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samedi 1 avril 2017

5-Place Stanislas

Vue sur le pavillon de l'Opéra.Vue sur le pavillon de l'Opéra

Subdivision: Nancy, Meurthe-et-Moselle, Lorraine

Type: Culturel

Superficie: 1,31 ha

Zone tampon: 166 ha (secteur sauvegardé)

Numéro d'identification: 229

Zone géographique: Europe et Amérique du Nord

Année d'inscription: 1983 (7e session)


(1) Statue Stanislas - (2) Neptune - (3) AmphitriteStatue Stanislas, Neptune, Amphitrite




La place Stanislas est une place appartenant à un ensemble urbain classique situé à Nancy, dans la région Lorraine, en France, qui est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Voulue par le duc de Lorraine Stanislas Leszczynski, elle a été construite entre 1751 et 1755 sous la direction de l'architecte Emmanuel Héré. Son nom et sa statue centrale ont évolué au gré des bouleversements de l'histoire de France; elle porte son nom actuel depuis 1831.

Appelée familièrement par apocope place Stan', elle est, malgré ses belles proportions (106 mètres sur 124 mètres), de dimension modeste relativement aux 12 hectares du record français de la place des Quinconces à Bordeaux, à Nancy même, la place de la Carrière ou le cours Léopold, par exemple, sont plus étendus. Ce ne sont donc pas ses dimensions qui font l'originalité de la place Stanislas mais son aménagement et son rôle dans l'urbanisme de la cité, reliant deux quartiers autrefois indépendants. L'architecture et les monuments sont plus typiques d'une capitale d'Ancien Régime que d'une simple cité de province. Ainsi la planification urbaine d'une grande cohérence architecturale affirme, lors de sa construction, la persistance du pouvoir du duc de Lorraine, qui bénéficie alors encore de son indépendance.


Localisation

La place est située à la limite nord-est du centre-ville. Bien plus qu'une simple place Royale, elle est en fait au centre d'un plan d'urbanisme regroupant les grandes institutions du duché de l'époque tout en faisant l'union, via la place de la Carrière, entre la Ville-Vieille (médièvale) et la Ville-Neuve (transition XVIe-XVIIe siècle).

Histoire

Dans le cadre des manoeuvres diplomatiques visant à annexer le duché de Lorraine au royaume de France, Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV, avait reçu le duché en viager en 1737.

Le duc Léopold avait entrepris la reconstruction de la Lorraine, ravagée par les guerres du siècle passé. Il s'était entouré d'architectes et d'artistes comme Germain Boffrand qui formera Emmanuel Héré, la famille Mique, Barthélémy Guibal, Lamour....Stanislas trouve donc une équipe d'artistes de grand talent à son arrivée. Important l'art baroque d'Europe centrale, il insuffle une innovation de style en Lorraine qui servira d'inspiration pour des réalisations ailleurs en France.


Le site

Au milieu du XVIIe siècle, une vaste esplanade séparait la Ville-Vieille et la Ville-Neuve construite par Charles III en 1588. Si les fortifications de la Ville-Neuve avaient déjà été remplacées par un simple mur d'octroi, la communication restait difficile entre les deux villes. En effet en 1725-1729, le roi de France avait interdit au duc Léopold d'abattre les remparts de la Ville-Vieille et la Porte Royale, ouverte au XVIIe siècle, formait un véritable goulet d'étranglement. En août 1746, l'accès par la porte avait été néanmoins sensiblement amélioré en remplaçant par une chaussée le pont qui franchissait le fossé.

D'un côté de la porte se trouvait la place de la Carrière: un espace créé au XVIe siècle pour les joutes et tournois. Elle était bordée de maisons sans cohérence architecturale, mais aussi de bâtiments de valeur comme l'hôtel de Beauvau-Craon, édifié par Germain Boffrand. De l'autre côté se trouvait une sorte de terrain vague, avec quelques habitations gagnées sur la zone des anciennes fortifications. Avant le règne du duc Léopold, ce lieu servait à l'exposition des condamnés au pilori.

De chaque côté de la porte s'étendait une courtine reliant les bastions d'Haussonville et de Vaudémont. A l'emplacement de l'actuelle place Vaudémont se trouvait le bastion d'Haussonville et le bastion de Vaudémont était donc celui situé à l'entrée du parc de la Pépinière.

Projets

Projet des places Royales et de la Carrière


C'est en 1751 que Stanislas convoque à Lunéville Nicolas Durival, lieutenant de police de Nancy, pour lui annoncer son projet de construire une nouvelle place.

Destinée à honorer son gendre, le roi Louis XV de France, elle vise d'une part à habituer les Lorrains à leur futur souverain et d'autre part à s'attirer les faveurs du monarque.

Alors que les places royales sont traditionnellement des lieux à l'écart de la foule, comme l'exemple parisien de la place des Vosges, le projet de Stanislas est de rassembler les services administratifs de la cité, ainsi que des lieux de divertissements, au croisement de deux ans majeurs. Au front nord de la Ville-Neuve, deux rues parfaitement alignées suivant un axe est-ouest conduisent à la place Saint-Stanislas et la porte Sainte-Catherine. L'axe nord-sud s'étend du Palais ducal au nouvel hôtel de ville à travers l'arc de triomphe.

Les anciennes fortifications


Lors de la guerre de Succession d'Autriche, les environs de Nancy furent militairement menacés en 1743 et 1744. Le projet d'ouvrir un passage à hauteur de la Porte de France se heurta donc au oppositions du maréchal de Belle-Isle, responsable militaire des Trois-Evêchés, et de Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson, secrétaire d'Etat à la Guerre, qui souhaitaient que Nancy restât une ville fortifiée.

Face à ces difficultés, Stanislas envisage alors de changer de lieu et de restructurer la place du Marché dans la Ville-Neuve, en détruisant notamment l'hôtel de ville qui se situait alors face à l'église Saint-Sébastien. Ce sont cette fois les commerçants du quartier qui rejettent le projet.

Il arrive finalement à un compromis pour le site qui jouxte la Porte de France, en s'engageant à conserver intacts une grande partie des fortifications et le fossé. La nécessité de les masquer influencera l'architecture de la place. Stanislas prend cependant l'initiative de faire détruire une grande partie du bastion d'Haussonville, bien que le projet initial prévoie de le conserver.

Stanislas éprouve des difficultés à concéder les terrains aux bourgeois de ce qui n'est encore qu'une modeste bourgade de 25 000 habitants et il doit intégralement financer les façades des édifices. Il engage ainsi de nombreuses dépenses: 498 774 francs pour l'hôtel de ville, 272 791 francs pour le collège de médecine, 161 453 francs pour la statue centrale, 140 420 francs pour les basses-faces, 132 430 francs pour l'hôtel des fermes et 15 800 francs pour l'arc de triomphe.


Le chantier

Pendant les travaux


Dans un premier temps le projet est confié à Jean-Nicolas Jennesson, mais son style étant jugé trop classique, il est remplacé par Héré.

Le 18 mars 1752, François Maximilien Ossolinski pose officiellement la première pierre du premier édifice, le pavillon Jacquet. Le chantier qui nécessite la présence de 4 ouvriers simultanément ne dure que trois ans et demi.

La place est recouverte de pavés de couleur rouge avec des lignes de pavés noirs autour de la statue, le long des trottoirs et en diagonale.

C'est le 26 novembre 1755 qu'a lieu l'inauguration solennelle de la place. Stanislas veut frapper les esprits par le faste des célébrations. Le 22 novembre 1755, il quitte Lunéville et s'installe au château de la Malgrange. Le 25 novembre il assiste à une messe à la Primatiale en présence des corps constitués. Nancy est envahi par une foule de Lorrains et d'étrangers venus assister à l'événement.

Le matin du 26, Stanislas assiste à une messe à Bonsecours. Vers midi, il entre à Nancy, en cortège de sept carrosses accompagnés de pages à cheval, par la porte Saint-Nicolas, les honneurs lui sont rendus par les régiments de garde et des tirs d'artillerie.Le lieutenant de police Thibault de Montbois accueille le duc Stanislas et Chaumont de La Galaizière sur la place. Ils se rendent au balcon de l'hôtel de ville où ils assistent à la cérémonie pendant laquelle Guibal et Cyfflé dévoilent au public la statue royale. Alors qu'ils quittent le balcon, un morceau de plâtre se détache d'une corniche. Craignant un attentat, la garde donne l'alerte. S'ensuit un moment de panique vite maîtrisé. Vers 15 heures, ils assistent au théâtre à une représentation donnée par la troupe de Lunéville d'une pièce de Charles Palissot de Montenoy, Le Cercle ou les Originaux. Cette farce, qui moque Jean-Jacques Rousseau, fera scandale dans les cercles philosophiques. Après la pièce, un bal est donné dans une grande salle de l'hôtel de ville. Une fois la nuit tombée, des tonneaux de vin sont disposés devant les fontaines de la place à disposition du peuple qui vient gaiement y boire. Pendant ce temps, rue Saint-Dizier, deux cents opposants manifestent devant un buste du duc Léopold. Le feu d'artifice qui devait clôturer la fête sera reporté à cause de la pluie.


Modifications ultérieures

Etat de la place vers 1896


En 1759, Stanislas fait don de la place Royale, ainsi que de la place Carrière et de la Pépinière, à la municipalité de Nancy. 

En 1792, du fait de la Révolution, la place est fortement endommagée et la statue centrale est détruite. Le 26 avril 1792, elle est renommée place du Peuple. Elle deviendra ensuite place Napoléon sous l'Empire, puis sera renommée place Royale le 2 mai 1814 à la Restauration.

Dès la fin du XVIIIe siècle, les pavés sont tellement dégradés qu'ils doivent être entièrement retirés. Au XIXe siècle, une chaussée pavée fera le tour de la place, le centre restant en terre battue.

Le 14 janvier 1813, un régiment de cosaques entre dans la ville et bivouaque sur la place sans occasionner de dégâts.

En 1831, une nouvelle statue de Stanislas est inaugurée et la place prend son nom définitif de place Stanislas.

Durant les années 1861 et 1862, les trottoirs sont élargis.


Place Stanislas en 1914


Les huit premiers réverbères sont installés en 1836, aux angles de la place et au pied de l'arc de triomphe. On en ajoute bientôt quatre autres, au milieu des côtés. C'est à la même époque qu'on dispose des lanternes accrochées par des consoles en fer forgé aux façades. En 1857, on complète par de nouveaux réverbères et des bornes sur la périphérie.

En 1958, le sol de la place est nivelé pour le rendre horizontal. Les marches qui supportent la statue sont modifiées pour les adapter à la nouvelle configuration du terrain et les grilles qui les entouraient sont supprimées. Le sol est recouvert de pavés mosaïques (8-10cm) et de dalles gris terne, la périphérie et les trottoirs sont bitumés. L'opération est un échec sur le plan esthétique.Ouverte au stationnement, la place dispose de 600 emplacements de parking.

En 1983, le stationnement automobile est interdit.

Restauration pour le 250e anniversaire

Anonyme vers 1760 (huile sur toile)-Tableau dit "de Pange"


De grands travaux de rénovation furent planifiés pour le 250e anniversaire de l'inauguration de la place. L'architecte en chef des monuments historiques, Pierre-Yves Caillault, et l'archéologue René Elter furent chargés de réhabiliter la place dans sa configuration d'origine en se fondant sur un tableau anonyme situé au château de Pange en Moselle (Tableau dit "de Pange", retrouvé en 2003). Ce tableau représente la place originelle entourée de ses lices de bois, ainsi que les deux diagonales de dalles sombres. Le cahier de dépenses du chantier de 1751, eux aussi redécouverts, permirent d'apporter également des éléments indispensables à la restauration.


Candélabre de nuit


Cette rénovation a inclus la piétonnisation de la place et le renouvellement des sols par un pavement ocre clair avec deu diagonales de pavés noirs, comme à l'époque de Stanislas. Elle a aussi été l'occasion de repenser l'éclairage, de restaurer les façades des édifices donnant sur la place et dans les rues adjacentes, de redorer les grilles, d'élargir les trottoirs et de les border de lices. Les travaux durèrent deux ans et occasionnèrent de grosses modifications du plan de circulation automobile. Le budget de 8 millions d'€ a été financé par la ville de Nancy, l'Etat (10%), le conseil régional (28%) et le conseil général (10%). 

La rénovation donne lieu toute l'année à de nombreuses festivités: Nancy 2005, le Temps des lumières. Le 19 mai a lieu l'inauguration en présence de Jacques Chirac, Gerhard Scröder et Aleksander Kwasniewski, à l'occasion d'un sommet du Triangle de Weimar.

Lors de cette rénovation, une boîte destinée aux générations futures est enfouie sous la place le 15 avril 2005. Cette boîte abrite une météorite lunaire (offerte par le laboratoire du CRPG/CNRS de Nancy) ainsi qu'un livre contenant les pensées, maximes et dessins des Nancéens, collectés depuis 2004. La position de cette boîte est signalée par une étoile, à quelques mètres face à Stanislas.

Architecture

La configuration des lieu respecte l'ordonnance classique héritée de Mansart. On y retrouve des bâtiments à étages et façades régulières par exemple sur les places Vendôme ou de la Concorde à Paris ou encore la place Gambetta de Bordeaux. Cependant certains caractères architecturaux, relevant d'un répertoire baroque voire rococo (notamment pour l'Arc Héré), tempèrent cet aspect général classique, en faisant un ensemble étonnamment syncrétique.

