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lundi 22 mai 2000

Comptabilité d'entreprise

La comptabilité d'entreprise est un outil d'évaluation recensant et communiquant des informations sur:

-l'activité économique d'une entité économique de type entreprise,

-ainsi que sur les éléments de son patrimoine incorporel (fonds de commerce par exemple), matériel et financier.

Ces informations-presque exclusivement exprimées en unités monétaires-sont saisies, classées, retraitées et agrégées en vue de produire des documents retraçant fidèlement:

-le détail des opérations (journaux, qui comme leur nom l'indique font l'objet d'enregistrements réguliers sinon journaliers),

-ou des Etats de synthèse produits à échéance utile ou légale (balance comptable, bilan comptable, compte de résultat, annexes comptables,....).

Ceux-ci sont arrêtés au terme de l'exercice comptable (généralement l'année) et contribuent à comprendre notamment la situation financière de l'entité, la manière dont elle a créé de la valeur, ainsi que l'état présent et futur de sa trésorerie.

Enjeux

La pratique comptable a été mise au point et a été développée primitivement par des utilisateurs négociants et banquiers: Comptabilité de trésorerie d'abord, suivie par une comptabilité des créances et des dettes.

Ultérieurement les informations comptables vont se diversifier: il s'agit désormais d'aider les acteurs économiques (dirigeants opérationnels, propriétaires du capital social ou toutes autres personnes intéressées à prendre des décisions de gestion), à disposer de la meilleure compréhension possible de l'état des lieux et par suite de procéder à l'affectation des ressources de l'entité et de ses résultats.

Plus tard encore, la tenue d'une comptabilité devient une obligation légale pour des raisons juridiques, sociales ou fiscales.

La difficulté à ce niveau étant que les comptes des entreprises-surtout lorsqu'elles sont complexes ou étendues-ne sont pas d'un accès facile (y compris pour les spécialistes avec la possibilité d'opérer une certaine comptabilité créative et des opérations complexes hors-bilan) peuvent donner lieu à des traitements douteux, pas toujours involontaires, et pouvant à la limite constituer une désinformation, voire un délit réprimé par la loi. 

Deux grands types de comptabilité sont pratiqués en entreprise et doivent être distingués d'après leur fonction et leur objectif:

-La comptabilité générale, ou comptabilité financière, qui s'appuie essentiellement sur la technique de la comptabilité en partie double. Outil d'information obligatoire pour les entreprises au-delà d'une certaine taille ou d'un certain volume d'affaires, elle peut être fortement réglementée et contrôlée selon les législations nationales. Son objectif essentiel est d'informer les dirigeants et les tiers (propriétaires, prêteurs, fisc, etc....) sur la situation économique de l'entité. Elle sert de base au calcul du résultat et à celui des impôts directs ou indirects.

-La comptabilité analytique, est une comptabilité qui cherche à déterminer le coût de revient des produits et des services que vend une entreprise. Dans le cas d'une entreprise qui achète des produits (par exemple des planches de bois) et les revend sans les avoir modifiés, le coût de revient est simple à calculer: c'est essentiellement le prix d'achat des produits. Mais si l'entreprise les modifie (elle fabrique des meubles, par exemple), le coût de revient est bien plus complexe: il intègre des salaires, des dépenses d'électricité, de petits outillages, de produits "consommables" (colles, vernis), etc..... Si l'entreprise ne fait qu'un type de meubles, il lui suffit de diviser toutes ses dépenses par le nombre de meubles fabriqués pour connaître son coût de revient. Mais si elle fabrique plusieurs types de meubles, la comptabilité générale ne peut pas lui donner le coût de revient par type de meuble. Elle trouvera l'information dans sa comptabilité analytique, qui lui donnera aussi d'autres informations de gestion: coût de revient d'un centre de coût, marge réalisée par produit, par atelier,etc.... Elle n'est pas obligatoire mais en pratique indispensable pour les grandes entreprises, et son processus de production est complexe. Contrairement à la comptabilité générale qui est accessible aux investisseurs, aux détenteurs du Capital, aux prêteurs et assureurs, au fisc,....., la comptabilité analytique est en grande partie destinée à la seule prise de décision des managers et dirigeants.

La comptabilité de gestion recouvre-pour les gestionnaires-la combinaison de la comptabilité générale, de la comptabilité analytique et de la comptabilité budgétaire.

