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jeudi 25 mai 2017

16-Hôtel de Florainville

Bar-le-Duc - Palais de Justice 20131009-01.JPGFaçade de l'hôtel sur la place Saint-Pierre


L'Hôtel de Florainville est un bâtiment situé à Bar-le-Duc, en France. Il sert de Cour d'Assise au département de la Meuse.

Localisation

L'édifice est situé dans le département français de la Meuse, sur la place Saint-Pierre de Bar-le-Duc.

Historique

Le bâtiment était à l'origine construit au XVIIe siècle pour la famille de Florainville et il fut ensuite le siège de la municipalité en 1794 qui y logeait ensuite son musée. Il devient ensuite le siège du tribunal de grande instance de grande instance avant d'être celui de la cour d'Assise. L'hôtel est partiellement classé au titre des monuments historiques pour ces toitures et façades sur rue.Il fut le lieu de réception de la future reine Marie-Antoinette d'Autriche lors de son voyage depuis la frontière vers le Roi.

Architecture

Il est en pierre de Savonnières comme la majorité des hôtels de la place avec un toit d'ardoises à quatre pans. Sur la place, sa façade est sur trois étages, chacun ayant son style particulier, un étage à l'attique avec des fenêtres cintrés sous le toit. Des balcons, avec garde corps en fer forgé, sur consoles avec cinq grandes fenêtres à meneaux du rez-de-chaussée où arrivent un grand escalier à double révolution.

Inscriptions

Les blasons de France, du duché de Bar et de Florainville sont surmontés par la devise GESTA SONNANT. Sur la façade rue Cim et celle des Ducs se trouvent deux inscriptions en vieux français.

mercredi 24 mai 2017

15-Château de Lunéville

Image illustrative de l'article Château de LunévilleVue du château depuis les jardins à la française


Période ou style: Classique

Type: Palais

Début construction: 1703

Fin construction: 1720

Destination initiale: Palais d'habitation

Destination actuelle: Musées

Protection: Classé MH (1901)


Le château de Lunéville, possession des ducs de Lorraine depuis le XIIIe siècle, a été construit pour le compte du duc Léopold Ier entre 1703 et 1720sur des plans de Pierre Bourdict, Nicolas Dorbay et Germain Boffrand.

Léopold Ier, né en exil pendant l'occupation française, ne prit en possession de ses duchés qu'avec la signature du traité de Ryswick (1697).

Il découvrit alors Nancy sa capitale et son palais datant du Moyen Âge en piteux état et dont la rénovation dépassait de beaucoup ses capacités financières.

De plus, il ne fallut que quelques années pour la guerre enflamme de nouveau l'Europe entraînant une énième occupation militaire des duchés par l'armée française (mais cette fois pacifique). Fièrement et non sans panache le duc se retira à Lunéville dont il fit entièrement reconstruire le château tout en s'inspirant comme le voulait la mode de l'époque du château de Versailles. Il en fit sa résidence principale et y mourut en 1729.

Son fils, le duc François III, fut bientôt contraint de céder à titre viager ses possessions au roi de Pologne, roi en exil mais qui avait l'avantage d'être le beau-père du roi de France. Le ci-devant roi polonais, Stanislas Leszcynski, prit également possession de Lunéville qu'il fit réaménager à son goût. Il y mourut accidentellement en février 1766. Le duché et Lunéville furent alors annexés par la France.

Les châteaux lorrains échurent au roi Louis XV de France qui ne savait qu'en faire. Un grand nombre furent détruits. Lunéville survécut mais fut transformé en caserne.

Les appartements princiers appartiennent encore aujourd'hui au ministère de la Défense, et le reste du bâtiment au conseil général de Meurthe-et-Moselle.

Chef-d'oeuvre de l'architecture du XVIIIe siècle, le "Versailles lorrain" a été classé monument historique en 1901.

Au cours de son histoire, le château a été victime de plusieurs incendies, dont le dernier en janvier 2003 a déclenché un important mouvement de mobilisation pour sa reconstruction.


Histoire

Le castrum et le premier château fort médiéval

Le château actuel occupe l'emplacement d'une ancienne fortification dont l'origine se situe vers l'an mil. Aucun document ne révèle l'existence d'un établissement humain à cet endroit avant la fin du Xe siècle.

Le site de Lunéville est alors la propriété des puissants comtes épiscopaux de Metz. Le comte Folmar y fait édifier un castrum afin de contrôler le franchissement de la Vezouze sur la précieuse route du sel, allant de Vic-sur-Seille vers Deneuvre et Roan-l'Etape, pour gagner Sélestat et l'Alsace. On ignore tout de l'architecture de ce castrum, qui pouvait n'être qu'une enceinte légère permettant la perception de péages.

Dans la seconde moitié du XIIe siècle, la terre de Lunéville passe à une branche cadette des Folmar avec Hugues de Bliescastel, qui prend le titre de Hugues Ier de Lunéville. Un véritable château fort succède alors au castrum. Cette construction entreprise par Hugues Ier ou par son fils Hugues II matérialise le pouvoir de cette nouvelle lignée seigneuriale. Ce pouvoir sera de courte durée, puisque dès 1243, la seigneurie de Lunéville entre dans le domaine du duc de Lorraine Mathieu II, qui devient propriétaire du château.

On connaît le parti d'ensemble de l'édifice, qui se trouvait sur la rive gauche de la Vezouze, à proximité d'un pont, à l'emplacement du château actuel. C'était un bâtiment quadrangulaire cantonné de tours, entouré sur trois côtés par un fossé en eau alimenté par la rivière qui coule le long du flanc nord.

C'est dans ce château fort que les Ducs de Lorraine séjournent volontiers pendant tout le Moyen Âge. Certains s'y intéressent plus particulièrement et y font d'importants travaux, comme le duc Raoul qui fonde en 1343 une chapelle castrale dédiée à la Vierge Marie et à Saint Antoine ainsi que trois messes qui doivent y être chaque chaque semaine, les dimanche, mercredi et samedi.

Le XVe siècle, époque troublée voit les Bourguignons de Charles le Téméraire occuper Lunéville en 1476, les ducs de Lorraine et de Bar, souvent absents du pays, délaissent le château qui se dégrade. Seul René II (1473/1608) tente à l'extrême fin du siècle de sauver l'édifice de la ruine. Il y fait quelques réparations et agrandissements dans l'esprit nouveau de la Renaissance.

A leur tour, les ducs Antoine 1508/1544) et son petit-fils Charles III (1545/1608) demeurent fréquemment à Lunéville et entretiennent régulièrement le château. Les transformations les plus importantes ont lieu sous le règne de Charles III, rentré dans ses états en 1559, qui remet en état ou crée de nombreuses places fortes en Lorraine. C'est ainsi qu'il fait édifier à Lunéville une nouvelle enceinte au tracé bastionné. Les travaux durent de 1587 à 1591 environ et doublent sur trois côtés le mur médiéval, englobant à l'est le faubourg d'Allemagne. Il en résulte une modification importante dans la topographie de la ville. L'enceinte médiévale dessine un quadrilatère dominé au nord-est par le château fort, qui occupe une place stratégique dans la défense de la cité. La seconde enceinte est entourée de fossés remplis par les eaux de la Vesouze, à l'intérieur, le château est isolé de la ville par une ligne de défense supplémentaire.

Il semble que le duc Charles III se soit davantage intéressé au système défensif qu'au château médiéval, qui apparaît très endommagé à la fin de son règne, une des tours menaçant même ruine.


La reconstruction par le duc Henri II

Le successeur de Charles III, Henri II, décide de reconstruire le château pour faire de Lunéville l'une de ses résidences principales. En 1609, l'architecte Nicolas Marchal et le mathématicien Jean-Baptiste Stabili dressent des plans pour un pavillon. Deux ans plus tard, l'architecte Jean Lyot élabore de nouveaux projets, les travaux sont confiés à Jean La Hiere, architecte des bâtiments ducaux, qui réalise de nombreux édifices à Nancy et ailleurs en Lorraine ducale. Le chantier se termine vers 1620 avec la création par Hector Parent du jardin "au derrière du château". La construction entraîne la disparition progressive de l'ancien édifice médiéval, dont il ne reste en 1630 qu'"un vieux corps de logis" et une tour en très mauvais état.

La demeure de Henri II est connue par un relevé de 1690 conservé aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle. De plan en U, elle se compose d'un corps central flanqué de deux importants pavillons et de deux corps de portique en retour d'équerre se terminant chacun par un petit pavillon rectangulaire. Un mur percé d'un portail ferme la cour. Un escalier en fer à cheval donne accès au jardin. Ce plan reste lisible dans le château actuel, dont le corps central s'élève aujourd'hui sur les fondations de l'ancien, qui occupait, comme aujourd'hui, le point le plus élevé du site.

Ce deuxième château n'est habité que très peu de temps par le duc de Lorraine. Moins de vingt ans après sa construction, il est incendié lors du conflit avec la France, qui entraîne en 1638 le siège de Lunéville puis la démolition de ses fortifications. D'ailleurs, la Guerre de Trente Ans privé de Lorraine de ses souverains légitimes jusqu'en 1697, date du Traité de Ryswick qui restitue enfin au duc Léopold la souveraineté de ses états.

L'oeuvre de Germain Boffrand pour le Versailles lorrain


Portrait en pied de Léopold Ier par Nicolas Dupuy (1703), dépôt du musée des beaux-arts de Nancy au musée Lorrain.


