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samedi 20 mai 2017

13-Basilique de Saint-Nicolas-de-Port

Vue sur la façade en contre-plongéeVue sur la façade en contre-plongée


Culte: Catholique romain

Type: Basilique

Rattachement: Diocèse de Nancy-Toul

Début de la construction: 1481

Fin des travaux: 1545

Style dominant: Gothique flamboyant

Protection: Logo monument historiqueClassé MH (1840)


La basilique Saint-Nicolas de Saint-Nicolas-de-Port est une imposante église située à Saint-Nicolas-de-Port dans le département de Meurthe-et-Moselle, en région Lorraine à quelques kilomètres au Sud de Nancy. De style gothique flamboyant, elle est érigée aux XVe et XVIe siècles par René II de Lorraine et duc de Bar à la suite de sa victoire contre Charles le Téméraire, lors de la bataille de Nancy le 5 janvier 1477, qui a permis à la Lorraine de rester indépendante.

Histoire

Origines

En 1098, selon la tradition rapportée par un marin qui a participé à la translation, le chevalier lorrain Aubert de Varangéville aurait volé une phalange de saint Nicolas dans la basilique San Nicola de Bari et l'aurait rapportée en Lorraine à Saint-Nicolas-de-Port où elle devient un objet de pèlerinage nicolaïen majeur avec la traditionnelle procession. Selon cette tradition il s'agit de l'os d'une phalange de la main droite de l'évêque. Il est conservé dans un bras reliquaire de la fin du XIXe siècle en argent or, émaux et diamants. Une première église est consacré au saint dès le début du XIIe siècle.

Selon la légende, Cunon de Linange, sire de Réchicourt, un chevalier lorrain emprisonné vers 1240 lors de la sixième croisade aurait été miraculeusement libéré de sa geôle alors qu'il allait être exécuté. Après une prière d'intercession à Saint-Nicolas, il se serait endormi et aurait été transporté pendant son sommeil, puis se serait réveillé sur le parvis de l'église lorraine de Saint-Nicolas-de-Port. Pendant la célébration de l'office qui suivit, les chaînes qui enserraient la taille et les membres du captif tombèrent d'elles-mêmes (ces chaînes sont censées avoir été sauvegardées et sont conservées dans un reliquaire en cuivre doré de la fin du XIXe siècle). Le sire de Réchicourt ordonna qu'une procession ait lieu tous les ans, et on vit jusqu'à la Révolution une délégation des gens de Réchicourt lors de ces célébrations.

La procession annuelle de la Saint Nicolas


Rapidement le pèlerinage à Saint-Nicolas s'étend bien au-delà de la Lorraine et le saint est considéré comme le saint patron des Lorrains. Une légende prétend que Jeanne d'Arc est venue se recueillir dans l'édifice précédant la basilique avant de partir porter son message au Dauphin de France. En réalité il est probable qu'elle est passée à l'église Saint-Nicolas, afin d'y prier, après avoir rendu visite au duc Charles II de Lorraine qui est très souffrant.

Jean de Joinville, sénéchal de Louis IX, participe à étendre la renommée de saint Nicolas. Dans son livre des saintes paroles et des bons faiz de nostre saint roy Looÿs, il raconte qu'au cours de la septième croisade, face au danger d'un naufrage près de Chypre, il assure la reine Marguerite de Provence qu'elle-même, le roi et leurs trois enfants rentreraient sains et saufs en France si elle promet de faire don d'une nef d'argent pesant cinq marcs à l'église de Saint Nicolas. La reine promet et, son voeu exaucé et de retour à Paris, elle fait faire la nef, ce qui lui coûte cent livres, puis charge le sire de Joinville de l'apporter, en 1254, à l'église de Saint Nicolas.

La victoire du duc René II face au grand duc d'Occident Charles le Téméraire en 1477 lors de la Bataille de Nancy va déterminer le jeune souverain à faire édifier un édifice plus imposant pour symboliser le retour à l'indépendance de la nation Lorraine ainsi que sa reconnaissance au saint patron de la Lorraine. Le choix de Saint-Nicolas-de-Port qui s'appelle encore simplement Port est évident, puisque la ville est le centre économique du Duché de Lorraine attirant de nombreux marchands de toute l'Europe lors des foires.

Construction

La construction de la basilique actuelle commence en 1481 en pierre calcaire blanche extraite des carrières de Viterne. Simon Moycet en est le maître ouvrage et Valentin Bousch en est le maître-verrier. Le prénom de l'un des architectes, un certain Michel, est connu par une expertise qu'il fait à Troyes en juin 1506.

De nombreux donateurs participent au financement de la cathédrale: le duc René II, les seigneurs, prélats, marchands, bourgeois du lieu, les pèlerins. L'identité d'une partie de ces donateurs est visible dans les verrières de l'église, sous forme d'armoiries: ville de Strasbourg, ville de Bâle, évêque de Verdun, prieur de Varangéville Wary de Dommartin, les bourgeois Fiacre Fériet et Hans (ou Hanus) Berman.

L'édifice est inauguré, presque achevé, en 1544, la façade en 1545 et enfin il est consacré en 1560 peu après que les deux tours-clochers, édifiées en 1544, aient reçu leurs premières coupoles de plomb.

Incendie

Au cours de la guerre de Trente Ans, en novembre 1635, la basilique subit un grand incendie qui détruit la toiture et le mobilier et fait fondre le plomb de nombreux vitraux dont les verres s'effondrent. Noircies, bon nombre de peintures murales datant d'avant 1520 sont alors dissimulées sous un badigeon où elles sont redécouvertes lors de la restauration du XXe siècle. 

Cet épisode qui marque les esprits (les flammes sont, dit-on, visibles depuis Nancy, à une dizaine de kilomètres), est le point de départ d'une nouvelle légende faisant état d'un miracle: le prieur bénédictin qui célèbre la messe lors de l'assaut de l'ennemi, Dom Moye, tentant d'échapper à une épée suédoise, a senti s'entrouvrir le pilier contre lequel il se serre et il disparaît à l'intérieur, la pierre se refermant sur lui. Depuis cette époque, en collant l'oreille contre ce pilier, le plis proche de la tour Saint-Pierre (tour sud), l'on pourrait entendre psalmodier le moine et, lorsque des évènements dramatiques menacent la Lorraine, l'on pourrait voir des gouttes suinter et couler le long de la pierre. Des paroissiens assurent que c'est ainsi le cas peu avant les guerres de 1870 et 1914, renforçant la légende "du pilier qui pleure".

