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lundi 15 mai 2017

10-Eglise Saint-Etienne de Bar-le-Duc

Façade d'une église éclairée par le soleil.Façade de l'église Saint-Etienne


Présentation

Culte: Catholique romain

Type: Eglise

Rattachement: Diocèse de Verdun

Début de la construction: 1315

Fin des travaux: 1520

Autres campagnes de travaux: 1589-1630: Clocher

Style dominant: Gothique flamboyant

Protection: Logo monument historiqueClassée MH (1889)


L'église Saint-Etienne est une église située à Bar-le-Duc dans le département de la Meuse en région Lorraine.

La collégiale Saint-Pierre est construite de 1315 à 1630 dans un style gothique flamboyant avec quelques éléments caractéristiques de la Renaissance. A la fin du XVIIIe siècle, elle fusionne avec l'autre collégiale de la ville, Saint-Maxe du château des ducs de Bar, détruite. Après la Révolution, la collégiale devient l'église Saint-Etienne.

L'église abrite deux oeuvres majeures du sculpteur lorrain Ligier Richier: le Transi de René de Chalon et le Christ en croix entre les deux larrons. Elle contient également une statue de Notre-Dame du Guet, protectrice de la cité, et un tableau de la Crucifixion avec le château des ducs de Bar à l'arrière-plan.

Elle est classée au titre des monuments historiques en 1889.


Situation géographique

L'église Saint-Etienne se trouve au nord de la place Saint-Pierre, dans le quartier Renaissance de la Ville Haute à Bar-le-Duc.

Histoire

La collégiale Saint-Pierre

Eglise de nuit


En 1315, le comte de Bar Edouard Ier décide de fonder la collégiale Saint-Pierre en Ville Haute, à la place d'une ancienne chapelle du XIIIe siècle dédiée au même saint. Le projet reçoit l'approbation en 1318 de l'évêque de Toul Jean d'Arzillières qui place la collégiale sous le patronage collectif de la Vierge des apôtres Pierre et Paul, et de saint Etienne. La collégiale doit avoir un princier, un doyen, un prévôt et seize chanoines.

Les travaux avancent rapidement et à la fin du XIVe siècle l'édifice est presque achevé. Mais les conflits de la guerre de Cent Ans commencent à se faire ressentir dans la région, notamment à partir de 1420, avec pour conséquences le ralentissement des travaux et la détérioration de l'église. Finalement, en 1438, l'édifice est quasiment ruiné. Les chanoines demandent son aide au pape qui leur accorde des indulgences. Grâce à la volonté des chanoines, du duc de Bar René Ier d'Anjou, et des hauts fonctionnaires du Barrois, les travaux reprennent.

Vers 1470, la partie orientale de l'église est presque achevée mais les travaux connaissent un nouvel arrêt entre 1480 et 1484 pendant l'occupation du comté par le Roi de France Louis XI. Sous le règne du jeune René II, duc de Lorraine et de Bar, l'église se voit dotée de sa voûte, comme l'atteste plusieurs clés de voûte gravées de ses armes. La façade et les deux travées occidentales sont construites au début du XVIe siècle, jusqu'en 1537, par Louis Guyot, doyen du chapitre de la collégiale de 1513 à 1520. Le clocher de l'église est édifié plus tard, entre 1589 et 1630.

La fusion des collégiales

En 1782, l'autre collégiale de la ville, Saint-Maxe du château des ducs de Bar, devient une église paroissiale. Après la destruction de cette dernière à la fin du siècle, les deux chapitres fusionnent et prennent le nom de "Noble royale collégiale, Sainte-Chapelle, principale église et paroisse du Roy". Le trésor, les reliques et les dépouilles des souverains du Barrois sont transférés.

L'église Saint-Etienne

A la Révolution, l'édifice est très endommagé par des saccages et des pillages: les statues de façade et les vitraux sont brisés, les armoiries et blasons sont effacés, et une partie du mobilier est détruit. La collégiale est fermée en 1790 puis rouverte l'année suivante sous le nom d'église Saint-Etienne. Entre 1793 et 1795, l'église n'est plus un lieu de culte et sert même, en 1794, d'abri pour un convoi de prisonniers. Devant l'état de dégradation de l'édifice, des travaux de restauration sont entrepris au XIXe siècle mais ils modifient en partie l'aspect de l'église. En 1809, le trumeau du portail occidental est supprimé. En 1854, certains élément, vus comme jurant avec le reste de l'édifice, sont démolis, comme une chapelle adossée au bras sud du transept.

En 1889, l'église est classée aux monuments historiques.


Architecture

L'église est longue de 43 mètres, large de 20 m et haute de 12m3


Nef de l'église

Extérieure

La façade est de style gothique flamboyant avec cependant des éléments caractéristiques de la Renaissance, comme la galerie qui rompt la verticalité de l'édifice ou l'arc en anse de panier du portail. Cet arc est orné de médaillons représentant, à la façon antique, les commanditaires de l'ouvrage et le doyen Louis Guyot. Le tympan, évidé à la mode champenoise, figure la scène du jugement dernier avec l'archange saint Michel, debout sur des crânes pèse les âmes pour envoyer ou non au Paradis, représenté par un putto nu tenant une corne d'abondance. Des éléments du Moyen Âge sont également visibles: les arcatures qui abritaient des statues aujourd'hui disparues, et les grilles cachées dans les pampres, les feuilles de choux frisés et les glands de la voussure.

Intérieure

L'église est une église à un plan basilical, c'est-à-dire sans véritable transept. elle est composée d'un transept légèrement prononcé et d'un choeur peu profond. La nef et ses collatéraux sont de même hauteur ce qui fait de l'édifice une église-halle, et lui confère une grande clarté. C'est d'ailleurs à l'époque l'une des premières du diocèse de Toul.

Le choeur est à cinq pans, et le travail de la pierre est mis en valeur. Au nord du choeur, se trouve la chapelle Sainte-Marguerite, fondée vers 1503 par le doyen du chapitre, François Brulé.

Le bas-côté sud de la nef est percé de plusieurs chapelles fondées par des familles aisées. La chapelle de Stainville, du XVIe siècle, probablement construite à partir de 1524, est délimitée par une clôture de pierre sculptée mélangeant les motifs flamboyants et renaissants. La chapelle des fonts baptismaux, fondée par la famille Baudinais au XVIe siècle, présente un fronton ajouré aux motifs de la Renaissance. Une grille en fer forgé à double battant y est ajoutée au début du XVIIe siècle.

Vitraux

L'église compte plusieurs vitraux répertoriés à l'inventaire général du patrimoine culturel. Un vitrail du XIXe siècle représente le miracle de Notre-Dame du Guet. Dans la chapelle des fonds baptismaux, le vitrail est composé en partie des fragments d'une verrière du XVIe siècle représentant un ange portant une couronne d'épines, saint Maxe, patron de la collégiale du château des ducs de Bar, et saint Christophe.

Les trois vitraux du choeur sont exécutés par le peintre-verrier Höner Victor au XIXe siècle. Celui du milieu représente la Lapidation de saint Etienne, et les deux vitraux sur ses côtés, dédoublés, figurent saint Antoine abbé, saint Vincent de Paul, saint Pierre et saint Paul.

Dans le transept sud, La Procession des reliques de saint Maxe est un vitrail exécuté en 1880 par Charles-François Champigneulle, peintre-verrier à Bar-le-Duc. Il représente la translation en 1839 par l'abbé Claude Rollet des reliques de saint Maxe sauvées lors de la Révolution avec en arrière-plan l'église elle-même. Le vitrail est réalisé selon une technique de la fin du XIXe siècle des ateliers de Metz: le vitrail photographique. Champigneulle a créé deux autres vitraux pour l'église: L'Annonciation et La Mort de saint Joseph.

Mobilier

L'église Saint-Etienne compte 52 objets répertoriés aux monuments historiques.

Sculptures

Ligier Richier

Transi de René de Chalon de Ligier Richier


L'église abrite deux oeuvres du sculpteur lorrain Ligier Richier: le Transi de René de Chalon et le Christ en croix entre les deux larrons.

Le Transi de René de Chalon, également appelé le Squelette, est une statue funéraire en pierre calcaire de Sorcy réalisée au XVIe siècle. Oeuvre majeure de Liger Richier et de la Renaissance en France, cette sculpture est installée en 1545 dans la collégiale Saint-Maxe du château des ducs de Bar sur le tombeau de René de Chalon, prince d'Orange, tué lors du siège de Saint-Dizier un an plus tôt. En 1790, à la suite de la destruction de la collégiale sous la Révolution, le transi est déménagé dans l'église Saint-Etienne. Représentant un squelette debout, tendant son coeur à pleine main vers le ciel, cette oeuvre est issue d'une série de transis apparue dans la seconde moitié du XIVe siècle. Le 18 juin 1898, la statue est classée au titre d'objet aux monuments historiques. Elle est restaurée de 1998 à 2003. La statue se situe dans le croisillon sud du transept, au-dessus d'un caveau contenant les restes des ducs de Bar.

Le Christ en croix entre les deux larrons est un ensemble de trois statues en bois polychrome réalisé vers 1531. Ces sculptures, hautes de 3,42m pour le Christ et de 2,10m pour les larrons, ont probablement fait partie d'un ensemble plus important comparable au calvaire de l'église Saint-Gengoult de Briey (Meurthe-et-Moselle). Même si l'oeuvre n'est pas formellement attribuée à Ligier Richier, la qualité plastique de l'oeuvre, le modèle à l'italienne, la tête du Christ semblable à celle de Saint-Jérôme conservée au musée du Louvre, et le rendu anatomique, laissent peu de doutes sur son auteur. Le 18 juin 1898, l'ensemble est classé au titre d'objet aux monuments historiques.

