastie des Habsbourg, d'Espagne, la première puissance européenne à cette époque et de ceux d'Autriche qui sont à la tête du Saint-Empire romain germanique. Pour affaiblir les Habsbourg, les Français occupent des places fortes et s'assurent des passages qui les relient à leurs alliés, en Alsace, en Lorraine et dans le Piémont. L'augmentation considérable de la pression fiscale, nécessitée par la guerre, provoque de nombreux soulèvements populaires: en 1636-1637 celui des croquants de Saintonge-Périgord, en 1639 celui des va-nu-pieds de Normandie, sévèrement réprimés.


 Louis XIV en manteau de sacre par Hyacinthe Rigaud

Louis XIV a quatre ans et demi quand son père meurt en 1643. Sa mère Anne d'Autriche assure la régence avec le cardinal Mazarin. Jusqu'en 1661, date de sa mort, c'est ce dernier qui gouverne effectivement, même après la majorité de Louis XIV. Il poursuit l'effort de guerre entamé par Richelieu. Les troupes françaises remportent des victoires décisives qui permettent de mettre fin à la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le traité de Münster d'octobre 1648 accorde à la France presque toute l'Alsace, confirme la possession des trois évêchés et donne trois forteresses à la France sur la rive droite du Rhin, Landau, Philippsbourg et Brisach. Mazarin poursuit ainsi la politique de passage vers le Saint-Empire romain germanique entreprise par le cardinal de Richelieu. Le conflit se poursuit cependant avec l'Espagne jusqu'en 1659. Avec la paix de Pyrénées, le domaine royal s'agrandit du Roussillon, de l'Artois et de certaines places du Hainaut comme Thionville et Montmédy. Louis XIV épouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse d'Autriche. Pour la première fois, dans un traité signé par la France, la frontière entre la France et l'Espagne est définie par la nature: "les crêtes des montagnes qui forment les versants des eaux".

A la mort de Mazarin, en 1661, Louis XIV déclare qu'il gouvernera désormais seul, c'est-à-dire sans premier ministre. Il réclame de ses secrétaires d'Etat une stricte obéissance et leur interdit de décider sans lui. Pour être sûr d'être obéi de ses ministres, il les choisit parmi la bourgeoisie comme Colbert ou Le Tellier. Le règne de Louis XIV marque une centralisation extrême du pouvoir royal. Les grandes décisions sont prises par le conseil d'en haut qui se réunit deux ou trois fois par semaine et où ne siègent que 3 à 5 ministres. Les intendants sont plus que jamais la voix du roi dans les provinces. Dès le début de son règne personnel (1661-1715), Louis XIV amorce le redressement de l'autorité royale. Les gouverneurs des provinces, issus de la haute noblesse n'ont plus d'armée à leur disposition et doivent résider à la cour, ce qui rend plus difficile le clientélisme. En 1665, Louis XIV interdit aux parlements de délibérer sur les édits et leur ordonne de les enregistrer sans vote.Les états provinciaux de Normandie, Périgord, Auvergne, Rouergue, Guyenne et Dauphiné disparaissent. Avec Colbert, il entreprend de réformer la justice et fait rédiger toute une série d'ordonnances ou codes applicables dans le tout royaume. N'étant pas sûr de la fidélité des officiers propriétaires de charges héréditaires, il confie leurs fonctions à des commissaires révocables. Ce procédé finit par contraindre les officiers à l'obéissance. La noblesse perd tout pouvoir politique. Elle est domestiquée à Versailles où son plus grand souci est de se faire remarquer du roi. Pour cela, elle doit faire des dépenses excessives et en est réduite à quémander des pensions au roi pour assurer son train de vie fastueux.

Louis XIV pense que la guerre est la vocation naturelle d'un roi. Mais au début de son règne, l'armée est encore une entreprise privée monopolisée par la noblesse. Sous l'égide de Le Tellier puis de son fils Louvois, les officiers sont contrôlés par des administrateurs civils qui s'appliquent des réglementations strictes, les dépouillant d'une grande partie de leur pouvoir. Les efforts faits pour moderniser et discipliner l'armée permettent à Louis XIV de remporter d'éclatantes victoires dans la première partie de son règne personnel. La guerre de Dévolution (1667-1668) lui permet de conquérir de nouvelles places fortes au nord de la France parmi lesquelles Dunkerque, Lille et Douai. Le traité de Nimègue de 1678 met fin à la guerre de Hollande. Louis XIV n'a pu réduire les Pays-Bas mais acquiert la Franche-Comté au détriment de l'Espagne. Des échanges de places fortes permettent de régulariser la frontière au nord. En 1680-1681, Louis XIV, fort de sa domination sans partage sur l'Europe procède à la politique des "réunions". Le but est de relier le chapelet de places fortes élaborées par Vauban. En pleine paix il annexe entre Nancy et Strasbourg. Cette violation du droit international indigne les Etats d'Europe. Louis XIV s'aliène les Etats protestants en révoquant l'édit de Nantes en 1685.

Ses rapports avec l'Angleterre se tendent. en effet la France commence à peupler la Nouvelle-France entre 1635 et 1654 la Guadeloupe est conquise par Léonard de l'Olive et Duplessis d'Ossonville, en 1682 Cavelier de la Salle découvre ce qu'il appelle la Louisiane, les Français fondent des comptoirs commerciaux en Inde, ce qui concurrence les projets britanniques. Les 25 septembre 1688 Louis XIV lance un ultimatum exigeant que la trêve qui lui accordait des "réunions" pour 20 ans soit transformée en traité définitif. Il fait occuper et dévaster le Palatinat dont il revendique la succession. Ceci entraîne la guerre de la Ligue d'Augsbourg dirigée par Guillaume d'Orange, Stathouder de Hollande, devenu roi d'Angleterre avec sa femmes Marie II. La guerre est indécise et coûte très cher alors que la France connaît une période de disette en 1693. Louis XIV accepte de négocier, il rend les "réunions" mais conserve Strasbourg par le traité de paix de Ryswick de 1697.

La guerre de Succession d'Espagne, menée par un coalition européenne pour empêcher le comte d'Anjou second fils du dauphin de devenir roi d'Espagne commence en 1701. La France après quelques victoires connaît de nombreux revers. La paix est signée à Utrecht en 1714 et confirme l'accession d'une branche des Bourbon sur le trône d'Espagne.Le vieux roi qui meurt en 1715, voit son fils et son petit-fils mourir avant lui. Son héritier est donc son arrière-petit-fils né en 1710.




La guerre de religion

Nuit de la Saint-Barthélémy, d'après François Dubois


Les règnes des trois fils d'Henri II, François II (1559-1560), Charles IX (1560-1574) et Henri III (1574-1589) sont marqués par les guerres de religion entre protestants et catholiques. La Réforme s'est progressivement répandue en France à partir de 1520, au point qu'en 1562, date du début des huit guerres de religion, un dixième de la population était devenue protestante. Cette guerre civile est marquée par le massacre de la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572 et les jours suivants, où les protestants sont attaqués dans leurs propres maisons par la Ligue, faisant plusieurs milliers de victimes à Paris et en province. La guerre civile est aussi une grande menace pour l'unité territoriale. Les protestants et les ligueurs font des promesses aux souverains étrangers pour obtenir leur aide. Par exemple, les réformés promettent à Elisabeth Ire d'Angleterre de lui restituer le Calaisis en échange de son intervention. De plus les troubles permettent à chacun des partis en présence de s'arroger des parcelles du pouvoir régalien. Les princes catholiques sont tout puissants dans les régions dont ils ont obtenu le gouvernement comme les Guise en Bourgogne, les Montmorency en Languedoc. L'édit de Beaulieu de 1576 permet aux protestants de célébrer leur culte publiquement partout sauf à Paris. Ils peuvent occuper huit places fortes et bénéficient de chambres mi-partie dans les parlements. Ils constituent alors un véritable Etat huguenot dans l'Etat. L'édit de Nantes de 1598 ne revient qu'en partie sur ces privilèges.