Restaurations ultérieure

Une nouvelle charpente en chêne est posée vers 1664 et les tours sont recouvertes en 1725 par des nouveaux dômes d'ardoise en forme de bulbes qui subsistent au début du XXIe siècle.

En 1840, la basilique est inscrite sur la première liste des monuments historiques. Elle est consacrée basilique en 1950 par le Pape  Pie XII.

Fortement détériorée lors de la Seconde Guerre mondiale par le bombardement du 19 juin 1904, elle est restaurée à partir de 1983 grâce à Camille Croué Friedman, une riche Portoise mariée à un Américain: au cours d'une croisière, ayant fait naufrage au large de Chypre, elle en réchappe et attribue ce sauvetage à saint Nicolas, comme la reine quelques siècles plus tôt. En remerciement, elle finance la restauration de la basilique et à son décès à New-York, en 1980, elle fait un legs de cinq millions de dollars à la basilique "pour qu'elle retrouve sa beauté originelle". La restauration nécessite quinze années pour redonner à l'édifice sa splendeur initiale.


Architecture

La nef



Clochers à bulbles de la Basilique



La basilique possède les proportions d'une véritable cathédrale de style gothique flamboyant: onze travées, une nef principale et deux latérales avec deux bas-côtés terminés par deux absidioles. Ses dimensions sont pour le moins impressionnantes:

  • une nef culminant à 30m au-dessus du sol,
  • au niveau du transept, deux colonnes élancées de 21,50m (les plus hautes de France) dont l'une est torsadée afin de masquer un faux aplomb de vingt centimètres,
  • deux tours de 85 et 87m respectivement coiffées de clochers de clochers à bulbes.

Les dimensions globales de l'église sont de 71,5m de longueur pour 31m de largeur.

L'édifice est d'une grande homogénéité de style, d'une sobriété rare à la fin de l'époque gothique, du fait de sa construction assez rapide (environ 60 ans) pour ses dimensions avec respect des plans initiaux. Il possède d'harmonieux volumes. On y retrouve des influences champenoises dues au premier architecte, Michel Robin: le plan du choeur s'inspire directement de la Cathédrale de Toul et la coursière qui permet de faire le tour intérieur de l'édifice à la base des fenêtres basses, à sept mètres du sol, est un véritable passage à la champenoise. Toutefois la tradition lorraine reste respectée puisque l'on peut noter l'absence de déambulatoire derrière le choeur ou les cinq pans de l'abside pourvus de très hautes fenêtres comme à Toul qui a également influencé la structure de la façade et notamment de ses tours (passage original et très marqué de l'extérieur par la puissance de son volume ainsi que d'une grande originalité: s'il n'est pas identifiable dans le plan il l'est très nettement en élévation car il est composé en réalité de deux nefs fusionnées, aussi hautes que la nef principale et chaque bras du transept est, à la croisée, uniquement soutenu par une colonne très élancée, proposant à l'admiration du visiteur certainement les plus hautes colonnes de la période dite gothique.

Une autre particularité est également bien visibles dès l'entrée: l'axe de la nef n'est pas rectiligne mais accuse une déviation de six degrés vers la droite. Cette déviation a suscité quelques hypothèses, certaines fantaisistes, d'autres plus sérieuses notamment celle évoquée par Dom Calmet écrivant "les bâtisseurs n'étant pas maîtres du terrain ont cru devoir donner cette tournure à l'édifice". Les contraintes parcellaires (disponibilité du terrain) semblent, encore à ce jour, être les meilleures explications de cette déviation. Les maîtres de la seconde campagne de chantier, démarrée en 1515, utilisent des travées et voûtes non orthogonales pour conserver une homogénéité visuelle en dépit de cette déviation d'axe.

A l'extérieur, côté nord, la déclivité du terrain a permis d'insérer, sous le sol des chapelles latérales, six loges ouvrant sur la rue des Fonts et destinées à l'origine au commerce.

Façade de la basilique



Façade de nuit, vue depuis la rue des trois Pucelles


Tour nord, vue depuis le bas de la rue Simon Moycet



Statue de saint Nicolas au centre du grand portail. A ses pieds, les trois "enfants" debout dans le saloir 



La rue des Fonts et les six loges situées sous les chapelles nord à l'extérieur de la basilique




Plaque à la mémoire de Camille Croué-Friedman, apposée à l'extérieur de la basilique, sur le mur de la sacristie, côté choeur



Intérieur de la basilique

Cannelure torse masquant un faux aplomb sur l'une des colonnes de 21,50m



Le buffet d'orgue de Joseph Cuvillier



L'orgue

L'orgue actuel est le cinquième de la basilique. Reconstruit par la manufacture Haerpfer de Boulay en 1994 et entièrement financé par le leg Camille Croué-Friedman, il comporte 3 673 tuyaux répartis eb 54 jeux y compris les deux tremblants pour 4 claviers et pédalier. Il est à traction mécanique suspendue. L'instrument est installé dans un buffet de style troubadour de 16m de hauteur et 7m de large érigé en 1848 par le facteur d'orgue nancéien Joseph Cuvillier (1801-1893) d'après un dessin de Désiré Laurent, ce buffet est classé monument historique en 1980. Un aigle grandeur nature symbolisant Saint Jean l'Evangéliste est disposé, comme sur un lutrin, à la base de la tribune en encorbellement. L'instrument est situé à mi-hauteur dans le bras nord du transept, le plancher de tribune étant à environ sept mètres du pavé de l'église.


Caractéristiques


  • Traction mécanique suspendue pour les notes
  • Traction mécanique des jeux (électrique pour coupe-vent Bombarde 16, trémolo récit et complément pédale: bourdon 32, soubasse 16, flûte 8)
  • Console en fenêtre
  • Claviers de 56 notes (Ut-sol)
  • Pédalier de 30 notes (ut-fa)
  • Expression du Récit par pédale à bascule (mécanique)

Accouplements et accessoires



  • Tirasses; II-III-IV (balanciers)
  • Accoplements: I/II (tiroir), III/II, IV/II, IV/III (balanciers)
  • Annulation: II (coupe vent, mécanique)
  • Appels anches: II, III, IV (registres superposés, appels électriques), Pédale (coupe vent, appel électrique)

Les vitraux

Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port forment l'ensemble le plus prestigieux de Lorraine et ont bénéficié d'une étude stylistique et technique de fond grâce au démontage et à la restauration entrepris en 1983 et publiée en 1993. Bien qu'une grande partie des vitraux soit détruite pendant le saccage de la ville et l'incendie des toitures de l'église provoqué par les pilleurs en 1635, la basilique dispose encore d'une part non négligeable de vitraux du XVIe siècle, oeuvres anonymes ou attribuées à Alsacien Valentin Bousch, au verrier lyonnais Nicolas Droguet et à Georges Millereau.