Histoire de la comptabilité

L'enfance de la comptabilité remonte à celle de l'humanité: les Sumériens et Assyriens nous ont laissé de nombreuses tablettes d'inventaires (terres, bétails, hommes). La parabole des talents racontée par l'Evangile selon Matthieu mentionne l'usage d'une comptabilité simple.

En Italie: Les historiens estiment que la comptabilité à "partie double" est apparue vers 1340 à Gênes. La découverte de l'imprimerie permit de généraliser cette méthode notamment avec les traités de Luca Paciolo (1456-1517), dont le premier ouvrage édité sous le titre "Summa de Arithmetica, Geometria, Proportioni et Proportionalità" (Venise 1494), énonce les principes fondamentaux dans le chapitre relatif aux transactions et écritures. Depuis cette date, la comptabilité en partie double, bien que s'étant enrichie de développements techniques, n'a subi de changement fondamental [...].

Si l'ouvrage de Luca Pacioli se veut être une synthèse des connaissances mathématiques de son temps, le livre XI intitulé particularis de computus et scripturis est considéré généralement comme étant le premier livre publié sur le thème de la comptabilité. Y est décrite la méthode de tenue de compte des marchands vénitiens de son temps: la comptabilité en partie double. Luca Pacioli ne fait que codifier plutôt que d'inventer ce système mais cela est suffisant pour qu'il soit largement considéré comme le "père de la comptabilité".  La description comprend la plupart des éléments du cycle comptable tel que nous le connaissons aujourd'hui. Avec quelques recommandations précieuses comme celle "de ne pas aller se coucher avant que les débits n'égalent les crédits!" Ses journaux comportent des comptes pour les actifs (immobilisations, avoirs et inventaires), pour les dettes, pour le capital, pour les dépenses et les recettes, soit toutes les catégories nécessaires à un bilan et un compte de résultat. Il présente les écritures nécessaires à une clôture des comptes de fin d'année et n'oublie pas les sujets relatifs comme les centres de coût ou l'éthique comptable.

Caractéristiques de la comptabilité

Les normes et principes de la comptabilité

Il est important pour l'investisseur de pouvoir comparer la situation et les résultats des entreprises nationales dont il souhaite acquérir des titres (actions ou obligations) et de pouvoir les comparer avec ceux des autres entreprises du même secteur, quel que soit le pays où il souhaite investir. Inversement, chaque Etat souhaite disposer d'informations établies selon des méthodes homogènes pour analyser l'apport des entreprises opérant dans le pays, quelle que soit leur nationalité, notamment pour déterminer l'assiette des impôts.

En France, c'est en 1947 qu'est apparue la première norme comptable sous le nom de "plan comptable général" (PCG). La dernière révision d'ensemble de cette norme date de 1999. A l'origine, le PCG s'appliquait aussi bien à la comptabilité générale qu'à la comptabilité analytique. Depuis 1999, son champ d'application a été limité à la seule comptabilité générale. La comptabilité se doit de suivre quelques grands principes ou conventions. Le non-respect de ces principes ou conventions a conduit à des scandales boursiers ou à des faillites prononcées à l'encontre d'entreprises de taille internationale (Enron, Parmalat, Worldcom, Vivendi, etc...) Les normes comptables des Etats-Unis (Financial Accounting Standards-FAS) ont une importance internationale en raison de l'influence économique et financière de ce pays.

A l'international, elles sont devenues nécessaires en raison de la mondialisation des marchés financiers.Les comparaisons internationales des comptes des entreprises dont les titres sont traités sur les marchés financiers mondiaux, exigent que ces comptes soient établis selon des règles identiques. C'est pourquoi l'International Accounting Standards Board établit des "normes de publication de l'information financière" appelées International Financial Reporting Standards (IFRS), anciennement dénommées International Accounting Standards (IAS) et dont l'application est conseillée aux entreprises du monde entier. Un règlement européen datant de 2002 a rendu ces normes obligatoires pour les sociétés cotées établies dans l'Union européenne. Aux Etats-Unis, les autorités boursières (SEC) s'orientent vers une reconnaissance des IFRS en autorisant les sociétés étrangères appliquant ces normes, à être cotées sur les Bourses américaines.