Après l'assassinat commandé par Henri III du duc de Guise, chef de la Ligue catholique en France, l'université de théologie de la Sorbonne décrète, lors d'une assemblée tenue le 7 janvier 1589, la déchéance du roi tyran. Cette même assemblée fait savoir que "le peuple français était délié du sommet de fidélité prêté à Henri III et qu'il pouvait s'armer pour la défense de la religion". Cela suffira au moine Jacques Clément à assassiner le roi six mois plus tard. Le trône, ne possédant plus d'héritier dans la branche des Valois, passe alors à une branche cadette, les Bourbons, en la personne d'Henri IV, auparavant roi de Navarre. Mais celui-ci étant protestant, il n'est pas reconnu par les ultracatholiques de la Ligue. Il lui faut reconquérir son royaume et se convertir au catholicisme, ce qu'il fait en 1593. Une fois son pouvoir consolidé, Henri IV met un terme aux Guerres de religion en promulguant l'édit de Nantes de 1598. Aidé de son ministre Sully, Henri IV tâche de remettre sur pied le royaume durement éprouvé par les guerres de religion. Lorsque Henri IV est assassiné par Ravaillac, un catholique fanatique en 1610, il lègue à son fils Louis XIII un royaime considérablement renforcé.
 

L'époque moderne

Evolutions et bouleversements du XVIe siècle

L'affirmation de la puissance royale

 Les parlers de France au XVIe siècle


De la fin du XVe siècle à la fin de la première moitié du XVIe siècle, la politique extérieure française est largement dominée par les guerres d'Italie. Les Valois veulent faire valoir les droits hérités de leurs ancêtres sur le royaume de Naples, et le duché de Milan. En 60 ans, ils conquièrent et perdent quatre fois Naples, six fois le duché de Milan. Finalement, ils abandonnent toute ambition en Italie. On peut se poser la question de l'utilité de telles expéditions, sans cesse recommencées et se terminant à chaque fois par des échecs. Il existe plusieurs facteurs explicatifs: l'attrait des richesses et de la culture des prestigieuses villes italiennes, la volonté d'avoir le contrôle de passage qui permettent de menacer les intérêts de Habsbourg par le Sud. Au XVIe siècle, les stratégies militaires se nouent, entre autres, autour de l'idée de frontière offensive. Il s'agit d'occuper des points d'appui pour en priver l'adversaire, plus que d'agrandir le territoire du royaume.


François Ier par François Clouet

En 1519, Charles Quint, roi d'Espagne depuis 1516, hérite des possessions des Habsbourgs (Empire d'Autriche, Pays-Bas, Franche-Comté). La France est l'obstacle à abattre pour unifier territorialement ses possessions. Il dispose aussi des inépuisables réserves d'or et d'argent des colonies espagnoles d'Amérique. François Ier se présente en vain à l'élection du Saint-Empire romain germanique pour limiter l'influence du Habsbourg. Il échoue aussi à s'assurer l'alliance d'Henri VII d'Angleterre. A partir de 1521, la France entame une guerre longue et difficile. Celle-ci commence par le désastre de Pavie en février 1525. François Ier, imprégné des valeurs chevaleresques refuse de reculer et est fait prisonnier. Il est contraint de signer le traité de Madrid en 1526, qui ampute la France d'un tiers de son territoire mais reprend la guerre aussitôt libéré. En 1529, il doit abandonner la suzeraineté de la Flandre et de l'Artois, deux possessions de Charles Quint. Ce dernier renonce à revendiquer la Bourgogne. Bien que combattant la Réforme dans le royaume, François Ier s'allie aux princes protestants allemands et même au sultan de l'Empire ottoman, Soliman le Magnifique pour desserrer l'étau habsbourgeois. Henri II continue la lutte. Il reprend le Boulonnais et le Calaisis aux Anglais. En échange de son soutien aux princes réformés allemands en guerre contre l'empereur Charles Quint, il obtient le droit d'occuper Calais, Metz, Toul et Verdun. En 1559, le traité du Cateau-Cambrésis signe enfin la paix entre la France et l'Espagne.

Au XVIe siècle, la guerre s'est considérablement transformée. L'artillerie dont le rôle est déterminant dans les batailles navales et dans les sièges commence à être utilisée pour les combats en rase campagne. La France, pour maintenir sa puissance dans le jeu européen, doit non seulement entretenir une armée permanente (les compagnies d'ordonnance créées par Charles VII), mais aussi posséder une solide artillerie et construire des forteresses capables de résister aux nouvelles techniques de guerre.

La Renaissance italienne gagne la France depuis, notamment par le biais des guerres d'Italie. François Ier amène Léonard de Vinci à sa cour. C'est l'époque de la construction des châteaux de la Loire: Blois, Chambord, Chenonceau, qui sont autant de lieux où triomphe la vie de cour. La sculpture, la peinture et l'architecture françaises se transforment sous l'influence du modèle italien donnant naissance à la Renaissance française dont la forme la plus aboutie est l'école de Fontainebleau. François Ier est le premier roi de France à avoir compris que le rayonnement artistique d'un pays est un élément de gloire et de puissance. Comprenant l'importance des possessions coloniales, François Ier finance des expéditions lointaines. En 1534, le Breton Jacques Cartier découvre la Nouvelle-France, et qui deviendra plus tard le Canada.

Tout ceci coûte fort cher. La taille est multipliée par quatre au cours du siècle, elle passe de 5 à 20 millions de livres. Mais les ressources fiscales sont insuffisantes pour financer les dépenses.Les rois de France ont recours à l'emprunt-la dette double entre 1522 et 1550-à la banqueroute en 1558 et 1567 qui permet d'annuler certaines dettes mais surtout d'en rééchelonner le paiement et à la vénalité des offices. Un office est une fonction publique dont le titulaire est inamovible depuis 1467 et qu'il achète. Si la vénalité existait déjà au XVe siècle, Louis XII et François Ier l'ont systématiquement développé. Avec elle s'instaure peu à peu l'hérédité officialisée avec la création de la paulette en 1604, une taxe annuelle 1/60e de la valeur d'achat de l'office. Si les avantages sont évidents, procurer aux rois des rentrées d'argent rapides, les inconvénients le sont aussi.

C'est sous le règne de François Ier que l'Auvergne rejoint définitivement le domaine royal. Henri IV fait l'acquisition de la Bresse, le Bugey, le pays de Gex, ce qui le met en situation de gêner les communications entre les possessions des Habsbourg. Dans un premier temps, il refuse d'unir à la couronne ses fiefs personnels sous prétexte de préserver les intérêts de sa soeur. Le parlement de Paris refuse, en 1590, d'enregistrer les lettres séparant les biens patrimoniaux de la famille de Navarre et le domaine royal. Après la mort de sa soeur, Henri IV accepte l'intégration de ses fiefs au domaine royal. C'est aussi au XVIe siècle, que se forge la théorie de l'inaliénabilité de domaine royal. Le roi ne peut plus donner en apanage des fiefs à ses fils cadets.

La guerre de Cent Ans












 La France en 1435





  •     En ligne rouge : les frontières du Royaume français en 1477
La France à la fin du XVe siècle 



La guerre de Cent Ans oppose la France et l'Angleterre pour la succession au trône de France, de 1337 à 1453. Malgré ce que son nom peut laisser croire, elle n'est pas continue mais compte 55 années de trêve pour 61 années de combats. Elle ne touche pas tout le royaume mais elle apporte la désolation et la mort là où elle a lieu: pillages, épidémies et désertification accompagnent les bandes de mercenaires qui, en l'absence d'intendance et de solde régulière, se paient en mettant à sac les régions où ils stationnent, même celles du prince qui les emploie. Pendant cet interminable conflit, le territoire français est le champ de combats épisodiques mais acharnés entre rois de France et rois d'Angleterre. Les Anglais bénéficient de la supériorité tactique de leur armée (et particulièrement de leurs archers). Ils infligent à la chevalerie française pourtant très supérieure en nombre, deux cuisantes défaites à Crécy en 1346 et Poitiers, bataille durant laquelle le roi de France, Jean II le Bon est fait prisonnier. Le dauphin Charles est contraint de signer le traité de Brétigny en 1360 qui concède aux Anglais un bon tiers du royaume de France, prévoit le paiement d'une énorme rançon de 3 millions d'écus d'or pour la libération de Jean II le Bon, soit l'équivalent des recettes du roi pendant deux ans. Celui-ci meurt à Londres en 1364 sans que la rançon ait été complètement versée.

Son fils, Charles V est un bon stratège: la paix obtenue permet de lui redonner les capacités de reconquérir les territoires cédés en évitant les grandes batailles rangées et confie à de grands capitaines tel Du Guesclin la reconquête du territoire en reprenant une à une les places fortes de l'ennemi par une stratégie de sièges successifs. En 1377 les Anglais ne contrôlent plus que la Bayonne, Bordeaux, Brest, Calais et Cherbourg.