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  1. Détail vitrail de la fenêtre droite de la chapelle sainte Marguerite (première chapelle latérale nord), daté de 1544, connu sous le nom de "grisaille Berman" (provenant vraisemblablement de l'hôtel particulier d'un riche marchand donateur, Hanus Berman, le représentant avec sa famille et mis en place au XVIIe siècle seulement). Les grisailles sont rares en Lorraine mais fréquentes en Champagne.
  2. Détail vitrail de la fenêtre droite de la chapelle Notre-Dame-des-Victoires (deuxième chapelle latérale nord) entièrement dédiée à la vie de la Vierge, figurant l'assomption de Marie.
  3. Vitrail de la fenêtre droite de la chapelle sainte Anne (troisième chapelle latérale nord), de Valentin Bousch (sauf partie droite du XIXe siècle). En dessous, se trouvent les armes de Lorraine, d'Anjou et de la ville de Saint-Nicolas
  4. Nef en direction du choeur. Derrière le choeur, vitraux des fenêtres de vingt mètres de hauteur posés au XVIe siècle. Celui de gauche est attribué à Georges Millereau. Les deux autres sont de Nicolas Droguet.
  5. Chapelle dédiée à saint Nicolas située dans le collatéral sud. Le vitrail de la fenêtre à l'extrême gauche représente Jean de Joinville, sénéchal de Saint Louis. Au-dessus une représentation du bras reliquaire contenant la phalange de saint Nicolas.
  6. Chapelle latérale Notre-Dame-de-Port

Les fresques

De nombreuses peintures sur pierre sont également visibles sur les colonnes (descente de Croix, Job, Saint Yves, Saint Martin, Sainte Aprône, Saint Didier) ou en fresques (ravissement de Sainte Marie-Madeleine).

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  1. Colonne torsadée dans le bras sud du transept. Elle porte à sa base une fresque représentant sainte Aprône (début du XVIe siècle). On aperçoit, à gauche, la colonne qui lui fait pendant dans le transept nord et qui porte des cannelures droites
  2. Sainte Aprône, soeur de Saint Epvre
  3. Fresque représentant saint Martin partageant son manteau (début du XVIe siècle)
  4. Fresque du début du XVIe siècle (de gauche à droite: saint Jean Baptiste, sainte Marie portant l'Enfant Jésus, saint Jean l'Evangéliste, saint Didier tenant sa tête décapitée). On aperçoit un passage champenois dans le pilier latéral en haut à gauche

Les cloches de la basilique


La basilique possède 18 cloches encore en fonction, dont 12 peuvent sonner à la volée, ce qui constitue l'un des ensembles de sonneries de cloches les plus grands de France.

La tour Sud abrite la plus grosse cloche, le bourdon "Joseph-Auguste-Edmond", coulée par Ch. Martin à Nancy en 1897 et qui donne la note Sol 2, pour un poids de près de 5 tonnes.

La tour Nord quant à elle contient 14 cloches dont 8 de volée (donnant les notes do 3-ré 3- mi 3-fa 3-sol 3-la 3-si 3 et do 4). Quatre ont été coulées à Robécourt dans les Vosges par la fonderie Perrin-Martin en 1853, quatre autres coulées à Nancy par le fondeur Jules Robert ont été ajoutées en 1896. Les six dernières, servant uniquement à un usage de carillon datent de l'an 2000 et ont été coulées par la fonderie Paccard en Haute-Savoie.

Le clocheton qui surplombe le choeur abrite trois autres cloches, en volée manuelle, coulées pour l'une en 1856 et pour les deux autres en l'an 2000. Une quatrième cloche datant de 1839, fondue par Thuielle, a été endommagée lors du bombardement de juin 1940 et est déposée dans la chapelle Sainte-Marguerite depuis son démontage du clocheton en l'an 2000.

Les statues

Statue de saint-Nicolas avec les trois enfants dans une cuve à ses pieds


Détail du gisant de Simon Moycet sculpté par Victor Huel en 1893

Aigle grandeur nature situé à la base de la tribune d'orgue symbolisant saint Jean l'Evangéliste

Statue de saint Sébastien


Bas-relief de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle représentant Judith qui vient de décapiter Holopherne.


La chapelle des fonts

La basilique étant à l'origine exclusivement dévolue au pèlerinage (la ville de Saint-Nicolas-de-Port ne deviendra paroisse qu'en 1803), les habitants de Saint-Nicolas-de-Port doivent se rendre en l'église de Varangéville pour les baptêmes. Pendant l'édification de la basilique, une chapelle baptismale destinée à la population est construite contre l'absidiole nord, en contrebas, elle sert également pour la continuation du pèlerinage qui n'est jamais interrompu pendant les quelques soixante années que dura l'édification de la basilique. Cette chapelle, de style gothique flamboyant, présente une remarquable voûte avec pendentif et un magnifique retable exposant notamment le Christ et les douze apôtres.

Le trésor

Premiers dons

Le trésor de la basilique est connu grâce notamment à quatre inventaires de 1584, 1604, 1715 et 1737. Le premier don provient du roi Louis IX, il s'agit d'une nef d'argent fabriquée à la suite de la promesse de la reine Marguerite de Provence. Le trésor est constitué en majorité de dons des grands familles de Lorraine, don du bras d'argent par le duc Charles II qui accueille la relique, du bras d'or par René II en 1471 ainsi que le don par Marguerite de Gonzague de Mantoue d'une chasuble, de deux tuniques et d'un devant d'autel en 1619, d'Henry de Lorraine d'une chasuble en 1623, d'Anne du Chatelet, en 1624, d'un calice d'argent doré, de Louis de Lorraine, en 1626, d'un ciboire d'argent doré.


