Nombre total de pages vues

mercredi 17 mai 2017

11-Cathédrale Notre-Dame de Verdun

Image illustrative de l'article Cathédrale Notre-Dame de VerdunVue de la cathédrale et de ses clochers depuis le cloître



Nom local: Notre-Dame



Culte: Catholique romain



Type: Cathédrale Basilique



Rattachement: Diocèse de Verdun (siège)



Début de la construction: Xe siècle


Fin des travaux: XVIIIe siècle

Style dominant: Roman, gothique

Protection: Logo monument historiqueClassée MH (1906, cathédrale)
                    Logo monument historiqueClassé MH (1907, cloître)


La cathédrale Notre-Dame de Verdun est une cathédrale catholique romaine située à Verdun, dans le département de la Meuse en région Grand Est. Siège épiscopal du diocèse de Verdun, elle est élevée à la dignité de basilique par le pape Pie XII en 1947.

La cathédrale, dédiée à la Vierge Marie, est construite à partir de 990 selon le plan roman-rhénan. Elle est donc la plus ancienne de Lorraine et l'une des plus anciennes d'Europe. Elle subit plusieurs ravages aux XI et XIIe siècles menant à la reconstruction de certaines parties et à l'ajout d'autres. Le 11 novembre 1147, le pape Eugène III consacre la cathédrale. Du XIVe au XVIe siècle, l'édifice est modifié selon le style gothique. Après un incendie en 1755 qui lui fait perdre deux de ses quatre clochers, la cathédrale est remaniée dans les styles baroque et rocaille. Gravement endommagée par des bombardements lors de la Première Guerre mondiale, elle est de nouveau restaurée.

La cathédrale est classée monument historique depuis le 30 octobre 1906, et le cloître depuis le 13 juillet 1907. Elle contient également de nombreux objets inscrits ou classés aux monuments historiques.

Histoire

Plan roman-rhénan de la cathédrale


Au début du IVe siècle, Verdun est évangélisé par saint Saintin qui fait construire sur le mont Saint-Vanne la première église dédiée à Saint-Pierre et saint-Paul. La ville devient le siège de l'évêché de Verdun et saint Saintin, son premier évêque. L'église sera remplacée au Xe siècle par l'abbaye Saint-Vanne de Verdun.


Au Ve siècle, après les invasions barbares, saint Pulchrone installe la cathédrale à l'abri dans le castrum romain, à son emplacement actuel. La cathédrale est dédiée à la Vierge Marie.

A la fin du Xe siècle,l'évêque Haymon décide de doter son diocèse d'une grande cathédrale. De 990 à 1024, il fait construire un nouvel édifice selon le plan roman-rhénan: une nef, deux transepts, deux absides opposées, chacune flanquée de deux tours-cloches. Les piliers sont carrés et la couverture est en charpente.

En 1047, un premier incendie ravage l'édifice religieux. Les évêques Richard Ier et Thierry doivent la restaurer: reconstruction des parties hautes de la nef et du transepts, et création du portail de l'Officialité, au nord-ouest du bâtiment.

Au XIIe siècle, après que la cathédrale ait été endommagée par Renaud Ier, comte de Bar, l'évêque Albéron de Chiny ordonne de nouveaux travaux. De 1136 à 1160, l'architecte Garin construit le choeur oriental qui se termine par une abside à sept pans munie de contreforts. Il construit également les deux portails Saint Jean et du Lion, un cloître, ainsi qu'une crypte-halle et deux cryptes annexes latérales servant d'accès.

Le 11 novembre 1147, le pape Eugène III, réfugié en France depuis le 9 mars 1147, consacre la cathédrale de Verdun, en présence de 18 cardinaux. Un vitrail du maître-verrier Jean-Jacques Grüber situé dans le transept occidental représente cet évènement.

Au XIVe siècle, la cathédrale est modifiée par l'architecte Pierre Perrat selon le style gothique. Il ajoute des voûtes à la nef et au côtés, édifie des chapelles latérales, rehausse l'abside orientale, ouvre de grandes fenêtres, coiffe les tours de flèches, et embellit des vitraux et des fresques. Du XVe au XVIe siècle, plusieurs chapelles sont édifiées et le cloître est reconstruit dans le style gothique flamboyant.