L'architecte en est Emmanuel Héré. Elle est entourée de six grilles monumentales en fer forgé rehaussées de feuilles d'or, signées par Jean Lamour. En son centre est située la statue en pied de Stanislas, en lieu et place de celle de Louis XV qui y a trôné de 1755 jusqu'à sa destruction lors de la Révolution française. La statue actuelle date de 1831 et fait suite à une souscription des départements de la Meuse, de la Meurthe et des Vosges. Un arc de triomphe en l'honneur de Louis XV sépare la place de la Carrière. 

Les pavillons de la place sont répartis ainsi:

.l'hôtel de ville, le plus impressionnant des bâtiments;
.les quatre grands pavillons: l'hôtel de la Reine, le pavillon Jacquet, l'Opéra-théâtre (ancien hôtel des fermes puis évêché) et le Musée des beaux-arts (ancienne Académie de médecine);
.deux petits pavillons, moins hauts qui ouvrent la perspective, depuis l'hôtel de ville, sur l'arc de triomphe et la place de la Carrière.


           Panorama après la rénovation 2004-2005


Bâtiments

Les bâtiments qui ceinturent la place ont tous été créés par Emmanuel Héré

L'architecture classique présente un style d'ordre corinthien. Les façades sont ornées d'agrafe et de balcons. Elles sont surmontées d'une balustrade servant de support à des sculptures d'enfants et de pots à feu.

Le rez-de-chaussée, percé d'ouvertures en plein cintre, est séparé des étages par un bandeau mouluré.


Hôtel de ville

Façade de l'hôtel de ville


C'est le plus grand des bâtiments. D'une longueur de 98 mètres, il occupe tout le côté sud de la place. Egalement nommé Palais de Stanislas, il sert de mairie depuis sa construction.

Il a été construit de 1752 à 1755, à la place des hôtels de Gerbéviller et de Juvrécourt qui durent être détruits. Puis l'hôtel de Rouerke, un hôtel particulier voisin, a été démoli en 1890 pour lui permettre de s'agrandir.

Trois avant-corps, au centre et à chacune des extrémités, brisent la monotonie. Le fronton est orné des armes de Stanislas et du blason de la ville de Nancy. L'horloge centrale est encadrée de deux statues allégories de la justice et de la prudence. Plus bas, un bas-relief montre une jeune fille tenant un chardon, symbole de la ville depuis la victoire sur Charles le Téméraire. La rambarde du balcon reproduit les armoiries de la famille Leszczynski. L'intérieur a été réaménagé au fil des ans et seuls subsistent le vestibule, l'escalier et le salon carré du bâtiment d'origine.


Projet de façade tracé par Emmanuel Héré



L'entrée se fait par un vestibule à deux rangs de colonnes. Il abrite un escalier à deux courbures fait par Lamour, la cage et le plafond ont été peints par Jean Girardet. Le décor est inspiré des peintres italiens et allemands, il représente un bosquet et une architecture en trompe-l'oeil qui semble la continuité naturelle de l'escalier. Le mur du fond a été percé au XIXe siècle lors de l'installation d'un musée dans le bâtiment, depuis la fresque a été restituée dans son état initial. Au rez-de-chaussée se trouvaient également des bureaux et la salle des Redoutes où l'on donnait des bals.

Au premier étage, l'escalier débouche sur le salon carré, qui hébergeait autrefois l'Académie de Stanislas. Il est habillé de panneaux encadrés de pilastres de stuc dans un style corinthien. Les panneaux sont surmontés par des fenêtres s'ouvrant sur un balcon et des fresques. Quatre peintures  murales de Girardet évoquent les oeuvres de Stanislas: Appolon pour la création de société des sciences et belles-lettres, Jupiter pour la justice, Esculape pour le collège de Médecine et Mercure pour le soutien au commerçants. Au plafond, Stanislas a été représenté conduisant le char d'Apollon. Le salon carré servait autrefois d'antichambre aux appartements royaux. Ils ont été transformés en Grand Salon en 1866 pour le centième anniversaire du rattachement de la Lorraine à la France. Celui-ci est décoré de peintures de Emile Friant, Aimé Morot et Victor Prouvé.

Le bâtiment a été classé aux monuments historiques par arrêté du 12 juillet 1886.


Hôtel de la Reine


Façade initiale des pavillons latéraux




Hôtel de la Reine à l'heure actuelle



Ce bâtiment est situé sur le côté droit de l'hôtel de ville, au n°2 place Stanislas.

Autrefois pavillon de l'intendant Alliot, du nom de François-Antoine-Pierre Alliot, conseiller aulique et intendant de Stanislas. Ensuite nommé hôtel de l'Intendance, il hébergea l'administration départementale et la préfecture jusqu'à son transfert en 1824 au palais du Gouverneur situé place de la Carrière.

Il a également abrité une école de musique, Marie-Antoinette s'y rendit en 1769 pour y écouter des poésies de Nicolas Gilbert, ce qui inspira le nom actuel de l'établissement. Il devint en 1814 la résidence de l'empereur de Russie.

La façade et la toiture ont été classées aux monuments historiques par arrêté du 18 septembre 1929.

On y trouve aujourd'hui le Grand hôtel de la Reine, un hôtel 4 étoiles comprenant 42 chambres et un restaurant.

Opéra-théâtre

L'Opéra-théâtre

Au n°4 place Stanislas, le pavillon situé près de la fontaine Amphitrite abrite l'Opéra national de Lorraine.

Il a été érigé en 1753 par Jean-François de La Borde.

Autrefois hôtel des fermes, il a été vendu comme bien national en 1798. Il abrite l'évêché de 1802 (décret de messidor an VIII) à 1906.

La même année, le Théâtre de la Comédie, situé de l'autre côté de la place dans l'actuel pavillon du Musée des beaux-arts est détruit dans un incendie. Un concours d'architecte couronne Joseph Homecker pour un projet inspiré du théâtre à l'italienne. L'Etat prend possession du bâtiment en 1909 et les travaux sont lancés. Le 14 octobre 1919, l'inauguration donne lieu à une représentation du Sigurd d'Ernest Reyer. L'architecture en béton est masquée derrière un décor inspiré de l'Opéra Garnier.

L'immeuble a été classé aux monuments historiques par arrêté du 26 décembre 1923.

En 1995, des travaux de restauration sont mis en oeuvre sous la direction de Thierry Algrain.

Pavillon Jacquet

Pavillon Jacquet

Bâtiment initialement alloué à un bourgeois de Nancy, il est demeuré depuis une propriété privée. La ville de Nancy en est aujourd'hui propriétaire, à la faveur d'un droit de préemption exercé dans les années 1950, lors de la cession de l'immeuble. Le rez-de-chaussée abrite des locaux commerciaux. De nombreux services municipaux occupent les étages. Les derniers étages sont occupés par l'agence d'architecture André, Jean-Luc étant le petit-fils d'Emile André, célèbre architecte de l'Ecole de Nancy et locataire du lieu dès 1901, et par le directeur du Musée des beaux-arts voisin, par l'intermédiaire d'un appartement de service aménagé au début des années 1980.

Sur la façade à l'angle de la rue Gambetta se trouve une méridienne, variante de cadran solaire qui indique midi. Elle est l'oeuvre de l'horloger de Stanislas, Michel Ransonnet.

Situé au n°1 place Stanislas, il héberge aujourd'hui deux brasseries: le Foy et le Commerce.

La façade et la toiture ont été classées aux monuments historiques par arrêté du 25 juin 1929. 

Musée des beaux-arts

Musée des beaux-arts de Nancy

Situé au n°3 de la place, près de la fontaine Apollon, on y trouve aujourd'hui le Musée des beaux-arts de Nancy.

Le pavillon accueillait, à l'époque de Stanislas, le Collège de médecine et de chirurgie. Puis il hébergea le Théâtre de la Comédie, construit en 1758 et qui fut totalement détruit par un incendie dans la nuit du 4 au 5 octobre 1906. On y trouvait aussi le café de la comédie et le café du commerce.

Il a ensuite accueilli le Musée de Beaux-Arts à partir de 1793. Une première extension a été réalisée en 1936 par les fils d'Emile André et une seconde en 1995 par Laurent Beaudouin. Le bâtiment actuel a été inauguré le 5 février 1999.

L'immeuble a été classé aux monuments historiques par arrêté du 27 décembre 1923.

Basses faces

Les petits pavillons et l'arc de nuit


En face de l'hôtel de ville se trouvent deux petits pavillons, les basses faces ou trottoirs, moins hauts qui ouvrent la perspective sur l'arc de triomphe et la place de la Carrière.

La place ne devait au départ être bâtie que sur trois côtés seulement, et il fallut l'insistance de Stanislas pour que le quatrième côté soit équipé d'immeubles. Situé au niveau des remparts sur la courtine qui reliait les bastions de Vaudémont et d'Haussonville, ils ont dû être limités à un seul bastions. Ils sont séparés par la rue Héré qui conduit à l'arc de triomphe.

Leur construction a été supervisée par Claude Mique et Claude-Thomas Gentillâtre (1712-1773) et comme le pavillon Jacquet les bâtiments furent alloués à des bourgeois de Nancy.

Ils ont hébergé l'office du tourisme, aujourd'hui dans le pavillon de l'hôtel de ville.La brasserie Jean Lamour au n°7 est partiellement sur l'emplacement du café royal qui existait en 1755 à la création de la place. On trouve également aujourd'hui une galerie Daum vendant des oeuvres de cette cristallerie.

Les façades et toitures donnant sur la place ainsi que leur perpendiculaires dans la rue Héré ont été classées aux monuments historiques le 2 avril 1928.


Arc Héré

Arc Héré



Arrière de l'arc Héré 



L'arc est situé sur le côté nord de la place, à l'extrémité de la rue Héré qui s'ouvre entre les petits pavillons, dans la perspective de la place de la Carrière et du palais du gouverneur.

Il est construit sur l'emplacement de l'ancienne Porte Royale construite par Louis XIV. Celle-ci est détruite en 1752 par Stanislas et les travaux d'édification de l'arc se déroulent de 1753 à 1755. Le thème principal du décor est la guerre et la paix, symbolisées par des branches de laurier et d'olivier, allusions à la bataille de Fontenoy (1745) et au traité d'Aix-la-Chapelle (1748).

A l'origine l'arc était relié aux remparts par des galeries, le sommet de l'arc faisait partie du chemin de ronde pour satisfaire aux exigences du gouverneur militaire le Maréchal de Belle-Isle.Ayant lui-même un rôle de fortification, l'arc est très large. La muraille qui l'entourait a été abattue vers 1772 à l'est (parc de la Pépinière) et en 1847 à l'ouest (place Vaudémont), isolée, la porte devient alors un véritable arc de triomphe.

Il a été dessiné par Emmanuel Héré. Elevé sur un piédestal et d'ordre corinthien, il est inspiré de l'arc de Septime Sévère à Rome. Il reproduit l'arc de la porte Saint-Antoine à Paris dressé en 1660 par Jean Marot.Le monument est percé par une grande arcade en plein cintre encadré par deux proches plus bas, chacun étant est encadré de colonnes. La baie centrale présente une avancée sur la façade.

La face visible depuis la place Stanislas est la plus richement décorée. Sur la corniche, reprenant le thème de la guerre et de la paix, on trouve des statues de Cérès, de Minerve, d'Hercule (copie l'Hercule Farnèse) et de Mars. Au centre de la corniche se trouve un acrotère supportant un groupe de trois personnages en plomb doré et orné d'un médaillon de Louis XV. Le médaillon est soutenu par Minerve, à gauche, ainsi que par une personnification de la paix, située à droite. A l'arrière du médaillon est représentée Fama, déesse romaine de la gloire, qui tient une trompette dans sa main gauche et une couronne de laurier dans sa main droite. Toutes ces statues ont été faites par Guibal.

Détail du groupe de la Renommée

Un premier médaillon de Louis XV en marbre blanc avait été réalisé par Jean Baptiste Walneffer. Présentant un profil du roi à l'antique, il a été détruit à la Révolution. Il a ensuite été remplacé par un médaillon en plomb doré représentant le portrait du souverain. En 1830, le nouveau médaillon est retiré de l'arc pendant la révolution de Juillet et conservé dans un dépôt. Il retrouvera sa place le 26 mars 1852.

Sous la corniche, se trouvent trois bas-reliefs en marbre blanc. Le plus à gauche représente Apollon tirant une flèche contre un dragon ailé qui enlace un homme. Le bas-relief principal montre Mercure et Minerve sous des dattiers et celui de droite Apollon jouant de la lyre accompagné de muses. Ces trois bas-reliefs ont été repris de l'ancienne porte Royale, en considérant Apollon comme une allégorie de Louis XV.

On trouve enfin trois inscriptions écrites sur des tables de marbre noir.Sur la face de l'acrotère portant le groupe de la Renommée, on lit "HOSTIUM TERROR/FOEDERUM CULTOR/GENTISQUE DECUS ET AMOR" ("Terreur des ennemis, artisan des traités, gloire et amour de son peuple"). Sous le bas relief de gauche: "PRINCIPI VICTORI" et sous celui de droite "PRINCIPI PACIFICO". En 1830, à la place de chacune de ces deux inscriptions, on avait peint en jaune "LIBERTE EGALITE" et "LIBERTE FRATERNITE" (devise française). En 1876 les anciennes inscriptions seront restaurées. Il a été classé monument historique le 27 décembre 1923.

