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samedi 24 janvier 2015

La paix romaine

Les provinces gauloises dans l'Empire romain au début du IIe siècle






Rien ne semble changer au début de l'occupation romaine. Certes les Gaulois doivent payer leurs tributs, mais ils gardent leurs magistrats et leur manière de vivre. Les voies Romaines reprennent en grande partie les voies gauloises déjà nombreuses et bien entretenues, ce qui explique la grande rapidité de déplacement des légions romaines, la pacification sur le Rhin et en Bretagne favorisent l'essor économique. Pierre Gros résume ainsi l'impact de la présence romaine "la conquête romaine qui a entraîné l'entrée dans les temps historiques, a modelé pour les siècles le paysage rural, établi ou aménagé les principaux axes de communication, urbanisé d'immenses terroirs, défini les territoires administratifs". L'urbanisation généralisée voit le développement de nombreuses cités, organisées sur le mode des municipes italiens, villes qui toutes perdurent encore de nos jours, tandis que les campagnes se couvrent de bourgades (vici) et de grandes exploitations agricoles (villae). La Gaule est alors avec l'Egypte la région la plus peuplé de l'Empire romain, avec une population estimée à 7 millions d'habitants. En 48, l'empereur Claude donne accès au Sénat romain aux notables gaulois, comme le montrent les Tables de Lyon.

Le développement économique bénéficie des siècles de Pax Romana: l'extension des vignes en Aquitaine, dans la vallée du Rhône et de la Saône et même dans celle de la Moselle est telle qu'elle concurrence les vins italiens. Des artisans italiens installés en Gaule créent une industrie de la céramique sigillée prospère (par exemple à La Graufesenque). L'artisanat gaulois produit aussi en abondance des objets en bois, des vêtements de laine et exporte vers les grands centres de consommation en Italie, sur le Rhin et le haut Danube. Les échanges ne se limitent pas aux biens matériels: à côté des cultes populaires du nombreux panthéon gaulois, apparaissent dans les villes d'autres religions d'origine orientale: culte de Mithra, de Cybèle, de Jésus, attesté à partir de 177. Ce dernier culte deviendra prépondérant dans les milieux urbains à partir du IVe siècle.

Cinq siècles de romanisation laissent de profondes marques sur les Gaules: des langues (occitan et français), un droit écrit et dégagé de tout principe religieux, des villes, une religion (le catholicisme), et même des habitudes quotidiennes (le pain, la vigne et le vin).

Les migrations germaniques

Le IIIe siècle voit se succéder les crises et les guerres civiles sur le sol gaulois. Bien que les provinces romaines de Germanie supérieure et de Germanie inférieure avaient été constituées dès le Ier siècle par Domitien, à partir du milieu du IIIe siècle des peuples germaniques Francs et Alamans franchissent le Rhin et pillent la Gaule à plusieurs reprises. Un éphémère empire des Gaules (terme impropre), sans que celui-ci ait un caractère national, est créé par Postumus, bientôt assassiné par ses soldats. La Gaule est touchée par l'affaiblissement démographique, le déclin des villes, le ralentissement du commerce et de la circulation monétaire ce qui amène les premières manifestations des bagaudes. Durant la même période les Romains installent en Gaule des garnisons de Lètes, parmi lesquels des Chamaves et des Hattuaires dans la future Bourgogne. La situation militaire est rétablie à la fin du IIIe siècle, et le dispositif défensif sur le Rhin incorpore de plus en plus de contingents germaniques installées avec leurs familles. Des groupes de France en Gaule Belgique et d'Alamans en Alsace servent comme troupes auxiliaires fédérées, et certains officiers francs mènent de brillantes carrières au sein de l'Empire romain.

Dans la nuit du 31 décembre 406 les peuples vandales, suèves, alains et d'autres peuples germaniques franchissent la frontière sur le Rhin, malgré la défense des auxiliaires francs, puis en 412 les wisigoths franchissent les Alpes et atteignent l'Aquitaine. Le pouvoir impérial romain leur cède des territoires puis disparaît en 476. Les structures de l'Empire se défont en Gaule, le pouvoir politique passe aux mains de royaumes barbares avec leurs propres lois, leur propre religion, l'arianisme ou le polythéisme.

Le danger que représentent les Huns, suscite une alliance temporaire des occupants de la Gaule. En 451, Aetius prend la tête d'une coalition Gallo-romaine et Franque qui stoppe le raid de pillage des Huns commandés par Attila aux champs Catalauniques. Cette bataille, qui fut bien loin d'anéantir les Huns, fut magnifiée par les historiens et enrichie de l'épisode de sainte Geneviève encourageant les Parisiens à la résistance face à Attila.

Au milieu de ces royaumes barbares, wisigoth, alaman,burgonde ou franc, un Romain, Syagrius, parvient à maintenir entre Seine et Loire une portion détachée de l'Empire comme son bien propre et se fait donner le titre de roi des Romains. Des réfugiés Bretons venus de Bretagne chassé par les Angles et les Saxons (l'actuelle Angleterre) s'installent en Armorique, qu'ils rendent indépendante du reste de la Gaule pour plusieurs siècles. Les élites gallo-romaines encore présentes dans les malheurs de l'époque, interlocuteurs du pouvoir militaire des rois germaniques qui se partagent la Gaule et derniers représentants de la culture romaine. Citons parmi ceux parmi ceux-ci Avit de Vienne, Nizier de Lyon, Rémi de Reims, Grégoire de Tours. Sur une médaille d'or de Constantin, datant sans doute de 310, on lit pour la première fois, le mot Francia.
 

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