Temps modernes

Le 2 avril 1755, la cathédrale est gravement endommagée par la foudre, qui met le feu à la toiture et aux tours. L'évêque Aymar-Chrétien-François de Nicolaï et le chanoine Chaligny de Plaine font reconstruire l'édifice dans le style baroque et le style rocaille. Deux des quatre tours ne sont pas reconstruites, des stalles en bois sont posées et de grandes orgues sont montés. Un baldaquin semblable à celui de la basilique Saint-Pierre de Rome est installé au croisement du transept et du choeur oriental. De plus, les cryptes, le portail du Lion et les galeries vénitiennes sont comblés.

Epoque contemporaine

La cathédrale est classée aux monuments historiques le 30 octobre 1906 et le cloître le 13 juillet 1907.

Lors de la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement de la bataille de Verdun de 1916, la cathédrale est endommagée par des bombardements. Située en hauteur, elle est prise pour cible par l'artillerie allemande. Un mètre de gravats jonchent le sol à cause de l'effondrement de la toiture et de la destruction partielle des tours et du cloître. La cathédrale reste cependant un poste d'observation sur la vallée de la Meuse ainsi qu'un lieu où les poilus tenaient garnison.

Après la guerre, des travaux de restauration menés par Ventre et Delangle ont lieu de 1919 à 1935. Les parties détruites sont reconstruites et les éléments occultés au XVIIIe siècle sont mis en valeur. Le maître-verrier Jean-Jacques Grüber refait les vitraux et verrières. En évacuant les gravats, la crypte du XIIe siècle est redécouverte par les verdunois. Les deux restaurateurs décident de retrouver son aspect original. En 1935, le sculpteur Gaston Le Bourgeois réalise les chapiteaux des 13 piliers de la crypte. Les sculptures représentent des scènes de la vie religieuse de la ville et de la bataille de Verdun.

Le 10 novembre 1935, le maître-autel et la crypte sont à leur tour consacrés. Le 2 juillet 1946, la statue de Notre-Dame est couronnée par Mgr Angelo Roncalli, futur pape Jean XXIII. Le pape Pie XII élève la cathédrale à la dignité de basilique mineure par un bref apostolique du 8 septembre 1947, année du 9e centenaire de la dédicace de l'édifice.

Architecture

La cathédrale Notre-Dame de Verdun est la plus ancienne cathédrale de Lorraine, voire de France, et l'une des plus anciennes d'Europe. Construite au Xe siècle selon un plan roman-rhénan, styles architecturaux: roman, gothique, baroque et rocaille.

La cathédrale contient 43 objets inscrits ou classés aux monuments historiques, tels que des vêtements (chapes, étoles...), des objets liturgiques (calices, ciboires, ostensoirs, navettes....), des statues, des reliquaires ou l'orgue.

Extérieurs

Façades, clochers et portails

La cathédrale possède deux clochers. Elle est accolée à l'ancien palais épiscopal de la ville, accueillant aujourd'hui le centre mondial de la paix.

Le portail du Lion est construit au XIIe siècle par l'architecte Garin, au pied de la tour nord-est, aujourd'hui disparue. Il est muré après l'incendie de 1755, et est seulement redécouvert en 1916 grâce aux bombardements de l'artillerie allemande. Le nom est dû à la présence d'un lion en pierre devant le portail, transféré plus tard au musée de la Princerie. Le tympan figure le Christ en gloire entouré des quatre Evangélistes représentés sous la forme du tétramorphe: le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l'ange pour Matthieu et l'aigle pour Jean. Au-dessus du portail, il y a une grande miche en plein cintre à fond plat, puis une petite galerie dont la corniche, l'imposte et les colonnettes sont ornés de motifs végétaux. Le portail Saint Jean est construit au XIIe siècle par l'architecte Garnin, au pied de la tour sud-est, aujourd'hui disparue. Il tire son nom du fait qu'il permettait d'accéder au baptistère Saint-Jean. Il est enfermé au XIIIe siècle à cause de la construction de la salle du Sacraire. La fresque du tympan figurait la Présentation de Jésus au Temple et les voussures étaient ornés de têtes, de billettes et de motifs végétaux. Aujourd'hui, il n'y a plus que quelques traces de ce décor polychrome.