Statue centrale

Au centre de la place se trouve le Monument à Stanislas Leszcznski réalisé en 1831. Il a remplacé une statue de Louis XV qui avait été détruite à la Révolution.

Statue de Louis XV

Statue de Louis XV par Barthélemy Guibal et Paul-Louis Cyfflé, gravure de Dominique Collin (1725-1781)


En 1744, le roi Louis XV de France tombe gravement malade et on le croit perdu. Plusieurs villes décident de construire des statues à l'effigie du roi Louis XV: de Bordeaux (1739-1741), Rennes (1756-1751), Paris (1748), Rouen (1758), Reims (1758), Valenciennes (1749-1752).

La statue réalisée en bronze faisait 7 500kg pour 4,66m de haut. Son bras droit tenait un bâton royal dirigé vers le pavillon de l'hôtel des fermes. Sa main gauche appuyée au côté, il regardait vers Paris. Victorieux, il était vêtu à la romaine, cuirassé et drapé dans un manteau royal.

Elle était sur un socle en marbre de Gênes, lui-même posé sur un emmarchement de trois degrés qui sera modifié en 1958. La dédicace de la face principale portait l'inscription, "LUDOVICO XV/TENERRIMI ANIMI/MONUMENTUM" ("à Louis XV monument d'un coeur affectueux"). Sur le socle, quatre médaillons représentaient le mariage du roi, la réunion de la Lorraine, la paix de Vienne et la fondation de Stanislas. Le duc avait composé lui-même les sujets allégoriques qui devaient orner les quatre côtés du piédestal. On en trouve trace dans un manuscrit conservé à la bibliothèque de Nancy. Quatre statues en plomb, allégories de vertus, étaient accoudées à chaque angle du monument. La Prudence et la Justice étaient des eouvres de Guibal, la Valeur et la Clémence étant dues à Cyfflé. Ces mêmes vertus étaient représentées sur le socle du Louis XV à cheval de Bouchardon qui était érigé à Paris. Un piédouche surmontait le socle, il portait un hexamètre sur chaque face:

."Vive Diu Lothari saecla precantur" ("Vis longtemps Louis, les lorrains demandent pour toi des siècles")
."Artificem ducebat amor praestantiae arte" ("L'amour qui l'emporte sur l'art a dirigé l'artiste")
."Principis ex animo plaudit lotharingia votis" ("La Lorraine applaudit de tout coeur aux voeux de son prince")
."Reddit amor soceri muta baec spirantia signa" ("L'amour du beau-père a rendu vivante cette statue").

Lorsque Stanislas lance un appel aux artistes, Barthélémy Guibal présente une ébauche en cire de 29 pouces de hauteur, une fois le projet accepté il réalise un modèle de 2 pieds 9 pouces.

Un premier essai de fonte de la statue échoue. Jean-Joseph Söntgen, qui deviendra le sculpteur de Stanislas après la mort de Guibal, est appelé en Lorraine pour préparer la fonte. La statue est coulée en trois minutes dans le jardin de Guibal à Lunéville le 15 juillet 1755 à 7 heures du soir. L'opération est réalisée par le fondeur Perrin assisté de deux ouvriers.On dit que Basile-Benoît Mathis (1736-1805), le gendre de Guibal qui supervisait la coulée, était tellement inquiet que ses cheveux devinrent tout blanc.

On dit que Stanislas, qui assistait aux opérations, aurait jeté des pièces d'or dans le métal en fusion, mais Nicolas Durival dans sa Description de la Lorraine et du Barrois affirme que celui-ci se trouvait alors à Commercy et qu'il ne fut averti sur succès de la coulée que le lendemain matin.

La statue est transportée à Nancy le 16 novembre par un véhicule construit exprès et tiré par 36 chevaux, le pont sur la Meurthe à Saint-Nicolas-de-Port doit être consolidé. Le 18 novembre à midi, elle est posée sur son piédestal qui déjà accueille trois des quatre vertus. Elle reste masquée par un drap jusqu'à l'inauguration du 26 novembre.

Il a existé une controverse autour du ou des auteurs de la statue. Lors de la présentation du modèle de cire, Stanislas propose à Guibal de se faire assister Paul-Louis Cyfflé, jeune artiste de 25 ans. Celui-ci refuse dans un premier temps, proposant que Cyfflé se limite aux bas-reliefs du piédestal, puis accepte. Selon Guibal, Cyfflé demande à ce que soit inscrite la dédicace "GUIBAL ET CYFFLE FECERUNT", Guibal s'y oppose et envoie un courrier à Stanislas. Le duc tranche pour "GUIBAL FECIT COOPERANTE CYFFLE" et finalement Cyfflé fait retirer les deux derniers mots pour n'avoir plus que l'inscription "GUIBAL FECIT". Après la mort de Guibal, Cyfflé se revendique comme l'auteur de la statue. Il prétend que Stanislas voulait faire inscrire au bas "Fait par Guibal d'un coup de Cyfflé" et se présente comme auteur au roi du Danemark en visite à Nancy en 1769. Il le fait même publier dans les journaux.

Pour défendre le point de vue de leur aïeul plusieurs descendants de Guibal vont prendre la plume. On trouve ainsi une lettre de sa fille Mme Mathis (alors à Moscou) à Nicolas Durival en mars 1786 à propos de la notice sur la statue dans sa Description de la Lorraine et du Barrois. Son fils, notaire à Lunéville mort en 1818, a écrit un mémoire en 1814. Un exemplaire en est conservé à la bibliothèque de Nancy. Son petit-fils Charles-François Guibal (1781-1861), magistrat à Nancy et membre de l'Académie de Stanislas, a également publié une notice en 1860.

On trouve cependant trace de Cyfflé comme coauteur, par exemple dans le livre de comptabilité, "La somme de 41 000 livres aux sieurs Guibal et Cyfflé pour la main-d'oeuvre de ladite statue, bas-reliefs et ornements, relativement à la convention faite avec eux et suivant le certificat de M.Héré, mandement et quittance".

La gloire de Napoléon

Lors de la Révolution française, un décret du 14 août 1792 oblige les municipalités à faire disparaître les emblèmes royaux.Le 2 septembre 1792, 118 citoyens se réunissent à l'église des Carnes. A l'initiative de l'avocat André, ils rédigent une pétition adressée au maire André Dusquenoy lui demandant d'intercéder auprès de l'Assemblée nationale pour suspendre les travaux de démolition de la statue. Celle-ci recueille 672 signatures, mais la statue doit tout de même être descendue de son piédestal et enterrée dans une fosse au milieu de la place.

Le 13 novembre un bataillon de fédérés (appelés les Marseillais) prend la relève de la garde nationale parisienne qui stationnait à Nancy. Ils entreprennent de détruire nombre d'oeuvres faisant allusion à la monarchie ou à Stanislas. Le 14, ils déterrent la statue et la soumettent au feu pour pouvoir la séparer en morceaux, des fragments sont éparpillés. Le 26 novembre 1792 elle est totalement exhumée et déposée à l'hôtel de ville. Le 23 janvier 1793 elle est vendue au poids à la fonderie de Metz.Une réduction en bronze de cette statue, autrefois destinée au château de Chanteheux, est aujourd'hui conservée au musée lorrain. Le 25 messidor an VIII (14 juillet 1800), le préfet Jean Joseph Marquis inaugure la construction de la "colonne de la Meurthe", pour obéir à l'ordonnance du 12 juin qui réclame l'érection d'un monument en honneur des défenseurs de la patrie dans chaque département. La ville de Nancy manque d'argent, la colonne ne sera jamais achevée et le socle de la place du peuple reste vide.


Le 12 septembre 1808 la municipalité commande au sculpteur Joseph Labroise une représentation du Génie de la France réalisée en pierre de Savonnières. Elle représente une femme ailée distribuant des couronnes. Sous l'Empire, l'oeuvre de Labroise est renommée Gloire de Napoléon. Elle est à nouveau modifiée sur ordre de Louis XVIII et est finalement inaugurée le 25 août 1814.

Monument à Stanislas Lesczczynski

Détail du monument à Stanislas Leszczynski (1831) par Georges Jacquot  


Sous le Consulat, la société académique de Nancy projette d'ériger un monument en l'honneur de Stanislas. Les circonstances ne permettront pas de l'exécuter.


Un premier projet de monument à Stanislas Leszczynski est accepté par le préfet Jean Paul Alban de Villeneuve-Bargemon. Il est prévu pour la place de la Carrière. Louis XVIII approuve le projet en 1823, sur les conseils de Corbière.

Un arrêté préfectoral du 12 mars 1823 fixe les conditions d'une souscription dans les départements de la Meurthe, des Vosges et de la Meuse.

Elle est placée sous l'autorité du commandant de la deuxième subdivision de la troisième division militaire: Marie-Jacques Thomas, marquis de Pange. En août 1824, 40 686 francs ont été récoltés, bien moins que les 90 000 escomptés.

Vue depuis l'hôtel de ville


Dans une lettre du 31 mai 1823 Charles-François Guibal propose de dresser le monument sur le socle de la place Royale. La commission choisit Georges Jacquot, un jeune sculpteur. Il présente deux esquisses en argile, l'une représentant un Stanislas guerrier l'autre, plus conforme au cahier des charges, en habits polonais vêtu du manteau royal. La seconde esquisse est choisie le 13 décembre 1825. Un modèle en plâtre est réalisé par Jacquot puis exposé au salon de l'hôtel de ville. 

Le 12 mai 1826, la commande est passée pour 6 000 francs payables en cinq fois au fur et à mesure de l'avancement des travaux, qui devaient durer deux ans au plus.

En septembre 1827, un modèle en plâtre est achevé. La statue de Labroise, qui occupait le socle, est détruite en 1830. La statue de Stanislas Ier, coulée par le fondeur Soyer, n'est réceptionnée que le 22 octobre 1831. Elle pèse 5 400 kg et mesure 4,13m.

Le piédouche de marbre blanc qui surplombait le socle est retiré. Il est utilisé depuis 1830 comme stèle sur le caveau de la famille Antoine, visible au cimetière de Préville.

Les inscriptions du socle ne furent décidées que le 20 octobre 1831 à la suggestion du recteur Jean-Joseph Soulacroix et de Charles Haldat directeur de l'école de médecine, " A/STANISLAS LE BIENFAISANT/LA LORRAINE RECONNAISSANTE/1831 MEURTHE-MEUSE-VOSGES". Le monument est inauguré le 6 novembre 1831 par le préfet Lucien Arnault".

En 1951, elle est descendue de son socle pour le mariage de Otto von Habsburg, héritier de la maison de Lorraine. La grille en fer forgé de Lamour qui entourait le socle est retirée en 1958.

La statue du roi Stanislas était censée pointer, selon le cahier des charges du sculpteur Jacquot, le portrait de Louis XV sur l'arc de triomphe de son index démesuré. Un simple examen visuel montre que le résultat est pour le moins approximatif. Des mesures réalisées par l'IGN le 6 mai 2004, ont montré que l'index pointe vers le Nord-Ouest, en direction de Sedan et Charleville-Mézières. La main de l'ancienne statue de Louis XV, qui a été détruite à la Révolution, désignait elle l'hôtel des fermes alors que son regard était dirigé vers la ville de Paris.

Fontaines

Fontaine de Neptune


Deux fontaines symétriques représentant Neptune et Amphitrite sont disposées dans les angles qui relient les basses face aux pavillons latéraux. Elles sont dans un style rococo qui rompt avec l'architecture classique de la place.

Elles sont surmontées d'un portique en ferronnerie de Jean Lamour, qui permettaient de masquer les remparts et les fossés. Formant un profil concave, dit "en tour creuse", ces portiques présentent une arcade principale flanquée de deux baies latérales plus petites. L'ouverture des cintres est de 15.30m et leur hauteur de 10,40m. Ils forment un avant-plan devant des massifs d'arbres.

Amphitrite (détail)


En 1750, un projet de deux fontaines présentées par Guibal à Stanislas, celui-ci étant jugé trop cher il est décidé de les réaliser en plomb plutôt qu'en bronze. Les fourneaux destinés à la fonte des statues sont construits, avec un certain cérémonial le 29 novembre 1751 sur un terrain de Guibal. La première pierre de ces édifices a été cédée au Musée lorrain par son petit-fils.

Les grilles et fontaines ont été les premiers éléments de la place classés aux monument historique le 12 juillet 1886.

Du côté de l'opéra, à droite quand on regarde l'arc de triomphe, la fontaine Amphitrite est agrémentée d'une statue dont la nudité choquait l'aumônier de Stanislas. Les deux fontaines latérales ont été supprimées en 1771 pour ouvrir un accès vers le parc de la Pépinière.