Après un siècle de désastres, le règne de Léopold (1697-1729) est une période de prospérité dont bénéficie tout particulièrement Lunéville.

A son arrivée en Lorraine, Léopold, qui s'installe à Nancy, s'intéresse très vite à Lunéville, où il prévoit probablement de séjourner. Ainsi, dès 1698, il fait entreprendre des réparations importantes dans le château construit par Henri II. La plupart des pièces sont refaites et on construit un petit bâtiment pour loger les gardes. Parallèlement, Léopold ordonne la reconstruction partielle du palais ducal de Nancy.

Tout cela n'est que le prélude à ce qui va être entrepris à partir de 1702.

A cette date, début de la guerre de Succession d'Espagne, les troupes de Louis XIV occupent les possessions ducales pourtant neutres y compris Nancy et y demeurent jusqu'à la fin du conflit en 1714. Léopold, refusant cette occupation de fait, décide de quitter sa capitale. Son choix se porte naturellement sur sa propriété de Lunéville, dans laquelle il a déjà beaucoup investi.


Toutefois, malgré les travaux récents, l'ancien château n'est pas assez vaste pour recevoir la cour nombreuse de Léopold. Sa démolition, alors décidée, va laisser la place à un immense chantier de reconstruction. A travers cette décision se manifestent le désir et la volonté affirmées par Léopold d'affirmer sa légitimité et sa souveraineté comme l'a fait l'occupant avec son château de Versailles.


Raison supplémentaire pour choisir Lunéville: la distance entre cette ville et Nancy coïncide avec les normes de l'époque, soit environ une journée à cheval.

La chronologie des travaux reste difficile à établir. Elle s'échelonne de 1703 à 1723, date d'installation définitive de la cour à Lunéville. Le chantier avance, connaît une grande lenteur avec des périodes d'activité plus ou moins intense, liée aux ressources financières du duc.

La première période des travaux consiste dans la création d'une avant-cour bordée par deux nouveaux bâtiments, dans le prolongement de l'ancienne construction. Elle est menée de 1703 à 1705 par Pierre Bourdict nommé en 1700 "premier architecte et directeur des ouvrages de sculpture" du duc. En 1708, l'architecte Nicolas Dorbay, qui travaille également au château de Commercy, prend la direction du chantier. S'ouvre alors une seconde campagne qui sera très active jusqu'en 1718. Enfin, une troisième campagne, qui comprend les travaux les plus importants, commence après un incendie en janvier 1719. C'est alors le plus grand chantier de Lorraine, dans lequel de nombreux artisans et artistes sont engagés.

Le nom de l'architecte français Germain Boffrand, qui est associé à la construction du château de Lunéville, n'apparaît en réalité qu'à partir de 1709, année où il présente à l'Académie les "plans et élévations qu'il a faits pour le château de Lunéville, que Monsieur le Duc de Lorraine commence à faire rebastir selon ses desseins". Boffrand, disciple et collaborateur de Jules Hardouin-Mansart, entre au service du duc et devient en 1711 son "premier architecte". Les plans préparés par lui sont soumis au duc Léopold Ier qui choisit le projet définitif. Six projets différents sont aujourd'hui connus, aucun n'étant daté, il est difficile de les classer chronologiquement de façon certaine. Nous savons cependant que plusieurs d'entre eux furent proposés pour la troisième et dernière campagne de travaux, qui commence en 1719, à la suite d'un accident qui vient interrompre brutalement l'achèvement du chantier: un incendie se déclare dans la nuit du 3 janvier et détruit en quelques heures toute la partie sud-est comprenant les appartements ducaux et d'une partie du corps central. A la faveur de cet accident, Germain Boffrand prépare de nouveaux plans qu'il doit modifier plusieurs fois avant d'obtenir l'accord du duc. Il faut préciser que Léopold Ier, n'ayant pu obtenir les soutiens financiers qu'il espérait, vise à l'économie et souhaite rétablir "l'aile brûlée" telle qu'elle était avant l'incendie, en utilisant les matériaux récupérables.

Le projet définitif de plan en H est, dans son ensemble, celui que présente Germain Boffrand en 1745 dans son Livre d'architecture. Il restera toutefois inachevé puisque l'aile qui devait longer la Vezouze au nord n'a jamais été construite. Faut-il évoquer les difficultés financières du duc Léopold dans cette interruption prématurée de la construction?Il est évident que Germain Boffrand ait souhaité voir son projet achevé: c'est en effet dans sa totalité qu'il le présente une vingtaine d'années après la fin des travaux dans son Livre d'architecture où il explique du reste que "l'aile gauche du côté de la rivière n'est pas faite et étroit destinée aux logements des Princes Etrangers".

Outre la contrainte financière, l'architecte doit vaincre les obstacles naturels. Le terrain offre une dénivellation importante d'est en ouest, tout en dominant la rivière du côté nord, où le sol est très marécageux. De plus, l'emplacement de l'ancien château était trop limité pour une construction d'une telle ampleur, d'où l'obligation d'acheter et de démolir des maisons, notamment pour la réalisation du parc.

Celui-ci et les jardins prolongeant à l'est une terrasse sont appelés les "Bosquets" dès le début des travaux. A partir de 1710, ils prennent une extension considérable et sont aménagés par Yves de Hours, un disciple de Le Nôtre.A partir de 1724, Louis de Nesle complète l'oeuvre d'Yves des Hours. Pour aménager tout cet espace, il a fallu combler les anciens fossés, canaliser la rivière et raser plusieurs constructions. On fait appel à l'ingénieur Didier Lalance pour les "jets d'eau et cascades", et à Philippe Vayringe qui réalise en 1732 une machine à élever les eaux de la Vezouze et les conduire dans les jardins". De nombreux artistes tels que Barthélemy Guibal (entre autres) agrémentent les parterres de sculptures.


La régente Elisabeth d'Orléans


Le 27 mars 1729, la mort de Léopold a pour conséquence l'arrêt de tous les travaux. L'héritier de la couronne ducale, François-Etienne, que son père avait envoyé terminer son éducation en Autriche, laisse la régence de ses Etats à sa mère, Elisabeth Charlotte d'Orléans.

La duchesse vit au château, entourée de ses deux filles et de son troisième fils, le prince Charles-Alexandre. C'est elle qui fait construire en 1733 la "salle de comédie" dans le prolongement des appartements ducaux au sud-est du château. Elle y fait transporter à partir de 1735 une partie des décors de l'Opéra de Nancy réalisés par l'architecte italien Antoine Bibiena. Avant la construction de ce premier théâtre, les représentations théâtrales, qui étaient l'une des distractions favorites de la cour, avaient lieu sur une scène démontable installée dans les jardins.

La fin de la guerre de Succession de Pologne oblige la duchesse régente Elisabeth-Charlotte d'Orléans à quitter à son tour Lunéville pour se retirer à Commercy (6 mars 1737). Son départ, qui symbolise la future cession de la Lorraine à la France et la disparition de l'ancienne dynastie, donne lieu à de véritables scènes d'hystérie de la part d'une foule désespérée et désireuse de montrer son attachement à la famille ducale.

Architecture de fête d'un roi bâtisseur

Le 3 avril suivant, Stanislas Leszczynski arrive à Lunéville. Beau-père du roi de France Louis XV, ce roi de Pologne en exil, détrôné deux fois, reçoit, par le traité de Vienne (1738), le duché de Lorraine et le duché de Bar qui doivent à sa mort entrer dans le domaine royal français. Il ne sera en réalité qu'un duc nominal, pour ne pas dire un souverain fantoche, ayant renoncé à tout pouvoir effectif au profit du chancelier Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière qui prépare sans ménagement les duchés à la perte totale de leur indépendance. A défaut de pouvoir polique, Stanislas se contente de mener une vie princière au milieu d'une cour importante. Il ne garde en effet une grande liberté que dans le domaine intellectuel et artistique, et place ainsi la Lunéville parmi les plus brillantes cours européennes du XVIIIe siècle.

Stanislas Ier Leszczynski


En arrivant à Lunéville, Stanislas trouve un château en parfait état, tout à fait adapté à une vie princière. Il ne lui reste qu'à mettre à son goût l'aménagement et la décoration intérieur qui ont été démontés sur l'ordre de François III. L'architecture du château ne subit donc aucune modification. Cependant, la distribution des appartements ducaux ne correspondant pas aux impératifs du cérémonial de l'ex-roi polonais, le nouveau "souverain" fait modifier l'agencement des pièces, qu'il remeuble et décore avec de nombreux objets, tapisseries et tableaux.

Les travaux les plus importants ont lieu dans le parc. Si Stanislas conserve le plan général des "Bosquets", il augmente leur superficie. Au sud, il créé de nouveaux parterres le long des maisons de la rue d'Allemagne, dans le prolongement de ses appartements et de ceux de son épouse. Au nord, il achète en 1738 et 1739 les terrains marécageux au bord de la Vezouze qu'il fait assainir et aménager en "Nouveaux Bosquets" Puis il y fait élever des constructions tout à fait originales, dans la tradition des jardins orientaux agrémentés de nombreux pavillons et fabriqués.