Clochers




Côté nord de la cathédrale


Clochers depuis l'ancien palais épiscopal



Tympan du portail du Lion

Cloître

Le cloître de style gothique flamboyant présente un développement total de 87 mètres.Ses trois galeries permettent d'accéder aux dépendances du chapitre. La claire-voie de la galerie orientale date du XIVe siècle tandis que le reste du cloître a été construit de 1509 à 1517. Le cloître est classé aux monuments historiques le 13 juillet 1907.

Le cloître abrite quatre statues du XIIe siècle. Elles représentent Adam et Eve, l'Annonciation, Caïn et Abel, et un évêque qui serait saint Saintin. A l'origine, elles ornaient les contreforts du chevet oriental de la cathédrale. Très détériorées, elles sont mises à l'abri, restaurées puis installées dans le cloître.


Vues du cloître

Vue extérieure



Vue extérieure



Galerie intérieure                       Galerie intérieure



Claire-voie



Statue de Saint Saintin                   Statue d'Adam et Eve



Intérieurs

Choeurs, nef et chapelles

La cathédrale mesure 94m dans le sens de la longueur. Elle est large de 12,4m au niveau de la nef et de 37m au niveau des transepts. La voûte est située à 18,5m de hauteur. La nef de huit travées à collatéraux compte neuf chapelles gothiques sur ses flancs. La nef est de style romane mais les voûtes sont de style gothique. Le choeur occidental ou vieux choeur est à chevet plat tandis que le choeur oriental ou choeur neuf possède une abside à sept pans.

La chapelle du Chapelet est construite de 1505 à 1515 par l'architecte Nicolas Masson dans un style gothique flamboyant. C'est l'une des dernières à être érigée, et elle est ornée de plusieurs sculptures. L'autel baroque est surmonté d'une Pietà réalisée par le sculpteur nancéien Joseph Jonkher vers 1774. La chapelle est clôturée par une grille en fer forgé du XIXe siècle, inspirée des grilles du choeur de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette grille a été classée au titre d'objet aux monuments historiques le 2 mai 1989.


Nef




Nef en direction du vieux choeur



Collatéral



Chapelle du Chapelet



Ancien retable



Mobilier

Le baldaquin installé au croisement du transept et du choeur oriental est une réplique réduite de celui de la basilique Saint-Pierre de Rome. Sculpté par le chanoine Chaligny de Prince en 1760, il est fait de marbre, de stuc, de bois doré et de ferronnerie. La balustrade du choeur est inspirée de celle du jardin du Luxembourg à Paris. L'ensemble doit capter le regard du spectateur sur un symbole de l'art baroque et faire oublier l'image médiévale de la cathédrale.


La chaire à prêcher date de 1760, remplaçant celle disparue dans l'incendie de 1755. Sculptée dans du bois de chêne, elle est l'oeuvre de Charpentier, un élève du sculpteur toulois Lacour. Les motifs de la rampe de l'escalier illustrent la parabole du semeur, le Sermon sur la montagne et la prophétie d'Isaïe sur l'ascension des peuples vers le ciel.


Les stalles du choeur oriental datent également de 1760 et sont l'oeuvre du sculpteur toulois Lacour. Situées dans une cathédrale, elles comptent le trône de l'évêque, au centre de l'hémicycle, avec les places des chanoines de part et d'autre. Les nombreux décors dont référence aux Saintes Ecritures. Les stalles sont mises à l'abri pendant la Première Guerre mondiale, puis sont restaurées.

La cathédrale abrite la châsse reliquaire de saint Saintin. Ce dernier a évangélisé la ville de Verdun au IVe siècle. Reparti à Meaux pour s'occuper de sa communauté religieuse, son corps est rapatrié en 1032 à l'abbaye Saint-Vanne de Verdun. A la Révolution de 1789, les reliques sont cachées dans le tombeau de Mgr de Nicolai. En 1804, Mgr d'Osmond, évêque de Nancy-Toul administrant le diocèse de Verdun, fait mettre ces reliques dans une châsse reliquaire.