De l'autre côté, la fontaine Neptune présente une statue du dieu brandissant un trident et surplombant des enfants à cheval sur des dauphins. Les deux baies latérales encadrent deux autres fontaines. Dans la petite fontaine de gauche, on voit un enfant qui pleure. Il avait à l'époque une écrevisse qui lui pinçait le doigt, celle-ci a disparu aujourd'hui. Une reproduction par moulage est exposée au Musée des monuments français du palais de Chaillot.
     

mercredi 29 mars 2017

4-Gare de Metz

Image illustrative de l'article Gare de Metz-VilleLe bâtiment voyageurs de la gare de Metz-Ville, place du Général de Gaulle, en 2014




La gare de Metz-Ville (dénomination officielle donnée par la Société nationale des chemins de fer français pour la différencier des autres gares messines), usuellement appelée gare de Metz, est une gare ferroviaire française située à proximité du centre-ville de Metz, préfecture du département de la Moselle.


Inaugurée en 1908 par la Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine, elle remplace l'ancienne gare de Metz mise en service en 1878. Le bâtiment voyageurs, pour ses façades et toitures (hors verrière), son salon d'honneur, le décor du buffet et son hall de départ, fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 15 janvier 1975.


C'est une gare de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) desservie par des TGV et des trains express régionaux.



Situation ferroviaire


Plan du système ferroviaire de Metz


Etablie à 179m d'altitude, la gare de Metz-Ville est le centre d'un important complexe ferroviaire. Elle est située au point kilométrique (PK) 353,700 de la ligne de Lérouville à Metz-Ville, au PK 154,320 de la ligne de Réding à Metz-Ville (les PK de cette ligne sont en fait comptés depuis Strasbourg) et constitue l'origine de la ligne de Metz-Ville à Zoufftgen.


Elle était également l'aboutissement, au PK 347,0 de la ligne de Conflans-Jarny à Metz-Ville, aujourd'hui déclassée et remplacée par la liaison indirecte de la ligne de Saint-Hilaire-au-Temple à Hagondange, et constituait l'origine de la ligne de Metz-Ville à la frontière allemande vers Uberhern, supprimée aux abords de Metz, et de la ligne de Metz-Ville à Château-Salins, déclassée en totalité.


Histoire

La desserte ferroviaire de Metz, qui débute en 1850, s'articule autour de trois gares qui se succédèrent au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, la dernière étant la gare actuelle (mise en service en 1908).

Première gare

La première gare de Metz, construite provisoirement en bois, est une gare terminus édifiée vers 1850 à l'extérieur des remparts de la ville (actuellement place du Roi-George).

En 1871, la gare entre dans le réseau de la Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine (EL) à la suite de la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870 (et le traité de Francfort qu'il s'ensuivit).


Ancienne gare

Ancienne gare, place du Roi-George (bâtiment de 1878)


La première gare est détruite par un incendie en 1872. Une nouvelle gare réalisée par Johann  juin Eduard Jacobsthal (futur architecte de la gare de Strasbourg-Ville), est inaugurée le 17 juin 1878. C'est l'administration impériale allemande qui prend, au début du XXe siècle, la décision de la remplacer par une gare de plus grande ampleur.

Gare actuelle

Le buffet de la gare de Metz au début du XXe siècle 




Aujourd'hui, l'ancien buffet est devenu la librairie de la gare



Le bâtiment voyageurs, long de plus de 300m et dont la tour de l'horloge s'élève à 40m, est édifié de 1905 à 1908 par l'architecte berlinois Jürgen Kröger, assisté des architectes Peter Jürgensen et Jürgen Bachmann ainsi que du sculpteur Schirmer, dans un style néoroman rhénan. La gare est inaugurée le 17 août 1908. Le coût final de la construction ressort à vingt-et-un millions de marks-or, alors que le cahier des charges initial, prévoyait un budget à ne pas dépasser, de 2 190 000 marks-or (Le Lorrain, du 30 juin 1908).

La fonction première de cette nouvelle gare de Metz est militaire, elle est le terminus de la "Kanonbahn Berlin-metz", une ligne de chemin de fer stratégique. Elle doit répondre à un impératif stratégique de l'Empire allemand, dans l'éventualité d'une guerre avec la France, l'Allemagne doit pouvoir acheminer ses troupes sur la frontière occidentale, en particulier dans le secteur de la Moselstellung, en un minimum de temps. Les nouvelles installations doivent permettre à l'empereur de déplacer 20 000 hommes en vingt-quatre heures.Les quais sont larges et longs, et les voies en nombre important. Elle doit permettre le chargement et le déchargement rapide de la logistique et des cheveux d'une armée. Chaque voie dispose d'un quai surélevé pour les voyageurs, à l'origine prévu pour faire embarquer et débarquer les chevaux sans différence de niveau avec les wagons, et d'un quai bas de l'autre côté de la voie, actuellement réservé pour le service, mais à l'origine utilisé pour les personnes et les marchandises. La tour qui se dresse à gauche de la gare est le château d'eau qui, avec une contenance de 300m cubes, servait à alimenter les locomotives à vapeur.


Ancien château d'eau de la gare qui approvisionnait en eau les locomotives à vapeur 


Le 19 juin 1919, la gare entre dans le réseau de l'Administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine (AL), à la suite de la victoire française lors de la Première Guerre mondiale. Puis, le 1er janvier 1938, cette administration d'Etat forme avec les autres grandes compagnies la SNCF, qui devient concessionnaire des installations ferroviaires de Metz. Cependant, après l'annexion allemande de l'Alsace-Lorraine, c'est la Deutsche Reichsbahn qui gère la gare pendant la Seconde Guerre mondiale, du 1er juillet 1940 jusqu'à la Libération (en 1944-1945).

Le bâtiment de la gare de Metz est inscrit monument historique depuis le 15 janvier 1975, sont protégés, la façade (à l'exception de la verrière) et la toiture sur place, le hall des départs, le salon d'honneur et l'ancien buffet avec le décor intérieur.

La gare a remporté le premier Prix spécial des Gares du Conseil national de villes et villages fleuris (CNVVF) en 2007.


Programme d'investissement stratégique à l'horizon 2015

Entre 2002 et 2012, le trafic en gare de Metz a augmenté de 54%, notamment du fait de l'arrivée du TGV en provenance de Paris en 2006. Afin de faire circuler plus de trains et d'accueillir plus de voyageurs, réseau ferré de France, en lien avec la région Lorraine, a décidé de poursuivre le développement de la gare en ouvrant deux nouveaux quais. Par ailleurs, des travaux de modernisation des voies permettront d'augmenter les cadences entre chaque départ. L'objectif est d'accroître l'offre de transports au sein du sillon lorrain Nancy-Metz-Thionville-Luxembourg et de renforcer la mobilité transfrontalière. Le programme permettra d'absorber 35% de circulation ferroviaire supplémentaire à l'issue des travaux prévue pour mars 2015. Le budget global du projet est de 133,17 millions d'€, financé à hauteur de 18% par la région Lorraine, 25% par l'Etat et 57% par réseau ferré de France.

Architecture

Le télégraphiste actionnant le manipulateur. Détail d'un chapiteau de la façade des arrivées



Vitrail de Charlemagne dans le salon de l'empereur Guillaume II 


La gare de nuit depuis la poste centrale



La façade orientale: vitrail du salon impérial (milieu) et l'entrée du hall des arrivées (droite)


La gare de Metz est l'une des trois gares monumentales, avec les gares de Strasbourg et de Colmar, érigées lors de l'annexion de l'Alsace-Lorraine à l'Empire allemand.

Construite en grès de Niderviller, de couleur gris pâle, elle se distingue des bâtiments du centre ancien faits de calcaire ocre jaune très caractéristique (en pierre de Jaumont). Le projet a été réalisé par la Société de construction lorraine, de Metz. 

Le projet architectural lauréat de Jürgen Kröger, "Licht und Luft", "Lumière et Air", exprimait initialement une facture franchement modern style. Jugé "clair, précis et fonctionnel", son projet dut évoluer pour se conformer à une stylistique romane rhénane qui recueillait l'assentiment de Guillaume II, puissant dans la gloire passée du Saint Empire sa légitimation, la parenté formelle avec une église (partie départ), vue de l'extérieur, est la plus frappante pour une gare. Pour la partie droite (buffet et hall des arrivées), c'est un palais impérial qui est évoqué. La gare réinterprète la symbolique des pouvoirs religieux et temporels de l'empereur au Moyen Âge. Guillaume II qui aimait se rendre dans la cité messine-le Reischsland ElsaB-Lothringen était placé sous son autorité directe-en aurait esquissé le clocheton de l'horloge d'après la presse de l'époque. Le projet conserva toutefois l'organisation et la disposition spatiale et fonctionnelle des volumes.

Attenant au salon d'honneur, le buffet de la gare est l'occasion d'un décor de boiseries travaillées et de frises peintes. Des scènes de victuailles où la représentation sociale des personnages répond avec emphase à la tripartition en classes de voyageurs, viennent s'ajouter aux bas-reliefs illustrant les thèmes du voyage, des moyens de communication et de transports, avec des références orientales. Les figurants émergent des entrelacs courbes de rinceaux sur lesquels ils s'accrochent parfois, les enjambent et vont jusqu'à se donner la main entre deux chapiteaux voisins.

Une profusion de détails sculptés, la statuaire, ou encore les vitraux évoquant la protection de Charlemagne, en écho aux origines locales de la dynastie carolingienne, soulignent la dimension symbolique insufflée à l'édifice. Le vitrail voisin de celui dit "Charlemagne" représentant l'aigle impérial allemand, visible depuis le parvis devant le hall des entrées, disparaît au retour de Metz à la France étant donné la force du symbole. Ceci n'a pas manqué de donner lieu à des mutilations adverses en 1918, puis lors de la deuxième annexion. Ainsi, la statue monumentale placée à l'angle de la tour de la gare représentait, jusqu'en 1919, le comte Haeseler en chevalier Roland. Cette sculpture monumentale fut d'ailleurs reprise par la propagande impériale durant la Première Guerre mondiale pour sa valeur hautement symbolique.

Initialement deux halles métalliques abritaient les quais, une troisième sera ajoutée après l'inauguration de 1908. Les minces voiles de béton qu'elles supportaient s'étant fragilisées et la vapeur des locomotives entraînant la corrosion du métal, les marquises sont démantelées progressivement dès 1955. Une dalle en béton armé s'y est substituée en 1974. Selon les préoccupations urbanistiques de l'époque, elle a ainsi été aménagée en parc de stationnement aérien accessible par une rampe hélicoïdale. 


Longtemps, l'esthétique massive de la gare au discours impérialiste ostentatoire, lui a valu la désaffection de la population. Dès son ouverture, elle lui vaudra une critique de la part de l'écrivain nationaliste français Maurice Barrès qui parlera d'un style "kôlossal", un vocabulaire caricatural qui dépeint relativement bien l'esprit revanchard et germanophobe répandu dans la France de la Belle Epoque.


Néanmoins l'urbanisme du quartier tout entier, dont la gare constitue le point de confluence, est très novateur et d'une grande qualité. Cette composition urbaine s'organise, avec le démantèlement de l'enceinte bastionnée, de part et d'autre d'un boulevard circulaire (actuelle avenue Foch) planté d'arbres, assurant une jonction douce (graduation des gabarits construits) avec les quartiers préexistants.

La gare et son château d'eau (également protégé) prennent assise sur 3 034 pieux de fondation de dix à dix-sept mètres de profondeur, réalisés en béton armé suivant le procédé que venait de mettre au point l'ingénieur français François Hennebique.


Dans les producteurs artistiques

.Dans l'esprit revanchard de son époque, Maurice Barrès donne une description vitriolée de la gare de Metz, blâmant le style didactique et pédagogique du pouvoir impérial allemand, et n'hésitant pas à qualifier de "tourte" au "style colossâl" l'édifice de Jürgen Kröger, où "tout est retenu, accroupi, tassé sous un couvercle d'un prodigieux vert épinard". Le style architectural de la gare est maintenant totalement réhabilité.


.Adrienne Thomas évoque avec émotion la gare de Metz, dans son ouvrage Die Katrin wird Soldat

.Bernard Lavilliers a chanté Le buffet de la gare de Metz dans l'album Le Stéphanois en 1975, évoquant une atmosphère enfumée et étrange de ce rare lieu ouvert tard la nuit.

.Gilles Taurand a relié à la gare de Metz l'énigme du narrateur de son roman publié en 2005, Exécution d'un soldat en gare de Metz.

.L'imagerie d'Epinal a réalisé une image de la façade de la gare


Service des voyageurs

Accueil

Plafond de l'aile gauche du grand hall



Arcade à entrelacs du hall Jean Moulin, ancien hall des départs



Gare SNCF, elle dispose d'un bâtiment voyageurs, avec guichets, ouvert tous les jours. Elle est équipée d'automates pour l'achat de titres de transport. C'est une gare "ACCES TER LORRAINE METROLOR" disposant d'aménagements, d'équipements et de services pour les personnes à mobilité réduite.

Dans le hall prennent place divers commerces et services notamment: deux bars-restaurants-brasseries, un tabac presse, une librairie, une boulangerie, une agence de location de véhicule, un stand de location de vélos, une supérette, diverses boutiques, un distributeur de billets de banque, un photomaton et des toilettes publiques payantes gardées. Une oeuvre contemporaine de l'artiste allemand Stephan Balkenhol rend hommage à Jean Moulin, dont le décès aurait été constaté le 8 juillet 1943 en gare de Metz. elle représente le résistant en pied, entouré de trois résistants. Des historiens affirment cependant que Jean Moulin n'est jamais monté dans un train en partance pour Berlin et qu'il est mort à Neuilly.