Gravure du XVIIIe siècle représentant le pavillon de la Cascade

Pour réaliser ses projets, Stanislas fait appel à l'architecte Emmanuel Héré. Né en 1705, formé très jeune sur le chantier de Lunéville où son père travaille en qualité de "commis des travaux", il entre à l'agence de Germain Boffrand et devient à l'âge 32 ans "premier architecte" de Stanislas. Homme de cour, Emmanuel Héré sait répondre aux exigences (voire s'accommoder des caprices) de Stanislas. Connu aujourd'hui dans le monde entier pour avoir créé la célèbre place Royale de Nancy, c'est à Lunéville qu'il développe le mieux son génie d'invention architecturale en élevant dans le parc un ensemble remarquable de fabriques, notamment "la Pêcherie" (à l'extrémité du "Grand Canal") ou encore "le Pavillon de la Cascade", élevé en 1743 au-dessus de chutes d'eau disposées de façon savante sur trois niveaux. Toutefois, la réalisation la plus extraordinaire est celle du "Rocher" qui transforme en 1742 le soubassement de la terrasse du château du côté nord. Sur 250m environ, le long du "Grand Canal", pierres et blocs de grès sont disposés au pied de la terrasse et forment un ensemble artificiel de collines et de grottes traversées de sentiers et de ruisseaux. Sur ce fond rocheux, l'horloger François Richard installe quatre-vingt-huit automates grandeur nature, qui s'animent grâce à des systèmes hydrauliques ingénieux. Le thème général est une pastorale, où sont représentées de nombreuses scènes paysannes et bucoliques. Symbole des fantaisies du roi Stanislas, ce théâtre d'automates qui émerveille les visiteurs prestigieux tels Voltaire, Montesquieu ou Helvétius, met en scène un monde utopique, tel que l'imaginent certains philosophes du siècle des Lumières auxquels Stanislas peut être rattaché.

Entre le "Grand canal" et la "Pagode", bassin parallèle à la rivière, Emmanuel Héré construit, à la demande de Stanislas, un ensemble de Stanislas, un ensemble de huit maisonnettes identiques nommées les "Chartreuses". Le roi distribue à ses favoris, qui y cultivent leur jardin durant une saison. Intimement liées à la vie du souverain. Quant au jardinage, c'est une manifestation précoce de l'esprit romantique du "retour à la nature", bien que cette composition ne soit pas nouvelle: on le trouve déjà vers 1680 à Marly, où Jules Hardouin-Mansart avait construit douze petits pavillons que Louis XIV destinait à ses invités.

Les fabriques de Lunéville les plus remarquables sont le "Kiosque" et le "Trèfle". Bâtis entre 1738 et 1740, leur forme exotique, faisant appel à des éléments chinois et turcs, est une nouveauté dans l'architecture française du milieu du XVIIIe siècle. Fréquents en Angleterre comme dans la plupart proches de ce type de "fantaisies architecturales" nées à Lunéville vers 1740. (Pour preuve, Stanislas Leszczynski à introduit le mot "kiosque" dans la langue française).

Le château de Lunéville connaît ses heures les plus fastes.Les plus grands philosophes du siècle des Lumières se pressent à la cour du roi Stanislas. Lunéville devint un des principaux centres intellectuels d'Europe, au même titre que le palais de Sanssouci, où l'on trouve d'ailleurs une réplique (à l'échelle réduite) du fameux "Trèfle" de Lunéville. Selon des témoignages contemporains, "cette cour de Lunéville brillait d'un si vif éclat qu'elle semblait un reflet de la cour de Versailles".Après la mort de la reine (1747), la marquise de Bouffers, maîtresse en titre du roi, y joua un grand rôle: "fort jolie femme, plus galante encore et, s'il est possible, encore plus incrédule, elle faisait les honneurs au nom du roi".

Amour chevauchant un cygne par Barthélémy Guibal, château de Schwetzingen        



Le 23 février 1766, Stanislas meurt. Louis XV ne voulant pas assumer les frais coûteux de l'héritage d'un beau-père qu'il méprisait, Lunéville perd son statut et son prestige.

La cour n'a plus de raison d'être, l'important personnel constituant la "Maison civile" et la "Maison militaire" du souverain est tout simplement remercié. La vie du château s'arrête.

Il ne reste plus que les murs. Le somptueux mobilier est dispersé et vendu. Le parc est mutilé par manque d'entretien et par disparition du décor. La plupart des statues sont vendues à l'encan. Certains groupes de plomb sont achetés pour le compte de l'électeur palatin Charles Théodore de Bavière pour son château de Schwetzingen, où ils sont toujours visible. Les fabriques sont cédées à des particuliers, puis tombent en ruine. Nonobastant, à la différence des autres demeures de Stanislas, Lunéville n'est pas détruit.

L'occupation par l'armée durant le XIXe siècle

Quelques mois après de Stanislas, le château est transformé en caserne. Louis XV y envoie une garnison de la Gendarmerie de France. Celle-ci forme un corps d'élite composé de dix compagnies, totalisant près d'un millier d'hommes. Reconnaissables à leur vêtement de drap écarlate, ils sont surnommés les "Gendarmes rouges". Un premier détachement arrive à Lunéville dès le 13 novembre 1766 et s'installe au château. Vingt ans plus tard, la Gendarmerie de France est dissoute. Elle est remplacée à Lunéville par deux régiments de "carabiniers de Monsieur", disparaissent à leur tour à la Révolution.

Le château est alors totalement désaffecté. La chapelle est transformée en magasin à fourrages, avant de servir de salle de réunions aux révolutionnaires locaux. Ce qui reste du mobilier et des boiseries du château, des statues du parc et des automates du "Rocher" est vendu comme bien national.

Entre septembre 1800 et février 1801, Bonaparte donne l'ordre d'y installer le télégraphe Chappe pour permettre les communications entre Paris et Lunéville où ont lieu des négociations avec l'Autriche pour ratifier les conditions du traité de Campoformio.


Gravure du château en 1838


Sous la Restauration, le château retrouve une fonction militaire, qu'il conservera de façon partielle jusqu'à nos jours. En reconnaissance de sa fidélité à la royauté, Louis XVIII donne en 1816 au prince de Hohenlohe la jouissance du château. Ce dernier y crée en 1824 un centre de cavalerie militaire qui sert d'école aux officiers. Il devient par ailleurs gouverneur du camp. Une large place y est réservée aux distractions, apportant une animation nouvelle dans la cité. Fêtes hippiques, bals et réception ressuscitent au château la vie brillante du XVIIIe siècle. En 1852 s'installe toute une nouvelle division de cavalerie. Les officiers sont logés dans les anciens appartements ducaux donnant sur le jardin. Des écuries sont construites sur le côté nord, dans la cour dite "du Rocher".Malgré les contraintes de la vie militaire, la présence de l'armée durant tout le XIXe siècle permet la sauvegarde et l'entretien de l'édifice. De grands travaux de restauration ont lieu à la suite de deux incendies: le premier en 1814 détruit une partie de l'aile nord, le second en 1849 provoque d'importants dégâts côté sud.

Les restaurations de l'"après-Mérimée"

En 1681, le ministre de la Guerre de l'époque (Jacques Louis Randon) sollicite auprès de la Commission des Monuments Historiques le classement de l'édifice. C'est un refus catégorique, l'intérêt du service se limitant alors à l'architecture médiévale. Prosper Mérimée dresse un rapport sévère et méprisant: il estime que le château "ne mérite pas d'être classé parmi les Monuments historiques: c'est un grand bâtiment d'un style assez barbare, même pour l'époque de décadence à laquelle il a été construit". 

Une cinquantaine d'années plus tard, les jugements ont évolué. En 1901, on commence par classer la chapelle. Le reste du château le sera de façon partielle en 1929. Dès lors, les travaux de restauration se poursuivent, ne connaissant d'interruption que durant la Seconde Guerre mondiale. La chapelle est restaurée de 1902 à 1904. Les années 1938 et 1939 voient la réfection des couvertures et balustrades du corps principal et de la partie nord.

A partir de 1945 environ, services administratifs, musée municipal, mess, appartements et bureaux militaires occupent l'édifice. Le parc, remis en état à partir de 1945, reste aujourd'hui un lieu de promenade et de détente apprécié de tous.

En 1995, le maire de Lunéville Michel Closse impulse un processus de restauration du château qui conduit la ville de Lunéville à céder ce dernier, en 2000, au conseil général de Meurthe-et-Moselle. Cette cession évitera ultérieurement à la commune de se retrouver seule face aux conséquences financières de l'incendie de janvier 2003.

Les intérieurs du château

Les parties restaurées sont ouvertes à la visite. Celle-ci peut se faire tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h (sauf le mardi, jour de fermeture).

Salle des gardes

La première salle des appartements princiers est occupée par les gardes chargés de la sécurité, comme dans toutes les résidences princières, qui autorisaient ou non les courtisans de la cour à passer dans la salle de la livrée pour une audience auprès du duc.

Accessible par le corps central du château (vestibule), la salle des gardes constitue aujourd'hui l'accueil principal du château et permet d'accéder à la chapelle. On y trouve des informations sur le château et sa programmation, la billetterie des spectacles et des événements, la location d'autioguides, l'accueil et les renseignements touristiques ainsi qu'une boutique.

Salle de la livrée

Première antichambre qui servait à la cour de salle d'attente avant d'entrer dans les appartements du duc de Lorraine. Grâce à ses dimensions, la salle pouvait également servir aux bals et banquets de la cour de Lorraine. Elle tient son nom de la livrée qui était l'uniforme porté par les domestiques.