Le redressement est provisoire.La folie de Charles VI plonge le pays dans la guerre civile entre Philippe Le Hardi duc de Bourgogne, oncle du roi, et Louis d'Orléans, frère du roi. Ce dernier prend le contrôle de l'Etat et s'allie avec des seigneurs du sud-Ouest hostiles au roi d'Angleterre. L'accent de ces méridionaux va donner le nom des partisans du duc d'Orléans: les Armagnacs. Le duc de Bourgogne a lui intérêt à ménager les Anglais qui commercent avec son comté de Flandre. Ces derniers profitent de la confusion pour lancer une chevauchée dévastatrice à travers la France. Après avoir évité Paris ils traversent la Picardie en direction de Calais. Ils sont rejoints à Azincourt en 1415 par la fine fleur de la chevalerie française. Les Français subissent de nouveau une défaite meurtrière face à une armée anglaise épuisée et moins nombreuse: le parti des Armagnacs est décapité. Le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, en profite pour s'emparer de la Champagne puis de Paris. Son fils, Philippe le Bon, pousse Charles VI à signer le 21 mai 1420 le traité de Troyes qui stipule:

  • Charles VI doit déshériter son fils le dauphin Charles. Il le déclare inapte à régner dans la mesure où il a fait tuer le duc de Bourgogne Jean sans peur, le 10 septembre 1419.
  • Le roi Henri V d'Angleterre devient immédiatement régent du royaume de France et doit épouser Catherine de France, fille du roi fou.
  • A la mort de Charles VI, le royaume de France doit revenir au fils d'Henri V et de Catherine.
 Lorsque Charles VI meurt en 1422, la France est divisée en trois: le nord et l'ouest sont sous contrôle du frère d'Henri V, Jean de Lancastre duc de Bedford, en tant que régent du jeune roi anglais, futur Henri VI, le Nord-Est où est le duc de Bourgogne est quasi indépendant, le sud de la Loire où le dauphin, prend le titre de Charles VII mais est surnommé le "roi de Bourges" par la propagande anglaise qui met en doute sa légitimité (dans la mesure où le château de Bourges est la demeure favorite de Charles).
Mais la clé du conflit est celle du choix de la nationalité. Les Anglais par leur stratégie de pillage (les fameuses chevauchées) se sont fait haïr par le peuple et ne sont soutenus que par les artisans et les universitaires des grandes villes.Le rôle de Jeanne d'Arc est plus politique et psychologique que militaire: elle catalyse cette volonté "de bouter les Anglais hors de France". Elle participe au siège d'Orléans et après la bataille de Patay insiste pour que le sacre de Charles VII ait lieu à Reims (ce qui est extrêmement symbolique et interprété à l'époque comme un nouveau signe de volonté divine car la ville est en plein territoire bourguignon). Elle permet de justifier la naissance légitime du roi, faisant oublier les rumeurs prétendant qu'il était le fils illégitime du duc d'Orléans et permet son sacre.La voie est alors libre pour la reconquête du territoire français. Le rôle militaire propre de Jeanne d'Arc est faible: durant l'hiver 1429, elle s'empare du village de Saint-Pierre-le-Moûtier, échoue devant la bourgade de la Charité-sur-Lore avant d'être fait prisonnière devant Compiègne (24 mai 1430). La fin du conflit est proche: Charles VII fait la paix avec les Bourguignons en 1435 (traité d'Arras) et privés de leur puissant allié et sans soutien sur le terrain, les Anglais sont chassés de France en 1453 après la bataille de Castillon.
Les rois de France regagnent prestige et autorité. Ils ont encore affaire à forte partie avec les Grands Ducs d'Occident Philippe le Bon et Charles le Téméraire, qui ont joint les Pays-Bas à leurs possessions bourguignonnes et se posent parmi les plus puissants souverains d'Europe. Charles VII et son fils Louis XI les considèrent comme leurs principaux rivaux.
A la mort du Téméraire, ses possessions qui provenaient de la famille capétienne sont reprises par Louis XI mais les Pays-Bas reviennent à sa fille unique, Marie de Bourgogne qui les apporte à son époux Maximilien d'Autriche: le partage devient une source de conflit entre les maisons de France et d'Autriche.
Le Moyen Âge s'achève sur la fin de l'indépendance de fait des grandes principautés qu'étaient le duché de Bourgogne (1482) et le duché de Bretagne (vaincu en 1488, rattaché en 1491, et formellement uni au royaume en 1532).

Crises et mutations du bas Moyen Age (du XIVe au XVe siècle)

Tout l'Occident est affecté par les famines, la peste noire et de nombreux conflits. Mais la France, l'état le plus peuplé d'Europe, est davantage touchée par les malheurs, d'autant plus qu'elle est le cadre d'une guerre interminable entre 1337 et 1453, la guerre de Cent Ans.

Le temps des crises

A la fin du XIIIe siècle, on assiste en France à un retournement de conjoncture: il n'y a plus de terre à défricher. La production agricole stagne alors que la population continue à augmenter. L'épuisement des mines d'or et d'argent freine le développement de la monnaie et par là même les échanges commerciaux. Du début du XIVe siècle à la fin du XVe l'Europe entière connaît un petit âge glaciaire: les hivers sont plus longs et plus froids, les étés plus frais et plus humides, ce qui fait pourrir les récoltes sur pied. Les crises économiques qui en résultent entraînent des troubles politiques et sociaux accentués par la faiblesse de certains rois pendant la guerre de Cent Ans.

Dans les années 1315-1317, le mauvais temps entraîne des récoltes insuffisantes. Le prix des céréales augmente, ce qui génère la famine avec une surmortalité des plus pauvres. Les famines persistent jusqu'à la fin du XVe siècle.La situation des paysans est catastrophique: soit ils mangent la part de grains réservée aux semailles et la famine s'accentue l'année suivante, soit ils préservent les grains à semer et, dès la fin de l'hiver, la mortalité augmente, faute de nourriture suffisante. Les textes de l'époque font aussi état de loups entrant dans les villes pour se nourrir, car eux-mêmes privés de proies.

A partir de 1348, la peste qui avait déjà ravagé la France dans l'Antiquité et le haut Moyen Age, fait un retour en force provoquant la mort de presque un tiers de la population française. En 1361-1363, et en 1418-1419, une forme de peste fait ravage parmi les enfants. Les révoltes se multiplient, notamment à Paris: révolte d'Etienne Marcel, révolte des Cabochiens. Dans les campagnes les jacqueries sont nombreuses.

Les différentes crises ont eu aussi des aspects positifs.Les paysans et les artisans qui survivent aux famines et à la peste voient leur condition de vie s'améliorer du fait de la hausse des salaires causée par la raréfaction de la main-d'oeuvre. La noblesse décimée lors des grandes batailles de la guerre de Cent Ans se renouvelle. Les bourgeois achètent des seigneuries.
 
 

La fin des Capétiens directs

La lignée des Capétiens directs se termine par les règnes successifs des trois fils de Philippe IV qui meurent sans héritier mâle. Lorsque Charles IV le Bel, le dernier fils de Philippe le Bel, meurt en 1328, c'est la première fois depuis l'élection d'Hugues Capet que le défunt roi n'a pas d'héritier mâle. Deux prétendants sont en lice, Edouard III, roi d'Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel et Philippe de Valois, neveu de Philippe le Bel. L'assemblée des grands du royaume préfère Philippe car il est de France et plus mûr que son jeune rival anglais. Cet événement marque le début de la dynastie des Capétiens-Valois, branche collatérale des Capétiens directs.

Les transformations économiques et sociales






Le bas de cet extrait de la tapisserie de Bayeux, XIe siècle, montre des travaux agricoles avec herse et charrue



Même si les sources écrites manquent, plusieurs indices montrent que la vitalité démographique de la France est très importante à partir du XIe siècle. Des hommes venus du royaume de France tiennent le premier rang dans la conquête en 1066 de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie. Les chevaliers francs jouent un rôle prépondérant dans la reconquista de l'Espagne musulmane dès le milieu du XIe siècle. Ils sont si nombreux à participer à la première croisade à la fin du XIe siècle, que les Etats créés après la prise de Jérusalem en 1099 sont appelés Etats francs d'Orient. L'augmentation de la population accompagne les grands défrichements. Des nouvelles techniques agricoles se diffusent permettant de cultiver les terres riches et lourdes du bassin parisien: charrues à roue et à versoir qui aèrent le sol, herses qui brisent les mottes. Villages, églises et châteaux-forts façonnent le paysage des campagnes. Le retour à une paix relative favorise la circulation des marchandises et des hommes, la circulation monétaire et la renaissance des villes. Les artisans et les marchands se révoltent bien vite contre l'autorité tatillonne des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques et parviennent à obtenir des chartes de libertés leur permettant de s'administrer eux-mêmes. Dans les villes, les artisans exerçant une même activité se regroupent en organisations professionnelles très rigides et protectionnistes.