En 2015, la SNCF estime la fréquentation de la gare à 7 390 514 voyageurs.


Accès aux voies

Exemple de frise du début du XXe siècle visible dans les passages de la gare


Deux passages souterrains permettent aux voyageurs d'accéder aux 10 voies dont dispose la gare. Ils traversent entièrement la gare dans un axe Nord-Sud. 

Le premier passage baptisé passage Jürgen-Kröger, du nom de l'architecte ayant bâti la gare, relie la place général de Gaulle au quartier de l'Amphithéâtre et au Dépose-Minute Gare Sud. L'extrémité de ce passage avait été condamnée au moment de l'électrification de la gare en 1954. Après 11 mois de restauration, il a été de nouveau ouvert le 5 octobre 2012 à l'occasion de la nuit blanche.

Le second passage baptisé "passage Adrienne-Thomas", du nom d'une aide soignante engagée volontaire en 1915 et 1916, relie la station de Taxis située rue Lafayette au quartier de l'Amphithéâtre et au pôle d'échange multimodal. Une passerelle située sortie sud permet aux voyageurs de rejoindre directement le parvis des droits de l'Homme et le Centre Pompidou-Metz.


Desserte

Pièce commémorant l'arrivée du TGV Est à Metz




Avers de la pièce commémorative précédente



Depuis le 10 juin 2001, la gare bénéficie du service TGV entre la ville et Nice en remplacement du service corail. Le 25 juin 2006, par anticipation du TGV Est, le premier TGV Paris-Metz-Luxembourg circule mais uniquement sur la ligne classique. Depuis le 10 juin 2007 la gare est reliée à Paris en 1h23 via la LGV Est européenne.Entre la gare de Lorraine TGV et la gare de Metz Ville une navette routière fait le trajet en une demi-heure. Avec la réalisation du second tronçon de la LGV Est, un TGV Luxembourg-Thionville-Metz-Strasbourg sera peut-être envisagé. La LGV Rhin-Rhône devrait également améliorer les liaisons vers le sud de la France via Lyon. L'itinéraire entre Metz et Lyon via la LGV est à l'étude pour connaître le meilleur passage entre la ligne via Neufchâteau (comme c'est le cas actuellement) ou la ligne via Epinal.


Depuis le 14 décembre 2008, les trains de nuit versBerlin, Munich et Hambourg font un arrêt dans la gare ainsi que le Transeuropean Express depuis décembre 2011 vers Brest (BY), Minsk et Moscou.Depuis décembre 2012, ces trains ne desservent plus Metz.

Les TER en partance de Metz relient avec une grande fréquence Nancy vers le sud, Thionville vers le nord. De nombreux trains ralliant également Luxembourg, l'Allemagne (Trèves et Sarrebruck) et toutes les autres directions. Par ailleurs, les principales villes des Vosges (Epinal, Saint-Dié et Remiremont) sont desservies par un aller-retour quotidien avec Metz.

La gare possédait un terminal auto/train du service auto-train fonctionnant uniquement en été (du 15 juin au 15 septembre). Les liaisons se faisaient vers Avignon, Fréjus, Nantes, Auray, Bordeaux, Biarritz et Narbonne. L'aller s'effectuait dans la nuit du samedi au dimanche. Ces liaisons ont été supprimées.

Depuis décembre 2009, un aller-retour supplémentaire Paris-Metz a été prolongé vers Thionville et Luxembourg. La desserte de la ville vers Paris devrait être également renforcée le week end. De plus, un aller-retour Metz Ville-Montpellier a été mis en place en TGV à la place d'un train Corail Metz Ville-Lyon Part Dieu et le train Intercités de nuit Metz-Port-Bou a été prolongé jusqu'à Luxembourg.

En 2012 la desserte vers le sud-est a été simplifiée et se résume à trois TGV: un pour Marseille tous ces TGV desservent Nancy, Dijon et Lyon.

Les EuroCity Iris et Vauban, qui reliaient Bâle à Bruxelles via Colmar, Strasbourg, Metz et Luxembourg, sont supprimés le 3 avril 2016 (dernier jour de circulation le 2 avril) en prévision de la mise en service du second tronçon de la LGV Est européenne. Les TER 200 de la relation Bâle-Strasbourg-Metz-Luxembourg (ancien EuroCity Jean Monnet) sont supprimés à la même date.

dimanche 12 mars 2017

3-Palais du gouverneur de Metz

Palais du Gouverneur Metz 08.JPGLe palais du Gouverneur

Type: Palais
Style: Néorenaissance
Construction: 1902-1905
Destination initiale: Palais du gouverneur militaire du XVIe corps d'armée allemand
Statut patrimonial: Inscrit MH (1975)
Adresse: Rue de la Citadelle


Le palais du Gouverneur, appelé autrefois General-Kommando, est une résidence édifiée à Metz, entre 1902 et 1905, pour servir de pied-à-terre à l'empereur Guillaume II. Il est situé square Giraud au sud-ouest du quartier de Metz-Centre, mais reste historiquement lié au quartier impérial plus à l'est. Il est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1975.

Contexte historique

Depuis la Révolution et la conversion du palais du Gouverneur en palais en Justice, le gouverneur ne disposait plus d'un palais digne de ce nom. A la suite de la création à Metz du XVIe siècle corps d'armée, en 1890, Guillaume II décide d'y construire une résidence de fonction pour le commandant de cette unité, le général Stroetzer. Le choix de son emplacement, sur des terrains militaires, bénéficie des projets d'agrandissement de la ville. Baptisé à l'origine "hôtel du général commandant le XVIe corps d'armée", le palais du Gouverneur est symboliquement bâti sur l'emplacement de l'ancienne citadelle de 1552.


Construction et aménagements

Das neue Generalkommand, Absteige -Quartier des Kaisers, carte postale datée du 31 juillet 1917


Les plans de l'architecte berlinois Ferdinand Schönhals, responsable de la section des Bâtiments du ministère de la Guerre à Berlin, sont confiés en 1902 à l'architecte Max Stolterforth. Sur le chantier, l'inspecteur militaire Borowski supervise les travaux, confiés à l'entrepreneur Mungenast. L'emplacement choisi pour la construction se trouve à l'intérieur des anciens remparts romains et médiévaux à proximité du magasin aux Vivres de la Citadelle. En 1902, au moment des travaux de fondation, plusieurs monuments romains sont mis au jour sur le site.

La construction en pierre de Jaumont est de style néo-Renaissance rhénane, et présente un plan en "V" évasé. Schönhals conçoit l'édifice comme un château de la Renaissance dans le style de l'Allemagne du nord. Les travaux de construction, confiée à l'architecte Stotteforth, durent trois ans et se terminent en 1905.

Le palais compte 31 pièces habitables et 70 espaces annexes, dont des tourelles, 400 lampes et 5 pignons à degrés orientés de 5 façons différentes. Les appartements réservés à l'Empereur se trouvaient au premier étage. La façade arrière comporte une loggia et une véranda. Les ornements mêlent les références aux styles gothiques et Renaissance.

L'inauguration de l'hôtel du Général commandant le XVIe siècle corps d'armée a lieu le 19 janvier 1905 en présence du général Stroetzer. L'empereur Guillaume II s'y rendra à plusieurs reprises à partir de mai 1905.


Affectations successives

Palais du commandant du XVIe siècle, corps 


Après la Première Guerre mondiale, la France reprend possession de l'Alsace et de la Moselle. Le général de Maud'huy, nouveau gouverneur de Metz, s'installe au palais en 1919. L'"Hôtel du Général commandant le XVIe siècle corps d'armée" devient "Hôtel du Général commandant supérieur des troupes en Lorraine", puis "palais du Gouverneur" en 1922 avec le général de Lardemelle. Les vitraux aux armes impériales sont remplacés en 1925 par le maître-verrier Michel Thiria. Pendant la seconde annexion, le palais du Gouverneur retrouve sa fonction première de Kommandantur. Ses souterrains sont alors utilisés comme abris anti-aériens, mais aussi poste de commandement durant la bataille de Metz.

Aujourd'hui, l'édifice accueille le commandant de la région militaire Nord-Est. L'état-major interarmées de la zone de défense Est est implanté à Metz et localisé avec l'état-major de la région terre Nord-Est. Ce siège gouverne une zone comprenant le Nord-Pas de Calais, la Picardie, la Lorraine, Champagne-Ardenne, l'Alsace, la Bourgogne et la Franche-Comté et les forces basées en Allemagne.


Ses façades et ses toitures sont protégées par un arrêté du 15 janvier 1975. L'édifice a été restauré en 1994-1995. Dans le parc, se trouvent toujours les vestiges du rempart romain et les immenses salles souterraines de la tour d'Enfer, laquelle formait un angle du rempart médiéval.

Palais du Gouverneur de Metz, façade ouest



Façade ouest


Détail de la façade ouest


Véranda(sud)



Façade sud-est, vue depuis les jardins du palais



Une des salles de réceptions du palais



Détail façade ouest




Conciergerie du Palais  

samedi 4 mars 2017

2.Cathédrale de Saint-Etienne

Image illustrative de l'article Cathédrale Saint-Étienne de MetzCathédrale St Etienne



La cathédrale Saint-Etienne de Metz est la cathédrale catholique du diocèse de Metz, située à Metz, en Moselle. Si sa construction s'étend sur trois siècles,à partir de 1240, la cathédrale présente une belle homogénéité de style puisque les critères stylistiques furent respectés à chaque campagne de construction.

La cathédrale de Metz est non seulement la cathédrale de France ayant la plus grande surface vitrée, près de 6 500m², mais également celle qui présente les plus grandes verrières gothiques d'Europe.

Elle est familièrement surnommée la "lanterne du bon Dieu". Même si elle figure parmi les dix cathédrales les plus fréquentées de France, elle souffre cependant d'une relative désaffection en l'absence d'un classement à l'UNESCO qui est actuellement sollicité par la Ville de Metz.


Pierre Perrat(1340-1400) fut un des architectes de la cathédrale de Metz, le premier dont le nom nous soit parvenu. Il mena à bien notamment la construction de sa voûte qui culmine à quarante-et-un mètres au-dessus du sol au niveau de la nef et fait également de Saint-Etienne de Metz l'un des plus hautes cathédrales de France.

La cathédrale fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 16 février 1930. 

La cathédrale Saint-Etienne de Metz, comme la plupart des cathédrales de France est propriété de l'Etat.

La DRAC Lorraine en assure sa conservation suivant les modalités suivantes:


.L'architecte des bâtiments de France (Chef du Service Territorial de l'Architecture et Patrimoine) est le conservateur en titre de la cathédrale

.La conservation régionale des monuments historiques finance et pilote au titre de la maîtrise d'ouvrage les travaux de restauration, de réparation et d'entretien

.Le service territorial de l'architecture et du patrimoine assure la maîtrise d'oeuvre des travaux d'entretien et de réparation

.L'architecte en chef des monuments historiques assure la maîtrise d'oeuvre des travaux de restauration.


Le clergé, en tant qu'affectataire, assure l'ouverture au public de l'édifice et les offices.


Histoire

Le sanctuaire de Saint-Etienne (Ve-Xe siècles)

Au début du Ve siècle, Saint-Etienne est populaire et se voit célébré dans tout empire. L'essor du culte du premier martyr Etienne en Occident suit l'invention de reliques du saint à Jérusalem. Plusieurs cathédrales françaises lui sont dédiées-Agde, Auxerre, Bourges, Cahors, Châlons-en-Champagne, Limoges, Meaux, Sens, Toul, Toulouse-et remontent pour la plupart au Ve siècle.

Vieille cité gauloise, Metz devient le siège d'un évêché au IIIe siècle. Comme nous l'apprend un passage de l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours, rédigée vers 576, un sanctuaire dédié à Etienne (Oratorium beati Stephani) qui se trouvait à l'emplacement actuel de la cathédrale, fut le seul monument épargné par les Huns lors du sac de la cité le samedi saint 7 avril 451. L'oratoire de Saint-Etienne est dans les grâces divines et devient alors fort populaire. On parle de miracle. Il accueille le siège de l'évêque et devient en quelque sorte la première cathédrale de Metz, à l'intérieur même de celle-ci. On peut supposer que le sanctuaire de Saint-Etienne était relativement récent lors du sac de Metz par Attila.

En 1970, l'aménagement du bras sud du transept, en vue de l'installation d'un nouvel orgue, mit au jour des fondations antérieures à l'époque romane, sans qu'il fût possible de les dater de manière absolue. Ces vestiges présentent une abside orientée semblant correspondre à un sanctuaire d'époque mérovingienne. Le relief ne permettant pas une extension vers l'ouest, il est permis de penser qu'il fut réutilisé comme transept de l'église carolingienne, au moment de la reconstruction du choeur sous l'épiscopat de Chrodegang (742-766). Ainsi s'explique l'orientation inhabituelle nord-est/sud-ouest de la cathédrale.

Vers 784, Paul Diacre, moins bénédictin de Lombardie qui séjourne à la cour de Charlemagne et à Metz, écrivit une Histoire des évêques de Metz selon laquelle Pépin le Bref aida financièrement l'évêque Chrodegang (742-766) à réaliser des travaux dans le sanctuaire (ciborium, chancel, presbytérium, déambulatoire).