Notre-Dame du Guet

Notre-Dame du Guet 



Notre-Dame du Guet est une statue en pierre calcaire d'une Vierge à l'Enfant datant du XIVe siècle. Du Moyen Âge à 1670, elle se trouvait sur la Porte-aux-Bois, située dans le rempart sud-ouest de la Ville Haute. Selon la tradition, cette statue aurait sauvé la cité ducale d'être assaillie par les soldats d'Antoine de Vaudémont en 1440. Alors que ces derniers arrivaient silencieusement au niveau de la porte, la Vierge aurait crié"Au guet! Au guet! La ville est prise!" Un soldat furieux lui jeta alors une pierre en disant "Prends garde à toi!". La Vierge rattrapa la pierre, la donna à son enfant, et le soldat tomba raide mort. Les autres assaillants s'enfuirent en criant "Dieu vous garde....". Après le démantèlement des remparts en 1670, la statue est conservée dans une chapelle et se voit brisée le 20 juillet 1794. Les morceaux sont recueillies et servent à reconstituer la statue actuelle, transférée dans l'église Saint-Etienne en 1806. Le 20 avril 1913, la statue est classée au titre d'objet aux monuments historiques.

En septembre 1914, pendant la Première Guerre mondiale, alors que les allemands se dirigent vers la ville, les habitants prient Notre Dame du Guet pour leur salut et l'offensive est stoppée. En conséquence, le 15 juin 1919, il est décidé du couronnement de la Vierge sous l'impulsion de Mgr Ginisty. Les habitants donnent bijoux et pierres précieuses pour la confection de des couronnes de la Mère et de l'Enfant par le maître-orfèvre Biais, de Paris. Les couronnes sont faites d'or et d'argent, ornées de 197 perles, 66 éclats de diamants, 16 brillants, 13 rubis, 27 turquoises, 10 améthystes, des lapis-lazuli et des citrines. La cérémonie de couronnement a lieu le 4 juillet 1920, faisant de la statue l'une des quatre Vierges couronnées du diocèse de Verdun. Le 20 novembre 1992, les couronnes sont inscrites aux monuments historiques et sont aujourd'hui conservées au Musée Barrois.

La fête de Notre-Dame du Guet a lieu chaque année en l'église Saint-Etienne le dimanche qui suit la Présentation de Marie au Temple (le 21 novembre).

Autres sculptures

L'église abrite deux statues en pierre calcaire réalisées par le sculpteur barisien Jean Crocq entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle. Situées dans la chapelle de Satinville de l'église, elles sont hautes d'environ 1.20m. Une des deux représente Saint Roch, un patron particulièrement vénéré pendant les épidémies de peste de la fin du XVe siècle, en costume de pèlerin montrant un bubon de peste sur sa cuisse. L'autre statue représente Saint Adrien, également invoqué lors de la peste, en armure portant son enclume avec à ses pieds le lion des Flandres. Le style de Jean Crocq se caractérise par des personnages massifs aux visages énergiques avec des lèvres ourlées et des cheveux très ondulés. Le 20 avril 1913, les deux statues sont classées au titre d'objet aux monuments historiques.

Dans la chapelle des fonts baptismaux se trouvent un groupe sculpté de trois statues en pierre calcaire datant du XVIe siècle. L'une représente Saint Etienne tenant les pierres de sa lapidation dans sa tunique, et la deuxième figure Saint Jean. Cette dernière est à rapprocher de la Madeleine de Génicourt-sur-Meuse, par son traitement complexe et varié des drapés, la finesse du visage et la dynamique et l'élégance générale. La troisième statue, L'Education de la Vierge, représente Sainte Anne enseignant à sa fille Marie. Le 3 septembre 1971, le groupe sculpté est classé au titre d'objet aux monuments historiques.

L'Epitaphe de François Brulé est un bas-relief datant de 1513 représentant François d'Assise entouré de Saint Pierre et Saint Maxe, et portant tous les trois un phylactère. François Brulé était le doyen de la collégiale Saint-Pierre et appartenait également au chapitre de la collégiale Saint-Maxe du château des ducs de Bar. L'épitaphe dit: "Le noble est discret personnage, messire François Brulé, doyen de Saint-Pierre, décédé le 18 juillet 1513, a été enterré devant l'autel de la chapelle qu'il avait édifiée et enrichie de fondations pieuses". En 1889, le bas-relief est classée au titre d'immeuble aux monuments historiques, en même temps que l'église elle-même.

Tableaux

La Crucifixion (XVIIe siècle)


La Crucifixion est un tableau du début du XVIIe siècle représentant le crucifiement de Jésus de Nazareth. L'artiste, inconnu, a cependant remplacé la ville de Jérusalem à l'arrière-plan par celle de Bar-le-Duc, faisant ainsi apparaître le château des ducs de Bar avant son démantèlement en 1670. Le 17 juin 1901, le tableau est classé au titre d'objet aux monuments historiques.

La Mise au tombeau est une peinture murale du XVIIe siècle représentant la scène biblique homonyme. Y sont représentés la Vierge soutenue par saint Jean, sainte Marie-Madeleine, Joseph d'Arimathie, Nicodème, et les saintes femmes portant les aromates, entourant le corps du Christ dans le tombeau. En arrière-plan, il y a Jérusalem et le Mont du Calvaire avec les trois croix.  En 1889, la fresque est classé au titre d'immeuble aux monuments historiques, en même temps que l'église elle-même.

Orgue

Orgue de tribune

La présence d'un orgue de tribune dans l'église date du XVIIe siècle. De 1770 à 1771, Nicolas Dupont construit un nouvel instrument qui est fortement endommagé vingt-trois ans plus tard, pendant la Terreur, et seul subsiste le buffet positif. De 1809 à 1828, le facteur lorrain Jean-François Vautrin, disciple de Dupont, et Antoine François Brice Didelot, son apprenti, construisent un nouvel orgue, l'actuel, en réutilisant en partie l'ancien instrument. En 1892, Alexandre et Henri Jacquet séparent la console du reste de l'instrument.

Le buffet d'orgue, en chêne et tilleul, est constitué d'un grand corps à 5 tourelles et d'un positif à 3 tourelles. La tourelle, indépendante et tournée vers le choeur, comporte deux claviers manuels (Grand Orgue et Récit) et un pédalier droit. L'orgue est classé au titre d'objet aux monuments historiques le 3 septembre 1971 pour le buffet et le 25 septembre 2000 pour la partie instrumentale.

samedi 13 mai 2017

9-Basilique Saint-Maurice d'Epinal

La basilique vue du parc du château d'Épinal.La basilique vue du parc du château d'Epinal

Présentation

Culte: Catholique romain

Type: Basilique

Rattachement: Diocèse de Saint-Dié

Début de la construction: XIe 

Fin des travaux: XIIIe

Style dominant: Architecture romane&gothique

Protection: Logo monument historiqueClassé MH (1846)


La basilique Saint-Maurice d'Epinal est un édifice religieux construit, pour son état actuel, entre les XIe siècles et XIIIe siècle, elle dépend du Diocèse de Saint-Dié.


Histoire de l'édifice

Plan de la basilique lors de sa consécration en 1050 par le pape Léon IX (reconstitution)


Au Moyen Âge, les terres dépendaient du seigneur de Metz, pour le religieux, elles dépendaient du diocèse de Toul, paroisse de Dogneville. Elle se situe vraisemblablement sur l'emplacement de la première église de la ville, édifice au Xe siècle par l'évêque Gérard de Toul sur la demande de Thierry de Hamelant, évêque de Metz, la paroisse est formée de cinq manses prélevées à la paroisse de Dogneville: Spinal, Grennevo, Avrinsart, Villers et Rualménil. Thierry de Hamelant, fondant le monastère, l'église accueillait à la fois la population de la ville et les moines bénédictins, était initialement dédiée à Saint Maurice. Pour parfaire la fondation, les deux évêques se déplacent, Thierry de Hamelant apportant les reliques de Saint Goëry, un miracle aurait eu lieu en cette occasion relatée par Widric. Au sud de la nef, se trouvait le cloître. Au sud du choeur y était associé le premier cimetière spinalien, sur l'actuelle place de l'Âtre, comme le rappelle un crucifix appliqué sur le mur du bras sud du transept. L'évêque suivant, Adalbéron II, trouvant le monastère déserté, décida d'y installer des moniales bénédictines sous le patronage de Saint Goëry, un de ses prédécesseurs sur la cathèdre messine.

Dans le milieu du XIe siècle, une nouvelle église romane, fut reconstruite, et consacrée par le pape lorrain Saint Léon IX. On suppose qu'elle avait un aspect comparable à aujourd'hui. Les murs de la nef sont toujours ceux du XIe siècle auxquels des bas-côtés ont été ajoutés au XIIIe siècle. Les traces des ouvertures originelles sont bien visibles à l'extérieur, sur le mur sud.

C'est vraisemblablement au cours du XIIIe siècle que les moniales sont remplacées par un chapitre de chanoinesses qui subsistera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. De nouveau consacrée à Saint-Maurice, la collégiale servit aussi d'église paroissiale pour les habitants d'Epinal, un autel ayant été placé à cet effet à l'extrémité est de la nef.

Des travaux eurent lieu du XIIIe au XIVe siècle. Dès le XIIIe siècle, le choeur est reconstruit, un nouveau portail ouvrant sur la ville est bâti dans le mur nord de la nef et cette dernière est couverte de voûtes.

En 1846, l'église est classée monument historique. Au XIXe siècle, la tour-beffroi fut ouverte d'un portail néo-roman.

C'est le 20 février 1933 que l'église paroissiale Saint-Maurice fut consacrée basilique mineure, sous le pontificat de Pie XI. D'importantes restaurations ont eu lieu au XXe siècle. Un parasol à bande rouge et or, un écusson et une clochette, dans le choeur, rappellent ce titre.