Le XIIIe siècle consacre le rayonnement français. Les historiens pensent qu'au cours de ce siècle la population passe de 12 millions à 20 millions d'habitants, grâce aux améliorations des pratiques agricoles qui permettent l'augmentation des rendements des terres cultivées. Ceci n'empêche pas les campagnes d'être secouées par des révoltes, le plus souvent locales contre les droits féodaux ou la dîme. Pourtant le XIIIe siècle est celui des chartes d'affranchissement qui permettent aux paysans d'améliorer grandement leur condition juridique et fiscale. Paris devient la ville la plus importante de l'Occident chrétien avec près de 200 000 habitants, soit le double de Venise. Son rayonnement est assuré par son université, ses édifices religieux célèbres dans toute la chrétienté, telle que la Sainte-Chapelle où sont conservées les reliques de la couronne d'épines et du bâton de Moïse, la cathédrale Notre-Dame de Paris, ses ateliers de miniatures et d'ivoire. Pourtant dès le milieu du XIIIe siècle, des signes d'essoufflement économique apparaissent. Les petits seigneurs s'appauvrissent.La croissance de la population a abouti à un fractionnement des tenures. L'écart s'élargit dans les villes entre les riches et les pauvres entraînant des révoltes du "menu" peuple contre le peuple "gras" entraînant des grèves et des conflits comme à Douai, Paris, Ypres.

 

mardi 14 juillet 2015

Les Capétiens et la consolidation de l'Etat(XIe-XIIIe siècle)

L'évolution du pouvoir royal


Le royaume des Francs sous Hugues Capet


                                                                                               Carte dynamique illustrant la
                                                                                                       formation territoriale de la France 
                                                                                             métropolitaine de 985 à 1947.




Philippe-Auguste mène une lutte
victorieuse pour abaisser la puissance
des Plantagenêts et agrandir le
domaine


Le règnes des premiers Capétiens est marqué par la faiblesse du pouvoir royal face aux grands seigneurs à la tête de principautés. Hugues Capet n'intervient jamais au sud du royaume. Son autorité est limitée au domaine royal, les biens matériels et les vassaux directs sur lesquels il exerce un pouvoir direct. Les premiers Capétiens ne possèdent qu'un domaine peu étendu, réduit pour l'essentiel à une zone entre Beauvais et Orléans, vestige du duché de France de Robert le Fort. Par une politique habile de la plupart d'entre eux, ils assureront la croissance du domaine royal. Face aux grands du royaume quasi indépendants, ils possèdent cependant trois atouts:

  • Ils parviennent à rendre héréditaire leur lignage en faisant élire et sacrer leurs fils de leur vivant, et en les associant au trône (usage suivi jusqu'à Philippe Auguste).
  • Les rois de France sont au sommet de la hiérarchie féodale et ne rendent hommage à personne pour leurs possessions. Mais, féodalité oblige, tous les grands féodaux du royaume doivent l'hommage au roi. Les plus prestigieux vassaux du roi de France étaient les souverains d'Anjou et d'Angleterre. Par la moindre étendue de ses domaines placée sous son administration directe, le roi de France était plus faible que bien des vassaux, mais en termes de vassalité, c'était bien le roi de France qui se trouvait au sommet de la pyramide du pouvoir du système féodal. Un adage dit que "Rex francorum imperator est in suo regno": "le roi est empereur en son royaume".
  • Le sacre permet aux Capétiens d'acquérir un caractère divin à travers l'onction, faite grâce à l'huile de la sainte Ampoule, don du Saint-Esprit. Ainsi le roi, chrétien depuis le baptême de Clovis, devient de plus, un roi de droit divin, qui ne tient son pouvoir que de Dieu. Depuis Robert le Pieux, fils d'Hugues Capet, on attribue aux Capétiens des pouvoirs thaumaturgiques, par simple toucher, ils étaient censés guérir des écrouelles ou scrofules.
  
Le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec le comte d'Anjou, devenu roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II Plantagenêt, fait de ce dernier un vassal du roi de France bien plus puissant que son suzerain, comme le montre la première carte. Philippe II, dit Philippe-Auguste a comme objectif principal l'abaissement des Plantagenêts. Entre 1202 et 1205, il fait la conquête sur jean sans Terre de la Normandie, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine, du nord du Poitou et de la Saintonge. Jean sans Terre tente de réagir en organisant une coalition réunissant également l'empereur germanique Othon IV et le comte de Flandre. Le dimanche 27 juillet 1214, Philippe II triomphe de la coalition lors de la bataille de Bouvines.Sur le plan intérieur, Philippe-Auguste augmente les ressources royales par une bonne administration, ce qui lui permet de rétribuer des mercenaires, de construire des nouveaux remparts autour de Paris, de paver la ville et d'édifier la forteresse du Louvre. A sa mort, le domaine royal est considérablement agrandi. Ses successeurs vont continuer son oeuvre.

Son petit-fils, Louis IX, signe enfin la paix avec les Plantagenêt. Il affirme le droit du roi légiférer dans tout le royaume, y compris dans les grands fiefs quand l'intérêt commun l'exige. Il met en circulation une monnaie royale stable et fiable, le gros tournois d'argent valable dans tout le royaume. Il place définitivement la monarchie au dessus du bien commun. Ses légistes affirment que rien ne peut justifier la rébellion d'un vassal et qu'aucun évêque ne peut excommunier le roi. Louis IX se croise par deux fois pour combattre les musulmans en Terre sainte, de 1248 à 1254 (septième croisade) puis en 1270 en Egypte et à Tunis où il meurt de la peste le 25 août.

Philippe IV le Bel (1285-1314) est le dernier des grands Capétiens directs. Il est connu pour le rôle qu'il a joué dans la centralisation administrative du royaume. Il organise définitivement les parlements.Pendant tout son règne, il cherche à améliorer les finances royales. Comme il échoue à instaurer un impôt régulier, le budget de l'Etat fonctionne au moyen d'expédients: confiscation des biens des juifs, des marchands italiens, diminution du poids en métal précieux par rapport à leur valeur normale des pièces frappées par le roi. Pour trouver de nouveaux subsides, il organise la première réunion de représentants des trois ordres du clergé, de la noblesse et du tiers état. Ce type de réunion sera appelé plus tard Etats généraux. Il s'entoure de légistes originaires de toute la France. Mais Philippe le Bel est surtout connu pour son affrontement avec les papes, lesquels, pour échapper aux troubles continuels de Rome, s'installent à Avignon mettant pour trois quarts de siècle la papauté sous influence directe de la France. Quand il meurt en 1314, la monarchie capétienne semble consolidée et forte.




samedi 24 janvier 2015

Les Carolingiens




 Le Royaume franc sous Charlemagne





Pépin le Bref fait la conquête de l'Aquitaine, devenue indépendante et de la Septimanie, devenue l'une des cinq provinces musulmanes d'al-Andalus de 719 à 759. Il intervient même hors de ses frontières en créant notamment les Etats pontificaux après une campagne contre les Lombards. A sa mort, il partage selon la tradition franque, son royaume entre ses deux fils, Carloman et Charles mais la mort précoce de Carloman permet à Charles de régner sur un royaume des Francs unifié. Le royaume des Francs (regnum francorum) connaît sa plus grande expansion sous Charlemagne. Celui-ci étend le royaume jusqu'en Saxe à l'est, au prix de 20 années de guerre, en Bretagne, en Vasconie, en Lombardie, en Bavière et chez les Avars. Cependant, ces conquêtes en sont pas définitives et de nombreuses révoltes secoueront la Bretagne ou la Vasconie. C'est alors que se mettent en place des "marches" zones, militarisées qui servent à contrôler les attaques des Bretons ou des Vascons (Basques). Roland était maître de la marche de Bretagne (comprenant Angers, Rennes et Nantes). Cette politique de conquête a pour conséquence le couronnement impérial de Charlemagne le 25 décembre 800 par le pape Léon III. Les contemporains ont voulu y avoir une renaissance de l'Empire romain d'Occident. Mais l'Empire carolingien est centré sur la Gaule et la Germanie. Charlemagne se considère d'abord comme un roi franc. Les règnes de Charlemagne et de son fils Louis le Pieux restent cependant, entre deux vagues d'invasions, une période de renforcement du pouvoir royal, de renaissance des arts et de la culture qui a durablement marqué les esprits, "Charlemagne fonde la paix Germanique et Chrétienne, inaugure la législation sociale et rend l'enseignement primaire obligatoire".