Le 28 février 835, Louis le Débonnaire est solennellement rétabli dans la cathédrale par son demi-frère l'archevêque Drogon de Metz.

Le 9 septembre 869, Charles II le Chauve y est couronné par l'archevêque Hincmar de Reims.


 La basilique ottonienne (Xe-XIIIe siècles)

Sur ce tableau de Mignette représentant la naissance de la République messine en 1055, est représentée en arrière-plan la basilique de 1040, à l'emplacement de la cathédrale actuelle(Commencement de la république messine, Auguste Migette, 1862).


Entre 965 et 984, l'évêque Thierry Ier entreprit de reconstruire le sanctuaire primitif avec l'aide financière des empereurs Othon Ier et Othon II. La nouvelle cathédrale ou basilique en raison de son plan, fut achevée sous son successeur Thierry II et consacrée par celui-ci le 27 juin 1040 en présence de l'évêque Gérard Ier de Cambrai.

Les fouilles de 1878-1881 et 1914-1915, dans le sol de la nef et du transept, mirent au jour ses fondations. Il est intéressant de constater que la cathédrale actuelle se superpose presque parfaitement à l'édifice ottonien, le choeur actuel est ainsi à l'aplomb direct de la crypte romane. De trois travées plus court, celui-ci présentait une élévation fort différente. Nous pouvons la reconstituer à partir des constantes rencontrées dans l'architecture ottonienne, dont la perfection géométrique de l'organisation des volumes et des proportions nous est connue.


La nef, flanquée de bas-côtés, haute d'environ 20m, s'ouvrait sur un transept saillant de même hauteur, long de 42m, pour 12m de large. Deux tours de chevet s'élevaient de part et d'autre de l'abside centrale, et des chapelles donnant sur le transept les jouxtait. Seule la constitution de la façade nous est inconnue, la présence d'une tour-porche est envisagée toutefois en vue de sa popularité dans les édifices ottoniens. Le plan de la basilique Sain-Vincent voisine, de style gothique, semble par ailleurs calqué sur celui de cette cathédrale primitive, malgré la différence entre leurs styles.

Vers 1186, la collégiale Notre-Dame fut construite contre-ci, sans que l'on sache si un espace, même étroit fut laissé. Sa forme de demi-rotonde lui vaut le nom de Notre-Dame-la-Ronde. La reconstruction de la basilique ottonienne débuta moins de deux siècles après son achèvement.

La cathédrale gothique (XIIIe-XVIe siècle)


La cathédrale dans le tissu urbain à la fin de la Renaissance


Contrairement à de nombreuses sources mal interprétées, et en dépit de la volonté de l'évêque Conrad de Scharfenberg l'édification de la cathédrale, dédiée à Saint Etienne, n'est pas entreprise vers 1220, il s'agit en fait de confirmations de prébendes de la Cathédrale. La reconstruction en parallèle de la collégiale Notre-Dame-la-ronde et de la cathédrale commence vers 1240, voire probablement dès 1235. Dans la seconde moitié du XIVe siècle, l'architecte Pierre Perrat lancera l'édification audacieuse des voûtes à 42m du sol.La construction s'étalera sur trois siècles pour s'achever vers 1525.

Premières campagnes de construction (1237-1380)

La construction de la cathédrale actuelle fut peut-être voulue par l'évêque Conrad de Scharfennberg, en même temps que les cathédrales de Reims (1207) et de la toute proche Cathédrale de Toul (1210-1220), du Mans (1217), d'Amiens (1221). Seule la nef ottonienne fut à cette époque détruite, jusqu'au niveau des fondations, le chevet et le transept, ainsi que Notre-Dame-la-Ronde, étant épargnés. De cette première campagne de construction datent les parties basses des murs de la nef et les bases des supports d'arcades. Sous l'épiscopat de Jacques de Lorraine (1239-1260), le parti de l'élévation fut modifié. L'élan gothique devait l'emporter devait l'emporter devant toute autre considération.C'est donc aux alentours de 1240 que débutent les travaux de l'édifice gothique actuel, d'abord une première campagne concernant les nefs collatérales en style gothique primitif puis un nouveau plan pour la nef principale en style rayonnant.

Il fut également choisi de reconstruire la collégiale Notre-Dame, pour l'intégrer au nouveau style de la cathédrale. Cette surélévation du projet initial se traduit par une disproportion,entre les grandes arcades (12,50m) et les fenêtres hautes (19m), proportions inverses de celles de la cathédrale d'Amiens (18,20m et 13m). Une frise d'arcs trilobés masque judicieusement l'épaississement des murs, au-dessus des grandes arcades.

Au milieu du XIIIe siècle, la reconstruction de Notre-Dame-la-Ronde est entreprise en conservant, semble-t-il, les piliers ronds de celle-ci, alignés sur l'ancienne nef ottonienne. Le nouveau choeur de la collégiale, épaulé par les deux premiers contreforts sud de la cathédrale, à double fenestrage, sont achevées.Les supports en attente, actuellement visibles vers les troisième et cinquième travées des faces nord et sud, indiquent que le projet de double fenestrage devait s'appliquer à tout l'édifice, comme à Noyon, Beauvais, ou Troyes. Dans le dernier quart du XIIIe siècle, une claire-voie est ménagée au niveau du triforium, sous rayonnant, s'achève dans le premier tiers du XIVe siècle. Pour récolter de nouveaux fonds, la confrérie de Sainte-Marie et de Saint-Etienne est créée vers 1330. Le financement de la fabrique est aléatoire, et provoque l'arrêt du chantier à plusieurs reprises. Il dépend, en effet, des dons des fidèles, des ventes d'indulgences, des prébendes vacantes du Chapitre, ou des largesses de l'évêque.

Vers le milieu du XIVe siècle, la charpente de la toiture est posée, et, l'évêque Adhémar de Monteil fait élever une chapelle dans la cinquième travée du collatéral sud. En 1356, l'empereur Charles IV venu à Metz pour promulguer la bulle d'or est reçu dans la cathédrale de Metz. Cette première campagne de construction s'achève avec le voûtement de la nef, entre 1360 et 1380. La hauteur de ses oûtes (41,7m), place la cathédrale de Metz derrière celle de Beauvais (48m avant effondrement), et celle d'Amiens (42,3m) dans la course aux records gothiques. A cette époque fut détruite la cloison qui séparait encore la nef de Saint-Etienne de celle de Notre-Dame. Le sol de celle-ci fut alors abaissé au niveau de celui de la cathédrale, ce qui explique le déchaussement des piliers des trois premières travées. Seul le choeur fut laissé au niveau primitif. Les grandes baies, notamment le fenestrage de la façade occidentale, encore occultées par des ais de bois, furent vitrées. Un contrat est passé en 1381, entre le Chapitre et le maître-verrier Hermann de Münster, pour la réalisation du grand "O", la rose occidentale. Celui-ci le privilège d'être inhumé à l'intérieur de la cathédrale. Le maître d'oeuvre, Pierre Perrat, connu aussi par ses travaux à Toul et Verdun, fut également autorisé en 1386 à avoir sa sépulture dans la cathédrale. Ceci nous confirme l'importance accordée tant aux architectes qu'aux artisans de renom travaillant pour l'Oeuvre, ces derniers accédant au statut d'artiste. Il faut attendre la fin du XVe siècle pour la construction de la cathédrale reprenne.


Seconde campagne de construction (1440-1552)

En 1473, l'empereur Frédéric III et son fils Maximilien assistent à un office dans la cathédrale. La cathédrale est alors un édifice stylistiquement composite, dont la nouvelle nef gothique épouse, tant bien que mal, l'ancien chevet du sanctuaire ottonien. Le chantier s'anime de nouveau en 1486, lors de la reconstruction du transept et du choeur ottonien. Entre temps, la chapelle d'Adhémar de Monteil, dite chapelle des évêques, est reconstruite par Jean de Commercy en 1440. En outre, un incendie ravagea la toiture en 1468, ce qui décida les bourgeois messins à reconstruire la partie supérieure de la tour de la Mutte, beffroi municipal. Cette tour, ainsi que la tour du Chapitre au Nord, est longtemps restée coiffée d'un colombier de bois. Hannes de Ranconval le remplaça de 1478 à 1481 par une flèche de style gothique flamboyant.

La seconde campagne de construction s'ouvre réellement en 1486, avec la démolition du bras nord du transept, reconstruit aussitôt dans le même style et avec la même élévation que la nef. Les fondations sont creusées, d'après la chronique, à une profondeur dépassant le niveau de la rivière. Le bras nord du transept est achevé en 1504, avec la pose des vitraux de Théobald de Lixheim. La démolition des vestiges ottoniens se poursuit par le choeur, ses deux tours romanes, et en 1508 par le bras sud du transept. Celui-ci sera reconstruit avant 1521, date de la pose des premiers vitraux de Valentin Bousch. Le choeur est déjà voûté à cette date, mais les derniers vitraux de Boush ne seront posés dans cette partie qu'en 1539. Un jubé, supprimé en 1791, clôture de la nef en 1525. La cathédrale sera consacrée le 11 avril 1552. Si la construction de la cathédrale s'achève à cette date, l'édifice connaîtra de nombreux aménagements.

Berceau du talent littéraire de Bossuet 

Le 28 mars 1642, Jacques-Bénigne Bossuet devient, à l'âge de treize ans, chanoine de la cathédrale grâce à l'entregent de son père magistrat de la ville.  C'est en la cathédrale de Metz, le 21 juillet 1652, qu'il prononce son premier sermon. C'est encore à Metz, sans qu'on puisse dire avec certitude qu'il fut prononcé au sein de la cathédrale, qu'il donne, le 17 décembre 1655, sa première oraison funèbre pour Yolande de Monterby, l'abesse du Petit Clairvaux à Metz. Le 15 octobre 1657, il prêche un Panégyrique de sainte Thérèse, devant la reine Anne d'Autriche, à la suite de quoi il est nommé conseiller et prédicateur extraordinaire du roi. A partir de là, il partage son temps entre Metz et la cour, à Paris et Versailles. A partir de 1660, sa célébrité allant croissante, il n'est plus que rarement à Metz. 

Quand il est dans cette ville frontière, tant au point de vue géographique -entre l'Allemagne et la France-que religieux-entre les domaines catholiques et protestant, il se consacre avec zèle et foi à la prédication en vue de la conversion des protestants de la ville. Son oeuvre Réfutation du catéchisme du sieur Paul Ferry, ministre de la Religion Prétendue Réformée, le premier ouvrage publié par Bossuet et imprimé à Metz, en 1655, est le compte-rendu de ses conservations avec le pasteur de l'Eglise réformée de Metz.

Le 22 août 1664, Bossuet est nommé doyen du chapitre cathédrale, fonction qu'il quitte le 19 octobre 1669, pour devenir évêque de Condom.


Le portail néoclassique de Blondel (1764)


La façade occidentale avec le portail de Blondel (1764)


Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, soucieux de ne pas demeurer en reste par rapport à Nancy qui venait de se doter d'une majestueuse place royale, mais aussi parce que l'art "gothique" n'était plus au goût du XVIIIe siècle, le maréchal de Belle-Isle, gouverneur des Trois-Evêchés, décide d'établir une place royale. Malgré les protestations du chapitre, il fait dégager les abords de la cathédrale par la destruction du cloître et des églises attenantes (Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Pierre-le-Majeur, la chapelle des Lorrains).

Mais aucun projet ne se construit. L'architecte Jacques-François Blondel, protégé par le duc de Choiseul, alors présent à Metz pour reconstruire l'abbaye Saint-Louis, va opportunément proposer de réaliser un projet d'aménagement qui comprend la création de rues et de places, ainsi que la reconstruction de l'hôtel de ville, du parlement et du palais de l'évêque. Derrière l'argument avancé de créer une place d'armes fonctionnelle utile au défilé des troupes, la réalisation d'un nouveau centre politique pour la ville vise à son embellissement. Ce projet est à la fois une oeuvre de la maturité et une expérience inédite pour Jacques-François Blondel que le XXe siècle retiendra comme théoricien et rénovateur de l'enseignement architectural.

Entrepris en 1762, l'aménagement de la place d'Armes, de la place d'Armes, de la place de Chambre et de la place du Marché dégage le tissu urbain médiéval sur trois côtés autour de la cathédrale. L'édification de la mairie, côté place d'Armes, et du palais des évêques de Metz (aujourd'hui, le marché couvert), côté place du Marché et place de Chambre contribue à constituer un ensemble architectural dominé par l'oeuvre des maîtres-maçons du Moyen Âge.A cette occasion, et dans un souci d'harmonisation de cet ensemble urbain, Blondel construit sur les trois côtés de la cathédrale ainsi dégagée, une enveloppe classicisante et en particulier, un sobre et majestueux portail principal (côté place du marché, il sera remplacé par un portail néo-gothique en 1904).

Premiers réaménagements du XIXe siècle

A partir de 1845, des projets de restauration de la cathédrale apparaissent avec l'intention de rendre une certaine "pureté stylistique".L'engouement romantique pour le Moyen Âge au XIXe siècle a pour effet de faire renaître un intérêt pour l'art gothique, à le valoriser et l'étudier, ce que nous prouvent les travaux d'Eugène Viollet-le-Duc. 