Aspects architecturaux

La tour

Telle qu'elle est visible actuellement, la tour est très massive et fait une trentaine de mètres, elle comporte deux parties:


  • depuis le sol, la partie la plus large, elle fait 17m de hauteur, deux salles carrées en son sein et couverte par un chemin de ronde, ouverte sur l'extérieur par des baies et des meurtrières,
  • par dessus est apposé un beffroi en retrait d'un mètre cinquante les cloches,
  • depuis l'extérieur (T1 sur le plan), sur la droite en entrant et dans l'épaisseur du mur sud, se trouve un escalier en spirale dont les marches sont posées les unes sur les autres ne faisant qu'un avec le moyeu, il arrive jusqu'au chemin de ronde en se terminant par un chapiteau à crochets,
  • un second escalier (T2 sur le plan), prenant naissance dans la nef, à gauche de la porte menant de la tour, fut redécouvert en 1984,
  • un toit en bâtière de grès posé en 1933 avec sur le dessus deux croix, l'une en pierre nimbée, l'autre en fer forgé avec en son haut un coq.

Le choeur

Il se compose d'un vaisseau central qui est formé:


  • deux travées précédant (A et B),
  • une abside à cinq pans,
  • deux absidioles à quatre pans en retrait d'une travée (A),

Plan de la basilique


Le lieu principal de culte, l'abside, est mis en valeur alors que les absidioles en sont traitées que comme de simples annexes. Ces dernières sont remarquables en ce qu'elles sont désaxées, 45° par rapport à l'axe de l'église, cette configuration est assez rare dans l'art roman. On peut ainsi la comparer aux églises de Montbron, à celle de Monsempron-Libos, à l'Abbaye de Puypéroux et à la Chapelle Saint-Quenin de Vaison-la-Romaine. Cette disposition sera reprise dans l'art gothique dans des exemples rayonnant depuis Eglise abbatiale Saint-Yved de Braine dans la Champagne et vers le nord, mais aussi vers Collégiale Saint-Gengoult de Toul ou la sainte-chapelle de Dijon ainsi que Bonlieu et Saint-Maximin.

Le portail des bourgeois

Au XIIIe siècle, l'église était bordée au sud par un cloître et les bâtiments du couvent et les chanoinesses avaient ainsi une entrée particulière (A1 sur le plan), les paroissiens entraient donc par le nord, entrée dite des bourgeois (A2 sur le plan). Cette disposition persista jusqu'au XIXe siècle où en fut alors percée une autre dans la tour (portail roman). Ce portail est alors nommé Antrée Mons St-Goéry.

Il comportait un important décor sculpté avec des statues sur les parois de droite et de gauche, tandis que les deux tympans latéraux et le tympan de face comportaient des décors. Il y avait aussi des voussures ornées. L'ensemble subit une forte dégradation en 1793, mais Emile Boeswillwald supervisa des travaux réalisés par Schuler. Le portail est formé d'une entrée de 7,6m en forme de trapèze avec une croisée d'ogive dont la clef est un agnus dei entouré d'un cercle de feuillage et d'un personnage très abîmé qui pourrait être un ange. L'arête sur la rue est un arc légèrement brisé avec une archivolte à deux voussures avec un décor en feuilles terminées en crochets. Le tout est surmonté d'une arête en saillie supportée par des corbeaux en gargouilles.

Au centre, entre les deux portes, se trouve une statue de la Vierge à l'Enfant haute de 2.25m posée sur un trumeau, elle porte des traces de polychromie et semble dater du XIIIe siècle. Il reste cinq têtes de ce portail conservées au Musée départemental d'art ancien et contemporain d'Epinal.

8-Porte de la Craffe

Nancy Porte de la Craffe 1.jpgVue depuis la Grande-Rue



Présentation



Type: Porte de ville



Style:Gothique



Construction: XIVe siècle



Statut patrimonial: Classé MH (1886, 1913)



Géographie



Pays: France



Région: Lorraine


Département: Meurthe-et-Moselle

Commune: Nancy

Adresse: Grande-Rue (Nancy)


La porte de la Craffe est une porte de Nancy, imposant vestige des fortifications médiévales, érigée au XIVe siècle au nord de la ville-vieille. Elle est classée monument historique depuis juillet 1886.


Situation

Sise au sein du quartier Ville Vieille-Léopold, la porte marque la limite septentrionale de la Grande-Rue qu'elle relie à la rue de la Citadelle.

La porte insérée dans les défenses de Vauban



Description

Côté intérieur de la ville

L'imposant bâtiment, constitué d'une tour centrale carrée où s'insère la porte elle-même, flanquée de deux tours rondes plus élevées, borne la Grande-Rue au nord. Les murs en pierres de taille parées de briques rouges dans les parties basses sont épais de trois mètres. La porte centrale, en forme d'arc brisé en tiers-point, est surmontée d'une niche où l'on a placé une statue en ronde-bosse d'une vierge à l'enfant du XIVe siècle. Deux fenêtres encadrent cette niche et, de part et d'autre, deux bas-reliefs des profils casqués des ducs de Lorraine Raoul (à l'ouest) et Jean (à l'est) se regardent. Un chardon lorrain orne le sommet de la niche, elle-même surmontée d'une croix de Lorraine et d'une ceinture de mâchicoulis en accolades et à consoles formées d'un triple tore, d'un style résolument gothique.

De part et d'autre de la croix de Lorraine, des têtes casquées en bas-relief se font face. Selon les inscriptions, il s'agit des effigies de Charles II, vainqueur de Louis d'Orléans en juillet 1407 à la bataille de Champigneulles et de René II, vainqueur de Charles le Téméraire en janvier 1477 à la bataille de Nancy.

L'ensemble est encadré par deux gigantesques tours rondes aux toits coniques, percées de fenêtres permettant les tirs de tous les côtés et dont les plus hautes sont surmontées de corbeaux destinés à soutenir des volets de bois disparus.

A côté de la tour ouest, un escalier extérieur donne accès à la terrasse au-dessus du passage voûté, ce qui permet de découvrir une échauguette carrée en briques rouges située à l'arrière de la tour est, invisible depuis la rue, ainsi que la façade interne du bâtiment Renaissance surmontant la porte au nord, du côté de la rue de la citadelle.

Histoire

Unique vestige des fortifications nancéiennes antérieures à Vauban, la porte de la Craffe était la seule entrée située au nord de la ville au nord de la ville-vieille de Nancy. Outre sa fonction défensive, elle servit de porte d'honneur aux ducs de Lorraine jusqu'en 1610. Au cours de son histoire, elle connut diverses modifications et restaurations.

Lors de son édification sous le duc Jean Ier de Lorraine (1346-1390) au milieu du XIVe siècle, elle comportait uniquement la tour carrée centrale garnie de mâchicoulis et de bretèches sur les deux faces. Les deux tours rondes, furent ajoutées en 1463 et disposaient d'une dizaine de salles fortes qui ont servi de prison jusqu'au milieu du XIXe siècle. Ces tours jumelles, crénelées à l'origine, ont reçu leurs toitures caractéristiques en poivrière surmontées de lanternons au XVIe siècle.

En 1505, sous René II, la défense extérieure a été renforcée par la création d'un terre-plein dans le prolongement de la porte, côté campagne au nord, en direction de l'ancien village de Saint-Dizier (actuel faubourg des trois maisons). Ce boulevard est percé d'une nouvelle porte, la porte Notre-Dame, reliée à la Craffe par un tunnel voûté.

Lors de la création des bastions à orillons le Duc et le Marquis, à la fin du XVIe siècle (1598), une troisième porte fut ajoutée à l'extérieur de la première enceinte. Elle prit initialement aussi le nom de porte Notre-Dame, prêtant à confusion, mais est connue ensuite sous l'appellation de porte de la Citadelle.

Au XVIIe siècle (1616), la porte de la Craffe fut surmontée d'un toit avec lanternon qui contenait une cloche provenant de l'église Saint-Epvre. En 1633, sous l'occupation française, la façade côté ville est profondément modifiée: Louis XIII y fait plaquer un ordre grec (fronton triangulaire et piliers doriques) qui subsistera jusqu'en 1861, date à laquelle le commandant Trancart la fit restaurer dans le style gothique qu'on lui connaît depuis.

Deux portes piétonnes entourant la porte principale ont été percées en 1870 à la base de chaque tour ronde par Prosper Morey.

Au XXe siècle les salles ont été aménagées en musée où étaient entre autres exposés des instruments de torture. La porte a fait l'objet d'une importante restauration en 2012-2013 pour régler les problèmes d'étanchéité de la voûte qui causaient des dégradations importantes (dépôt blancs sur les parements en briques, développement de mousses) du fait d'infiltrations des eaux pluviales, pour remplacer le sol de béton et d'enrobé du passage voûté (où la circulation automobile était possible jusqu'en 1991) par un paysage en granit bleu, réparer le sol de la terrasse et conforter les fondations sous l'échauguette.

vendredi 12 mai 2017

7-Villa Majorelle

Villa Majorelle extérieur 02 by Line1.jpgLa villa Majorelle à Nancy


Présentation

Type: Maison de maître

Style: Art nouveau

Architecte: Henri Sauvage et Lucien Weissenburger

Construction: 1902

Statut patrimonial: Logo monument historiqueClassé MH (1996)

Géographie

Pays: France

Région: Lorraine

Commune: Nancy

Adresse: 1 rue Louis-Majorelle


La villa Majorelle est une maison de maître, construite de 1901 à 1902, située à Nancy. C'est une pièce maîtresse de l'architecture, typique de l'Art nouveau français.

Contexte historique

En 1898, l'ébéniste Louis Majorelle employa Henri Sauvage, un jeune architecte parisien influencé par Hector Guimard, pour une collaboration avec Lucien Weissenburger sur la construction de sa propre maison, connue comme la "villa Jika" (d'après l'acronyme du nom de Jeune fille de la femm de Majorelle, Marie Léonie Jane Kretz), mais plus communément appelée villa Majorelle, à Nancy. Majorelle, comme de nombreux industriels de Nancy, a placé sa villa sur la rue de son entreprise, mais dans une zone relativement nouvelle de la ville, sur une grande parcelle de terre dont l'agencement la fait ressembler à une vrai ville. Cette maison et cette entreprise étaient situées sur la terre qui leur fut donnée par sa belle-mère, Madame Kretz.