Charles le Chauve entouré de deux papes


Louis le Pieux renonce à confisquer les terres de l'Eglise pour les donner en récompenses à ses fidèles. Ce faisant, il est obligé de puiser dans ses propres biens et affaiblit ainsi la puissance foncière des Carolingiens. Ses fils se disputent pour le partage de l'héritage carolingien. Finalement ils arrivent à un accord lors du partage de Verdun de 843. C'est à cette occasion que la Gaule est appelée pour la première fois Francie occidentale (Francia occidentalis en latin). La Francie occidentale concédée à Charles le Chauve, le plus jeune fils de Louis le Pieux donnera naissance au royaume de France à la fin du IXe siècle, après de multiples évolutions territoriales. La Francie occidentale s'étend de la mer du Nord à la mer Méditerranée, elle est grossièrement délimitée à l'Est par la Meuse, la Saône et le Rhône. Elle a pour avantage l'extrême diversité de ses paysages et de ses ressources naturelles.

Les Mérovingiens

Au milieu de ces enchevêtrements de peuples, les Francs saliens installés au Nord de la Gaule et les Francs ripuaires sur les rives du Rhin et de la Moselle, font la conquête d'une grande partie de la Gaule sous l'autorité de leur roi Clovis I (466-511). La grande intelligence de Clovis est d'avoir compris que son pouvoir ne pourrait pas durer sans l'assentiment des peuples romanisés.

 Le baptême de Clovis


Son baptême catholique par l'évêque Rémi de Reims entre 496 et 500 (le débat est toujours d'actualité) permet la collaboration des Francs avec les élites gallo-romaines. Clovis est le fondateur de la première dynastie durable sur le territoire de la France actuelle, la dynastie mérovingienne.

La conversion de Clovis, quant à elle, a été valorisée plus tard par les Capétiens en 987 pour affirmer le principe de la monarchie de droit divin, c'est-à-dire de l'origine divine du pouvoir royal. Ils popularisent la légende de la Sainte Ampoule, apportée par le Saint-Esprit représenté par la colombe, pour oindre le roi baptisé à Reims, ampoule qui sera utilisée pour les sacres des Capétiens jusqu'à la Révolution.

Les Francs ont une vision patrimoniale de leur royaume. Clovis partage son royaume entre ses quatre fils, ce qui favorise les guerres entre les héritiers. La carte du pays évolue au gré des guerres, des crises et des héritages: le royaume de Clovis est vite divisé entre Neustrie, Austrasie et Aquitaine, qui deviennent avec la Bourgogne conquise par les fils de Clovis dans les années 530, les divisions politiques majeures de la "Gaule" au VIe siècle et au VIIe siècle. Les Francs s'étendent à l'est.

Sous les Mérovingiens la période de régression amorcée dès le Bas-Empire continue. La population diminue aux VIe et VIIe siècles sous le coup des épidémies, notamment celles de la peste. La désorganisation liée aux invasions barbares contribue à la disparition des artisans spécialisés qui avaient fait la renommée de la Gaule romaine. Les routes romaines ne sont plus entretenues. Le rare transport des marchandises se fait par voie fluviale. Le grand commerce s'arrête presque totalement et une économie autarcique autour des grands domaines, les Vici, se développe. Beaucoup de paysans perdent leur liberté car ils se "donnent" aux puissants en échange de leur protection. Le terme franc finit par désigner les hommes libres, qu'ils soient d'origine germanique ou gallo-romaine, mais ils sont de moins en moins nombreux.

A partir du début du VIIe siècle, le pouvoir royal s'affaiblit au profit de l'aristocratie franque, et surtout aux "maires du palais" (major domus), sorte de premiers ministres. En effet les rois mérovingiens n'ont plus de terres à distribuer à leurs guerriers et sont donc abandonnés par ceux-ci. La famille des Pippinides originaire d'Austrasie, s'empare des mairies du palais d'Austrasie puis de Neustrie. Elle remet la Provence, la Bourgogne et l'Aquitaine, devenues quasi indépendantes, dans l'orbite mérovingienne et entame la conquête de la Frise au nord du royaume. L'un des plus fameux maires du palais, Charles Martel, repousse en 732 une armée musulmane non loin de Poitiers. Pour récompenser ses fidèles, il confisque les immenses biens fonciers de l'Eglise qu'il leur redistribue. Ceci lui permet de s'assurer de leur fidélité sans se défausser de ses propres biens. Son fils Pépin le Bref fait enfermer dans un couvent le dernier roi mérovingien, Childéric III, puis se fait élire roi par les guerriers francs en 751. Il prend aussi la précaution de se faire sacrer en compagnie de ses deux fils en 754 par le pape. Cela lui donne une légitimité nouvelle, celle de l'élu de Dieu, comme le roi David, élection supérieure à celle des guerriers francs. La dynastie mérovingienne a vécu. Commence le règne de la dynastie carolingienne.


Le Moyen Age et la formation de la France

L'histoire de la France au Moyen Âge de 476 à 1453, se caractérise par plusieurs périodes et événements marquants durant dix siècles de Clovis à Charles VIII: l'affirmation du christianisme, la désintégration de l'Empire romain, la longue genèse du Royaume de France, la grande peste, la guerre de Cent Ans..... La société est marquée par l'essor des campagnes et de la population française, le développement du commerce (foires et marchés) et la renaissance urbaine, l'apparition des universités et la formation de la langue française.

Les Francs, Mérovingiens et Carolingiens (Ve-Xe siècle)

Les Mérovingiens
















Le baptême de Clovis

Au milieu de ces enchevêtrements de peuples, les Francs saliens installés au nord de la Gaule et les Francs Ripuaires sur les rives du Rhin et de la Moselle, font la conquête d'une grande partie de la Gaule sous l'autorité de leur roi Clovis Ier (466-511). La grande intelligence de Clovis est d'avoir compris que son pouvoir ne pourrait pas durer sans l'assentiment des peuples romanisés. Son baptême catholique par l'évêque Rémy de Reims entre 496 et 500 (le débat est toujours d'actualité) permet la collaboration des Francs avec les élites gallo-romaines. Clovis est le fondateur de la première dynastie durable sur le territoire de la France actuelle, la dynastie mérovingienne.

La conversion de Clovis, quant à elle, a été valorisée plus tard par les Capétiens en 987 pour affirmer le principe de la monarchie de droit divin, c'est-à-dire de l'origine divine du pouvoir royal. Ils popularisent la légende de la Sainte Ampoule, apportée par le Saint-Esprit représenté par la colombe, pour oindre le roi baptisé à Reims, ampoule qui sera utilisée pour les sacres des Capétiens jusqu'à la Révolution.

Les Francs ont une vision patrimoniale de leur royaume. Clovis partage son royaume entre ses quatre fils, ce qui favorise les guerres entre les héritiers. La carte du pays évolue au gré des guerres, des crises et des héritages: le royaume de Clovis est vite divisé entre Neustrie, Austrasie et Aquitaine, qui deviennent avec la Bourgogne conquise par les fils de Clovis dans les années 530, les divisions politiques majeures de la "Gaule" au VIe siècle et au VIIe siècle. Les Francs s'étendent à l'est. 

Sous les Mérovingiens la période de régression amorcée dès le Bas-Empire continue. La population diminue aux VIe et VIIe siècles sous le coup des épidémies, notamment celles de la peste. La désorganisation liée aux invasions barbares contribue à la disparition des artisans spécialisés qui avaient fait la renommée de la Gaule romaine. Les routes romaines ne sont plus entretenues. Le rare transport des marchandises se fait par voie fluviale. Le grand commerce s'arrête presque totalement et une économie autarcique autour des grands domaines, les vici, se développe. Beaucoup de paysans perdent leur liberté car ils se "donnent" aux puissants en échange de leur protection. Le terme franc finit par désigner les hommes libres, qu'ils soient d'origine germanique ou gallo-romaine, mais ils sont de moins en moins nombreux.