Salle de la livrée (porte donnant vers les appartements privés du duc)



Salle de la livrée (porte menant à la chapelle)



Chapelle palatine

Elle est réalisée entre 1720 et 1723, d'après des plans de l'architecte Germain Boffrand. Depuis 1968, elle est la septième chapelle du château utilisée par le duc Léopold Ier. Elle se caractérise par la richesse de sa décoration, l'harmonie des proportions, et la présence d'une tribune qui en fait une chapelle palatine.

Au XIXe siècle, l'Armée utilise le château comme bâtiment administratif. Afin de rendre à la chapelle son usage premier et de pouvoir y célébrer l'Office Divin, l'administration militaire y installe un Autel surmonté d'un tableau de Jules Joly livré en 1861. Ce tableau représente l'Immaculée Conception, d'après l'oeuvre de Bartolomé Estaeban Murillo: L'Immaculée Conception des Vénérables ou "de Soult" (Jean-de-Dieu Soult l'ayant subtilisé à l'Espagne durant la Guerre d'indépendance espagnole).

Désacralisé en 1907, l'ex-édifice religieux a pour vocation d'accueillir une programmation musique et voix de grande qualité (répertoire baroque, classique, contemporain) ainsi que des conférences et événements.

L'escalier d'honneur sud

Il permettait d'accéder aux appartements de l'étage qui accueille les enfants du duc Léopold Ier puis les favoris de Stanislas Leszczynski, le duc et la duchesse Ossolinski. La rampe de l'escalier porte le monogramme du dux Léopold Ier, le double L, et ses motifs d'entrelacs rappellent ceux de l'escalier du château de Maisons-Lafitte en île-de-France. Actuellement il permetd'accéder au vestibule qui donne accès aux tribunes de la chapelle.

Escalier d'honneur sud (vue générale)




Escalier d'honneur sud (détail)



Les salles voûtées du sous-sol

Située sous la chapelle,ces salles servaient de cave pour l'échansonnerie. Les tonneaux arrivaient par la porte donnant sur la rue, puis le vin était mis en bouteilles et stocké. Celles-ci étaient ensuite stockées dans d'autres caves du château. Aujourd'hui, elles accueillent des séminaires et des conférences.

Salles voûtées du sous-sol


Salles voûtées du sous-sol


Les extérieurs autour du château

La cour des communs et la cour d'honneur

Sculpture équestre d'Antoine Charles Louis de Lasalle


Gravure du XVIIIe siècle avec la cour des communs, la cour d'honneur et la façade ouest du château




Après avoir franchi un premier portail qui sépare le château de la ville, on arrive dans la première cour entourée de part et d'autre par les communes qui lui ont donné son nom. Dans les années à venir, l'aile nord des communs accueillera des expositions temporaires et l'aile sud présentera les métiers liés à la restauration du château et les artisanats d'art présents dans le Lunévillois. Au centre de la cour des communs se trouve une statue équestre du général messin Antoine Charles Louis de Lasalle de la Grande Armée de Napoléon Ier, érigée en 1893.

Un muret reconstruit en 2002, couronné d'une grille métallique installée en 2005, sépare la cour des communes de la cour d'honneur. Cette restauration vise à rétablir la séparation qui existait entre les deux cours au XVIIIe siècle. Autour de la cour d'honneur, les bâtiments se déploient en forme de U. Au fond, on peut voir le corps central du château encadré de part et d'autre par deux ailes plus basses. Les façades offrent un parfait exemple de l'architecture classique, telle que la concevait l'architecte Germain Boffrand. La sobriété des lignes est composition, les imposantes colonnes participent à la majesté du bâtiment, et sont surmontées d'un fronton triangulaire décoré de motifs guerriers. Les armoiries de Léopold Ier de son épouse Elisabeth Charlotte d'Orléans y figuraient, mais ont été détruits à la Révolution française.


Le vestibule

Situé au rez-de-chaussée du corps central du château, il constitue l'entrée principale du palais. Passage majestueux entre les cours et les jardins, il constitue une des grandes originalités de celui-ci. Grâce à sa grande taille, les carrosses pouvaient pénétrer sous les trois arcades pour éviter aux passages d'être mouillés par la pluie en descendant. L'arcade centrale est surmontée d'un cartouche qui porte le monogramme du duc Léopold Ier, un double L'enserrant la croix de Lorraine. Le reste du décor sculpté associe des armes orientales avec des turbans et le croissant turc, évoquant les exploits militaires du père de Léopold Ier, le duc Charles V, qui a combattu les troupes de l'empire ottoman en Europe centrale à la fin du XVIIe siècle. Après travaux de restauration, le vestibule a été inauguré en octobre 2006.

La terrasse et les jardins à la française

Juste après le vestibule se situe la terrasse, bordée au sud par les appartements ducaux et à l'ouest par le corps central du château. A l'origine elle devait être aussi bordée au nord par une autre aile en symétrie, mais le mauvais état des finances de Léopold Ier a empêché cette réalisation. La terrasse permet une vue dégagée sur les jardins à la française situés côté est.

Ces jardins contribuent depuis le XVIIIe siècle à la célébrité du château de Lunéville. C'est à un émule de André Le Nôtre, Yves des Hours, que le duc Léopold Ier confie en 1710 le soin de réaliser des jardins à la française dans le prolongement du château.  Louis de Nesle poursuit et termine les travaux à partir de 1724. Les jardins forment un ensemble de plusieurs parterres à la française qui forment une rigueur géométrique. Une longue allée centrale est bordée de parterres de pelouses et de fleurs qui s'ordonnent régulièrement autour de bassins. De moins en moins bien entretenus après la mort de Stanislas en 1766, les jardins se transforment peu à peu en jardin à l'anglaise. Les parterres retrouvent les grandes lignes du tracé original lors d'importants travaux en 1946, puis leur état d'origine en septembre 2003 avec la restauration des broderies de buis. De nombreuses sculptures étaient présentes à l'origine, mais une grande partie a été vendue à la disparition de Stanislas. Ne restent que quatre sculptures de Barthélémy Guibal, Apollon foulant un dragon, Diane accompagne d'un lévrier, La Nuit et Flore.

Diane



Flore



La Nuit


A la fin du règne de Stanislas il existait une perspective Est-Ouest partant du vestibule du château, traversant les jardins à la française et la forêt allant jusqu'au château de Chantebreux fut construit en 1740 par Emmanuel Héré et aussitôt détruit à la mort du roi de Pologne.

Le parc des bosquets

Entourant les jardins à la française, c'est le duc Stanislas qui décide d'embellir les bois bordant le parc. Il y a bâtir plusieurs fabriques par son architecte Emmanuel Heré pour accueillir les divertissements de la cour lorraine. Elles disparaissent après sa mort en 1766 et doivent faire l'objet d'une reconstruction dans les années à venir (le kiosque, le pavillon de la cascade, le salon de la pêcherie, le trèfle....)

La cour du rocher


André Joly, Le château de Lunéville, vue du Rocher, vers 1760 (Musée Lorrain)


Son nom fait référence à une des fabriques que Stanislas fit construire à cet endroit par Emmanuel Héré. Sur plusieurs blocs de grès, 88 automates mus par un système hydraulique représentent en grandeur réelle des paysans et des artisans dans leur activité quotidienne, autour d'un décor évoquant la nature. Aujourd'hui il n'en subsiste plus aucune trace.
      

dimanche 21 mai 2017

14-Château de Malbrouck

Image illustrative de l'article Château de MalbrouckVue du château


Nom local: Château de Mensberg

Période ou style: Médiéval

Type: Château fort

Début construction: 1419

Fin construction: 1434

Propriétaire initial: Arnold VI de Sierck


Le château de Malbrouck est un château fort de la commune de Manderen dans le nord de la Moselle, au Pays des Trois Frontières, à proximité du Luxembourg et de l'Allemagne. Appartenant au Conseil Départemental de la Moselle, il fait partie du réseau Moselle Passion. Il fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis février 1930.

Histoire

Le château est construit sur un éperon rocheux dominant la région par la volonté d'Arnold VI seigneur de Sierck en 1419 et achevé en 1434, année où le château est déclaré en mesure de soutenir un siège, et mis au service de l'électorat de Trèves. Il surplombe le village de Manderen. Malheureusement, à la mort du chevalier Arnold, la descendance n'est pas assurée et le château va passer de main en main de la fin du XVe au début du XVIIe siècle.

Initialement dénommé château de Mensberg, son surnom lui vient du Duc John Churchill de Marlborough, immortalisé dans la chanson populaire Marlbrough s'en va-t-en guerre. Ce dernier a brièvement installé ses quartiers le 3 juin 1705 lors de la guerre de Succession d'Espagne avant de se replier sur Trèves deux semaines plus tard. Lors de la guerre de succession d'Espagne, le château de Mensberg se retrouve au premier plan de la scène internationale: L'Angleterre et les Provinces Unies se joignent à l'Empire et la France se retrouve face à une Europe coalisée. Le chef de guerre de cette coalition n'est autre que John Churchill, duc de Marlborough, que les Français surnomment Malborough. Au début de l'année 1705, le duc de Malbrough, prépare son plan d'invasion de la France en passant par la vallée de la Moselle, et rassemble une armée de 100 000 hommes à Trèves. Au mois de juin 1705, il dispose cette armée aux portes du royaume de France, de la Moselle au château de Mensberg, où il installe son quartier général. Face à lui, le maréchal Claude-Louis-Hector de Villars s'apprête à défendre la frontière avec moins de 50 000 hommes. A un contre deux, Villars ne peut se permettre d'attaquer. Malbrouck, qui tient Villars en grand estime, décide de n'attaquer qu'avec le renfort du prince de Bade, Louis-Guillaume de Bade-Bade, à qui il a donné rendez-vous au château de Mensberg. Dans cette attente, Malbrouck fait tout pour que Villars sorte de ses positions mais celui-ci, patient, ne bouge pas. Le face à face dure ainsi une dizaine de jours sans ravitaillement pour l'armée de la coalition, tant et si bien que les soldats de Malbrouck, qui souffrent de la carence en vivres, désertent les uns après les autres. Le duc de Malbrouck se résigne donc à quitter la place sans livrer la bataille et profite d'une nuit de brouillard pour s'en retourner vers Trèves et Maastricht. Le 17 juin au petit matin, Villars a la surprise de constater la disparition des troupes ennemies. Malbrouck s'en est donc allé en laissant son nom à ce château.