Architecture

Entrée


La conception de la villa aux trois étages, par Sauvage et Weissenburger représente l'exemple du déploiement de l'architecture Art nouveau dans Nancy, avec plusieurs fenêtres en demi-cercles et des motifs floraux couvrant les extérieurs. Majorelle produisit lui-même les ferronneries ainsi que le mobilier intérieur, les lambris ou encore le majestueux escalier. Louis Majorelle choisit d'installer son studio au troisième étage de la villa, sous le toit à pignons, avec une somptueuse baie vitrée arquée aux formes évoquant les branches d'un arbre.

L'architecture se veut légère, lumineuse et asymétrique. L'intérieur présente, aux milieux de vastes volumes ornés de motifs floraux évoquant par exemple la monnaie-du-pape, si chère à l'Ecole de Nancy, thème repris  sur certains vitraux de la villa, dessinés par Jacques Grüber. Les peintures de la salle à manger sont l'oeuvre de Francis Jourdain, et d'Henri Royer pour le reste des frises. Une monumentale cheminée en céramique, créée par Alexandre Bigot, trône au centre de la salle à manger.

L'architecte parisien adopte ici une démarche analytique nouvelle, faisant éclater la structure classique cubique. Les matériaux utilisés traduisent une grande originalité. Des poutrelles de fer, profilées en I et brutes de fabrication, soutiennent le balcon de l'atelier. Dessinées par Sauvage, leur galbe rappelle celui des montants de l'oriel du magasin Génin-Louis. L'architecte a visiblement joué sur le jeu de lignes verticales et courbes offert par ce support ductile.

Le métal employé aussi dans la ferronnerie architecturale de Majorelle prend une importance considérable. Les éléments fonctionnels, habituellement négligés, participent à l'identité de l'ensemble. Ainsi, les tuyaux de descente des eaux pluviales, en fonte, sont maintenus par des attaches de métal forgé et plié, imitant des feuilles de plantes aquatiques. La porte d'entrée principale, vitrée, à armature de fer, porte des monnaies-du-pape en tôle découpée à cru. Ce motif végétal dominant se retrouve sur les grilles des fenêtres du rez-de-chaussée. Au-dessus de la porte, de frêles branches d'orme en fer supportent une marquise de verre. Le portail et la porte de clôture utilisent la même technique de fabrication que celle employée pour la clôture de l'immeuble Biet.

Postérité

La villa est détruite partiellement par un bombardement allemand en 1916. A la mort de Louis Majorelle, elle est vendue à l'Etat. Son mobilier est dispersé, mais celui de la chambre à coucher est conservé au musée de l'Ecole de Nancy.

La villa Majorelle se visite sur réservation en partenariat avec le musée de l'Ecole de Nancy.

Cette villa remarquable, considérée à sa construction comme un véritable événement architectural, n'influencera pas le milieu nancéien. Mais elle prouve que la ferronnerie peut contribuer activement à l'unité architecturale d'un édifice.

Protection

Dans un premier temps, la villa Majorelle a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques, par arrêté du 15 janvier 1975. Elle a ensuite été classée (y compris le mur de clôture et le portail), par arrêté du 28 novembre 1996, ce dernier arrêté annulant le précédent. Elle est donc automatiquement labellisée "patrimoine du XXe siècle".

6-Palais des Ducs de Lorraine

Image illustrative de l'article Palais des Ducs de LorraineFaçade du palais des ducs de Lorraine



Nom local: Palais ducal

Période ou style: Renaissance

Début construction: 1502

Fin construction: 1512

Propriétaire initial: Ducs de Lorraine

Destination initiale: Résidence des ducs de Lorraine

Destination actuelle: Musée lorrain

Protection: Logo monument historiqueClassé MH (1840,2005)
                    Logo monument historiqueInscrit MH (1944,2005)

Anciennes provinces de France: Blason Lorraine.svgDuché de Lorraine

Région: Grand Est

Commune: Nancy



Le palais des Ducs de Lorraine est l'ancienne demeure des ducs de Lorraine. C'est un édifice de style Renaissance situé en plein coeur du secteur sauvegardé de Nancy, juste à côté de l'église des Cordeliers. Il fut la résidence principale des ducs de Lorraine durant la renaissance et ce jusqu'à la période Classique où la cour de Lorraine fut transférée au château de Lunéville. Il abrite actuellement le Musée lorrain qui retrace l'histoire du territoire Lorrain depuis la préhistoire jsuqu'à l'époque moderne en passant principalement par l'histoire du duché de Lorraine.

Historique

Intérieur de la façade, vu côté jardin


A la suite de la défaite de Charles le Téméraire, lors de la bataille de Nancy en 1477, le château des ducs de Lorraine était dans un état de délabrement avancé. Le duc René II ordonna en 1502 la reconstruction du château dans le style de l'époque, à savoir un palais de style Renaissance. Les travaux se poursuivirent jusqu'en 1512, sous le règne du duc Antoine qui est certainement l'instigateur de la porterie comportant sa propre statue équestre.

Le palais fut largement réduit sous le règne de Léopold Ier de Lorraine qui avait de plus grands projets.

Le palais fait l'objet de plusieurs protections au titre des monuments historiques.


  • L'ancien château ducal fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.
  • Le cartouche sculpté, présent sur la porte d'accès du gardien du palais ducal fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 14 mars 1944.
  • Le bâtiment Morey (façades et toitures), le bâtiment de la Petite Carrière (façades et toitures), le mur vestige du Louvre de Boffrand, l'ancienne petite écurie adossé à ce mur, l'ancien bâtiment scolaire adossé à ce mur,(façades et toitures), ainsi que les sols des cours du palais et de la petite carrière fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 21 décembre 2005.
  • Les parties intérieures du bâtiment de la Pierre Carrière font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 21 décembre 2005.

Architecture


Le palais ducal de Nancy est le résultat architectural réussi de l'union de deux styles: le gothique flamboyant et Renaissance, ce dernier style étant relativement tardif en Lorraine.

La façade sur rue est ponctuée de fenêtres Renaissance disposant, au premier étage, de balcons gothique flamboyant.

La Porterie

Porterie du palais ducal


Palais ducal de Nancy (XVIe)


Le jardin du palais ducal avec en arrière-plan le Plateau de Malzéville

D'un style très proche de celui du château de Blois, la porterie présente la statue équestre du duc Antoine de Lorraine sous un impressionnant gâble flamboyant dû à l'architecte Jacques Vauthier en 1511-1512. La décoration est typique de la première renaissance Lorraine dont les décors italinisants sont particulièrement raffinés (candélabres végétaux, angelos, coquilles...).

La statue équestre de 1512, due à Mansuy Gauvin, a été détruite en 1792 puis remplacée par une oeuvre de Giorné Viard en 1851.

Description

L'intérieur de la façade, quant à lui, est agrémenté d'une galerie gothique flamboyant rehaussée de contreforts, de médaillons et de baies, au premier étage, d'un style résolument Renaissance.

La grande salle a l'étage, nommée Galerie des cerfs, était une vaste pièce parée à l'origine d'un magnifique plafond à caissons, le premier de France orné de scènes peintes qui furent malheureusement détruites en 1871 dans un incendie.

La Tour de l'horloge abrite un escalier en colimaçon qui permet d'accéder aux étages par les ailes du palais. Cette dernière, surmontée d'une flèche, arbore les nombreux symboles du duché de Lorraine, Alérions, couronne. 

Le palais possédait autrefois un escalier monumental à double révolution également disparu aujourd'hui. Le bâtiment fut très largement endommagé par le duc Léopold Ier de Lorraine qui souhaitait construire un grand palais ducal pouvant rivaliser avec Le Louvre. A cette fin, il fit détruire les trois quarts du palais de René II, ainsi que de la collégiale Saint-Georges qui abritait alors les premiers tombeaux des ducs de Lorraine. Faute de moyens financiers, mais également d'occupation Française (1702-1714) de la cité ducale, Léopold, qui procédait aussi à la reconstruction du château de Lunéville, dut se résigner à abandonner ce projet de "Nouveau Louvre". Actuellement, il ne demeure de cette époque plus que deux bâtiments de faible élévation situés au fond du jardin et fortement modifiés, toutefois les pilastres du nouveau Louvre sont toujours visibles depuis les jardins du palais du gouverneur.

Sur les fondations de ce gigantesque palais inachevé, le Roi de Pologne et Duc de Lorraine Stanislas Leszczynski fit bâtir le palais du Gouverneur et son jardin.

Si la construction avait été menée à son terme, le palais de Léopold Ier de Lorraine aurait dû avoir les dimensions du palais du Gouverneur et de son jardin, sur le principe de la cour carrée du Louvre.

A la suite de l'incendie de 1871, une partie septentrionale de la façade fut restaurée dans un style renaissance beaucoup plus affirmé que pour la porterie.

Musée historique lorrain

Le Musée lorrain présente l'histoire de la Lorraine depuis les premiers hommes, l'histoire de la Cour des ducs dont le célèbre Stanislas Leszczynski, les collections s'achèvent à l'Empire. Le parcours présente également les nombreux artistes qui ont contribué au rayonnement de la cour de Lorraine au cours des siècles: Ligier Richier, Georges de La Tour, Jacques Callot, Louis Cyfflé, Clodion, ainsi que les manufactures lorraines de faïences (Lunéville....).

Le musée est également complété du Musée des arts et traditions populaires lorraines, situé dans le couvent des Cordeliers (XVIIIe), attenant au palais, ainsi que par l'église (XVe) et la chapelle des Cordeliers (XVIIe) qui abrite les enfeus et tombeaux des Ducs de Lorraine. 