Ponctions pour fonte

En 1635, au cours de la guerre de Trente Ans, la ville est menacée de pillage, pour protéger le trésor, les pièces les plus importantes sont transférées chez les bénédictins de Nancy jusqu'en 1636. Pendant l'occupation de la Lorraine par Louis XIV, le pouvoir royal ordonne, en 1691, que le clergé donne l'argenterie non nécessaire au culte au bénéfice du pouvoir royal; Dom Placide Beaufort supervise ce don en 1691 et envoie pour 4 052 francs d'argent pour être fondu à Metz. Louis XV effectue le même genre de demande pour financer la guerre de Sept Ans, mais la plus grosse ponction au trésor date du décret révolutionnaire du 10 septembre 1792 qui demande que tous les objets d'or et d'argent du clergé soient envoyés à l'Hôtel des Monnaies pour soutenir l'effort de guerre.

Reconstitution

Les premières reconstitutions datent du 3 juin 1977: les commissaires de la République ont confié à des femmes pieuses de Saint-Nicolas-de-Port plusieurs reliques, notamment de saint Nicolas, afin qu'elles ne soient pas saisies par la Révolution. Parmi les pièces sauvées, on peut citer Le buste reliquaire de saint Nicolas, daté du XVIIe siècle dont la mitre n'est pas d'origine mais remonte au XIXe siècle et les pierres précieuses, cadeau de Marie Leszczynska, ont été remplacées par des pierres colorées. La nef du cardinal de Lorraine, achetée le 10 novembre 1851 à monsieur Butte, amateur nancéien par le curé de la paroisse et dont on ne retrouve aucune trace précise dans les anciens inventaires et Le reliquaire de la vraie croix, offert par Conrad de Bâle et cité dans l'inventaire de 1584.

Une monstrance du XVIIIe siècle enfermant des reliques de saint Sigisbert, don de Reine Delz à l'abbaye de Bouxières-aux-Dames en 1741 et oeuvre de l'orfèvre nancéien Jean-Louis Artault entre 1737 et 1745 sous la maîtrise d'Antoine Aubertin vient enrichir le trésor au XIXe siècle. Elle est rejointe en 1894 par une croix processionnelle offerte par le marquis de Lambertye, exécutée par l'orfèvre Meissonier de Paris et reprenant le modèle de la croix de Saint-Jean de Latran. Grâce à Emile Badel et un don de 10 000 francs, un nouveau reliquaire en vermeil, pesant plus de six kilos, est exécuté par l'orfèvre Berger-Nesme de Lyon et intègre deux topazes présentant les bustes de Marie et de Jésus, ces topazes ont été offertes par le pape Pie IX au marquis de Lambertye, puis celui-ci les offres à la basilique.

Ces quatre pièces sont intégrées en 1893 dans des vitrines d'Eugène Vallin dans la salle du trésor de la basilique.

Loi de 1905

Le 14 décembre 1905, le maire de Saint-Nicolas-de-Port demande au curé de réaliser un inventaire du trésor, conformément à la Loi de séparation des Eglises et de l'Etat, celui-ci appartient désormais à l'état français et est laissé à disposition de l'église. Le 23 janvier 1906, l'inventaire a lieu sans le curé ni le président de la fabrique, mais est interrompu par une centaine de femmes chantant des cantiques. L'inventaire se termine le 15 mars 1906 et révèle la disparition des douze pièces principales du trésor, notamment la nef de nacre, le bras reliquaire et le buste reliquaire d'argent, qui seront tous retrouvés le 5 décembre dans la maison Rolin de Saint-Nicolas-de-Port.

Association

Une association, intitulée Connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, est créée le 7 avril 1973 et reconnue d'utilité publique par un décret du 9 mars 1981. Elle se donne pour mission de contribuer à la connaissance et à la restauration de la basilique. Elle fait paraître trois fois par an la revue La Gargouille.

jeudi 18 mai 2017

12-Centre mondial de la paix

Centre mondial paix verdun.jpgEntrée du centre depuis la cour principale du palais épiscopal



Type: Bâtiment



Architecte: Robert de Cotte

                    Jules-Robert de Cotte

Construction: 1725-1789


Destination initiale: Palais épiscopal


Destination actuelle: Centre mondial de la Paix


Propriétaire: Commune


Statut patrimonial:  Classé MH (1920)


Adresse: Place Monseigneur Ginisty




Le centre mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l'Homme est un lieu d'exposition, de rencontre et de réflexion pour la promotion de la paix, des libertés et des droits de l'homme. Créé en 1990, il est situé depuis 1994 dans l'ancien palais épiscopal de Verdun, dans le département de la Meuse, en région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.

Le palais épiscopal est construit au XVIIIe siècle pour servir de prestigieuse résidence aux évêques de Verdun. Acquis par la commune en 1906 après la séparation des Eglises et de l'Etat, l'édifice est fortement endommagé lors de la bataille de Verdun de 1916. Après une grande campagne de restauration, l'évêque peut réintégrer les lieux en 1935. Il quitte définitivement le palais en 1993 pour permettre au centre mondial de la Paix de s'y installer l'année suivante.

Le centre accueille des expositions temporaires à plus ou moins longue durée, des conférences, des colloques et des concerts. Une aile du palais épiscopal abrite également la bibliothèque municipale.

L'ancien palais épiscopal

Historique

En 1724, Mgr Charles-François d'Hallencourt, évêque de Verdun (1721-1754), surnommé le "maçon mitré", décide de se doter d'une nouvelle résidence digne de l'évêché. Il fait appel à Robert de Cotte, Premier architecte du Roi Louis XV, puis à sa mort en 1735, à son fils Jules-Robert de Cotte. Le nouveau palais épiscopal est construit à côté de la cathédrale Notre-Dame et de son cloître, à l'emplacement de l'ancien palais de Mgr Nicolas Psaume du XVIe siècle, jugé irréparable. Les travaux débutés en 1725 sous l'impulsion de Mgr d'Hallencourt sont poursuivis jusqu'à la fin du siècle par ses successeurs, Mgr Aymar de Nicolaï (1754-1769) et Mgr Henri-Louis-René des Nos (1770-1793). Alors que les travaux ne sont pas encore terminés, Louis XV séjourne dans la demeure en 1741.

La Révolution de 1789 met fin au chantier et l'évêque quitte le palais pour une demeure plus modeste. En 1801, le concordat réduit le nombre d'évêchés en France: l'évêché de Verdun est supprimé et rattaché à celui de Nancy-Toul jusqu'en 1823. Le bâtiment abrite alors des services militaires et administratifs comme la sous-préfecture et le tribunal. En 1823, Mgr d'Arbou reprend possession des lieux.