Le reliquaire du Saint-Voile contient une relique prélevée sur le voile de la Vierge, trésor de la cathédrale Notre-Dame de Chartres.La relique est donné à Verdun le 20 octobre 1933 par Mgt Harsconet, évêque de Chartres. Le reliquaire est une sculpture de bronze, dorée au nitrate de mercure, réalisée en 1933 par le sculpteur Henri Bouchard et l'orfèvre Brunet. Il représente Notre-Dame de Verdun, portant dans sa main un tube de verre contenant la relique, et trônant sur la cathédrale telle qu'elle était avant l'incendie de 1755. 


Vues du mobilier

Baldaquin




Stalles 



Stalles



Chaire



Vitraux

Les vitraux et verrières de la cathédrale sont réalisés par le maître-verrier nancéen Jean-Jacques Grüber, pour remplacer ceux pulvérisés par les bombardements allemands de la Première Guerre mondiale. Un vitrail situé dans le transept occidental et réalisé de 1927 à 1934, illustre la consécration de la cathédrale par le pape Eugène III le 11 novembre 1147. 


Crypte

La crypte est construite au XIIe siècle par l'architecte Garin, à l'est à l'édifice. Elle est composée d'une crypte-halle centrale et deux cryptes annexes latérales servant d'accès. Elle est comblée après l'incendie de 1755, et est redécouverte après la Première Guerre mondiale grâce aux bombardements allemands. Elle est restaurée par les architectes. A Ventre et M. Delangle. En 1935, le sculpteur Gaston Le Bourgeois réalise les chapiteaux des 13 piliers de la crypte. Les sculptures représentent des scènes de la vie religieuse de la ville et de la bataille de Verdun de 1916. La statue de la Vierge est sculpté par Boucharden 1932. Les voûtes, les murs et les arcs-doubleaux de l'aile sud de la crypte sont peints de fresques du XVe siècle. Ces dernières mettent en scène des sujets religieux tels que l'Annonciation, la Présentation de Jésus au Temple, la Nativité, la Visitation de la Vierge Marie et le jour du Jugement dernier. La Résurrection est racontée en huit petits tableaux peints sur un arc-doubleau.

Orgue

L'orgue de tribune est construit à partir de 1762 par le facteur nancéien Nicolas Dupont, à la suite du grand incendie de 1755. Il est doté d'un buffet de style Louis XV avec un grand orgue à 6 tourelles mesurant 12m de large sur 10m de haut, et un positif à 4 tourelles de 3.5m de large sur 3m de haut. Il est installé en 1766 dans le croisillon sud et compte 44 jeux répartis sur 4 claviers de 61 notes et un pédalier. Il est sauvé de la Révolution de 1789 par l'organiste Spery. Il connait de légers remaniements de Jean-Baptiste Gavot en 1829 et Jean-Nicolas Jeanpierre en 1868.

En 1898, l'instrument est transformé en orgue romantique par l'entreprise Jacquot-Lavergne de Rambervillers (Vosges). Il ne compte plus que trois clavier mais est désormais doté de 54 jeux, d'une soufflerie électrique et d'un récit expressif entièrement neuf. L'orgue est inauguré le 25 mars 1898.

Pendant la Première Guerre mondiale, l'orgue est endommagé par un démontage précipité au printemps 1918: la mécanique est abîmée et les gros tuyaux sont aplatis pour des raisons logistiques. L'instrument est entreposée au carmel de Domrémy-la-Pucelle (Vosges). Rapatrié en 1919 dans la nef de la cathédrale, il est exposé aux éléments naturels qui finissent par le rendre inutilisable.

Le 28 juillet 1932, la maison Jacquot&Fils reçoit une commande d'un nouvel orgue conservant le buffet du XVIIIe siècle. L'instrument est doté 64 jeux répartis sur quatre claviers de 61 notes et un pédalier de 32 notes, et compte 4 800 tuyaux. Le montage et les travaux de restauration débutent en mars 1934 et l'instrument est réceptionné le 1er février 1935. Il est inauguré le 10 novembre 1935 par le compositeur Marcel Dupré et l'organiste titulaire Pierre Camonin.