 

samedi 1 avril 2017

5-Place Stanislas

Vue sur le pavillon de l'Opéra.Vue sur le pavillon de l'Opéra

Subdivision: Nancy, Meurthe-et-Moselle, Lorraine

Type: Culturel

Superficie: 1,31 ha

Zone tampon: 166 ha (secteur sauvegardé)

Numéro d'identification: 229

Zone géographique: Europe et Amérique du Nord

Année d'inscription: 1983 (7e session)


(1) Statue Stanislas - (2) Neptune - (3) AmphitriteStatue Stanislas, Neptune, Amphitrite




La place Stanislas est une place appartenant à un ensemble urbain classique situé à Nancy, dans la région Lorraine, en France, qui est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Voulue par le duc de Lorraine Stanislas Leszczynski, elle a été construite entre 1751 et 1755 sous la direction de l'architecte Emmanuel Héré. Son nom et sa statue centrale ont évolué au gré des bouleversements de l'histoire de France; elle porte son nom actuel depuis 1831.

Appelée familièrement par apocope place Stan', elle est, malgré ses belles proportions (106 mètres sur 124 mètres), de dimension modeste relativement aux 12 hectares du record français de la place des Quinconces à Bordeaux, à Nancy même, la place de la Carrière ou le cours Léopold, par exemple, sont plus étendus. Ce ne sont donc pas ses dimensions qui font l'originalité de la place Stanislas mais son aménagement et son rôle dans l'urbanisme de la cité, reliant deux quartiers autrefois indépendants. L'architecture et les monuments sont plus typiques d'une capitale d'Ancien Régime que d'une simple cité de province. Ainsi la planification urbaine d'une grande cohérence architecturale affirme, lors de sa construction, la persistance du pouvoir du duc de Lorraine, qui bénéficie alors encore de son indépendance.


Localisation

La place est située à la limite nord-est du centre-ville. Bien plus qu'une simple place Royale, elle est en fait au centre d'un plan d'urbanisme regroupant les grandes institutions du duché de l'époque tout en faisant l'union, via la place de la Carrière, entre la Ville-Vieille (médièvale) et la Ville-Neuve (transition XVIe-XVIIe siècle).

Histoire

Dans le cadre des manoeuvres diplomatiques visant à annexer le duché de Lorraine au royaume de France, Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV, avait reçu le duché en viager en 1737.

Le duc Léopold avait entrepris la reconstruction de la Lorraine, ravagée par les guerres du siècle passé. Il s'était entouré d'architectes et d'artistes comme Germain Boffrand qui formera Emmanuel Héré, la famille Mique, Barthélémy Guibal, Lamour....Stanislas trouve donc une équipe d'artistes de grand talent à son arrivée. Important l'art baroque d'Europe centrale, il insuffle une innovation de style en Lorraine qui servira d'inspiration pour des réalisations ailleurs en France.


Le site

Au milieu du XVIIe siècle, une vaste esplanade séparait la Ville-Vieille et la Ville-Neuve construite par Charles III en 1588. Si les fortifications de la Ville-Neuve avaient déjà été remplacées par un simple mur d'octroi, la communication restait difficile entre les deux villes. En effet en 1725-1729, le roi de France avait interdit au duc Léopold d'abattre les remparts de la Ville-Vieille et la Porte Royale, ouverte au XVIIe siècle, formait un véritable goulet d'étranglement. En août 1746, l'accès par la porte avait été néanmoins sensiblement amélioré en remplaçant par une chaussée le pont qui franchissait le fossé.

D'un côté de la porte se trouvait la place de la Carrière: un espace créé au XVIe siècle pour les joutes et tournois. Elle était bordée de maisons sans cohérence architecturale, mais aussi de bâtiments de valeur comme l'hôtel de Beauvau-Craon, édifié par Germain Boffrand. De l'autre côté se trouvait une sorte de terrain vague, avec quelques habitations gagnées sur la zone des anciennes fortifications. Avant le règne du duc Léopold, ce lieu servait à l'exposition des condamnés au pilori.

De chaque côté de la porte s'étendait une courtine reliant les bastions d'Haussonville et de Vaudémont. A l'emplacement de l'actuelle place Vaudémont se trouvait le bastion d'Haussonville et le bastion de Vaudémont était donc celui situé à l'entrée du parc de la Pépinière.

Projets

Projet des places Royales et de la Carrière


C'est en 1751 que Stanislas convoque à Lunéville Nicolas Durival, lieutenant de police de Nancy, pour lui annoncer son projet de construire une nouvelle place.

Destinée à honorer son gendre, le roi Louis XV de France, elle vise d'une part à habituer les Lorrains à leur futur souverain et d'autre part à s'attirer les faveurs du monarque.

Alors que les places royales sont traditionnellement des lieux à l'écart de la foule, comme l'exemple parisien de la place des Vosges, le projet de Stanislas est de rassembler les services administratifs de la cité, ainsi que des lieux de divertissements, au croisement de deux ans majeurs. Au front nord de la Ville-Neuve, deux rues parfaitement alignées suivant un axe est-ouest conduisent à la place Saint-Stanislas et la porte Sainte-Catherine. L'axe nord-sud s'étend du Palais ducal au nouvel hôtel de ville à travers l'arc de triomphe.

Les anciennes fortifications


Lors de la guerre de Succession d'Autriche, les environs de Nancy furent militairement menacés en 1743 et 1744. Le projet d'ouvrir un passage à hauteur de la Porte de France se heurta donc au oppositions du maréchal de Belle-Isle, responsable militaire des Trois-Evêchés, et de Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson, secrétaire d'Etat à la Guerre, qui souhaitaient que Nancy restât une ville fortifiée.

Face à ces difficultés, Stanislas envisage alors de changer de lieu et de restructurer la place du Marché dans la Ville-Neuve, en détruisant notamment l'hôtel de ville qui se situait alors face à l'église Saint-Sébastien. Ce sont cette fois les commerçants du quartier qui rejettent le projet.

Il arrive finalement à un compromis pour le site qui jouxte la Porte de France, en s'engageant à conserver intacts une grande partie des fortifications et le fossé. La nécessité de les masquer influencera l'architecture de la place. Stanislas prend cependant l'initiative de faire détruire une grande partie du bastion d'Haussonville, bien que le projet initial prévoie de le conserver.

Stanislas éprouve des difficultés à concéder les terrains aux bourgeois de ce qui n'est encore qu'une modeste bourgade de 25 000 habitants et il doit intégralement financer les façades des édifices. Il engage ainsi de nombreuses dépenses: 498 774 francs pour l'hôtel de ville, 272 791 francs pour le collège de médecine, 161 453 francs pour la statue centrale, 140 420 francs pour les basses-faces, 132 430 francs pour l'hôtel des fermes et 15 800 francs pour l'arc de triomphe.


Le chantier

Pendant les travaux


Dans un premier temps le projet est confié à Jean-Nicolas Jennesson, mais son style étant jugé trop classique, il est remplacé par Héré.

Le 18 mars 1752, François Maximilien Ossolinski pose officiellement la première pierre du premier édifice, le pavillon Jacquet. Le chantier qui nécessite la présence de 4 ouvriers simultanément ne dure que trois ans et demi.

La place est recouverte de pavés de couleur rouge avec des lignes de pavés noirs autour de la statue, le long des trottoirs et en diagonale.

C'est le 26 novembre 1755 qu'a lieu l'inauguration solennelle de la place. Stanislas veut frapper les esprits par le faste des célébrations. Le 22 novembre 1755, il quitte Lunéville et s'installe au château de la Malgrange. Le 25 novembre il assiste à une messe à la Primatiale en présence des corps constitués. Nancy est envahi par une foule de Lorrains et d'étrangers venus assister à l'événement.

Le matin du 26, Stanislas assiste à une messe à Bonsecours. Vers midi, il entre à Nancy, en cortège de sept carrosses accompagnés de pages à cheval, par la porte Saint-Nicolas, les honneurs lui sont rendus par les régiments de garde et des tirs d'artillerie.Le lieutenant de police Thibault de Montbois accueille le duc Stanislas et Chaumont de La Galaizière sur la place. Ils se rendent au balcon de l'hôtel de ville où ils assistent à la cérémonie pendant laquelle Guibal et Cyfflé dévoilent au public la statue royale. Alors qu'ils quittent le balcon, un morceau de plâtre se détache d'une corniche. Craignant un attentat, la garde donne l'alerte. S'ensuit un moment de panique vite maîtrisé. Vers 15 heures, ils assistent au théâtre à une représentation donnée par la troupe de Lunéville d'une pièce de Charles Palissot de Montenoy, Le Cercle ou les Originaux. Cette farce, qui moque Jean-Jacques Rousseau, fera scandale dans les cercles philosophiques. Après la pièce, un bal est donné dans une grande salle de l'hôtel de ville. Une fois la nuit tombée, des tonneaux de vin sont disposés devant les fontaines de la place à disposition du peuple qui vient gaiement y boire. Pendant ce temps, rue Saint-Dizier, deux cents opposants manifestent devant un buste du duc Léopold. Le feu d'artifice qui devait clôturer la fête sera reporté à cause de la pluie.


Modifications ultérieures

Etat de la place vers 1896


En 1759, Stanislas fait don de la place Royale, ainsi que de la place Carrière et de la Pépinière, à la municipalité de Nancy. 

En 1792, du fait de la Révolution, la place est fortement endommagée et la statue centrale est détruite. Le 26 avril 1792, elle est renommée place du Peuple. Elle deviendra ensuite place Napoléon sous l'Empire, puis sera renommée place Royale le 2 mai 1814 à la Restauration.

Dès la fin du XVIIIe siècle, les pavés sont tellement dégradés qu'ils doivent être entièrement retirés. Au XIXe siècle, une chaussée pavée fera le tour de la place, le centre restant en terre battue.

Le 14 janvier 1813, un régiment de cosaques entre dans la ville et bivouaque sur la place sans occasionner de dégâts.

En 1831, une nouvelle statue de Stanislas est inaugurée et la place prend son nom définitif de place Stanislas.

Durant les années 1861 et 1862, les trottoirs sont élargis.


Place Stanislas en 1914


Les huit premiers réverbères sont installés en 1836, aux angles de la place et au pied de l'arc de triomphe. On en ajoute bientôt quatre autres, au milieu des côtés. C'est à la même époque qu'on dispose des lanternes accrochées par des consoles en fer forgé aux façades. En 1857, on complète par de nouveaux réverbères et des bornes sur la périphérie.