En 1906, avec la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, l'édifice est définitivement confisqué et remis à la ville de Verdun. Il reste inoccupé jusqu'à l'installation du musée municipal en mai 1914. Pendant la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement lors de la bataille de Verdun de 1916, le palais sert d'hôpital temporaire aux troupes françaises. Pris pour cible, il subit d'importants dégâts de la part de l'artillerie allemande.

Le 25 mars 1920, le palais épiscopal est classé aux monuments historiques.De 1926 à 1935, il connaît un vaste chantier de restauration. En 1935, Mgr Charles Ginisty est le premier évêque à réintégrer les lieux depuis 30 ans grâce à un bail de location.

En 1993, l'évêque de Verdun, Mgr Marcel Herriot, accepte de quitter le palais épiscopal pour l'Hôtel d'Anglemont, situé en face de la cathédrale. Il permet ainsi au centre mondial de la Paix de s'y installer en 1994.

Architecture

Le palais épiscopal est situé à côté de la cathédrale Notre-Dame. Il consiste en un bâtiment en pierre entourant une cour intérieure. A l'arrière du palais, se trouve un jardin à la française avec une vue sur la ville. Sous le palais, il y a des souterrains qui communiquent avec les niveaux supérieurs. Ils ont été aménagés dans la seconde moitié du XXe siècle afin d'être accessible plus facilement pour des visites.

A l'entrée de l'édifice, la liste complète des évêques de Verdun est inscrite. Apposée en 1927, elle comptait alors 106 noms.

Dans ses Mémoires, Saint Simon qualifie l'édifice de "plus splendide palais épiscopal qu'il y ait en France".


Vues du palais épiscopal

Façade arrière du palais et son jardin



Côté ouest du palais depuis la cour intérieure


Côté est du palais et cathédrale depuis la cour intérieure



Palais surplombant la ville basse




Entrée de la cour intérieure



Centre mondial de la Paix, des libertés et des droits de l'Homme

Historique

Le 2 février 1990, l'association du Centre mondial de la Paix est créée par quatre partenaires institutionnels: l'Etat, le conseil régional de Lorraine, le conseil général de la Meuse et la ville de Verdun. Le projet est soutenu par Javiez Pérez de Cuéllar, secrétaire général des Nations unies, lors de son passage dans la ville en 1988.

En 1993, l'évêque de Verdun, Mgr Marcel Herriot, accepte de quitter le palais épiscopal pour l'Hôtel d'Anglemont, situé en face de la cathédrale. Il permet ainsi au centre mondial de la Paix de s'y installer en 1994, après de nouveaux travaux de réhabilitation d'un montant de 93 millions d'€. Le centre est inauguré le 30 juin 1994 par Edouard Balladur, Premier ministre de l'époque, et est ouvert au public le lendemain.

Pensé comme lieu complémentaire des sites mémoriels du Champ de Bataille de Verdun, le Centre Mondial de la Paix, des libertés et des droits de l'Homme propose une programmation qui revient sur l'histoire entre France et l'Allemagne, histoire qui a conduit les deux pays à s'opposer durant 3 conflits majeurs, histoire qui leur a permis de se réconcilier et d'être moteur du modèle européen.

Ses expositions temporaires et ses événements de programmation sont centrés sur les relations franco-allemandes, sur le Centenaires de la 1ère Guerre Mondiale et sur différents aspects des droits de l'Homme et des conflits contemporains qui permettent des lectures comparées.

Fonction

Le centre mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l'Homme est un lieu de rencontre et de réflexion pour la promotion de la paix, des libertés et des droits de l'homme. Y sont organisés des expositions, conférences, colloques, concerts ou projections.Plusieurs salles de 20 à 300 places peuvent être louées pour des événements privés ou publics.

Bibliothèque municipale

Historique

Au XVIIIe siècle, tous les ouvrages sont stockés à l'abbaye Saint-Paul dans les conditions de conservation peu favorables. En 1803, le sous-préfet décide de les transférer dans l'ancien collège des Jésuites. Le bibliothécaire Dom Ybert va alors les trier et les cataloguer: 5 000 volumes sont vendus, car inutiles ou en doubl, 3 000 sont jetés, et 29 721 sont conservés. En 1875, le catalogue des manuscrits et incunables est publié.

A partir du 15 mai 1820, la bibliothèque est ouverte au public deux fois par semaine. Les bibliothécaires continuent leur travail de récolement des livres. Le 28 septembre 1890, la bibliothèque est transférée dans l'ancien théâtre.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, le bibliothécaire, M.Leboyer, met à l'abri les livres les plus précieux dans les sous-sols du palais épiscopal. Rapidement, il décide de les envoyer dans sa ville natale, Riom, dans le Puy-de-Dôme. Un premier convoi quitte Verdun le 27 septembre 1915, deux jours avant le bombardement du palais, et un second le 29 novembre. En septembre 1916, les livres restants sont évacués à Bar-le-Duc par la Voie Sacrée et mis en dépôt dans la bibliothèque municipale et les archives départementales. Une trentaine de camions est mobilisée pendant une semaine pour le déménagement. En mars 1918, le dépôt est à son tour envoyé à Riom. En 1920, à la fin de la guerre, les ouvrages sont rapatriés à Verdun et stockés dans les sous-sols du palais. Finalement, il est décidé de réinstaller la bibliothèque dans le palais et des travaux sont effectués. Le 21 septembre 1927, la bibliothèque est inaugurée par le maire de Verdun Victor Schleiter et le président du Conseil Raymond Poincaré. Elle est ouverte au public le 1er octobre 1928.

Collections

Une partie de l'ancien palais épiscopal accueille/discothèque municipale qui compte plus de 15 000 documents (livres, BD, revues, films) et 16 000CD. La bibliothèque possède un fonds ancien, constitué des documents des bibliothèques ecclésiastiques confisqués après la Révolution. Elle possède également fond 14-18 de près de 3 000 livres et documents divers sur la Première Guerre mondiale en Meuse et la bataille de Verdun.
  

mercredi 17 mai 2017

11-Cathédrale Notre-Dame de Verdun

Image illustrative de l'article Cathédrale Notre-Dame de VerdunVue de la cathédrale et de ses clochers depuis le cloître



Nom local: Notre-Dame



Culte: Catholique romain



Type: Cathédrale Basilique



Rattachement: Diocèse de Verdun (siège)



Début de la construction: Xe siècle


Fin des travaux: XVIIIe siècle

Style dominant: Roman, gothique

Protection: Logo monument historiqueClassée MH (1906, cathédrale)
                    Logo monument historiqueClassé MH (1907, cloître)


La cathédrale Notre-Dame de Verdun est une cathédrale catholique romaine située à Verdun, dans le département de la Meuse en région Grand Est. Siège épiscopal du diocèse de Verdun, elle est élevée à la dignité de basilique par le pape Pie XII en 1947.