L'orgue subit de nouveaux dommages lors de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, un programme de restauration est approuvé le 13 mai 1958. La maison Jacquot-Lavergne réalise les travaux pour un coût de 2 730 000F. Le nouvel instrument est de nouveau inauguré par Marcel Dupré le 11 novembre 1958.

Le buffet d'orgue est classé au titre d'objet aux monuments historiques le 28 mars 1980.

En 1976, une période de sécheresse rend l'orgue inutilisable. En 1986, des travaux sont confiés à la maison Gonzalez qui installe notamment une nouvelle console. L'instrument est inauguré le 19 mars 1987 par l'organiste Marie-Claire Alain. En 1999, un combinateur électronique est installé.


Composition du grand orgue



Grand Orgue
Positif expressif
Récit expressif
Bombarde
Pédale
Montre 16’
Principal 8’
Quintaton 16’
Stentor 16’
Acoustique 32’
Bourdon 16’
Bourdon 8’
Cor de nuit 8’
Stentor 8’
Flûte 16’
Montre 8’
Grosse Flûte 8’
Flûte traversière 8’
Stentor 4’
Bourdon 16’
Bourdon 8’
Diapason 8’
Gambe 8’
Quinte 2 2/3’
Quinté 10 2/3’
Flûte harmonique 8’
Salicional 8’
Voix céleste 8’
Cornet V
Flûte 8’
Prestant 4’
Unda Maris8’
Flûte 4’
Plein-Jeu VI
Bourdon 8’
Fugara 4’
Flûte 4’
Nazard bouché 2 2/3’
Bombarde 16’
Violon 8’
Quinte 2 2/3’
Quinte 2 2/3’
Octavin 2’
Trompette 8’
Quinte 5 1/3
Doublette 2’
Flageolet 2’
Tierce 1 3/5
Clairon 4’
Flûte 4’
Cornet V
Piccolo 1’
Plein-Jeu III

Bombarde 32’
Fourniture IV
Clarinette 16’
Bombarde 16’

Bombarde 16’
Basson 16’
Clarinette 8’
Trompette 8’

Trompette 8’
Trompette 8’
Cromorne 8’
Basson-Hautbois 8’

Clairon 4’
Clairon 4’
Voix humaine 8’
Clairon 4’



Cloches 

La cathédrale Notre-Dame de Verdun abrite dans ses deux tours pas moins de dix-neuf cloches, coulées entre 1756 et 1955. Seize de ces cloches, couvrant exactement deux octaves, peuvent sonner en volée et constitue à ce titre la deuxième sonnerie la plus étoffée de France, derrière celle de la cathédrale de Strasbourg (seize cloches couvrant deux octaves et demie, depuis 2014) et devant la sonnerie de la cathédrale d'Avignon (quinze cloches).


Les deux grands bourdons, sonnant en sol 2 et la 2, datent de 1756 et ont été coulés par le fondeur lorrain Pierre Guillemin. Ce sont les seules cloches de la cathédrale laissées en place à la Révolution française.

Entre 1874 et 1899, quatorze cloches supplémentaires sont coulées par la fonderie Farnier-Bulteaux de Mont-devant-Sassey. Elles sonnent en si 2, do 3, ré 3, mi 3, fa 3, sol 3, la 3, sib 3, si 3, do 4, ré 4, mi 4, fa 4 et sol 4. La cloche ré 4, endommagée en 1945, est refondue en 1955. La cloche do 3, fêlée depuis de nombreuses années, est réparée en 2010.

lundi 15 mai 2017

10-Eglise Saint-Etienne de Bar-le-Duc

Façade d'une église éclairée par le soleil.Façade de l'église Saint-Etienne


Présentation

Culte: Catholique romain

Type: Eglise

Rattachement: Diocèse de Verdun

Début de la construction: 1315

Fin des travaux: 1520

Autres campagnes de travaux: 1589-1630: Clocher

Style dominant: Gothique flamboyant

Protection: Logo monument historiqueClassée MH (1889)


L'église Saint-Etienne est une église située à Bar-le-Duc dans le département de la Meuse en région Lorraine.