En 1958, le sol de la place est nivelé pour le rendre horizontal. Les marches qui supportent la statue sont modifiées pour les adapter à la nouvelle configuration du terrain et les grilles qui les entouraient sont supprimées. Le sol est recouvert de pavés mosaïques (8-10cm) et de dalles gris terne, la périphérie et les trottoirs sont bitumés. L'opération est un échec sur le plan esthétique.Ouverte au stationnement, la place dispose de 600 emplacements de parking.

En 1983, le stationnement automobile est interdit.

Restauration pour le 250e anniversaire

Anonyme vers 1760 (huile sur toile)-Tableau dit "de Pange"


De grands travaux de rénovation furent planifiés pour le 250e anniversaire de l'inauguration de la place. L'architecte en chef des monuments historiques, Pierre-Yves Caillault, et l'archéologue René Elter furent chargés de réhabiliter la place dans sa configuration d'origine en se fondant sur un tableau anonyme situé au château de Pange en Moselle (Tableau dit "de Pange", retrouvé en 2003). Ce tableau représente la place originelle entourée de ses lices de bois, ainsi que les deux diagonales de dalles sombres. Le cahier de dépenses du chantier de 1751, eux aussi redécouverts, permirent d'apporter également des éléments indispensables à la restauration.


Candélabre de nuit


Cette rénovation a inclus la piétonnisation de la place et le renouvellement des sols par un pavement ocre clair avec deu diagonales de pavés noirs, comme à l'époque de Stanislas. Elle a aussi été l'occasion de repenser l'éclairage, de restaurer les façades des édifices donnant sur la place et dans les rues adjacentes, de redorer les grilles, d'élargir les trottoirs et de les border de lices. Les travaux durèrent deux ans et occasionnèrent de grosses modifications du plan de circulation automobile. Le budget de 8 millions d'€ a été financé par la ville de Nancy, l'Etat (10%), le conseil régional (28%) et le conseil général (10%). 

La rénovation donne lieu toute l'année à de nombreuses festivités: Nancy 2005, le Temps des lumières. Le 19 mai a lieu l'inauguration en présence de Jacques Chirac, Gerhard Scröder et Aleksander Kwasniewski, à l'occasion d'un sommet du Triangle de Weimar.

Lors de cette rénovation, une boîte destinée aux générations futures est enfouie sous la place le 15 avril 2005. Cette boîte abrite une météorite lunaire (offerte par le laboratoire du CRPG/CNRS de Nancy) ainsi qu'un livre contenant les pensées, maximes et dessins des Nancéens, collectés depuis 2004. La position de cette boîte est signalée par une étoile, à quelques mètres face à Stanislas.

Architecture

La configuration des lieu respecte l'ordonnance classique héritée de Mansart. On y retrouve des bâtiments à étages et façades régulières par exemple sur les places Vendôme ou de la Concorde à Paris ou encore la place Gambetta de Bordeaux. Cependant certains caractères architecturaux, relevant d'un répertoire baroque voire rococo (notamment pour l'Arc Héré), tempèrent cet aspect général classique, en faisant un ensemble étonnamment syncrétique.

L'architecte en est Emmanuel Héré. Elle est entourée de six grilles monumentales en fer forgé rehaussées de feuilles d'or, signées par Jean Lamour. En son centre est située la statue en pied de Stanislas, en lieu et place de celle de Louis XV qui y a trôné de 1755 jusqu'à sa destruction lors de la Révolution française. La statue actuelle date de 1831 et fait suite à une souscription des départements de la Meuse, de la Meurthe et des Vosges. Un arc de triomphe en l'honneur de Louis XV sépare la place de la Carrière. 

Les pavillons de la place sont répartis ainsi:

.l'hôtel de ville, le plus impressionnant des bâtiments;
.les quatre grands pavillons: l'hôtel de la Reine, le pavillon Jacquet, l'Opéra-théâtre (ancien hôtel des fermes puis évêché) et le Musée des beaux-arts (ancienne Académie de médecine);
.deux petits pavillons, moins hauts qui ouvrent la perspective, depuis l'hôtel de ville, sur l'arc de triomphe et la place de la Carrière.


           Panorama après la rénovation 2004-2005


Bâtiments

Les bâtiments qui ceinturent la place ont tous été créés par Emmanuel Héré

L'architecture classique présente un style d'ordre corinthien. Les façades sont ornées d'agrafe et de balcons. Elles sont surmontées d'une balustrade servant de support à des sculptures d'enfants et de pots à feu.

Le rez-de-chaussée, percé d'ouvertures en plein cintre, est séparé des étages par un bandeau mouluré.


Hôtel de ville

Façade de l'hôtel de ville


C'est le plus grand des bâtiments. D'une longueur de 98 mètres, il occupe tout le côté sud de la place. Egalement nommé Palais de Stanislas, il sert de mairie depuis sa construction.

Il a été construit de 1752 à 1755, à la place des hôtels de Gerbéviller et de Juvrécourt qui durent être détruits. Puis l'hôtel de Rouerke, un hôtel particulier voisin, a été démoli en 1890 pour lui permettre de s'agrandir.

Trois avant-corps, au centre et à chacune des extrémités, brisent la monotonie. Le fronton est orné des armes de Stanislas et du blason de la ville de Nancy. L'horloge centrale est encadrée de deux statues allégories de la justice et de la prudence. Plus bas, un bas-relief montre une jeune fille tenant un chardon, symbole de la ville depuis la victoire sur Charles le Téméraire. La rambarde du balcon reproduit les armoiries de la famille Leszczynski. L'intérieur a été réaménagé au fil des ans et seuls subsistent le vestibule, l'escalier et le salon carré du bâtiment d'origine.


Projet de façade tracé par Emmanuel Héré



L'entrée se fait par un vestibule à deux rangs de colonnes. Il abrite un escalier à deux courbures fait par Lamour, la cage et le plafond ont été peints par Jean Girardet. Le décor est inspiré des peintres italiens et allemands, il représente un bosquet et une architecture en trompe-l'oeil qui semble la continuité naturelle de l'escalier. Le mur du fond a été percé au XIXe siècle lors de l'installation d'un musée dans le bâtiment, depuis la fresque a été restituée dans son état initial. Au rez-de-chaussée se trouvaient également des bureaux et la salle des Redoutes où l'on donnait des bals.

Au premier étage, l'escalier débouche sur le salon carré, qui hébergeait autrefois l'Académie de Stanislas. Il est habillé de panneaux encadrés de pilastres de stuc dans un style corinthien. Les panneaux sont surmontés par des fenêtres s'ouvrant sur un balcon et des fresques. Quatre peintures  murales de Girardet évoquent les oeuvres de Stanislas: Appolon pour la création de société des sciences et belles-lettres, Jupiter pour la justice, Esculape pour le collège de Médecine et Mercure pour le soutien au commerçants. Au plafond, Stanislas a été représenté conduisant le char d'Apollon. Le salon carré servait autrefois d'antichambre aux appartements royaux. Ils ont été transformés en Grand Salon en 1866 pour le centième anniversaire du rattachement de la Lorraine à la France. Celui-ci est décoré de peintures de Emile Friant, Aimé Morot et Victor Prouvé.

Le bâtiment a été classé aux monuments historiques par arrêté du 12 juillet 1886.


Hôtel de la Reine


Façade initiale des pavillons latéraux




Hôtel de la Reine à l'heure actuelle



Ce bâtiment est situé sur le côté droit de l'hôtel de ville, au n°2 place Stanislas.

Autrefois pavillon de l'intendant Alliot, du nom de François-Antoine-Pierre Alliot, conseiller aulique et intendant de Stanislas. Ensuite nommé hôtel de l'Intendance, il hébergea l'administration départementale et la préfecture jusqu'à son transfert en 1824 au palais du Gouverneur situé place de la Carrière.

Il a également abrité une école de musique, Marie-Antoinette s'y rendit en 1769 pour y écouter des poésies de Nicolas Gilbert, ce qui inspira le nom actuel de l'établissement. Il devint en 1814 la résidence de l'empereur de Russie.

La façade et la toiture ont été classées aux monuments historiques par arrêté du 18 septembre 1929.

On y trouve aujourd'hui le Grand hôtel de la Reine, un hôtel 4 étoiles comprenant 42 chambres et un restaurant.

Opéra-théâtre

L'Opéra-théâtre

Au n°4 place Stanislas, le pavillon situé près de la fontaine Amphitrite abrite l'Opéra national de Lorraine.

Il a été érigé en 1753 par Jean-François de La Borde.

Autrefois hôtel des fermes, il a été vendu comme bien national en 1798. Il abrite l'évêché de 1802 (décret de messidor an VIII) à 1906.

La même année, le Théâtre de la Comédie, situé de l'autre côté de la place dans l'actuel pavillon du Musée des beaux-arts est détruit dans un incendie. Un concours d'architecte couronne Joseph Homecker pour un projet inspiré du théâtre à l'italienne. L'Etat prend possession du bâtiment en 1909 et les travaux sont lancés. Le 14 octobre 1919, l'inauguration donne lieu à une représentation du Sigurd d'Ernest Reyer. L'architecture en béton est masquée derrière un décor inspiré de l'Opéra Garnier.

L'immeuble a été classé aux monuments historiques par arrêté du 26 décembre 1923.

En 1995, des travaux de restauration sont mis en oeuvre sous la direction de Thierry Algrain.

Pavillon Jacquet

Pavillon Jacquet

Bâtiment initialement alloué à un bourgeois de Nancy, il est demeuré depuis une propriété privée. La ville de Nancy en est aujourd'hui propriétaire, à la faveur d'un droit de préemption exercé dans les années 1950, lors de la cession de l'immeuble. Le rez-de-chaussée abrite des locaux commerciaux. De nombreux services municipaux occupent les étages. Les derniers étages sont occupés par l'agence d'architecture André, Jean-Luc étant le petit-fils d'Emile André, célèbre architecte de l'Ecole de Nancy et locataire du lieu dès 1901, et par le directeur du Musée des beaux-arts voisin, par l'intermédiaire d'un appartement de service aménagé au début des années 1980.