Le château de Malbrouck fut vendu comme bien national en 1793 et a subi les outrages du temps et divers pillages. Bien que classé monument historique en 1930, il est en ruine lorsqu'il est racheté par le Conseil général de la Moselle en 1975 à la famille Weiter. Commencent alors des travaux remarquables et le deuxième chantier des Monuments Historiques de France. Le château est entièrement réhabilité de 1991 à 1998.

Architecture

Le programme de réhabilitation du château a concerné une surface de bâti d'environ 1500m². Avec un investissement programmé de 100MF H.T, soit plus de 15M€, ce chantier était le deuxième chantier "Monuments Historiques" de France après le Parlement de Bretagne. Les méthodes de travail en vigueur sur le chantier et dans les services départementaux ont permis une maîtrise quasi totale des coûts, ce qui est exceptionnel sur ce type de chantier.

Le château de Malbrouck possède quatre tours d'angle (la Tour de la Lanterne, la Tour de la Sorcière, la Tour du Rocher Chauve et la Tour des Dames) reliées entre elles par des courtines, un corps de logis à trois niveaux et une vaste cour centrale. Il est possible d'y effectuer un circuit complet par les niveaux supérieurs de chaque tour. Un châtelet d'entrée sépare la Tour de la Lanterne et la Tour des Dames.

Le château de Malbrouck possède de nombreux éléments de défense. Au Nord, l'entrée du château est protégée par une barbacane, un pont mobile, un fossé et un châtelet.L'accès à la cour intérieure est défendu par un proche en saillie et une archère canonnière permet de battre l'axe d'entrée.

La Tour des Dames est équipée de mâchicoulis donnant à la fois à l'extérieur et à l'intérieur du château.

L'épaisseur des murs constitue aussi un moyen de défense efficace, surtout pour la partie Nord: la tour de la lanterne et sa continue Nord-Est possèdent des murs d'une épaisseur de 4.80m. Des ouvertures de tir sont présentes dans les quatre tours et la Tour de la Lanterne possède des chambres de tir adaptées aux armes à feu. Les escaliers du château tournent à l'envers. Ce dispositif, lié à une nécessité de défense, permet au défenseur droitier d'être le mieux placé pour frapper.

Restauration

Dès 1931, la Charte d'Athènes posait les bases d'un vaste mouvement de réflexion sur la conservation du patrimoine. Les problèmes de préservation et de restauration devenant de plus en plus complexes, il apparut nécessaire aux professionnels d'approfondir et d'élargir cette réflexion. Ainsi en mai 1964, la Charte de Venise fut adoptée lors du deuxième congrès international des architectes en chef des monuments historiques. Depuis cette date, ce texte est la référence en matière de restauration du patrimoine bâti.

"Article 9. La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s'arrête là où commence l'hypothèse. Sur le plan de reconstruction conjoncturelle, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et doit porter la marque de notre temps. La restauration doit toujours être précédée et accompagnée d'une étude architecturale du monument.

Comment peut-on restituer sur la base d'hypothèses, les parties détruites d'un édifice? Le parti adopté pour le château a été de compléter les lacunes de parement par du moellonnage de petit appareil, s'opposant au gros appareil de la ruine. Cette technique exprime clairement l'intervention architecturale sans rompre pour autant l'unité du château. Les couvertures ont été restituées en ardoises schuppen, conformément aux découvertes archéologiques. Sur la base du projet établi par Michel Goutal, l'architecte en chef des monuments historiques, et validé par la commission supérieure des monuments historiques, le chantier voit le jour en 1991.

Cinq tranches de travaux s'enchaîneront, la dernière se terminant en 1998. Ces travaux ont permis de faire travailler en permanence sur le site même une dizaine de corps de métiers différents, soit environ une quarantaine d'ouvriers qualifiés.

Tourisme et culture

Etroitement


Appartement aux réseaux des Grands Sites de Moselle et sites Moselle Passion du Conseil Départemental de la Moselle, le Château de Malbrouck propose une scénographie retraçant cinq siècles d'histoire en même temps que de grandes expositions. Des festivals et des spectacles sont régulièrement organisés ou programmés au sein de ses murailles. En outre le château de Malbrouck propose chaque année des expositions.

Ainsi, quand le château de Malbrouck a ouvert pour la première fois au public le 5 septembre 1998, il proposa en exposition inaugurale, le mythe de la Toison d'Or. Il a depuis accueilli plus d'1,5 million de visiteurs avec entre autres Ousmane Sow en 2004, Dragons en 2005, Merveilleux d'après Nature en 2007, l'Homme Merveilleux en 2008, Napoléon Splendeurs de l'Empire en 2009, Niki de Saint Phalie en 2010, Robert Doisneau en 2011, Ben (Benjamin Vautier) en 2012, Georges Brassens en 2013, L'art des jeux et des jouets en 2014.

Depuis 2015, le château de Malbrouck propose une exposition inédite intitulée Samouraïs et Chevaliers qui présente aux visiteurs des armures européennes et japonaises, des casques, des cuirasses, des armes, des masques mais également des estampes, des gravures, des objets d'art et des vidéos présentant des extraits de documentaires ou de films mythiques. Cette exposition a été reconduite pour une deuxième saison du 25 mars au 30 octobre 2016. Pour l'occasion, elle a été enrichie et rassemble désormais plus de 200 pièces, mettant en valeur les différences et similitudes des sociétés médiévales européennes et japonaises.     
  

samedi 20 mai 2017

13-Basilique de Saint-Nicolas-de-Port

Vue sur la façade en contre-plongéeVue sur la façade en contre-plongée


Culte: Catholique romain

Type: Basilique

Rattachement: Diocèse de Nancy-Toul

Début de la construction: 1481

Fin des travaux: 1545

Style dominant: Gothique flamboyant

Protection: Logo monument historiqueClassé MH (1840)


La basilique Saint-Nicolas de Saint-Nicolas-de-Port est une imposante église située à Saint-Nicolas-de-Port dans le département de Meurthe-et-Moselle, en région Lorraine à quelques kilomètres au Sud de Nancy. De style gothique flamboyant, elle est érigée aux XVe et XVIe siècles par René II de Lorraine et duc de Bar à la suite de sa victoire contre Charles le Téméraire, lors de la bataille de Nancy le 5 janvier 1477, qui a permis à la Lorraine de rester indépendante.

Histoire

Origines

En 1098, selon la tradition rapportée par un marin qui a participé à la translation, le chevalier lorrain Aubert de Varangéville aurait volé une phalange de saint Nicolas dans la basilique San Nicola de Bari et l'aurait rapportée en Lorraine à Saint-Nicolas-de-Port où elle devient un objet de pèlerinage nicolaïen majeur avec la traditionnelle procession. Selon cette tradition il s'agit de l'os d'une phalange de la main droite de l'évêque. Il est conservé dans un bras reliquaire de la fin du XIXe siècle en argent or, émaux et diamants. Une première église est consacré au saint dès le début du XIIe siècle.

Selon la légende, Cunon de Linange, sire de Réchicourt, un chevalier lorrain emprisonné vers 1240 lors de la sixième croisade aurait été miraculeusement libéré de sa geôle alors qu'il allait être exécuté. Après une prière d'intercession à Saint-Nicolas, il se serait endormi et aurait été transporté pendant son sommeil, puis se serait réveillé sur le parvis de l'église lorraine de Saint-Nicolas-de-Port. Pendant la célébration de l'office qui suivit, les chaînes qui enserraient la taille et les membres du captif tombèrent d'elles-mêmes (ces chaînes sont censées avoir été sauvegardées et sont conservées dans un reliquaire en cuivre doré de la fin du XIXe siècle). Le sire de Réchicourt ordonna qu'une procession ait lieu tous les ans, et on vit jusqu'à la Révolution une délégation des gens de Réchicourt lors de ces célébrations.

La procession annuelle de la Saint Nicolas


Rapidement le pèlerinage à Saint-Nicolas s'étend bien au-delà de la Lorraine et le saint est considéré comme le saint patron des Lorrains. Une légende prétend que Jeanne d'Arc est venue se recueillir dans l'édifice précédant la basilique avant de partir porter son message au Dauphin de France. En réalité il est probable qu'elle est passée à l'église Saint-Nicolas, afin d'y prier, après avoir rendu visite au duc Charles II de Lorraine qui est très souffrant.