La collégiale Saint-Pierre est construite de 1315 à 1630 dans un style gothique flamboyant avec quelques éléments caractéristiques de la Renaissance. A la fin du XVIIIe siècle, elle fusionne avec l'autre collégiale de la ville, Saint-Maxe du château des ducs de Bar, détruite. Après la Révolution, la collégiale devient l'église Saint-Etienne.

L'église abrite deux oeuvres majeures du sculpteur lorrain Ligier Richier: le Transi de René de Chalon et le Christ en croix entre les deux larrons. Elle contient également une statue de Notre-Dame du Guet, protectrice de la cité, et un tableau de la Crucifixion avec le château des ducs de Bar à l'arrière-plan.

Elle est classée au titre des monuments historiques en 1889.


Situation géographique

L'église Saint-Etienne se trouve au nord de la place Saint-Pierre, dans le quartier Renaissance de la Ville Haute à Bar-le-Duc.

Histoire

La collégiale Saint-Pierre

Eglise de nuit


En 1315, le comte de Bar Edouard Ier décide de fonder la collégiale Saint-Pierre en Ville Haute, à la place d'une ancienne chapelle du XIIIe siècle dédiée au même saint. Le projet reçoit l'approbation en 1318 de l'évêque de Toul Jean d'Arzillières qui place la collégiale sous le patronage collectif de la Vierge des apôtres Pierre et Paul, et de saint Etienne. La collégiale doit avoir un princier, un doyen, un prévôt et seize chanoines.

Les travaux avancent rapidement et à la fin du XIVe siècle l'édifice est presque achevé. Mais les conflits de la guerre de Cent Ans commencent à se faire ressentir dans la région, notamment à partir de 1420, avec pour conséquences le ralentissement des travaux et la détérioration de l'église. Finalement, en 1438, l'édifice est quasiment ruiné. Les chanoines demandent son aide au pape qui leur accorde des indulgences. Grâce à la volonté des chanoines, du duc de Bar René Ier d'Anjou, et des hauts fonctionnaires du Barrois, les travaux reprennent.

Vers 1470, la partie orientale de l'église est presque achevée mais les travaux connaissent un nouvel arrêt entre 1480 et 1484 pendant l'occupation du comté par le Roi de France Louis XI. Sous le règne du jeune René II, duc de Lorraine et de Bar, l'église se voit dotée de sa voûte, comme l'atteste plusieurs clés de voûte gravées de ses armes. La façade et les deux travées occidentales sont construites au début du XVIe siècle, jusqu'en 1537, par Louis Guyot, doyen du chapitre de la collégiale de 1513 à 1520. Le clocher de l'église est édifié plus tard, entre 1589 et 1630.

La fusion des collégiales

En 1782, l'autre collégiale de la ville, Saint-Maxe du château des ducs de Bar, devient une église paroissiale. Après la destruction de cette dernière à la fin du siècle, les deux chapitres fusionnent et prennent le nom de "Noble royale collégiale, Sainte-Chapelle, principale église et paroisse du Roy". Le trésor, les reliques et les dépouilles des souverains du Barrois sont transférés.

L'église Saint-Etienne

A la Révolution, l'édifice est très endommagé par des saccages et des pillages: les statues de façade et les vitraux sont brisés, les armoiries et blasons sont effacés, et une partie du mobilier est détruit. La collégiale est fermée en 1790 puis rouverte l'année suivante sous le nom d'église Saint-Etienne. Entre 1793 et 1795, l'église n'est plus un lieu de culte et sert même, en 1794, d'abri pour un convoi de prisonniers. Devant l'état de dégradation de l'édifice, des travaux de restauration sont entrepris au XIXe siècle mais ils modifient en partie l'aspect de l'église. En 1809, le trumeau du portail occidental est supprimé. En 1854, certains élément, vus comme jurant avec le reste de l'édifice, sont démolis, comme une chapelle adossée au bras sud du transept.

En 1889, l'église est classée aux monuments historiques.