A partir du début du VIIe siècle, le pouvoir royal s'affaiblit au profit de l'aristocratie franque, et surtout aux "maires du palais" (major domus), sorte de premiers ministres. En effet les rois mérovingiens n'ont plus de terres à distribuer à leurs guerriers et sont donc abandonnés par ceux-ci. La famille des Pippinides originaire d'Austrasie, s'empare des mairies du palais d'Austrasie puis de Neustrie. Elle remet la Provence, la Bourgogne et l'Aquitaine, devenues quasi indépendantes, dans l'orbite mérovingienne et entame la conquête de la Frise au nord du royaume. L'un des plus fameux maires du palais, Charles Martel, repousse en 732 une armée musulmane non loin de Poitiers. Pour récompenser ses fidèles, il confisque les immenses biens fonciers de l'Eglise qu'il leur redistribue. Ceci lui permet de s'assurer de leur fidélité sans se défausser de ses propres biens. Son fils Pépin le Bref fait enfermer dans un couvent le dernier roi mérovingien, Childéric III, puis se fait élire par les guerriers francs en 751. Il prend aussi la précaution de se faire sacrer en compagnie de ses deux fils en 754 par le pape. Cela lui donne une légitimité nouvelle, celle de l'élu de Dieu, comme le roi David, élection supérieure à celle des guerriers francs. La dynastie mérovingienne a vécu. Commence le règne de la dynastie carolingienne.


La paix romaine

Les provinces gauloises dans l'Empire romain au début du IIe siècle






Rien ne semble changer au début de l'occupation romaine. Certes les Gaulois doivent payer leurs tributs, mais ils gardent leurs magistrats et leur manière de vivre. Les voies Romaines reprennent en grande partie les voies gauloises déjà nombreuses et bien entretenues, ce qui explique la grande rapidité de déplacement des légions romaines, la pacification sur le Rhin et en Bretagne favorisent l'essor économique. Pierre Gros résume ainsi l'impact de la présence romaine "la conquête romaine qui a entraîné l'entrée dans les temps historiques, a modelé pour les siècles le paysage rural, établi ou aménagé les principaux axes de communication, urbanisé d'immenses terroirs, défini les territoires administratifs". L'urbanisation généralisée voit le développement de nombreuses cités, organisées sur le mode des municipes italiens, villes qui toutes perdurent encore de nos jours, tandis que les campagnes se couvrent de bourgades (vici) et de grandes exploitations agricoles (villae). La Gaule est alors avec l'Egypte la région la plus peuplé de l'Empire romain, avec une population estimée à 7 millions d'habitants. En 48, l'empereur Claude donne accès au Sénat romain aux notables gaulois, comme le montrent les Tables de Lyon.

Le développement économique bénéficie des siècles de Pax Romana: l'extension des vignes en Aquitaine, dans la vallée du Rhône et de la Saône et même dans celle de la Moselle est telle qu'elle concurrence les vins italiens. Des artisans italiens installés en Gaule créent une industrie de la céramique sigillée prospère (par exemple à La Graufesenque). L'artisanat gaulois produit aussi en abondance des objets en bois, des vêtements de laine et exporte vers les grands centres de consommation en Italie, sur le Rhin et le haut Danube. Les échanges ne se limitent pas aux biens matériels: à côté des cultes populaires du nombreux panthéon gaulois, apparaissent dans les villes d'autres religions d'origine orientale: culte de Mithra, de Cybèle, de Jésus, attesté à partir de 177. Ce dernier culte deviendra prépondérant dans les milieux urbains à partir du IVe siècle.

Cinq siècles de romanisation laissent de profondes marques sur les Gaules: des langues (occitan et français), un droit écrit et dégagé de tout principe religieux, des villes, une religion (le catholicisme), et même des habitudes quotidiennes (le pain, la vigne et le vin).

Les migrations germaniques

Le IIIe siècle voit se succéder les crises et les guerres civiles sur le sol gaulois. Bien que les provinces romaines de Germanie supérieure et de Germanie inférieure avaient été constituées dès le Ier siècle par Domitien, à partir du milieu du IIIe siècle des peuples germaniques Francs et Alamans franchissent le Rhin et pillent la Gaule à plusieurs reprises. Un éphémère empire des Gaules (terme impropre), sans que celui-ci ait un caractère national, est créé par Postumus, bientôt assassiné par ses soldats. La Gaule est touchée par l'affaiblissement démographique, le déclin des villes, le ralentissement du commerce et de la circulation monétaire ce qui amène les premières manifestations des bagaudes. Durant la même période les Romains installent en Gaule des garnisons de Lètes, parmi lesquels des Chamaves et des Hattuaires dans la future Bourgogne. La situation militaire est rétablie à la fin du IIIe siècle, et le dispositif défensif sur le Rhin incorpore de plus en plus de contingents germaniques installées avec leurs familles. Des groupes de France en Gaule Belgique et d'Alamans en Alsace servent comme troupes auxiliaires fédérées, et certains officiers francs mènent de brillantes carrières au sein de l'Empire romain.

Dans la nuit du 31 décembre 406 les peuples vandales, suèves, alains et d'autres peuples germaniques franchissent la frontière sur le Rhin, malgré la défense des auxiliaires francs, puis en 412 les wisigoths franchissent les Alpes et atteignent l'Aquitaine. Le pouvoir impérial romain leur cède des territoires puis disparaît en 476. Les structures de l'Empire se défont en Gaule, le pouvoir politique passe aux mains de royaumes barbares avec leurs propres lois, leur propre religion, l'arianisme ou le polythéisme.

Le danger que représentent les Huns, suscite une alliance temporaire des occupants de la Gaule. En 451, Aetius prend la tête d'une coalition Gallo-romaine et Franque qui stoppe le raid de pillage des Huns commandés par Attila aux champs Catalauniques. Cette bataille, qui fut bien loin d'anéantir les Huns, fut magnifiée par les historiens et enrichie de l'épisode de sainte Geneviève encourageant les Parisiens à la résistance face à Attila.

Au milieu de ces royaumes barbares, wisigoth, alaman,burgonde ou franc, un Romain, Syagrius, parvient à maintenir entre Seine et Loire une portion détachée de l'Empire comme son bien propre et se fait donner le titre de roi des Romains. Des réfugiés Bretons venus de Bretagne chassé par les Angles et les Saxons (l'actuelle Angleterre) s'installent en Armorique, qu'ils rendent indépendante du reste de la Gaule pour plusieurs siècles. Les élites gallo-romaines encore présentes dans les malheurs de l'époque, interlocuteurs du pouvoir militaire des rois germaniques qui se partagent la Gaule et derniers représentants de la culture romaine. Citons parmi ceux parmi ceux-ci Avit de Vienne, Nizier de Lyon, Rémi de Reims, Grégoire de Tours. Sur une médaille d'or de Constantin, datant sans doute de 310, on lit pour la première fois, le mot Francia.
 

Epanouissement de la civilisation gauloise (-250à -52)

La civilisation gauloise connaît une période particulièrement florissante. L'émergence de véritables villes fortifiées (oppida) de dimensions bien plus importantes que les forteresses des périodes antérieures, ou encore l'usage de la monnaie sont des traits caractéristiques de cette civilisation.

Dès la fin du IVe siècle av.J.-C et au début du IIIe siècle av.J.-C., certains Belges (Germini cisrhernani) progressent cependant vers l'Oise, comme en témoigne le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre et celui de Gournay-sur-Aronde, lieux de batailles contre probablement des Armoricains ou des Gaulois belges ayant fait environ mille tués leur permettant ainsi de conquérir des territoires de ces derniers.

Au IIe siècle av.J.C, se met en place une relative hégémonie Arverne caractérisée par une forte puissance militaire et une grande richesse de ses chefs. Au même moment l'emprise romaine augmente dans le Sud de la Gaule. Elle se manifeste d'abord sur le plan commercial. Les fouilles archéologiques ont monté qu'au cours du IIe siècle av. J.C., les amphores italiennes remplacent peu à peu celles venant de Grèce dans le commerce marseillais. A plusieurs reprises les Marseillais font appel à Rome pour les défendre contre les menaces des tribus celto-ligures et les pressions de l'empire arverne.



 
 Une image d'Epinal: Vercingétorix dépose les armes aux pieds de Jules César à l'issue du siège d'Alésia







                           

                               La Gaule après la conquête de Jules César   













Le sud-est de la Gaule, notamment les régions actuelles du Languedoc et de la Provence, est conquis par Rome avant la fin du IIe siècle et forme la province romaine de Narbonnaise. Cette région, qui va des Pyrénées aux Alpes en passant par la vallée du Rhône, est un territoire stratégique pour relier l'Italie à l'Hispanie, conquise lors de la seconde guerre punique. La conquête de ces régions s'achève en -118 après la défaite des Arvernes et des Allobroges et l'alliance de Rome avec le peuple gaulois des Eduens. Après la chute de l'hégémonie arverne sous la pression des Romains, les grands peuples de Gaule-Eduens et Séquanes en particulier-connaissent une forte rivalité.