Jean de Joinville, sénéchal de Louis IX, participe à étendre la renommée de saint Nicolas. Dans son livre des saintes paroles et des bons faiz de nostre saint roy Looÿs, il raconte qu'au cours de la septième croisade, face au danger d'un naufrage près de Chypre, il assure la reine Marguerite de Provence qu'elle-même, le roi et leurs trois enfants rentreraient sains et saufs en France si elle promet de faire don d'une nef d'argent pesant cinq marcs à l'église de Saint Nicolas. La reine promet et, son voeu exaucé et de retour à Paris, elle fait faire la nef, ce qui lui coûte cent livres, puis charge le sire de Joinville de l'apporter, en 1254, à l'église de Saint Nicolas.

La victoire du duc René II face au grand duc d'Occident Charles le Téméraire en 1477 lors de la Bataille de Nancy va déterminer le jeune souverain à faire édifier un édifice plus imposant pour symboliser le retour à l'indépendance de la nation Lorraine ainsi que sa reconnaissance au saint patron de la Lorraine. Le choix de Saint-Nicolas-de-Port qui s'appelle encore simplement Port est évident, puisque la ville est le centre économique du Duché de Lorraine attirant de nombreux marchands de toute l'Europe lors des foires.

Construction

La construction de la basilique actuelle commence en 1481 en pierre calcaire blanche extraite des carrières de Viterne. Simon Moycet en est le maître ouvrage et Valentin Bousch en est le maître-verrier. Le prénom de l'un des architectes, un certain Michel, est connu par une expertise qu'il fait à Troyes en juin 1506.

De nombreux donateurs participent au financement de la cathédrale: le duc René II, les seigneurs, prélats, marchands, bourgeois du lieu, les pèlerins. L'identité d'une partie de ces donateurs est visible dans les verrières de l'église, sous forme d'armoiries: ville de Strasbourg, ville de Bâle, évêque de Verdun, prieur de Varangéville Wary de Dommartin, les bourgeois Fiacre Fériet et Hans (ou Hanus) Berman.

L'édifice est inauguré, presque achevé, en 1544, la façade en 1545 et enfin il est consacré en 1560 peu après que les deux tours-clochers, édifiées en 1544, aient reçu leurs premières coupoles de plomb.

Incendie

Au cours de la guerre de Trente Ans, en novembre 1635, la basilique subit un grand incendie qui détruit la toiture et le mobilier et fait fondre le plomb de nombreux vitraux dont les verres s'effondrent. Noircies, bon nombre de peintures murales datant d'avant 1520 sont alors dissimulées sous un badigeon où elles sont redécouvertes lors de la restauration du XXe siècle. 

Cet épisode qui marque les esprits (les flammes sont, dit-on, visibles depuis Nancy, à une dizaine de kilomètres), est le point de départ d'une nouvelle légende faisant état d'un miracle: le prieur bénédictin qui célèbre la messe lors de l'assaut de l'ennemi, Dom Moye, tentant d'échapper à une épée suédoise, a senti s'entrouvrir le pilier contre lequel il se serre et il disparaît à l'intérieur, la pierre se refermant sur lui. Depuis cette époque, en collant l'oreille contre ce pilier, le plis proche de la tour Saint-Pierre (tour sud), l'on pourrait entendre psalmodier le moine et, lorsque des évènements dramatiques menacent la Lorraine, l'on pourrait voir des gouttes suinter et couler le long de la pierre. Des paroissiens assurent que c'est ainsi le cas peu avant les guerres de 1870 et 1914, renforçant la légende "du pilier qui pleure".

Restaurations ultérieure

Une nouvelle charpente en chêne est posée vers 1664 et les tours sont recouvertes en 1725 par des nouveaux dômes d'ardoise en forme de bulbes qui subsistent au début du XXIe siècle.

En 1840, la basilique est inscrite sur la première liste des monuments historiques. Elle est consacrée basilique en 1950 par le Pape  Pie XII.

Fortement détériorée lors de la Seconde Guerre mondiale par le bombardement du 19 juin 1904, elle est restaurée à partir de 1983 grâce à Camille Croué Friedman, une riche Portoise mariée à un Américain: au cours d'une croisière, ayant fait naufrage au large de Chypre, elle en réchappe et attribue ce sauvetage à saint Nicolas, comme la reine quelques siècles plus tôt. En remerciement, elle finance la restauration de la basilique et à son décès à New-York, en 1980, elle fait un legs de cinq millions de dollars à la basilique "pour qu'elle retrouve sa beauté originelle". La restauration nécessite quinze années pour redonner à l'édifice sa splendeur initiale.


Architecture

La nef



Clochers à bulbles de la Basilique



La basilique possède les proportions d'une véritable cathédrale de style gothique flamboyant: onze travées, une nef principale et deux latérales avec deux bas-côtés terminés par deux absidioles. Ses dimensions sont pour le moins impressionnantes:

  • une nef culminant à 30m au-dessus du sol,
  • au niveau du transept, deux colonnes élancées de 21,50m (les plus hautes de France) dont l'une est torsadée afin de masquer un faux aplomb de vingt centimètres,
  • deux tours de 85 et 87m respectivement coiffées de clochers de clochers à bulbes.

Les dimensions globales de l'église sont de 71,5m de longueur pour 31m de largeur.

L'édifice est d'une grande homogénéité de style, d'une sobriété rare à la fin de l'époque gothique, du fait de sa construction assez rapide (environ 60 ans) pour ses dimensions avec respect des plans initiaux. Il possède d'harmonieux volumes. On y retrouve des influences champenoises dues au premier architecte, Michel Robin: le plan du choeur s'inspire directement de la Cathédrale de Toul et la coursière qui permet de faire le tour intérieur de l'édifice à la base des fenêtres basses, à sept mètres du sol, est un véritable passage à la champenoise. Toutefois la tradition lorraine reste respectée puisque l'on peut noter l'absence de déambulatoire derrière le choeur ou les cinq pans de l'abside pourvus de très hautes fenêtres comme à Toul qui a également influencé la structure de la façade et notamment de ses tours (passage original et très marqué de l'extérieur par la puissance de son volume ainsi que d'une grande originalité: s'il n'est pas identifiable dans le plan il l'est très nettement en élévation car il est composé en réalité de deux nefs fusionnées, aussi hautes que la nef principale et chaque bras du transept est, à la croisée, uniquement soutenu par une colonne très élancée, proposant à l'admiration du visiteur certainement les plus hautes colonnes de la période dite gothique.

Une autre particularité est également bien visibles dès l'entrée: l'axe de la nef n'est pas rectiligne mais accuse une déviation de six degrés vers la droite. Cette déviation a suscité quelques hypothèses, certaines fantaisistes, d'autres plus sérieuses notamment celle évoquée par Dom Calmet écrivant "les bâtisseurs n'étant pas maîtres du terrain ont cru devoir donner cette tournure à l'édifice". Les contraintes parcellaires (disponibilité du terrain) semblent, encore à ce jour, être les meilleures explications de cette déviation. Les maîtres de la seconde campagne de chantier, démarrée en 1515, utilisent des travées et voûtes non orthogonales pour conserver une homogénéité visuelle en dépit de cette déviation d'axe.

A l'extérieur, côté nord, la déclivité du terrain a permis d'insérer, sous le sol des chapelles latérales, six loges ouvrant sur la rue des Fonts et destinées à l'origine au commerce.

Façade de la basilique



Façade de nuit, vue depuis la rue des trois Pucelles


Tour nord, vue depuis le bas de la rue Simon Moycet



Statue de saint Nicolas au centre du grand portail. A ses pieds, les trois "enfants" debout dans le saloir 



La rue des Fonts et les six loges situées sous les chapelles nord à l'extérieur de la basilique




Plaque à la mémoire de Camille Croué-Friedman, apposée à l'extérieur de la basilique, sur le mur de la sacristie, côté choeur



Intérieur de la basilique

Cannelure torse masquant un faux aplomb sur l'une des colonnes de 21,50m



Le buffet d'orgue de Joseph Cuvillier



L'orgue

L'orgue actuel est le cinquième de la basilique. Reconstruit par la manufacture Haerpfer de Boulay en 1994 et entièrement financé par le leg Camille Croué-Friedman, il comporte 3 673 tuyaux répartis eb 54 jeux y compris les deux tremblants pour 4 claviers et pédalier. Il est à traction mécanique suspendue. L'instrument est installé dans un buffet de style troubadour de 16m de hauteur et 7m de large érigé en 1848 par le facteur d'orgue nancéien Joseph Cuvillier (1801-1893) d'après un dessin de Désiré Laurent, ce buffet est classé monument historique en 1980. Un aigle grandeur nature symbolisant Saint Jean l'Evangéliste est disposé, comme sur un lutrin, à la base de la tribune en encorbellement. L'instrument est situé à mi-hauteur dans le bras nord du transept, le plancher de tribune étant à environ sept mètres du pavé de l'église.


Caractéristiques


  • Traction mécanique suspendue pour les notes
  • Traction mécanique des jeux (électrique pour coupe-vent Bombarde 16, trémolo récit et complément pédale: bourdon 32, soubasse 16, flûte 8)
  • Console en fenêtre
  • Claviers de 56 notes (Ut-sol)
  • Pédalier de 30 notes (ut-fa)
  • Expression du Récit par pédale à bascule (mécanique)

Accouplements et accessoires



  • Tirasses; II-III-IV (balanciers)
  • Accoplements: I/II (tiroir), III/II, IV/II, IV/III (balanciers)
  • Annulation: II (coupe vent, mécanique)
  • Appels anches: II, III, IV (registres superposés, appels électriques), Pédale (coupe vent, appel électrique)

Les vitraux

Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port forment l'ensemble le plus prestigieux de Lorraine et ont bénéficié d'une étude stylistique et technique de fond grâce au démontage et à la restauration entrepris en 1983 et publiée en 1993. Bien qu'une grande partie des vitraux soit détruite pendant le saccage de la ville et l'incendie des toitures de l'église provoqué par les pilleurs en 1635, la basilique dispose encore d'une part non négligeable de vitraux du XVIe siècle, oeuvres anonymes ou attribuées à Alsacien Valentin Bousch, au verrier lyonnais Nicolas Droguet et à Georges Millereau.