Architecture

L'église est longue de 43 mètres, large de 20 m et haute de 12m3


Nef de l'église

Extérieure

La façade est de style gothique flamboyant avec cependant des éléments caractéristiques de la Renaissance, comme la galerie qui rompt la verticalité de l'édifice ou l'arc en anse de panier du portail. Cet arc est orné de médaillons représentant, à la façon antique, les commanditaires de l'ouvrage et le doyen Louis Guyot. Le tympan, évidé à la mode champenoise, figure la scène du jugement dernier avec l'archange saint Michel, debout sur des crânes pèse les âmes pour envoyer ou non au Paradis, représenté par un putto nu tenant une corne d'abondance. Des éléments du Moyen Âge sont également visibles: les arcatures qui abritaient des statues aujourd'hui disparues, et les grilles cachées dans les pampres, les feuilles de choux frisés et les glands de la voussure.

Intérieure

L'église est une église à un plan basilical, c'est-à-dire sans véritable transept. elle est composée d'un transept légèrement prononcé et d'un choeur peu profond. La nef et ses collatéraux sont de même hauteur ce qui fait de l'édifice une église-halle, et lui confère une grande clarté. C'est d'ailleurs à l'époque l'une des premières du diocèse de Toul.

Le choeur est à cinq pans, et le travail de la pierre est mis en valeur. Au nord du choeur, se trouve la chapelle Sainte-Marguerite, fondée vers 1503 par le doyen du chapitre, François Brulé.

Le bas-côté sud de la nef est percé de plusieurs chapelles fondées par des familles aisées. La chapelle de Stainville, du XVIe siècle, probablement construite à partir de 1524, est délimitée par une clôture de pierre sculptée mélangeant les motifs flamboyants et renaissants. La chapelle des fonts baptismaux, fondée par la famille Baudinais au XVIe siècle, présente un fronton ajouré aux motifs de la Renaissance. Une grille en fer forgé à double battant y est ajoutée au début du XVIIe siècle.

Vitraux

L'église compte plusieurs vitraux répertoriés à l'inventaire général du patrimoine culturel. Un vitrail du XIXe siècle représente le miracle de Notre-Dame du Guet. Dans la chapelle des fonds baptismaux, le vitrail est composé en partie des fragments d'une verrière du XVIe siècle représentant un ange portant une couronne d'épines, saint Maxe, patron de la collégiale du château des ducs de Bar, et saint Christophe.

Les trois vitraux du choeur sont exécutés par le peintre-verrier Höner Victor au XIXe siècle. Celui du milieu représente la Lapidation de saint Etienne, et les deux vitraux sur ses côtés, dédoublés, figurent saint Antoine abbé, saint Vincent de Paul, saint Pierre et saint Paul.

Dans le transept sud, La Procession des reliques de saint Maxe est un vitrail exécuté en 1880 par Charles-François Champigneulle, peintre-verrier à Bar-le-Duc. Il représente la translation en 1839 par l'abbé Claude Rollet des reliques de saint Maxe sauvées lors de la Révolution avec en arrière-plan l'église elle-même. Le vitrail est réalisé selon une technique de la fin du XIXe siècle des ateliers de Metz: le vitrail photographique. Champigneulle a créé deux autres vitraux pour l'église: L'Annonciation et La Mort de saint Joseph.

Mobilier

L'église Saint-Etienne compte 52 objets répertoriés aux monuments historiques.

Sculptures

Ligier Richier

Transi de René de Chalon de Ligier Richier


L'église abrite deux oeuvres du sculpteur lorrain Ligier Richier: le Transi de René de Chalon et le Christ en croix entre les deux larrons.

Le Transi de René de Chalon, également appelé le Squelette, est une statue funéraire en pierre calcaire de Sorcy réalisée au XVIe siècle. Oeuvre majeure de Liger Richier et de la Renaissance en France, cette sculpture est installée en 1545 dans la collégiale Saint-Maxe du château des ducs de Bar sur le tombeau de René de Chalon, prince d'Orange, tué lors du siège de Saint-Dizier un an plus tôt. En 1790, à la suite de la destruction de la collégiale sous la Révolution, le transi est déménagé dans l'église Saint-Etienne. Représentant un squelette debout, tendant son coeur à pleine main vers le ciel, cette oeuvre est issue d'une série de transis apparue dans la seconde moitié du XIVe siècle. Le 18 juin 1898, la statue est classée au titre d'objet aux monuments historiques. Elle est restaurée de 1998 à 2003. La statue se situe dans le croisillon sud du transept, au-dessus d'un caveau contenant les restes des ducs de Bar.