Ainsi, l'intérieur de la cathédrale est vidé du mobiliser et des ornements ultérieurs au XVIe siècle (fin du Moyen Âge et de la construction originelle ultérieurs au XVIe siècle (fin du Moyen Âge et de la construction originelle de l'édifice). On note notamment la disparition d'un jubé baroque, présent sur des gravures, ayant remplacé le jubé médiéval après 1791. Cette première campagne de restauration, s'accompagne de l'ajout de nombreux vitraux encore présent dans les premières travées de la cathédrale. L'ensemble vitré de la chapelle Notre-Dame-la-Ronde témoigne de cet art du vitrail de l'école de Metz au XIXe siècle, représente principalement par Laurent-Charles Maréchal.

Une réfonte néogothique


Dessin d'Hubert Clerget de l'incendie du dimanche 6 mai 1877 à la suite du feu d'artifice en l'honneur de l'empereur Guillaume, 1877



Ornements et pinacles de la période néogothique, pignon de la façade occidentale


En mai 1877, un feu d'artifice organisé depuis le toit de la cathédrale en l'honneur de l'empereur Guillaume Ier provoque un incendie qui détruit totalement la toiture mais épargne l'intérieur de la cathédrale.


L'ancienne charpente de bois et la couverture en ardoise sont remplacées entre 18800 et 1882 par des fermes métalliques à "la Polonceau", avec une couverture de plaques de cuivre.La nouvelle toiture, surélevée de 4,5m modifie sensiblement la volumétrie extérieure de la cathédrale, réduisant l'effet d'élancement des tours. La surélévation s'accompagne de la création, entre 1883 et 1886, de pignons ornés sur les façades nord, sud et ouest. Peu avant, de 1878 à 1881, la rotonde du choeur, oeuvre de Gardeur-Lebrun (1791) fut supprimée, et l'accès à la crypte rétabli. De 1874 à 1887, la restauration des piles et des arcs-boutants de la nef et du chevet compléta la restauration des voûtes. Le portail latéral sud, auparavant masqué par les arcades, fut inauguré en 1885. Après dégagement, il fallut le descendre deux mètres plus bas au niveau de la places d'Armes, les sculpteurs restantes étant alors démontées et restaurées par le sculpteur Dujardin. En 1888, les restaurations portèrent sur Notre-Dame-du-Carmel, ancien choeur de la collégiale. Elles considèrent à refaire la charpente, et à rouvrir les fenêtres occultées par le portique néoclassique. La chapelle des Evêques le fut à son tour en 1895, alors que les travaux de démolition du portail de Blondel étaient décidés.

De 1871 à 1918, l'Alsace-Moselle fait partie intégrante de l'Empire allemand avec le statut de territoire d'Empire. La mode est alors au médiévisme comme on le voit, à la même époque, au château du Haut-Koenigsbourg "restauré" si ce n'est reconstruit pour l'empereur allemand ou à Karlstein réhabilité pour l'empereur d'Autriche, mais il n'est pas interdit de penser que des arrières-pensées politiques sont présentées dans la décision de supprimer l'enveloppe "française" de Blondel pour une refonte néogothique des pourtours de la cathédrale.

Les derniers ajouts de Blondel dont le style disconvient à l'idéal romantique de l'époque, sont détruits en 1898, pour faire place à un portail de style néogothique inauguré en 1903 par l'empereur Guillaume II, sous la direction de l'architecte Paul Tornow. Les sculptures, sur le tympan du portique, représentent le Jugement dernier. Le nouveau portail emprunte à l'école champenoise, notamment par l'usage de voussures appareillées.Les deux grandes statues sur la façade de l'ancien portail, sculptées en 1767 par Le Roy, se trouvent aujourd'hui à Saint-Avold: l'une au-dessus de la face avant de la basilique et l'autre au-dessus du portail d'entrée de l'église abbatiale Saint-Nabor.


De 1908 à 1919 l'intérieur de la cathédrale fut restauré et meublé par Wilhelm Schmitz.


Restaurations contemporaines 

Cette présentation historique donne l'impression d'un chantier permanent du XIIIe siècle à nos jours. Or l'édifice présente une grande unité de style, ce grâce au parti des architectes qui continuèrent d'appliquer jusqu'au XVIe siècle un style gothique rayonnant devenu archaïque; c'est également la conséquence des transformations du XIXe siècle, qui bien que contestables sur le plan de l'authenticité archéologique, lui ont donné cette homogénéité formelle. L'aspect actuel de la cathédrale n'est donc pas forfuit, et les restaurations actuelles en cours s'effectuent dans le respect de la Charte de Venise visant à garantir le respect des strates historiques.

Architecture

La pierre de Jaumont embrase la cathédrale à la lumière du couchant



Le portail de la Vierge, obstrué au XVIIIe siècle puis restauré en 1885




La cathédrale est bâtie en pierre de Jaumont. Les voûtes ont été élevées par l'architecte Pierre Perrat (1340-1400).

L'édifice présente un ensemble cohérent mais qui témoigne de trois siècles d'édification, pendant lesquels le style gothique a connu de nombreuses évolutions. La nef est du XIII au XIVe siècle, ère du gothique rayonnant reconnaissable par ses vastes verrières, comme la verrière occidentale de la cathédrale, tandis que le transept et le choeur n'ont été élevés qu'un siècle plus tard, dans une période de prédilection du style flamboyant, qui a été propice à l'édification des "murs vitrés" du transept (inspirés par ceux de la cathédrale de Toul).

Façade occidentale et position des tours

La cathédrale de Metz a la particularité de ne pas posséder de "façade harmonique" à la manière des autres grandes cathédrales gothiques de France (comme Reims, Strasbourg ou encore Toul), c'est d'ailleurs grâce à cette façade singulière qu'a été possible la réalisation de la grande verrière. Ainsi la cathédrale n'a qu'un seul portail sur sa façade principale.

En effet, les tours de la Mutte et du Chapitre ont été placées seulement à la troisième travée car il s'agissait en réalité de la limite occidentale de la cathédrale, la collégiale Notre-Dame-la-Ronde occupait alors les 3 premières travées (la séparation était assurée par un mur à l'intérieur de l'édifice et une importante différence et dénivelé), l'entrée à cette dernière se faisait essentiellement par un portail donnant sur la place Saint-Etienne. Lors de l'abattement du mur séparateur des "deux églises" en 1380 et la mise à niveau du sol de la cathédrale, le portail de la Vierge est percé vers le sud mais de façon oblique par rapport au bâtiment, la façade occidentale ne disposera d'un portique qu'à partir de 1764 (ensemble classique de Blondel). Lors de l'édification du proche néogothique actuel au début du XXe siècle un projet de portail triple fut proposé mais rejeté car n'adhérait pas assez à la façade inhabituelle de la cathédrale.


Deux églises en une

Les trois premières travées de la nef de la cathédrale sont celles de Notre-Dame-la-Ronde dont l'axe est perpendiculaire à celui de Saint-Etienne et le visiteur attentif notera, selon les canons architecturaux gothiques, le portail principal de cette église au nord de la seconde travée, son abside et son maître-autel au sud de la seconde travée alors que la première et troisième travées servent de bas-côtés à cette curieuse "église dans l'église" L'autre église (ancienne basilique ottonienne et antérieure à Notre Dame-la-Ronde), comprenait le reste de la surface de la cathédrale, son choeur et son transept avait été conservé jusqu'en 1440, sa nef avait été détruite au début de la construction de la cathédrale au XIIIe siècle. On peut encore admirer la crypte de l'édifice ottonien, sous le choeur de la cathédrale.

La tour de la Mutte

Flèche de la tour de la Mutte, arborant le drapeau municipal hérité de la République messine


La tour de la Mutte qui servit de beffroi municipal s'élève à quatre-vingt-huit mètres de hauteur, le sommet de la flèche atteignant 93m.

Jusqu'à la fin du XIVe siècle, à Metz, c'est la cloche de Saint-Eucaire qui servait de cloche municipale. On l'appelait bancloche ou plus communément mutte, puisqu'elle était destinée à ameuter la population en diverses occasions. Cette cloche fut par la suite transférée dans un clocher de bois adossé à la cathédrale. En juillet 1478, le clocher de bois est détruit et la construction d'une tour de pierre est entreprise, ce travail est confié à Hannès de Ranconvaulx qui s'achèvera sa construction en octobre 1481.

La Mutte

En 1412, il fut décidé d'installer une cloche, déjà commandée en 1381, sur la tour sud de la cathédrale, alors en construction. La cloche nommée La Mutte pèse onze tonnes et mesure 2,32m de diamètre. Elle sonne en fa dièse 2. Les Etudes campanaires mosellanes du chanoine Bour signalent huit refontes, nécessitées par des félures successives. Il situe la première en 1418 mais sans certitude. Une autre est attestée le 24 novembre 1428, le travail ayant été confié aux maîtres fondeurs Jean de Galle et Jean de Luxembourg. Une troisième eut lieu en octobre 1442, garantie par un bombardier de la ville, maître Louis de Hamelle. Mais la Mutte se rompt encore, nécessitant l'intervention de maître Anthoine d'Estain, qui effectua une coulée en septembre 1443.

La suivante date de 1459: on sait que le chantier était installé dans l'église Saint-Pierre-aux-Images, située près de la cathédrale, sous la direction de deux maîtres fondeurs allemands, Arnould de Coblence et Tillmann de Hachenburg. Une refonte est effectuée en 1479 dans la grange Saint-Symphorien, au haut de Saint-Hilaire-le-Petit, tout près du palais de justice actuel. On avait fait appel au fondeur Jehan Lambert de Deneuvre, près de Baccarat. >En 1574, on fit encore appel à Gaspard Sonnoy de Romain-sur-Meuse, près de Bourmont, qui installa son chantier dans une maison de la ruelle de Vazelle, près du marché couvert actuel. Enfin, la dernière refonte a eu lieu en 1605.


La Mutte ne sonnait qu'en cas d'attaques ennemies, d'incendies, de très grandes fêtes. Elle a sonné à la volée pour la dernière fois en 1918 lors de la victoire des Français. Mais, une campagne de travaux menée entre 2009 et 2015 à permis de remettre en état le beffroi et la cloche et elle peut à nouveau sonner à la volée depuis le 26 juin 2015. Cette restauration a été assurée par 2BDM-Architecture et Patrimoine.


La tour du Chapitre

Tour du Chapitre    


La tour du Chapitre, située sur la façade nord à l'opposé de la tour de la Mutte, s'élève à soixante-neuf mètres juste au-dessus du portail de Saint-Etienne. A la différence de la tour de la Mutte, elle ne possède pas de flèche. La partie inférieure fut construite au XIIe siècle et la partie haute de 1840 à 1843. A mi hauteur sur un meneau central, le sculpteur Dujardin a réalisé un monument crucifix (il mesure 5,20m) en 1894. Ce dernier remplace "le grand Christ" qui avait été détruit un siècle plus tôt. A l'intérieur de la tour, se trouvent cinq cloches: la grosse Marie, datant du XVIIe siècle, la Catherine, datant de la Renaissance mais refondue en 1890 par le fondeur messin André Guenser (1843-1935), Clément, Marie-Immaculée et Etienne.


 La tour Charlemagne et le chevet de la cathédrale


Le gothique lorrain est longtemps resté sensible à une influence rhénane, héritée du style rhénan, un style lui-même très inspiré par l'architecture ottonienne. Ce style local doit à la cathédrale Notre-Dame de Verdun son plan à deux choeurs et à des édifices comme la cathédrale Saint-Etienne de Toul ou la basilique Saint-Vincent de Metz leur "chevet lorrain" caractérisé par la présence de tours encadrant un chevet sans déambulatoire.

Le chevet de la cathédrale, reconstruit à partir de la fin du XVe siècle, témoignait encore d'un style ottonien du XIe siècle et était flanqué, selon la tradition rhénane, de deux tours qui étaient surnommées "tours Charlemagne". Reconstruit dans un style gothique au début du XVIe siècle, le chevet devant comprendre un déambulatoire ne permettait la réalisation d'un chevet lorrain. Cependant, l'époque renaissante en Europe, suscitant regain pour des styles considérés comme dépassés (principalement des styles antiques), deux tourelles octogonales sont ajoutées contre la base du déambulatoire et servent de contreforts.

Leur présence discrète reflète ainsi un certain héritage du gothique rhénan, rappelant également l'architecture romane par la forme octogonale et les arcades géminées à leur sommet. La tourelle nord est surnommée "tour de Boule d'or" car ayant présenté un dôme doré à son sommet à une époque,avant qu'il ne soit remplacé par une flèche. La seconde a gardé l'appellation de "tour Charlemagne".

Vitraux

XIIIe siècle

Vie de Saint-Paul, vitraux, XIIIe siècle


Dans le transept, sud, à gauche du grand orgue, de petits vitraux bleus remontant au XIIIe siècle, les plus anciens de la cathédrale, figurent six scènes de la vie de Saint-Paul.Ils proviennent vraisemblablement de l'église Saint-Paul qui faisait partie du groupe cathédrale et fut démolie au XVIIIe siècle.

Plusieurs roses du XIIIe siècle ornent les dernières travées des bas-côtés sud et nord de la nef. La rose de la troisième travée nord de la nef provient du vitrail central du choeur de Notre-Dame-la-Ronde. Son médaillon central figure le Couronnement, des anges aux mains jointes, portant couronnes ou encensoirs occupent les six médaillons du pourtour.