Quelques notions majeures

La tenue de la comptabilité est encadrée par des principes appelés "Principes Comptables Généralement Reconnus" (PCGR). Ces principes s'appliquent aux entreprises à capital fermé (i.e non cotées à la bourse) et un certain droit d'adaptation des principes comptables est reconnu selon les circonstances particulières. Par contre, dans le cas des entreprises cotées à la bourse, de nouvelles normes, appelées "Normes internationales d'information" (IFRS) entrent en vigueur le 1er janvier 2011 pour les pays qui ont décidé d'adopter ces normes, soient plus d'une centaine de pays, incluant le Canada, l'Union Européenne, le Japon. Ces normes doivent subir des modifications en 2012, 2013, 2014 pour se rapprocher des normes en vigueur aux Etats-Unis qui n'ont pas encore adopté les normes IFRS, jugeant leurs normes actuelles plus valables. Les nouvelles normes ont comme caractéristiques importantes de laisser plus de place aux principes et moins de place aux règles (ex: imposer un plan comptable pour une catégorie d'entreprise). L'augmentation de la latitude du comptable dans l'exercice de son jugement professionnel, au niveau de l'application des principes, permettra aux états financiers de refléter plus fidèlement la situation financière réelle de l'entreprise mais pourrait aussi favoriser la manipulation ayant des effets contraires.En vertu du principe comptable de la continuité, les états financiers de 2010 devront être présentés selon les nouvelles normes pour permettre la comparaison entre 2011 et 2010. Ces nouvelles normes vont faciliter la mobilité des comptables à travers le monde.

Les principes comptables expliqués ci-après se rapportent aux PCGR.

Comptabilité simple et en partie double

Il existe deux méthodes de comptabilisation: la comptabilité simple et la comptabilité en partie double. Dans tous les cas, on passe des écritures datées, chiffrées (montant), allouées à un compte, explicitées par un libellé et correspondant à un document répertorié qui doit toujours en retour pouvoir justifier une écriture comptable (une facture, un relevé de compte bancaire, une feuille d'impôt à payer, etc). Une écriture comptable ainsi justifiée peut alors être opposable à des tiers (Etat, actionnaires, organisme sociaux, justice, etc...)

La comptabilité simple

Elle est basée sur la distinction des recettes et des dépenses et la détermination d'un solde entre le total des recettes telles qu'elles apparaissent dans le journal de banque et le journal de caisse.

Chaque événement économique est reporté sur un cahier à deux colonnes:

-la première colonne pour décrire l'événement,

-la deuxième pour mettre son montant, en plus ou en moins selon qu'il s'agit d'un encaissement ou d'une dépense pour celui qui tient la comptabilité.

Ce type de comptabilité dit "de caisse" ne permet pas de faire apparaître les variations de stock (et, plus généralement, du patrimoine). Elle ne convient donc que pour gérer un stock dont la valeur est stable ou relativement faible, c'est-à-dire pour des particuliers ou de toutes petites entreprises dont les événements économiques sont très simples (par exemple: un cafetier qui encaisse au comptoir les consommateurs et rend la monnaie).

C'est pourtant avec cette technique que l'Etat français a fonctionné jusqu'en 2001. Cependant, pour se faire, il avait adopté une variante un peu plus élaborée. En effet la comptabilité de caisse peut être perfectionnée par l'usage du plan comptable, permettant de déterminer des sous-totaux et des soldes par catégorie. Le solde général peut alors être subdivisé entre le solde des comptes de bilan et celui des comptes de résultats.

La comptabilité en partie double

La comptabilité en partie double est une technique qui fonctionne sur la correspondance entre les ressources, le Passif et leur emploi, l'Actif du Bilan, sans lequel il n'y a pas de départ en comptabilité. L'origine, le Capital et les autres postes du Passif, reflètent l'Actif ce qu'ils sont devenus. Elle est basée sur l'idée que chaque chose peut être interprétée comme un nombre correspondant au prix d'achat ou de vente et sur le fait que chaque opération comptable est un enregistrement réciproque et simultané de deux événements: un débit (étymologiquement "ce qui est dû (par l'unité comptable)", soit ce qu'elle possède) et un crédit (étymologiquement "ce qui a été confié, prêté par l'unité comptable", soit ce qui lui est dû, le crédit qu'elle a accordé).

Le non-comptable comprend le plus souvent le sens de "débit" et "crédit" à partir de son relevé de compte bancaire où ces termes, tirés de la comptabilité de la banque, représentent le point de vue du banquier: pour lui, un compte créditeur veut dire que la banque doit de l'argent à son client créditeur, et vice-versa. Il faut donc inverser la logique "relevé bancaire" et revenir au sens étymologique pour comprendre ce qu'est le crédit et le débit (ou, alternativement, leur substituer les mots "actifs" et "passif").

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