Sur la façade à l'angle de la rue Gambetta se trouve une méridienne, variante de cadran solaire qui indique midi. Elle est l'oeuvre de l'horloger de Stanislas, Michel Ransonnet.

Situé au n°1 place Stanislas, il héberge aujourd'hui deux brasseries: le Foy et le Commerce.

La façade et la toiture ont été classées aux monuments historiques par arrêté du 25 juin 1929. 

Musée des beaux-arts

Musée des beaux-arts de Nancy

Situé au n°3 de la place, près de la fontaine Apollon, on y trouve aujourd'hui le Musée des beaux-arts de Nancy.

Le pavillon accueillait, à l'époque de Stanislas, le Collège de médecine et de chirurgie. Puis il hébergea le Théâtre de la Comédie, construit en 1758 et qui fut totalement détruit par un incendie dans la nuit du 4 au 5 octobre 1906. On y trouvait aussi le café de la comédie et le café du commerce.

Il a ensuite accueilli le Musée de Beaux-Arts à partir de 1793. Une première extension a été réalisée en 1936 par les fils d'Emile André et une seconde en 1995 par Laurent Beaudouin. Le bâtiment actuel a été inauguré le 5 février 1999.

L'immeuble a été classé aux monuments historiques par arrêté du 27 décembre 1923.

Basses faces

Les petits pavillons et l'arc de nuit


En face de l'hôtel de ville se trouvent deux petits pavillons, les basses faces ou trottoirs, moins hauts qui ouvrent la perspective sur l'arc de triomphe et la place de la Carrière.

La place ne devait au départ être bâtie que sur trois côtés seulement, et il fallut l'insistance de Stanislas pour que le quatrième côté soit équipé d'immeubles. Situé au niveau des remparts sur la courtine qui reliait les bastions de Vaudémont et d'Haussonville, ils ont dû être limités à un seul bastions. Ils sont séparés par la rue Héré qui conduit à l'arc de triomphe.

Leur construction a été supervisée par Claude Mique et Claude-Thomas Gentillâtre (1712-1773) et comme le pavillon Jacquet les bâtiments furent alloués à des bourgeois de Nancy.

Ils ont hébergé l'office du tourisme, aujourd'hui dans le pavillon de l'hôtel de ville.La brasserie Jean Lamour au n°7 est partiellement sur l'emplacement du café royal qui existait en 1755 à la création de la place. On trouve également aujourd'hui une galerie Daum vendant des oeuvres de cette cristallerie.

Les façades et toitures donnant sur la place ainsi que leur perpendiculaires dans la rue Héré ont été classées aux monuments historiques le 2 avril 1928.


Arc Héré

Arc Héré



Arrière de l'arc Héré 



L'arc est situé sur le côté nord de la place, à l'extrémité de la rue Héré qui s'ouvre entre les petits pavillons, dans la perspective de la place de la Carrière et du palais du gouverneur.

Il est construit sur l'emplacement de l'ancienne Porte Royale construite par Louis XIV. Celle-ci est détruite en 1752 par Stanislas et les travaux d'édification de l'arc se déroulent de 1753 à 1755. Le thème principal du décor est la guerre et la paix, symbolisées par des branches de laurier et d'olivier, allusions à la bataille de Fontenoy (1745) et au traité d'Aix-la-Chapelle (1748).

A l'origine l'arc était relié aux remparts par des galeries, le sommet de l'arc faisait partie du chemin de ronde pour satisfaire aux exigences du gouverneur militaire le Maréchal de Belle-Isle.Ayant lui-même un rôle de fortification, l'arc est très large. La muraille qui l'entourait a été abattue vers 1772 à l'est (parc de la Pépinière) et en 1847 à l'ouest (place Vaudémont), isolée, la porte devient alors un véritable arc de triomphe.

Il a été dessiné par Emmanuel Héré. Elevé sur un piédestal et d'ordre corinthien, il est inspiré de l'arc de Septime Sévère à Rome. Il reproduit l'arc de la porte Saint-Antoine à Paris dressé en 1660 par Jean Marot.Le monument est percé par une grande arcade en plein cintre encadré par deux proches plus bas, chacun étant est encadré de colonnes. La baie centrale présente une avancée sur la façade.

La face visible depuis la place Stanislas est la plus richement décorée. Sur la corniche, reprenant le thème de la guerre et de la paix, on trouve des statues de Cérès, de Minerve, d'Hercule (copie l'Hercule Farnèse) et de Mars. Au centre de la corniche se trouve un acrotère supportant un groupe de trois personnages en plomb doré et orné d'un médaillon de Louis XV. Le médaillon est soutenu par Minerve, à gauche, ainsi que par une personnification de la paix, située à droite. A l'arrière du médaillon est représentée Fama, déesse romaine de la gloire, qui tient une trompette dans sa main gauche et une couronne de laurier dans sa main droite. Toutes ces statues ont été faites par Guibal.

Détail du groupe de la Renommée

Un premier médaillon de Louis XV en marbre blanc avait été réalisé par Jean Baptiste Walneffer. Présentant un profil du roi à l'antique, il a été détruit à la Révolution. Il a ensuite été remplacé par un médaillon en plomb doré représentant le portrait du souverain. En 1830, le nouveau médaillon est retiré de l'arc pendant la révolution de Juillet et conservé dans un dépôt. Il retrouvera sa place le 26 mars 1852.

Sous la corniche, se trouvent trois bas-reliefs en marbre blanc. Le plus à gauche représente Apollon tirant une flèche contre un dragon ailé qui enlace un homme. Le bas-relief principal montre Mercure et Minerve sous des dattiers et celui de droite Apollon jouant de la lyre accompagné de muses. Ces trois bas-reliefs ont été repris de l'ancienne porte Royale, en considérant Apollon comme une allégorie de Louis XV.

On trouve enfin trois inscriptions écrites sur des tables de marbre noir.Sur la face de l'acrotère portant le groupe de la Renommée, on lit "HOSTIUM TERROR/FOEDERUM CULTOR/GENTISQUE DECUS ET AMOR" ("Terreur des ennemis, artisan des traités, gloire et amour de son peuple"). Sous le bas relief de gauche: "PRINCIPI VICTORI" et sous celui de droite "PRINCIPI PACIFICO". En 1830, à la place de chacune de ces deux inscriptions, on avait peint en jaune "LIBERTE EGALITE" et "LIBERTE FRATERNITE" (devise française). En 1876 les anciennes inscriptions seront restaurées. Il a été classé monument historique le 27 décembre 1923.

Statue centrale

Au centre de la place se trouve le Monument à Stanislas Leszcznski réalisé en 1831. Il a remplacé une statue de Louis XV qui avait été détruite à la Révolution.

Statue de Louis XV

Statue de Louis XV par Barthélemy Guibal et Paul-Louis Cyfflé, gravure de Dominique Collin (1725-1781)


En 1744, le roi Louis XV de France tombe gravement malade et on le croit perdu. Plusieurs villes décident de construire des statues à l'effigie du roi Louis XV: de Bordeaux (1739-1741), Rennes (1756-1751), Paris (1748), Rouen (1758), Reims (1758), Valenciennes (1749-1752).

La statue réalisée en bronze faisait 7 500kg pour 4,66m de haut. Son bras droit tenait un bâton royal dirigé vers le pavillon de l'hôtel des fermes. Sa main gauche appuyée au côté, il regardait vers Paris. Victorieux, il était vêtu à la romaine, cuirassé et drapé dans un manteau royal.

Elle était sur un socle en marbre de Gênes, lui-même posé sur un emmarchement de trois degrés qui sera modifié en 1958. La dédicace de la face principale portait l'inscription, "LUDOVICO XV/TENERRIMI ANIMI/MONUMENTUM" ("à Louis XV monument d'un coeur affectueux"). Sur le socle, quatre médaillons représentaient le mariage du roi, la réunion de la Lorraine, la paix de Vienne et la fondation de Stanislas. Le duc avait composé lui-même les sujets allégoriques qui devaient orner les quatre côtés du piédestal. On en trouve trace dans un manuscrit conservé à la bibliothèque de Nancy. Quatre statues en plomb, allégories de vertus, étaient accoudées à chaque angle du monument. La Prudence et la Justice étaient des eouvres de Guibal, la Valeur et la Clémence étant dues à Cyfflé. Ces mêmes vertus étaient représentées sur le socle du Louis XV à cheval de Bouchardon qui était érigé à Paris. Un piédouche surmontait le socle, il portait un hexamètre sur chaque face:

."Vive Diu Lothari saecla precantur" ("Vis longtemps Louis, les lorrains demandent pour toi des siècles")
."Artificem ducebat amor praestantiae arte" ("L'amour qui l'emporte sur l'art a dirigé l'artiste")
."Principis ex animo plaudit lotharingia votis" ("La Lorraine applaudit de tout coeur aux voeux de son prince")
."Reddit amor soceri muta baec spirantia signa" ("L'amour du beau-père a rendu vivante cette statue").

Lorsque Stanislas lance un appel aux artistes, Barthélémy Guibal présente une ébauche en cire de 29 pouces de hauteur, une fois le projet accepté il réalise un modèle de 2 pieds 9 pouces.

Un premier essai de fonte de la statue échoue. Jean-Joseph Söntgen, qui deviendra le sculpteur de Stanislas après la mort de Guibal, est appelé en Lorraine pour préparer la fonte. La statue est coulée en trois minutes dans le jardin de Guibal à Lunéville le 15 juillet 1755 à 7 heures du soir. L'opération est réalisée par le fondeur Perrin assisté de deux ouvriers.On dit que Basile-Benoît Mathis (1736-1805), le gendre de Guibal qui supervisait la coulée, était tellement inquiet que ses cheveux devinrent tout blanc.