La cathédrale, dédiée à la Vierge Marie, est construite à partir de 990 selon le plan roman-rhénan. Elle est donc la plus ancienne de Lorraine et l'une des plus anciennes d'Europe. Elle subit plusieurs ravages aux XI et XIIe siècles menant à la reconstruction de certaines parties et à l'ajout d'autres. Le 11 novembre 1147, le pape Eugène III consacre la cathédrale. Du XIVe au XVIe siècle, l'édifice est modifié selon le style gothique. Après un incendie en 1755 qui lui fait perdre deux de ses quatre clochers, la cathédrale est remaniée dans les styles baroque et rocaille. Gravement endommagée par des bombardements lors de la Première Guerre mondiale, elle est de nouveau restaurée.

La cathédrale est classée monument historique depuis le 30 octobre 1906, et le cloître depuis le 13 juillet 1907. Elle contient également de nombreux objets inscrits ou classés aux monuments historiques.

Histoire

Plan roman-rhénan de la cathédrale


Au début du IVe siècle, Verdun est évangélisé par saint Saintin qui fait construire sur le mont Saint-Vanne la première église dédiée à Saint-Pierre et saint-Paul. La ville devient le siège de l'évêché de Verdun et saint Saintin, son premier évêque. L'église sera remplacée au Xe siècle par l'abbaye Saint-Vanne de Verdun.


Au Ve siècle, après les invasions barbares, saint Pulchrone installe la cathédrale à l'abri dans le castrum romain, à son emplacement actuel. La cathédrale est dédiée à la Vierge Marie.

A la fin du Xe siècle,l'évêque Haymon décide de doter son diocèse d'une grande cathédrale. De 990 à 1024, il fait construire un nouvel édifice selon le plan roman-rhénan: une nef, deux transepts, deux absides opposées, chacune flanquée de deux tours-cloches. Les piliers sont carrés et la couverture est en charpente.

En 1047, un premier incendie ravage l'édifice religieux. Les évêques Richard Ier et Thierry doivent la restaurer: reconstruction des parties hautes de la nef et du transepts, et création du portail de l'Officialité, au nord-ouest du bâtiment.

Au XIIe siècle, après que la cathédrale ait été endommagée par Renaud Ier, comte de Bar, l'évêque Albéron de Chiny ordonne de nouveaux travaux. De 1136 à 1160, l'architecte Garin construit le choeur oriental qui se termine par une abside à sept pans munie de contreforts. Il construit également les deux portails Saint Jean et du Lion, un cloître, ainsi qu'une crypte-halle et deux cryptes annexes latérales servant d'accès.

Le 11 novembre 1147, le pape Eugène III, réfugié en France depuis le 9 mars 1147, consacre la cathédrale de Verdun, en présence de 18 cardinaux. Un vitrail du maître-verrier Jean-Jacques Grüber situé dans le transept occidental représente cet évènement.

Au XIVe siècle, la cathédrale est modifiée par l'architecte Pierre Perrat selon le style gothique. Il ajoute des voûtes à la nef et au côtés, édifie des chapelles latérales, rehausse l'abside orientale, ouvre de grandes fenêtres, coiffe les tours de flèches, et embellit des vitraux et des fresques. Du XVe au XVIe siècle, plusieurs chapelles sont édifiées et le cloître est reconstruit dans le style gothique flamboyant.


Temps modernes

Le 2 avril 1755, la cathédrale est gravement endommagée par la foudre, qui met le feu à la toiture et aux tours. L'évêque Aymar-Chrétien-François de Nicolaï et le chanoine Chaligny de Plaine font reconstruire l'édifice dans le style baroque et le style rocaille. Deux des quatre tours ne sont pas reconstruites, des stalles en bois sont posées et de grandes orgues sont montés. Un baldaquin semblable à celui de la basilique Saint-Pierre de Rome est installé au croisement du transept et du choeur oriental. De plus, les cryptes, le portail du Lion et les galeries vénitiennes sont comblés.

Epoque contemporaine

La cathédrale est classée aux monuments historiques le 30 octobre 1906 et le cloître le 13 juillet 1907.

Lors de la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement de la bataille de Verdun de 1916, la cathédrale est endommagée par des bombardements. Située en hauteur, elle est prise pour cible par l'artillerie allemande. Un mètre de gravats jonchent le sol à cause de l'effondrement de la toiture et de la destruction partielle des tours et du cloître. La cathédrale reste cependant un poste d'observation sur la vallée de la Meuse ainsi qu'un lieu où les poilus tenaient garnison.

Après la guerre, des travaux de restauration menés par Ventre et Delangle ont lieu de 1919 à 1935. Les parties détruites sont reconstruites et les éléments occultés au XVIIIe siècle sont mis en valeur. Le maître-verrier Jean-Jacques Grüber refait les vitraux et verrières. En évacuant les gravats, la crypte du XIIe siècle est redécouverte par les verdunois. Les deux restaurateurs décident de retrouver son aspect original. En 1935, le sculpteur Gaston Le Bourgeois réalise les chapiteaux des 13 piliers de la crypte. Les sculptures représentent des scènes de la vie religieuse de la ville et de la bataille de Verdun.

Le 10 novembre 1935, le maître-autel et la crypte sont à leur tour consacrés. Le 2 juillet 1946, la statue de Notre-Dame est couronnée par Mgr Angelo Roncalli, futur pape Jean XXIII. Le pape Pie XII élève la cathédrale à la dignité de basilique mineure par un bref apostolique du 8 septembre 1947, année du 9e centenaire de la dédicace de l'édifice.

Architecture

La cathédrale Notre-Dame de Verdun est la plus ancienne cathédrale de Lorraine, voire de France, et l'une des plus anciennes d'Europe. Construite au Xe siècle selon un plan roman-rhénan, styles architecturaux: roman, gothique, baroque et rocaille.

La cathédrale contient 43 objets inscrits ou classés aux monuments historiques, tels que des vêtements (chapes, étoles...), des objets liturgiques (calices, ciboires, ostensoirs, navettes....), des statues, des reliquaires ou l'orgue.