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  1. Détail vitrail de la fenêtre droite de la chapelle sainte Marguerite (première chapelle latérale nord), daté de 1544, connu sous le nom de "grisaille Berman" (provenant vraisemblablement de l'hôtel particulier d'un riche marchand donateur, Hanus Berman, le représentant avec sa famille et mis en place au XVIIe siècle seulement). Les grisailles sont rares en Lorraine mais fréquentes en Champagne.
  2. Détail vitrail de la fenêtre droite de la chapelle Notre-Dame-des-Victoires (deuxième chapelle latérale nord) entièrement dédiée à la vie de la Vierge, figurant l'assomption de Marie.
  3. Vitrail de la fenêtre droite de la chapelle sainte Anne (troisième chapelle latérale nord), de Valentin Bousch (sauf partie droite du XIXe siècle). En dessous, se trouvent les armes de Lorraine, d'Anjou et de la ville de Saint-Nicolas
  4. Nef en direction du choeur. Derrière le choeur, vitraux des fenêtres de vingt mètres de hauteur posés au XVIe siècle. Celui de gauche est attribué à Georges Millereau. Les deux autres sont de Nicolas Droguet.
  5. Chapelle dédiée à saint Nicolas située dans le collatéral sud. Le vitrail de la fenêtre à l'extrême gauche représente Jean de Joinville, sénéchal de Saint Louis. Au-dessus une représentation du bras reliquaire contenant la phalange de saint Nicolas.
  6. Chapelle latérale Notre-Dame-de-Port

Les fresques

De nombreuses peintures sur pierre sont également visibles sur les colonnes (descente de Croix, Job, Saint Yves, Saint Martin, Sainte Aprône, Saint Didier) ou en fresques (ravissement de Sainte Marie-Madeleine).

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  1. Colonne torsadée dans le bras sud du transept. Elle porte à sa base une fresque représentant sainte Aprône (début du XVIe siècle). On aperçoit, à gauche, la colonne qui lui fait pendant dans le transept nord et qui porte des cannelures droites
  2. Sainte Aprône, soeur de Saint Epvre
  3. Fresque représentant saint Martin partageant son manteau (début du XVIe siècle)
  4. Fresque du début du XVIe siècle (de gauche à droite: saint Jean Baptiste, sainte Marie portant l'Enfant Jésus, saint Jean l'Evangéliste, saint Didier tenant sa tête décapitée). On aperçoit un passage champenois dans le pilier latéral en haut à gauche

Les cloches de la basilique


La basilique possède 18 cloches encore en fonction, dont 12 peuvent sonner à la volée, ce qui constitue l'un des ensembles de sonneries de cloches les plus grands de France.

La tour Sud abrite la plus grosse cloche, le bourdon "Joseph-Auguste-Edmond", coulée par Ch. Martin à Nancy en 1897 et qui donne la note Sol 2, pour un poids de près de 5 tonnes.

La tour Nord quant à elle contient 14 cloches dont 8 de volée (donnant les notes do 3-ré 3- mi 3-fa 3-sol 3-la 3-si 3 et do 4). Quatre ont été coulées à Robécourt dans les Vosges par la fonderie Perrin-Martin en 1853, quatre autres coulées à Nancy par le fondeur Jules Robert ont été ajoutées en 1896. Les six dernières, servant uniquement à un usage de carillon datent de l'an 2000 et ont été coulées par la fonderie Paccard en Haute-Savoie.

Le clocheton qui surplombe le choeur abrite trois autres cloches, en volée manuelle, coulées pour l'une en 1856 et pour les deux autres en l'an 2000. Une quatrième cloche datant de 1839, fondue par Thuielle, a été endommagée lors du bombardement de juin 1940 et est déposée dans la chapelle Sainte-Marguerite depuis son démontage du clocheton en l'an 2000.

Les statues

Statue de saint-Nicolas avec les trois enfants dans une cuve à ses pieds


Détail du gisant de Simon Moycet sculpté par Victor Huel en 1893

Aigle grandeur nature situé à la base de la tribune d'orgue symbolisant saint Jean l'Evangéliste

Statue de saint Sébastien


Bas-relief de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle représentant Judith qui vient de décapiter Holopherne.


La chapelle des fonts

La basilique étant à l'origine exclusivement dévolue au pèlerinage (la ville de Saint-Nicolas-de-Port ne deviendra paroisse qu'en 1803), les habitants de Saint-Nicolas-de-Port doivent se rendre en l'église de Varangéville pour les baptêmes. Pendant l'édification de la basilique, une chapelle baptismale destinée à la population est construite contre l'absidiole nord, en contrebas, elle sert également pour la continuation du pèlerinage qui n'est jamais interrompu pendant les quelques soixante années que dura l'édification de la basilique. Cette chapelle, de style gothique flamboyant, présente une remarquable voûte avec pendentif et un magnifique retable exposant notamment le Christ et les douze apôtres.

Le trésor

Premiers dons

Le trésor de la basilique est connu grâce notamment à quatre inventaires de 1584, 1604, 1715 et 1737. Le premier don provient du roi Louis IX, il s'agit d'une nef d'argent fabriquée à la suite de la promesse de la reine Marguerite de Provence. Le trésor est constitué en majorité de dons des grands familles de Lorraine, don du bras d'argent par le duc Charles II qui accueille la relique, du bras d'or par René II en 1471 ainsi que le don par Marguerite de Gonzague de Mantoue d'une chasuble, de deux tuniques et d'un devant d'autel en 1619, d'Henry de Lorraine d'une chasuble en 1623, d'Anne du Chatelet, en 1624, d'un calice d'argent doré, de Louis de Lorraine, en 1626, d'un ciboire d'argent doré.


Ponctions pour fonte

En 1635, au cours de la guerre de Trente Ans, la ville est menacée de pillage, pour protéger le trésor, les pièces les plus importantes sont transférées chez les bénédictins de Nancy jusqu'en 1636. Pendant l'occupation de la Lorraine par Louis XIV, le pouvoir royal ordonne, en 1691, que le clergé donne l'argenterie non nécessaire au culte au bénéfice du pouvoir royal; Dom Placide Beaufort supervise ce don en 1691 et envoie pour 4 052 francs d'argent pour être fondu à Metz. Louis XV effectue le même genre de demande pour financer la guerre de Sept Ans, mais la plus grosse ponction au trésor date du décret révolutionnaire du 10 septembre 1792 qui demande que tous les objets d'or et d'argent du clergé soient envoyés à l'Hôtel des Monnaies pour soutenir l'effort de guerre.

Reconstitution

Les premières reconstitutions datent du 3 juin 1977: les commissaires de la République ont confié à des femmes pieuses de Saint-Nicolas-de-Port plusieurs reliques, notamment de saint Nicolas, afin qu'elles ne soient pas saisies par la Révolution. Parmi les pièces sauvées, on peut citer Le buste reliquaire de saint Nicolas, daté du XVIIe siècle dont la mitre n'est pas d'origine mais remonte au XIXe siècle et les pierres précieuses, cadeau de Marie Leszczynska, ont été remplacées par des pierres colorées. La nef du cardinal de Lorraine, achetée le 10 novembre 1851 à monsieur Butte, amateur nancéien par le curé de la paroisse et dont on ne retrouve aucune trace précise dans les anciens inventaires et Le reliquaire de la vraie croix, offert par Conrad de Bâle et cité dans l'inventaire de 1584.

Une monstrance du XVIIIe siècle enfermant des reliques de saint Sigisbert, don de Reine Delz à l'abbaye de Bouxières-aux-Dames en 1741 et oeuvre de l'orfèvre nancéien Jean-Louis Artault entre 1737 et 1745 sous la maîtrise d'Antoine Aubertin vient enrichir le trésor au XIXe siècle. Elle est rejointe en 1894 par une croix processionnelle offerte par le marquis de Lambertye, exécutée par l'orfèvre Meissonier de Paris et reprenant le modèle de la croix de Saint-Jean de Latran. Grâce à Emile Badel et un don de 10 000 francs, un nouveau reliquaire en vermeil, pesant plus de six kilos, est exécuté par l'orfèvre Berger-Nesme de Lyon et intègre deux topazes présentant les bustes de Marie et de Jésus, ces topazes ont été offertes par le pape Pie IX au marquis de Lambertye, puis celui-ci les offres à la basilique.

Ces quatre pièces sont intégrées en 1893 dans des vitrines d'Eugène Vallin dans la salle du trésor de la basilique.