Hermann de Münster(XIVe siècle)

Verrière de Hermann de Münster, façade ouest


Au-dessus du grand portail de la façade se déploie la grande verrière occidentale (350m²). Elle comporte une grande verrière occidentale (350m²). Elle comporte une grande rosace de 11m de diamètre et fut créée en 1384 par Hermann de Münster (Münster, Westphalie, c.1330-Metz,1392). Le programme iconographique illustre la concordance entre les articles du Symbole des Apôtres et leur préfiguration dans l'Ancien Testament.

Preuve de sa notoriété et de la reconnaissance des chanoines, Hermann de Münster se vit accorder le droit de sépulture dans la cathédrale et fut inhumé au pied de son chef-d'oeuvre. Une épitaphe, retrouvée dans la première travée du bas-côté nord, nous apprend qu'il venait de Münster en Westphalie:

"CI DEVANT GIST
MAISTRE HARMAN LI VALRIER
DE MÜNSTERE AN WAIL TEFALLE
ET FIST LE GRANT OZ DE CEANS
QUI MORUT LE JOR DE LA NOSTRE DAME
EN MARS M.CCC.IIIIXX ET XII."


Théobald de Lixheim (XVIe siècle)

Dans le transept nord, la magnifique verrière de Théobald de Lixheim est datée de 1504. La rose du sommet avec le Couronnement de la Vierge surmonte les quatre Evagélistes dans les quadrilobes. Les trois niveaux de lancettes figurent au registre supérieur huit saints, au registre intermédiaire huit saintes et au registre inférieur huit apôtres avec les articles du Credo sous leurs pieds et les scènes de leur martyre. Au bas des lancettes intermédiaires court une frise à fond bleu portant l'inscription:

"HOC OPUS PER THEOBALDUM DE LYXHEIM VITRIARIUM PERFECTUM EST ANNO DOMINI MCCCCCIV3;


c'est-à-dire

"Cette oeuvre fut achevée par Theobald de Lixheim, verrier, en l'an du Seigneur 1504".

Valentin Bousch(XVIe siècle)

  Vue du bras sud du transept vitré par Valentin Bousch



En face, la grande verrière du bras sud du transept est le chef-d'oeuvre de Valentin Bousch (Strasbourg, fin XVe siècle-Metz, 1541), exécuté en 1521-1527.

Les vitraux des parties hautes du choeur, plus anciennes, sont également de Valentin Bousch. Une partie des verrières des absides lui sont également de Valentin Bousch. Une partie des verrières des absides lui sont également attribuées bien que non signées.

Son activité du maître-verrier à la cathédrale est attestée à partir de 1514. Il travaille d'abord à la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, siège d'un pèlerinage fréquenté, puis à la cathédrale de Metz dont il devient le verrier attitré de 1520 jusqu'à sa mort en 1541, mais il est employé également pour d'autres édifices de Lorraine. Le style de Valentin Bousch emprunte beaucoup de ses traits à l'art germanique, en particulier à Hans Baldung Grien qu'il connaissait probablement.

Chagall, Villon, Bissière, Gaudin (XXe siècle)

La cathédrale de Metz a largement bénéficié du renouveau du vitrail français après la Seconde Guerre mondiale. Quelques architectes en chef des Monuments historiques auxquels incombait la charge de remplacer par des verrières neuves les oeuvres détruites pendant la guerre, comprirent les possibilités offertes par la peinture-vitrail.

Robert Renard, aidé par l'inspecteur des Monuments historiques Jacques Dupont, peut imposer à la cathédrale de Metz Jacques Villon à la chapelle du Saint-Sacrement, située sur le côté de la nef(1956-1957).Par sa puissance expressive, Villon parvient à rehausser une chapelle ordinaire grâce à cinq verrières à thème eucharistique, exécutées par Charles Marcq.

Tout particulièrement parmi les cinq baies vitrées, Jacques Villon (de son vrai nom Gaston Duchamp, frère aîné du célèbre Marcel Duchamp) va révéler son exceptionnel talent avec la thème de la crucifixion du Christ dans le vitrail central (le 3e à partir de la gauche). D'abord il met en évidence la perspective de la lance que porte le soldat et qui traverse le côté de Christ. Cette perspective est construite à la manière de Pierro della Francesca et selon Rosalind Krauss sur un vecteur qui relie le point de vue au point de fuite" et permet donc de relier chaque spectateur au Christ lui-même. Ensuite ce même artiste va révéler la chaîne syntagmatique de la croix grâce aux différentes utilisations du bois.

En 1959, Marc Chagall accepte de peindre les cartons de deux baies du déambulatoire nord avec pour sujets des épisodes de l'Ancien Testament. L'univers biblique et onirique de Chagall est admirablement servi par le savoir-faire de l'atelier Simon-Marq à Reims. L'oeuvre, d'une grande liberté, met à contribution toutes les ressources de la gravure et de la peinture sur verre. Les couleurs, le bleu surnaturel, le vert cosmique, le rouge mystique et le jaune paradisiaque servent admirablement les baies vitrées. La couleur enveloppe tout, le dessin et le sujet. L'oeuvre chagallienne est à la recherche d'une langue "judéo-universelle" accessible à un regard non initié, elle recèle toujours un langage crypté.

En 1960, Roger Bissière créé les maquettes de deux verrières pour les tympans nord et sud. Les deux verrières opposées de Bissière complètent à merveille les espaces intermédiaires laissées par les autres chefs-d'oeuvre de cette "Lanterne du Bon Dieu". Mais en plus elles vont donner un souffle nouveau grâce à une orientation biblique jusqu'à présent insoupçonnée.

Aussi il ne paraît pas présomptueux d'affirmer que ces deux baies vitrées vont devenir en quelques sorte source et sommet de toute l'architecture de lumière de cette cathédrale.

En effet les verrières de Roger Bissière, rappellent les débuts de la création et notamment ce 4e jour où apparaissent les deux luminaires au firmament des cieux pour séparer le jour et la nuit.

"Dieu dit: Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit, que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années,

et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit, il fit aussi les étoiles.

Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre,

pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon

Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le quatrième jour"


Dans ces conditions ces deux vitraux irradient la lumière à l'image de la lune et du soleil grâce à ces deux ouvertures opposées de la cathédrale, l'une issue du tympan nord pour signifier le monde de la nuit et l'autre du tympan sud, pour celui du jour.

Et par conséquent toute la lecture des vitraux de cette cathédrale va pouvoir s'interpréter à partir de cette séparation initiale.

Un vitrail de Marc Chagall de 1963 représentant Eve a été brisé par un ou plusieurs cambrioleurs dans la nuit du 10 août 2008.


Monuments funéraires

Tombe de l'évêque Paul Dupont des Loges



La cathédrale de Metz renferme peu de monuments funéraires. Dans les chapelles rayonnantes autour du déambulatoire se trouve notamment les priants d'Anne de Pérusse des Cars, cardinal de Givry et de Paul Dupont des Loges, tous deux évêques de Metz.


Le tombeau du cardinal de Givry (décédé en 1612) représente celui-ci en prière sur son prie-Dieu. Le monument actuel est la restauration datant de 1854 et 1911 du tombeau original détruit au cours de la Révolution.


Le tombeau de Paul Dupont des Loges (décédé en 1886), qui fut également député au Reichstag, est l'oeuvre du sculpteur Hanneaux.


Orgues 


L'orgue de la cathédrale Saint-Etienne



L'orgue, Renaissance, restitué en 1981 est suspendu à mi-hauteur dans la nef de la cathédrale. Un grand orgue lui faisait autrefois pendant, accroché au triforium de la façade opposée, une association soutient un projet pour son remontage et sa restauration. Actuellement l'orgue principal est installé au fond du transept sud, situation défavorable d'un point de vue acoustique. Le troisième orgue est quant à lui dissimulé au fond du choeur, il est visible par derrière depuis le déambulatoire.



Curiosités

L'effigie du Graoully conservée dans la crypte



L'impression qui marque le plus de l'extérieur est la hauteur de l'élévation de la nef principale. Fait a priori unique au monde, la nef prinicpale (42m) est trois fois plus haute que les nefs collatérales (14m), lui conférant ainsi une exceptionnelle élévation. La plupart des cathédrales ayant une nef principale deux fois supérieure aux latérales.

La crypte conserve une effigie du Graoully, le fameux dragon qui terrorisait la ville.


Une série de sculptures, dans l'entrée sud, représentant de petits personnages et des symboles, est décrite par Christian Jacq dans son livre Le Voyage initiatique comme révélateur d'un parcours d'initiation des bâtisseurs de cathédrale et par extension des étapes de toute évolution spirituelle. Ces sculptures symboliques se retrouvent fréquemment dans les cathédrales et les églises (romanes et gothiques), mais la cathédrale de Metz à la particularité d'en représenter trente-trois dans un ordre particulier et toutes dans un même lieu. Cette série débute avec l'arbre sec, symbole du candidat à l'initiation encore immergé dans le monde profane. L'arbre sec correspond à la parole du Christ: "tu passes pour vivant, mais tu es mort". Le chemin se termine avec l'arbre fleuri, symbole de l'initié, qui par la connaissance et le respect des lois divines, a permis à l'Arbre de Vie de ressusciter en lui. A ses trente-trois degrés s'ajoutent sept représentations des vices qui barrent le chemin de l'initiation. Ces représentations des vices sont surplombés avec une statue de la Vierge à l'Enfant, symbole des vertus de l'âme humaine.


Le trésor

Le trésor épiscopal qui recèle des pièces remarquables, telles des crosses d'évêques en ivoire des XIIe et XIIIe siècles, l'anneau épiscopal de saint Arnoul, des pièces d'orfèvrerie du XIIe au XIXe siècle et une tête en bois polychrome à mâchoire articulée provenant de l'orgue du Moyen Âge de la cathédrale (aujourd'hui disparu): sa douche s'ouvrait quand la note la plus basse de l'instrument était jouée.


Anciens objets du trésor

La statue équestre, dite de Charlemagne et conservée au musée du Louvre, provient du trésor de la cathédrale. Cette statue en bronze doré, datant en grande partie du IXe siècle, représente probablement le petit-fils de Charlemagne, Charles le Chauve.


Plusieurs manuscrits exceptionnels sont également issus du trésor: le sacramentaire de Drogon, la bible de Charles le Chauve, le Psautier de Charles le Chauve ainsi que divers évangéliaires précieux.

La cathédrale dans la littérature

La cathédrale de Metz est évoquée à diverses reprises dans la littérature régionale et elle est également présente dans l'oeuvre de différents autres auteurs.


Paul Verlaine, né à Metz en 1844, l'évoque en ces termes dans ses Confessions qui datent de 1895:

"Metz possédait et doit encore posséder une très belle promenade appelée "l'Esplanade", donnant en terrasse sur la Moselle, qui s'y étale, large et pure, au pied de collines fertiles en raisins et d'un aspect des plus agréables. Sur la droite de ce paysage, en retrait vers la ville, la cathédrale profile à une bonne distance panoramique son architecture dentelée à l'infini. Vers la nuit tombante, des nuées de corbeaux reviennent en croassant, faut-il dire joyeusement? reposer devers les innombrables tourelles et tourillons qui se dressent sur le ciel violet".


La cathédrale est très présente dans le roman écrit par Maurice Barrèsen 1909, Colette Baudoche.

"Devant eux s'étendait un pays à la mesure humaine, vaste sans immensité, façonné et souple, et, près de sa rivière, Metz, toute plate au ras de la plaine, et que spiritualise le vaisseau de sa haute cathédrale".


La cathédrale dans l'art pictural

Lithographie par Albert Robida


La cathédrale de Metz figure dans l'oeuvre de peintres comme Auguste Migette ou Monsu Desiderio. Dans sa série Les belles villes gauloises d'entre Rhin et Moselle, Albert Robida a consacré en 1915 une lithographie à la cathédrale de Metz.


Philatélie

En 1936, la cathédrale est représentée sur un timbre à l'effigie de l'aéronaute messin Jean-François Pilâtre de Rozier à l'occasion du 150e anniversaire de sa mort.

En 1945, la cathédrale de Metz est représentée conjointement avec celle de Strasbourg sur un timbre commémorant la Libération de l'Alsace et de la Lorraine.

Un timbre représentant un vitrail de la cathédrale de Metz, réalisé par Marc Chagall en 1963 est émis le 8 juillet 2002. Ce timbre, détail du vitrail Eve et le serpent a été vendu à plus de 8 millions d'exemplaires. 


Un timbre représentant le portail de la cathédrale est émis en juin 2011.


L'oeuvre de la cathédrale

L'Oeuvre de la cathédrale est une association à but non lucratif fondée le 21 mars 1885 par Mgr Dupont des Loges. Son objectif est d'éveiller l'intérêt du public pour l'édifice et de promouvoir sa conservation. Depuis le XIXe siècle, elle a permis la restauration du portail de la Vierge, la construction du grand portail, l'installation du chauffage central et d'un éclairage électrique, l'acquisition des stalles de la crypte et du grand choeur, la restauration de l'orgue suspendu et la remise en état de la grande sacristie. Le réaménagement du choeur, inauguré le 17 décembre 2006, est réalisé avec le concours de l'artiste Mattia Bonetti. L'association s'occupe de l'accueil et des visites guidées, elle édite des guides en plusieurs langues, des dessins et diapositives.