En -58, Jules César utilise la menace que fait peser la pression germanique sur les Gaulois pour intervenir à l'appel des Eduens, alliés de Rome. La guerre est longue et murtrière en janvier -52, avec l'accession au pouvoir de Vercingétorix, les Arvernes et leur clientèle se soulèvent contre l'armée du proconsul. Jules César fait face à la détermination des Gaulois dont le soulèvement est quasi général. Sièges, incendies de cités, politique de la terre brûlée et massacres, déportation en esclavage sont alors au programme qui s'achève par une victoire romaine face à la fougue gauloise désorganisée. En -50, Jules César laisse une Gaule exsangue. Il laisse aux villes une grande autonomie.

La Gaule romaine

L'empereur Auguste organise la Gaule en quatre provinces: à la Narbonnaise suffisamment romanisée pour devenir une province sénatoriale, il ajoute la Gaule aquitaine, la Gaule lyonnaise et la Gaule belgique. Les limites des Gaules dépassent largement celles de la France actuelle, principalement en ce qui concerne la Gaule Belgique. Lyon est choisie comme capitale des Gaules. Au IIe siècle il existe déjà une communauté chrétienne dans cette ville. Vers la fin du IVe siècle, en Gaule, presque toute la population des villes a basculé du côté du Christ. Peu à peu l'église se ceint d'une administration où un évêque dans chaque cité devient de la communauté.

vendredi 23 janvier 2015

Développement des relations commerciales

Les relations commerciales lointaines se développent. Vers -600, est fondé le comptoir grec de Massalia (Marseille) sur les bords de la Méditerranée par des marins grecs venus de Phocée (lui conférant son surnom toujours usité de "Cité phocéenne"). Lors de cette fondation les Phocéens se heurtent à des tribus celtiques. D'autres comptoirs du même type, avant et après cette date, voient le jour surtout le long du rivage (Antibes dès -680, Alalia (Aleria) vers -565). Massalia prend toutefois un ascendant décisif sur ses rivales vers -550 avec l'arrivée en masse de réfugiés phocées, Phocée étant tombé aux mains des Perses. L'influence grecque se manifeste le long des grandes voies commerciales grâce au rôle actif de Massalia. Les tombes princières montrent la présence de luxueux objets provenant du pourtour méditerranéen (notamment d'Egypte), ce qui atteste la dimension commerciale de la richesse de ces aristocrates.

Interrompues pendant les invasions du Ve siècle, les relations commerciales avec Marseille reprennent avec vigueur à la fin du IVe siècle av.J.C. Au cours de cette période, on trouve des céramiques et des pièces de monnaie grecques dans toute la vallée du Rhône, dans les Alpes et même en Lorraine.

Le temps des Celtes

Des vagues successives de -1300 jusqu'à La Tène (-500)

La colonisation de la future Gaule par les Celtes originaires d'Europe centrale débute vers -1300 avec la civilisation des champs d'urnes pour se terminer vers -700. Les Celtes colonisent l'est du territoire (Germanie supérieure) le plus souvent de manière pacifique. Pasteurs nomades à leur arrivée, ils deviennent des agriculteurs sédentaires entre -1200 et -900. C'est à cette époque qu'apparaissent les premières agglomérations permanentes fortifiées. Vers la fin du VIIIe siècle av.J.C, la métallurgie du fer se répand (âge du fer). Une nouvelle aristocratie guerrière se constitue grâce à l'apparition des épées de fer et au combat à cheval. Elle bouleverse l'organisation sociale des Celtes jusque-là agraire et égalitaire. Les "princes et princesses de la Celtique" (Patrice Brun) se font enterrer avec armes et chariots d'apparat, comme à Vix en Côte-d'Or (-550 à -450) (Bourgogne).


Char gaulois d'apparat

Selon Tite Live, les surabondantes populations des guerriers des Biturgies, Avernes, Eduens, Ambarres, Carnutes et Aulerques sous conduite du légendaire biturige Bellovesos envahissent la plaine du Pô et se joignent aux insubres tribus celtiques qui fondent vers -600 Mediolanum (Milan).

Conséquemment au climat vers la fin de l'âge du bronze danois, les Celtes provenant des régions rhénanes (Rhin-Danuben forêt Hercynienne) font à leur tour la conquête du territoire celtique de la Gaule à la fin du VIe siècle av. J.C. et au début du Ve siècle av.J.C.

C'est le second âge de fer ou période de la Tène. Cette nouvelle période d'expansion correspond à des transformations économiques et sociales. Les guerriers aristocrates peu nombreux sont remplacés par des paysans-soldats regroupés autour d'un chef de clan. L'araire à soc de fer remplace l'araire en bois. Il permet de labourer les terres lourdes du centre et du nord de la France actuelle. Ceci explique en grande partie la colonisation de terres nouvelles, la croissance démographique et les nouvelles invasions qui en ont résulté.

Vers le début du -390 le chef sénon Brennos mène des guerriers celtes (Sénons, Cénomans, Lingons entre autres) en Italie du Nord où ils se joignent à d'autres peuples celtiques, parmi lesquels les Insubres, les Boïens et les Cani. Rome est prise en -390. Les Romains vont contenir ces envahisseurs à partir de la fin de -349.

Le Néolithique

Vers le VIe millénaire av.J.C dans le Sud-Est, entre -5700 et -5500 dans l'Est de la France (voir groupe de La Hoguette, Rubané, Cardinal), apparaissent progressivement la culture des céréales, la domestication des animaux, et les nouvelles techniques artisanales comme la poterie, le tissage, le polissage des pierres. Les groupes humains se sédentarisent, donnant naissance aux premiers villages et aux premiers tombeaux mégalithiques: tumulus, cairns, dolmens, et menhirs. Les menhirs sont très présents en Bretagne, isolés ou en alignement comme à Carnac (4km, 2 935 menhirs), ou cromlech comme au pic de Saint-Barthélemy près de Luzenac en Ariège. Selon Fernand Braudel, c'est à la fin du Néolithique que "l'identité biologique" de la future France avec déjà les diversités de physionomies qui la caractérisent aujourd'hui se met en place.

Les nombreux mélanges ethniques y demeureront et les invasions qui suivront, Celtes, Germaniques, etc...., se perdront peu à peu dans la masse des populations déjà installées tels les Ligures et les Vascons.

La question de savoir si l'agriculture s'est répandue au gré des migrations humaines ou par la diffusion des idées et des techniques agricoles est toujours débattue mais une étude récente de la diversité génétique des populations modernes a quelque peu éclairci la situation. En effet, en janvier 2010, dans cette étude scientifique financée par le Wellcome Trust sur la diversité génétique des populations modernes, des chercheurs de l'université de Leicester au Royaume-Uni ont étudié des échantillons de toute l'Europe, dont des Français de plusieurs régions (Finistère, Pays basque, Vendée, Haute-Garonne...), et établi que la plupart des hommes européens, descendent d'agriculteurs migrants qui sont arrivés du Proche-Orient il y a entre 5 000 et 10 000 ans. Le professeur Mark Jobling, qui a conduit l'équipe de recherche, déclarait ainsi: "Nous avons étudié la lignée la plus répandue du chromosome Y en Europe, qui correspond à environ 110 millions d'hommes: elle montre un gradient régulier du sud-est vers le nord-ouest, atteignant presque les 100% en Irlande. Nous avons étudié la répartition de cette lignée, sa diversité dans les différentes régions d'Europe, et son ancienneté". Les résultats suggèrent que cette lignée R1b-M269 (tout comme les lignées E1b1b et J) s'est répandue avec l'agriculture, depuis le Proche-Orient. Le Dr Patricia Balaresque, auteur principal, déclarait: "Au total, plus de 80% des chromosomes Y des européens viennent de ces agriculteurs. Par opposition, la plupart des ligénes génétiques maternelles semblent venir des chasseurs-cueilleurs. Ceci suggère un avantage reproductif des agriculteurs sur les hommes locaux, lors de l'abandon des pratiques de chasse et de cueillette.