Loi de 1905

Le 14 décembre 1905, le maire de Saint-Nicolas-de-Port demande au curé de réaliser un inventaire du trésor, conformément à la Loi de séparation des Eglises et de l'Etat, celui-ci appartient désormais à l'état français et est laissé à disposition de l'église. Le 23 janvier 1906, l'inventaire a lieu sans le curé ni le président de la fabrique, mais est interrompu par une centaine de femmes chantant des cantiques. L'inventaire se termine le 15 mars 1906 et révèle la disparition des douze pièces principales du trésor, notamment la nef de nacre, le bras reliquaire et le buste reliquaire d'argent, qui seront tous retrouvés le 5 décembre dans la maison Rolin de Saint-Nicolas-de-Port.

Association

Une association, intitulée Connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, est créée le 7 avril 1973 et reconnue d'utilité publique par un décret du 9 mars 1981. Elle se donne pour mission de contribuer à la connaissance et à la restauration de la basilique. Elle fait paraître trois fois par an la revue La Gargouille.

jeudi 18 mai 2017

12-Centre mondial de la paix

Centre mondial paix verdun.jpgEntrée du centre depuis la cour principale du palais épiscopal



Type: Bâtiment



Architecte: Robert de Cotte

                    Jules-Robert de Cotte

Construction: 1725-1789


Destination initiale: Palais épiscopal


Destination actuelle: Centre mondial de la Paix


Propriétaire: Commune


Statut patrimonial:  Classé MH (1920)


Adresse: Place Monseigneur Ginisty




Le centre mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l'Homme est un lieu d'exposition, de rencontre et de réflexion pour la promotion de la paix, des libertés et des droits de l'homme. Créé en 1990, il est situé depuis 1994 dans l'ancien palais épiscopal de Verdun, dans le département de la Meuse, en région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.

Le palais épiscopal est construit au XVIIIe siècle pour servir de prestigieuse résidence aux évêques de Verdun. Acquis par la commune en 1906 après la séparation des Eglises et de l'Etat, l'édifice est fortement endommagé lors de la bataille de Verdun de 1916. Après une grande campagne de restauration, l'évêque peut réintégrer les lieux en 1935. Il quitte définitivement le palais en 1993 pour permettre au centre mondial de la Paix de s'y installer l'année suivante.

Le centre accueille des expositions temporaires à plus ou moins longue durée, des conférences, des colloques et des concerts. Une aile du palais épiscopal abrite également la bibliothèque municipale.

L'ancien palais épiscopal

Historique

En 1724, Mgr Charles-François d'Hallencourt, évêque de Verdun (1721-1754), surnommé le "maçon mitré", décide de se doter d'une nouvelle résidence digne de l'évêché. Il fait appel à Robert de Cotte, Premier architecte du Roi Louis XV, puis à sa mort en 1735, à son fils Jules-Robert de Cotte. Le nouveau palais épiscopal est construit à côté de la cathédrale Notre-Dame et de son cloître, à l'emplacement de l'ancien palais de Mgr Nicolas Psaume du XVIe siècle, jugé irréparable. Les travaux débutés en 1725 sous l'impulsion de Mgr d'Hallencourt sont poursuivis jusqu'à la fin du siècle par ses successeurs, Mgr Aymar de Nicolaï (1754-1769) et Mgr Henri-Louis-René des Nos (1770-1793). Alors que les travaux ne sont pas encore terminés, Louis XV séjourne dans la demeure en 1741.

La Révolution de 1789 met fin au chantier et l'évêque quitte le palais pour une demeure plus modeste. En 1801, le concordat réduit le nombre d'évêchés en France: l'évêché de Verdun est supprimé et rattaché à celui de Nancy-Toul jusqu'en 1823. Le bâtiment abrite alors des services militaires et administratifs comme la sous-préfecture et le tribunal. En 1823, Mgr d'Arbou reprend possession des lieux.

En 1906, avec la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, l'édifice est définitivement confisqué et remis à la ville de Verdun. Il reste inoccupé jusqu'à l'installation du musée municipal en mai 1914. Pendant la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement lors de la bataille de Verdun de 1916, le palais sert d'hôpital temporaire aux troupes françaises. Pris pour cible, il subit d'importants dégâts de la part de l'artillerie allemande.

Le 25 mars 1920, le palais épiscopal est classé aux monuments historiques.De 1926 à 1935, il connaît un vaste chantier de restauration. En 1935, Mgr Charles Ginisty est le premier évêque à réintégrer les lieux depuis 30 ans grâce à un bail de location.

En 1993, l'évêque de Verdun, Mgr Marcel Herriot, accepte de quitter le palais épiscopal pour l'Hôtel d'Anglemont, situé en face de la cathédrale. Il permet ainsi au centre mondial de la Paix de s'y installer en 1994.

Architecture

Le palais épiscopal est situé à côté de la cathédrale Notre-Dame. Il consiste en un bâtiment en pierre entourant une cour intérieure. A l'arrière du palais, se trouve un jardin à la française avec une vue sur la ville. Sous le palais, il y a des souterrains qui communiquent avec les niveaux supérieurs. Ils ont été aménagés dans la seconde moitié du XXe siècle afin d'être accessible plus facilement pour des visites.

A l'entrée de l'édifice, la liste complète des évêques de Verdun est inscrite. Apposée en 1927, elle comptait alors 106 noms.

Dans ses Mémoires, Saint Simon qualifie l'édifice de "plus splendide palais épiscopal qu'il y ait en France".


Vues du palais épiscopal

Façade arrière du palais et son jardin



Côté ouest du palais depuis la cour intérieure


Côté est du palais et cathédrale depuis la cour intérieure



Palais surplombant la ville basse




Entrée de la cour intérieure



Centre mondial de la Paix, des libertés et des droits de l'Homme

Historique

Le 2 février 1990, l'association du Centre mondial de la Paix est créée par quatre partenaires institutionnels: l'Etat, le conseil régional de Lorraine, le conseil général de la Meuse et la ville de Verdun. Le projet est soutenu par Javiez Pérez de Cuéllar, secrétaire général des Nations unies, lors de son passage dans la ville en 1988.

En 1993, l'évêque de Verdun, Mgr Marcel Herriot, accepte de quitter le palais épiscopal pour l'Hôtel d'Anglemont, situé en face de la cathédrale. Il permet ainsi au centre mondial de la Paix de s'y installer en 1994, après de nouveaux travaux de réhabilitation d'un montant de 93 millions d'€. Le centre est inauguré le 30 juin 1994 par Edouard Balladur, Premier ministre de l'époque, et est ouvert au public le lendemain.

Pensé comme lieu complémentaire des sites mémoriels du Champ de Bataille de Verdun, le Centre Mondial de la Paix, des libertés et des droits de l'Homme propose une programmation qui revient sur l'histoire entre France et l'Allemagne, histoire qui a conduit les deux pays à s'opposer durant 3 conflits majeurs, histoire qui leur a permis de se réconcilier et d'être moteur du modèle européen.

Ses expositions temporaires et ses événements de programmation sont centrés sur les relations franco-allemandes, sur le Centenaires de la 1ère Guerre Mondiale et sur différents aspects des droits de l'Homme et des conflits contemporains qui permettent des lectures comparées.

Fonction

Le centre mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l'Homme est un lieu de rencontre et de réflexion pour la promotion de la paix, des libertés et des droits de l'homme. Y sont organisés des expositions, conférences, colloques, concerts ou projections.Plusieurs salles de 20 à 300 places peuvent être louées pour des événements privés ou publics.

Bibliothèque municipale

Historique

Au XVIIIe siècle, tous les ouvrages sont stockés à l'abbaye Saint-Paul dans les conditions de conservation peu favorables. En 1803, le sous-préfet décide de les transférer dans l'ancien collège des Jésuites. Le bibliothécaire Dom Ybert va alors les trier et les cataloguer: 5 000 volumes sont vendus, car inutiles ou en doubl, 3 000 sont jetés, et 29 721 sont conservés. En 1875, le catalogue des manuscrits et incunables est publié.

A partir du 15 mai 1820, la bibliothèque est ouverte au public deux fois par semaine. Les bibliothécaires continuent leur travail de récolement des livres. Le 28 septembre 1890, la bibliothèque est transférée dans l'ancien théâtre.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, le bibliothécaire, M.Leboyer, met à l'abri les livres les plus précieux dans les sous-sols du palais épiscopal. Rapidement, il décide de les envoyer dans sa ville natale, Riom, dans le Puy-de-Dôme. Un premier convoi quitte Verdun le 27 septembre 1915, deux jours avant le bombardement du palais, et un second le 29 novembre. En septembre 1916, les livres restants sont évacués à Bar-le-Duc par la Voie Sacrée et mis en dépôt dans la bibliothèque municipale et les archives départementales. Une trentaine de camions est mobilisée pendant une semaine pour le déménagement. En mars 1918, le dépôt est à son tour envoyé à Riom. En 1920, à la fin de la guerre, les ouvrages sont rapatriés à Verdun et stockés dans les sous-sols du palais. Finalement, il est décidé de réinstaller la bibliothèque dans le palais et des travaux sont effectués. Le 21 septembre 1927, la bibliothèque est inaugurée par le maire de Verdun Victor Schleiter et le président du Conseil Raymond Poincaré. Elle est ouverte au public le 1er octobre 1928.

Collections

Une partie de l'ancien palais épiscopal accueille/discothèque municipale qui compte plus de 15 000 documents (livres, BD, revues, films) et 16 000CD. La bibliothèque possède un fonds ancien, constitué des documents des bibliothèques ecclésiastiques confisqués après la Révolution. Elle possède également fond 14-18 de près de 3 000 livres et documents divers sur la Première Guerre mondiale en Meuse et la bataille de Verdun.