Extérieurs

Façades, clochers et portails

La cathédrale possède deux clochers. Elle est accolée à l'ancien palais épiscopal de la ville, accueillant aujourd'hui le centre mondial de la paix.

Le portail du Lion est construit au XIIe siècle par l'architecte Garin, au pied de la tour nord-est, aujourd'hui disparue. Il est muré après l'incendie de 1755, et est seulement redécouvert en 1916 grâce aux bombardements de l'artillerie allemande. Le nom est dû à la présence d'un lion en pierre devant le portail, transféré plus tard au musée de la Princerie. Le tympan figure le Christ en gloire entouré des quatre Evangélistes représentés sous la forme du tétramorphe: le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l'ange pour Matthieu et l'aigle pour Jean. Au-dessus du portail, il y a une grande miche en plein cintre à fond plat, puis une petite galerie dont la corniche, l'imposte et les colonnettes sont ornés de motifs végétaux. Le portail Saint Jean est construit au XIIe siècle par l'architecte Garnin, au pied de la tour sud-est, aujourd'hui disparue. Il tire son nom du fait qu'il permettait d'accéder au baptistère Saint-Jean. Il est enfermé au XIIIe siècle à cause de la construction de la salle du Sacraire. La fresque du tympan figurait la Présentation de Jésus au Temple et les voussures étaient ornés de têtes, de billettes et de motifs végétaux. Aujourd'hui, il n'y a plus que quelques traces de ce décor polychrome.


Clochers




Côté nord de la cathédrale


Clochers depuis l'ancien palais épiscopal



Tympan du portail du Lion

Cloître

Le cloître de style gothique flamboyant présente un développement total de 87 mètres.Ses trois galeries permettent d'accéder aux dépendances du chapitre. La claire-voie de la galerie orientale date du XIVe siècle tandis que le reste du cloître a été construit de 1509 à 1517. Le cloître est classé aux monuments historiques le 13 juillet 1907.

Le cloître abrite quatre statues du XIIe siècle. Elles représentent Adam et Eve, l'Annonciation, Caïn et Abel, et un évêque qui serait saint Saintin. A l'origine, elles ornaient les contreforts du chevet oriental de la cathédrale. Très détériorées, elles sont mises à l'abri, restaurées puis installées dans le cloître.


Vues du cloître

Vue extérieure



Vue extérieure



Galerie intérieure                       Galerie intérieure



Claire-voie



Statue de Saint Saintin                   Statue d'Adam et Eve



Intérieurs

Choeurs, nef et chapelles

La cathédrale mesure 94m dans le sens de la longueur. Elle est large de 12,4m au niveau de la nef et de 37m au niveau des transepts. La voûte est située à 18,5m de hauteur. La nef de huit travées à collatéraux compte neuf chapelles gothiques sur ses flancs. La nef est de style romane mais les voûtes sont de style gothique. Le choeur occidental ou vieux choeur est à chevet plat tandis que le choeur oriental ou choeur neuf possède une abside à sept pans.

La chapelle du Chapelet est construite de 1505 à 1515 par l'architecte Nicolas Masson dans un style gothique flamboyant. C'est l'une des dernières à être érigée, et elle est ornée de plusieurs sculptures. L'autel baroque est surmonté d'une Pietà réalisée par le sculpteur nancéien Joseph Jonkher vers 1774. La chapelle est clôturée par une grille en fer forgé du XIXe siècle, inspirée des grilles du choeur de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette grille a été classée au titre d'objet aux monuments historiques le 2 mai 1989.


Nef




Nef en direction du vieux choeur



Collatéral



Chapelle du Chapelet



Ancien retable



Mobilier

Le baldaquin installé au croisement du transept et du choeur oriental est une réplique réduite de celui de la basilique Saint-Pierre de Rome. Sculpté par le chanoine Chaligny de Prince en 1760, il est fait de marbre, de stuc, de bois doré et de ferronnerie. La balustrade du choeur est inspirée de celle du jardin du Luxembourg à Paris. L'ensemble doit capter le regard du spectateur sur un symbole de l'art baroque et faire oublier l'image médiévale de la cathédrale.


La chaire à prêcher date de 1760, remplaçant celle disparue dans l'incendie de 1755. Sculptée dans du bois de chêne, elle est l'oeuvre de Charpentier, un élève du sculpteur toulois Lacour. Les motifs de la rampe de l'escalier illustrent la parabole du semeur, le Sermon sur la montagne et la prophétie d'Isaïe sur l'ascension des peuples vers le ciel.


Les stalles du choeur oriental datent également de 1760 et sont l'oeuvre du sculpteur toulois Lacour. Situées dans une cathédrale, elles comptent le trône de l'évêque, au centre de l'hémicycle, avec les places des chanoines de part et d'autre. Les nombreux décors dont référence aux Saintes Ecritures. Les stalles sont mises à l'abri pendant la Première Guerre mondiale, puis sont restaurées.

La cathédrale abrite la châsse reliquaire de saint Saintin. Ce dernier a évangélisé la ville de Verdun au IVe siècle. Reparti à Meaux pour s'occuper de sa communauté religieuse, son corps est rapatrié en 1032 à l'abbaye Saint-Vanne de Verdun. A la Révolution de 1789, les reliques sont cachées dans le tombeau de Mgr de Nicolai. En 1804, Mgr d'Osmond, évêque de Nancy-Toul administrant le diocèse de Verdun, fait mettre ces reliques dans une châsse reliquaire.

Le reliquaire du Saint-Voile contient une relique prélevée sur le voile de la Vierge, trésor de la cathédrale Notre-Dame de Chartres.La relique est donné à Verdun le 20 octobre 1933 par Mgt Harsconet, évêque de Chartres. Le reliquaire est une sculpture de bronze, dorée au nitrate de mercure, réalisée en 1933 par le sculpteur Henri Bouchard et l'orfèvre Brunet. Il représente Notre-Dame de Verdun, portant dans sa main un tube de verre contenant la relique, et trônant sur la cathédrale telle qu'elle était avant l'incendie de 1755. 


Vues du mobilier

Baldaquin




Stalles 



Stalles



Chaire



Vitraux

Les vitraux et verrières de la cathédrale sont réalisés par le maître-verrier nancéen Jean-Jacques Grüber, pour remplacer ceux pulvérisés par les bombardements allemands de la Première Guerre mondiale. Un vitrail situé dans le transept occidental et réalisé de 1927 à 1934, illustre la consécration de la cathédrale par le pape Eugène III le 11 novembre 1147. 