Des origines à la fin de la Gaule romaine

Des premiers groupes humains à l'arrivée des Celtes

Les occupants du Paléolithique



Les galets aménagés découverts à Chilhac dans la Haute-Loire constitueraient les plus anciens témoignages d'occupation humaine sur le territoire français et dateraient de -2 mai. Toutefois, leur ancienneté et même leur caractère anthropique sont fortement contestés. A Lézignan-la-Cèbe dans l'Hérault fut découverte la plus ancienne preuve de trace humaine connue sur le sol français datée entre 1,6 et 1,56 millions d'années mais elle peut remonter encore plus loin par la découverte d'une vingtaine d'artefacts de type pebble culture confectionnés à partir de supports divers (quartzite, basalte, micro-granite.....) datés entre -1,6 et -2,5 millions d'années.

Vers 1Ma, lors de la glaciation de Günz, la grotte du Vallonnet près de Roquebrune dans les Alpes-Maritimes est habitée par des petits groupes d'Homo erectus. Ils occupent ensuite de nombreux sites jusque dans la vallée de la Somme. Vers -400 000 ans, une seconde vague de peuplement arrive de l'est. A Terra Amata près de Nice, les chercheurs ont trouvé des vestiges acheuléens ainsi que l'un des plus anciens foyers attestés. Vers -280 000 ans, les atlanthropes d'Afrique du Nord s'installent en Espagne et en France et passent en Angleterre à pied sec, ils façonnent des outils bifaciaux en amande, à la pointe acérée, fixée au bout d'un manche ou servant de hache.

Du 200e au 35e millénaire av.J.-C., les hommes de Néandertal sont présents sur l'ensemble du territoire correspondant à la France actuelle. Ils taillent le silex selon la méthode Levallois. Sur les sites des Eyzies et du Moustier en Dordogne, de nombreux outils ont été retrouvés: racloirs, bifaces, pics, ciseaux. Il chassent le bison, l'aurochs, le cheval, le loup et le renne. Ils ont laissé les plus anciennes traces de sépultures en France: les morts sont ensevelis dans des fosses de 1,40X1X0,30m, des offrandes sont déposées à côté des corps (rations de viande, objets en silex, etc.).

A partir de -38 000 (l'Aurignacien pendant l'interstade ou oscillation Hengelo-Les Cottès), l'homme de Cro-Magnon peut-être à l'origine des Ligures, venu de l'est peuple les régions occupées par les hommes de Néandertal et les remplace ou les assimile progressivement. Les hommes de Cro-Magnon sont de remarquables artisans. Ils ont laissé des pointes de sagaies en os longues et finement travaillées, les spatules, des poinçons, des lissoirs décorés. Les sites attestant de leur activité sont très nombreux: Bayac (Gravettien), Pincevent, la grotte de Lascaux célèbre pour ses peintures et 1 500 gravures, celles de Cosquer, de Gargas et de Chauvet.... Le site de La Madeleine en Dordogne habité vers le XVIe millénaire av.J.C par des chasseurs de rennes et des pêcheurs a livré des harpons à pointe mobile et a donné son nom à la civilisation de cette période: le Magdalénien, qui succède alors au Solutréen.

Durant l'interstade Bölling-Allerod apparaissent successivement au nord-est les cultures de Hambourg puis Federmesser et ahrensbourgienne. Vers le Xe millénaire av.J.C, le climat se réchauffe. La fin des grandes glaciations amène la disparition du renne et du phoque. Le mésolithique est alors marqué par une culture (le Sauveterrien) qui se répand du sud-ouest français au nord-est plus froid à la poursuite du gibier. L'engloutissement du Doggerland accentué par un mégatsunami causé par l'effondrement de Storegga vers la fin du VIIe millénaire aurait eu comme conséquence un déplacement de population proto-germanique vers l'Ouest jusque dans les Iles Britanniques et vers le Sud jusque dans le nord de la Gaule (Belgique) associé au Tardenoisien.

La France

Histoire de France



L'occupation humaine du territoire correspondant aujourd'hui à la France est fort ancienne. Aux groupes présents depuis le Paléolithique et le Néolithique sont venues s'ajouter, jusqu'au premier millénaire, des vagues de peuplement successives composées de Celtes, de peuples germains-France, wisigoths, Alamans et Burgondes.



Le nom de la France est issu d'un peuple germanique, les Francs, Clovis, roi des Francs saliens, par son baptême à Reims, scelle l'alliance de la royauté franque avec l'église catholique qui se prolongera en France jusqu'à la séparation de l'église et de l'Etat en 1905.


Il unit les tribus franques Salienne et Ripuaire et conquiert un ensemble de territoires en Gaule et en Germanie qui sont agrandis par ses descendants Mérovingiens puis la nouvelle Dynastie des Carolingiens fondée en 751. Charlemagne en particulier conquiert le nord de l'Allemagne (saxe), l'Autriche et L'Italie. L'empire carolingien est finalement partagé en 843 entre ses petits fils par le traité de Verdun qui sépare la Francie occidentale de la Francie orientale, qui deviendra le royaume de Germanie. Le nom de France n'est employé de façon officielle qu'à partir de 1190 environ, quand la chancellerie du roi Philippe Auguste commence à employer le terme de rex Franciae (roi de France) à la place de rex Francorum (roi des Francs) pour désigner le souverain. Le mot était déjà couramment employé pour désigner un territoire plus ou moins bien défini, comme le voit à la lecture de la Chanson de Roland, écrite un siècle plus tôt



Chanson de Roland

Dès juin 1205, le territoire est désigné dans les chartes sous le nom de regnum Franciae, c'est-à-dire royaume de France en latin. Philippe Auguste et ses successeurs donnent une nouvelle impulsion à l'unification territoriale du royaume de France et repoussent les frontières orientales du Rhône sur les Alpes et de la Saône sur le Rhin.

Les Romains avaient été les premiers à unifier l'administration de la Gaule en langue latine qui est devenue celle de l'Eglise. Le concile de Tours réuni en 813 à l'initiative de Charlemagne impose désormais de prononcer les homélies dans les langues vulgaires au lieu du latin. Paris, appelée à devenir la capitale par l'avènement en 987 de la dynastie capétienne, devient un centre universitaire renommé. La culture française connaît un élan nouveau au contact de la renaissance italienne lors des Guerres d'Italie. Elle s'enrichit des débats sur la réforme religieuse et n'est pas par la suite étouffée comme en Italie par une contre-réforme trop rigoureuse. Elle éclot pleinement à compter du XVIIe siècle, développant un classicisme imprégné de cartésianisme. C'est à cette époque que le Français prend sa forme moderne sous l'égide de l'Académie française. Le XVIIIe siècle est le siècle de la philosophie des Lumières, marqué par la promotion de la raison par les philosophes français dans les cours et capitales européennes et qui s'achève par la Révolution française.

L'adoption d'un cadre administratif uniforme (département), le développement rapide du chemin de fer et l'instauration par Jules Ferry de l'école obligatoire et gratuite homogénéisent l'espace national qui connaît dans la seconde moitié du XIXe siècle la révolution industrielle. La recherche et l'industrie française s'illustrent particulièrement dans les transports (automobile et aéronautique), dans la chimie et la santé ainsi que dans l'armement. La croissance économique se traduit par l'urbanisation de la population, le développement du salariat et l'amélioration du niveau de vie. Le mouvement syndical se structure, les assurances sociales apparaissent et se généralisent après la deuxième guerre mondiale. La longue crise des années 1930, l'occupation nazie et la reconstruction suscitent la définition d'une politique économique (Commissariat général du Plan) qui accompagne la formation de grands groupes de taille européenne voire mondiale. L'économie contemporaine est caractérisée par la tertiarisation des activités et la concurrence vigoureuse des pays émergents.

La Liberté guidant le peuple, une des peintures historiques françaises les plus célèbres, Eugène Delacroix, 1830 (aujourd'hui au Louvre-Lens, RF129)

L'organisation de l'Etat s'est faite par étapes: instauration de l'armée et l'impôt permanents à l'issue de la Guerre de Cent Ans, mise en place des intendants dans les provinces par le cardinal de Richelieu, unification du droit (Code civil) et du système judiciaire à la Révolution. Le 17 juin 1789 se constitue, par le Serment du jeu de paume.



la première unité politique se réclamant du peuple français: c'est l'acte de naissance de l'Etat actuel. Une précoce tradition étatique explique le développement d'une administration dotée de puissantes prérogatives et animée par des corps d'officiers puis de fonctionnaires jaloux de leur statut. A l'heure d'une Europe des régions ouverte sur le monde, le redimensionnement de l'Etat français mais aussi le redéploiement de ses missions et de ses moyens sont en question et ont commencé.