On dit que Stanislas, qui assistait aux opérations, aurait jeté des pièces d'or dans le métal en fusion, mais Nicolas Durival dans sa Description de la Lorraine et du Barrois affirme que celui-ci se trouvait alors à Commercy et qu'il ne fut averti sur succès de la coulée que le lendemain matin.

La statue est transportée à Nancy le 16 novembre par un véhicule construit exprès et tiré par 36 chevaux, le pont sur la Meurthe à Saint-Nicolas-de-Port doit être consolidé. Le 18 novembre à midi, elle est posée sur son piédestal qui déjà accueille trois des quatre vertus. Elle reste masquée par un drap jusqu'à l'inauguration du 26 novembre.

Il a existé une controverse autour du ou des auteurs de la statue. Lors de la présentation du modèle de cire, Stanislas propose à Guibal de se faire assister Paul-Louis Cyfflé, jeune artiste de 25 ans. Celui-ci refuse dans un premier temps, proposant que Cyfflé se limite aux bas-reliefs du piédestal, puis accepte. Selon Guibal, Cyfflé demande à ce que soit inscrite la dédicace "GUIBAL ET CYFFLE FECERUNT", Guibal s'y oppose et envoie un courrier à Stanislas. Le duc tranche pour "GUIBAL FECIT COOPERANTE CYFFLE" et finalement Cyfflé fait retirer les deux derniers mots pour n'avoir plus que l'inscription "GUIBAL FECIT". Après la mort de Guibal, Cyfflé se revendique comme l'auteur de la statue. Il prétend que Stanislas voulait faire inscrire au bas "Fait par Guibal d'un coup de Cyfflé" et se présente comme auteur au roi du Danemark en visite à Nancy en 1769. Il le fait même publier dans les journaux.

Pour défendre le point de vue de leur aïeul plusieurs descendants de Guibal vont prendre la plume. On trouve ainsi une lettre de sa fille Mme Mathis (alors à Moscou) à Nicolas Durival en mars 1786 à propos de la notice sur la statue dans sa Description de la Lorraine et du Barrois. Son fils, notaire à Lunéville mort en 1818, a écrit un mémoire en 1814. Un exemplaire en est conservé à la bibliothèque de Nancy. Son petit-fils Charles-François Guibal (1781-1861), magistrat à Nancy et membre de l'Académie de Stanislas, a également publié une notice en 1860.

On trouve cependant trace de Cyfflé comme coauteur, par exemple dans le livre de comptabilité, "La somme de 41 000 livres aux sieurs Guibal et Cyfflé pour la main-d'oeuvre de ladite statue, bas-reliefs et ornements, relativement à la convention faite avec eux et suivant le certificat de M.Héré, mandement et quittance".

La gloire de Napoléon

Lors de la Révolution française, un décret du 14 août 1792 oblige les municipalités à faire disparaître les emblèmes royaux.Le 2 septembre 1792, 118 citoyens se réunissent à l'église des Carnes. A l'initiative de l'avocat André, ils rédigent une pétition adressée au maire André Dusquenoy lui demandant d'intercéder auprès de l'Assemblée nationale pour suspendre les travaux de démolition de la statue. Celle-ci recueille 672 signatures, mais la statue doit tout de même être descendue de son piédestal et enterrée dans une fosse au milieu de la place.

Le 13 novembre un bataillon de fédérés (appelés les Marseillais) prend la relève de la garde nationale parisienne qui stationnait à Nancy. Ils entreprennent de détruire nombre d'oeuvres faisant allusion à la monarchie ou à Stanislas. Le 14, ils déterrent la statue et la soumettent au feu pour pouvoir la séparer en morceaux, des fragments sont éparpillés. Le 26 novembre 1792 elle est totalement exhumée et déposée à l'hôtel de ville. Le 23 janvier 1793 elle est vendue au poids à la fonderie de Metz.Une réduction en bronze de cette statue, autrefois destinée au château de Chanteheux, est aujourd'hui conservée au musée lorrain. Le 25 messidor an VIII (14 juillet 1800), le préfet Jean Joseph Marquis inaugure la construction de la "colonne de la Meurthe", pour obéir à l'ordonnance du 12 juin qui réclame l'érection d'un monument en honneur des défenseurs de la patrie dans chaque département. La ville de Nancy manque d'argent, la colonne ne sera jamais achevée et le socle de la place du peuple reste vide.


Le 12 septembre 1808 la municipalité commande au sculpteur Joseph Labroise une représentation du Génie de la France réalisée en pierre de Savonnières. Elle représente une femme ailée distribuant des couronnes. Sous l'Empire, l'oeuvre de Labroise est renommée Gloire de Napoléon. Elle est à nouveau modifiée sur ordre de Louis XVIII et est finalement inaugurée le 25 août 1814.

Monument à Stanislas Lesczczynski

Détail du monument à Stanislas Leszczynski (1831) par Georges Jacquot  


Sous le Consulat, la société académique de Nancy projette d'ériger un monument en l'honneur de Stanislas. Les circonstances ne permettront pas de l'exécuter.


Un premier projet de monument à Stanislas Leszczynski est accepté par le préfet Jean Paul Alban de Villeneuve-Bargemon. Il est prévu pour la place de la Carrière. Louis XVIII approuve le projet en 1823, sur les conseils de Corbière.

Un arrêté préfectoral du 12 mars 1823 fixe les conditions d'une souscription dans les départements de la Meurthe, des Vosges et de la Meuse.

Elle est placée sous l'autorité du commandant de la deuxième subdivision de la troisième division militaire: Marie-Jacques Thomas, marquis de Pange. En août 1824, 40 686 francs ont été récoltés, bien moins que les 90 000 escomptés.

Vue depuis l'hôtel de ville


Dans une lettre du 31 mai 1823 Charles-François Guibal propose de dresser le monument sur le socle de la place Royale. La commission choisit Georges Jacquot, un jeune sculpteur. Il présente deux esquisses en argile, l'une représentant un Stanislas guerrier l'autre, plus conforme au cahier des charges, en habits polonais vêtu du manteau royal. La seconde esquisse est choisie le 13 décembre 1825. Un modèle en plâtre est réalisé par Jacquot puis exposé au salon de l'hôtel de ville. 

Le 12 mai 1826, la commande est passée pour 6 000 francs payables en cinq fois au fur et à mesure de l'avancement des travaux, qui devaient durer deux ans au plus.

En septembre 1827, un modèle en plâtre est achevé. La statue de Labroise, qui occupait le socle, est détruite en 1830. La statue de Stanislas Ier, coulée par le fondeur Soyer, n'est réceptionnée que le 22 octobre 1831. Elle pèse 5 400 kg et mesure 4,13m.

Le piédouche de marbre blanc qui surplombait le socle est retiré. Il est utilisé depuis 1830 comme stèle sur le caveau de la famille Antoine, visible au cimetière de Préville.

Les inscriptions du socle ne furent décidées que le 20 octobre 1831 à la suggestion du recteur Jean-Joseph Soulacroix et de Charles Haldat directeur de l'école de médecine, " A/STANISLAS LE BIENFAISANT/LA LORRAINE RECONNAISSANTE/1831 MEURTHE-MEUSE-VOSGES". Le monument est inauguré le 6 novembre 1831 par le préfet Lucien Arnault".

En 1951, elle est descendue de son socle pour le mariage de Otto von Habsburg, héritier de la maison de Lorraine. La grille en fer forgé de Lamour qui entourait le socle est retirée en 1958.

La statue du roi Stanislas était censée pointer, selon le cahier des charges du sculpteur Jacquot, le portrait de Louis XV sur l'arc de triomphe de son index démesuré. Un simple examen visuel montre que le résultat est pour le moins approximatif. Des mesures réalisées par l'IGN le 6 mai 2004, ont montré que l'index pointe vers le Nord-Ouest, en direction de Sedan et Charleville-Mézières. La main de l'ancienne statue de Louis XV, qui a été détruite à la Révolution, désignait elle l'hôtel des fermes alors que son regard était dirigé vers la ville de Paris.

Fontaines

Fontaine de Neptune


Deux fontaines symétriques représentant Neptune et Amphitrite sont disposées dans les angles qui relient les basses face aux pavillons latéraux. Elles sont dans un style rococo qui rompt avec l'architecture classique de la place.

Elles sont surmontées d'un portique en ferronnerie de Jean Lamour, qui permettaient de masquer les remparts et les fossés. Formant un profil concave, dit "en tour creuse", ces portiques présentent une arcade principale flanquée de deux baies latérales plus petites. L'ouverture des cintres est de 15.30m et leur hauteur de 10,40m. Ils forment un avant-plan devant des massifs d'arbres.

Amphitrite (détail)


En 1750, un projet de deux fontaines présentées par Guibal à Stanislas, celui-ci étant jugé trop cher il est décidé de les réaliser en plomb plutôt qu'en bronze. Les fourneaux destinés à la fonte des statues sont construits, avec un certain cérémonial le 29 novembre 1751 sur un terrain de Guibal. La première pierre de ces édifices a été cédée au Musée lorrain par son petit-fils.

Les grilles et fontaines ont été les premiers éléments de la place classés aux monument historique le 12 juillet 1886.

Du côté de l'opéra, à droite quand on regarde l'arc de triomphe, la fontaine Amphitrite est agrémentée d'une statue dont la nudité choquait l'aumônier de Stanislas. Les deux fontaines latérales ont été supprimées en 1771 pour ouvrir un accès vers le parc de la Pépinière.

De l'autre côté, la fontaine Neptune présente une statue du dieu brandissant un trident et surplombant des enfants à cheval sur des dauphins. Les deux baies latérales encadrent deux autres fontaines. Dans la petite fontaine de gauche, on voit un enfant qui pleure. Il avait à l'époque une écrevisse qui lui pinçait le doigt, celle-ci a disparu aujourd'hui. Une reproduction par moulage est exposée au Musée des monuments français du palais de Chaillot.