Crypte

La crypte est construite au XIIe siècle par l'architecte Garin, à l'est à l'édifice. Elle est composée d'une crypte-halle centrale et deux cryptes annexes latérales servant d'accès. Elle est comblée après l'incendie de 1755, et est redécouverte après la Première Guerre mondiale grâce aux bombardements allemands. Elle est restaurée par les architectes. A Ventre et M. Delangle. En 1935, le sculpteur Gaston Le Bourgeois réalise les chapiteaux des 13 piliers de la crypte. Les sculptures représentent des scènes de la vie religieuse de la ville et de la bataille de Verdun de 1916. La statue de la Vierge est sculpté par Boucharden 1932. Les voûtes, les murs et les arcs-doubleaux de l'aile sud de la crypte sont peints de fresques du XVe siècle. Ces dernières mettent en scène des sujets religieux tels que l'Annonciation, la Présentation de Jésus au Temple, la Nativité, la Visitation de la Vierge Marie et le jour du Jugement dernier. La Résurrection est racontée en huit petits tableaux peints sur un arc-doubleau.

Orgue

L'orgue de tribune est construit à partir de 1762 par le facteur nancéien Nicolas Dupont, à la suite du grand incendie de 1755. Il est doté d'un buffet de style Louis XV avec un grand orgue à 6 tourelles mesurant 12m de large sur 10m de haut, et un positif à 4 tourelles de 3.5m de large sur 3m de haut. Il est installé en 1766 dans le croisillon sud et compte 44 jeux répartis sur 4 claviers de 61 notes et un pédalier. Il est sauvé de la Révolution de 1789 par l'organiste Spery. Il connait de légers remaniements de Jean-Baptiste Gavot en 1829 et Jean-Nicolas Jeanpierre en 1868.

En 1898, l'instrument est transformé en orgue romantique par l'entreprise Jacquot-Lavergne de Rambervillers (Vosges). Il ne compte plus que trois clavier mais est désormais doté de 54 jeux, d'une soufflerie électrique et d'un récit expressif entièrement neuf. L'orgue est inauguré le 25 mars 1898.

Pendant la Première Guerre mondiale, l'orgue est endommagé par un démontage précipité au printemps 1918: la mécanique est abîmée et les gros tuyaux sont aplatis pour des raisons logistiques. L'instrument est entreposée au carmel de Domrémy-la-Pucelle (Vosges). Rapatrié en 1919 dans la nef de la cathédrale, il est exposé aux éléments naturels qui finissent par le rendre inutilisable.

Le 28 juillet 1932, la maison Jacquot&Fils reçoit une commande d'un nouvel orgue conservant le buffet du XVIIIe siècle. L'instrument est doté 64 jeux répartis sur quatre claviers de 61 notes et un pédalier de 32 notes, et compte 4 800 tuyaux. Le montage et les travaux de restauration débutent en mars 1934 et l'instrument est réceptionné le 1er février 1935. Il est inauguré le 10 novembre 1935 par le compositeur Marcel Dupré et l'organiste titulaire Pierre Camonin.

L'orgue subit de nouveaux dommages lors de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, un programme de restauration est approuvé le 13 mai 1958. La maison Jacquot-Lavergne réalise les travaux pour un coût de 2 730 000F. Le nouvel instrument est de nouveau inauguré par Marcel Dupré le 11 novembre 1958.

Le buffet d'orgue est classé au titre d'objet aux monuments historiques le 28 mars 1980.

En 1976, une période de sécheresse rend l'orgue inutilisable. En 1986, des travaux sont confiés à la maison Gonzalez qui installe notamment une nouvelle console. L'instrument est inauguré le 19 mars 1987 par l'organiste Marie-Claire Alain. En 1999, un combinateur électronique est installé.


Composition du grand orgue



Grand Orgue
Positif expressif
Récit expressif
Bombarde
Pédale
Montre 16’
Principal 8’
Quintaton 16’
Stentor 16’
Acoustique 32’
Bourdon 16’
Bourdon 8’
Cor de nuit 8’
Stentor 8’
Flûte 16’
Montre 8’
Grosse Flûte 8’
Flûte traversière 8’
Stentor 4’
Bourdon 16’
Bourdon 8’
Diapason 8’
Gambe 8’
Quinte 2 2/3’
Quinté 10 2/3’
Flûte harmonique 8’
Salicional 8’
Voix céleste 8’
Cornet V
Flûte 8’
Prestant 4’
Unda Maris8’
Flûte 4’
Plein-Jeu VI
Bourdon 8’
Fugara 4’
Flûte 4’
Nazard bouché 2 2/3’
Bombarde 16’
Violon 8’
Quinte 2 2/3’
Quinte 2 2/3’
Octavin 2’
Trompette 8’
Quinte 5 1/3
Doublette 2’
Flageolet 2’
Tierce 1 3/5
Clairon 4’
Flûte 4’
Cornet V
Piccolo 1’
Plein-Jeu III

Bombarde 32’
Fourniture IV
Clarinette 16’
Bombarde 16’

Bombarde 16’
Basson 16’
Clarinette 8’
Trompette 8’

Trompette 8’
Trompette 8’
Cromorne 8’
Basson-Hautbois 8’

Clairon 4’
Clairon 4’
Voix humaine 8’
Clairon 4’



Cloches 

La cathédrale Notre-Dame de Verdun abrite dans ses deux tours pas moins de dix-neuf cloches, coulées entre 1756 et 1955. Seize de ces cloches, couvrant exactement deux octaves, peuvent sonner en volée et constitue à ce titre la deuxième sonnerie la plus étoffée de France, derrière celle de la cathédrale de Strasbourg (seize cloches couvrant deux octaves et demie, depuis 2014) et devant la sonnerie de la cathédrale d'Avignon (quinze cloches).


Les deux grands bourdons, sonnant en sol 2 et la 2, datent de 1756 et ont été coulés par le fondeur lorrain Pierre Guillemin. Ce sont les seules cloches de la cathédrale laissées en place à la Révolution française.

Entre 1874 et 1899, quatorze cloches supplémentaires sont coulées par la fonderie Farnier-Bulteaux de Mont-devant-Sassey. Elles sonnent en si 2, do 3, ré 3, mi 3, fa 3, sol 3, la 3, sib 3, si 3, do 4, ré 4, mi 4, fa 4 et sol 4. La cloche ré 4, endommagée en 1945, est refondue en 1955. La cloche do 3, fêlée depuis de nombreuses années, est réparée en 2010.