Le Christ en croix entre les deux larrons est un ensemble de trois statues en bois polychrome réalisé vers 1531. Ces sculptures, hautes de 3,42m pour le Christ et de 2,10m pour les larrons, ont probablement fait partie d'un ensemble plus important comparable au calvaire de l'église Saint-Gengoult de Briey (Meurthe-et-Moselle). Même si l'oeuvre n'est pas formellement attribuée à Ligier Richier, la qualité plastique de l'oeuvre, le modèle à l'italienne, la tête du Christ semblable à celle de Saint-Jérôme conservée au musée du Louvre, et le rendu anatomique, laissent peu de doutes sur son auteur. Le 18 juin 1898, l'ensemble est classé au titre d'objet aux monuments historiques.

Notre-Dame du Guet

Notre-Dame du Guet 



Notre-Dame du Guet est une statue en pierre calcaire d'une Vierge à l'Enfant datant du XIVe siècle. Du Moyen Âge à 1670, elle se trouvait sur la Porte-aux-Bois, située dans le rempart sud-ouest de la Ville Haute. Selon la tradition, cette statue aurait sauvé la cité ducale d'être assaillie par les soldats d'Antoine de Vaudémont en 1440. Alors que ces derniers arrivaient silencieusement au niveau de la porte, la Vierge aurait crié"Au guet! Au guet! La ville est prise!" Un soldat furieux lui jeta alors une pierre en disant "Prends garde à toi!". La Vierge rattrapa la pierre, la donna à son enfant, et le soldat tomba raide mort. Les autres assaillants s'enfuirent en criant "Dieu vous garde....". Après le démantèlement des remparts en 1670, la statue est conservée dans une chapelle et se voit brisée le 20 juillet 1794. Les morceaux sont recueillies et servent à reconstituer la statue actuelle, transférée dans l'église Saint-Etienne en 1806. Le 20 avril 1913, la statue est classée au titre d'objet aux monuments historiques.

En septembre 1914, pendant la Première Guerre mondiale, alors que les allemands se dirigent vers la ville, les habitants prient Notre Dame du Guet pour leur salut et l'offensive est stoppée. En conséquence, le 15 juin 1919, il est décidé du couronnement de la Vierge sous l'impulsion de Mgr Ginisty. Les habitants donnent bijoux et pierres précieuses pour la confection de des couronnes de la Mère et de l'Enfant par le maître-orfèvre Biais, de Paris. Les couronnes sont faites d'or et d'argent, ornées de 197 perles, 66 éclats de diamants, 16 brillants, 13 rubis, 27 turquoises, 10 améthystes, des lapis-lazuli et des citrines. La cérémonie de couronnement a lieu le 4 juillet 1920, faisant de la statue l'une des quatre Vierges couronnées du diocèse de Verdun. Le 20 novembre 1992, les couronnes sont inscrites aux monuments historiques et sont aujourd'hui conservées au Musée Barrois.

La fête de Notre-Dame du Guet a lieu chaque année en l'église Saint-Etienne le dimanche qui suit la Présentation de Marie au Temple (le 21 novembre).

Autres sculptures

L'église abrite deux statues en pierre calcaire réalisées par le sculpteur barisien Jean Crocq entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle. Situées dans la chapelle de Satinville de l'église, elles sont hautes d'environ 1.20m. Une des deux représente Saint Roch, un patron particulièrement vénéré pendant les épidémies de peste de la fin du XVe siècle, en costume de pèlerin montrant un bubon de peste sur sa cuisse. L'autre statue représente Saint Adrien, également invoqué lors de la peste, en armure portant son enclume avec à ses pieds le lion des Flandres. Le style de Jean Crocq se caractérise par des personnages massifs aux visages énergiques avec des lèvres ourlées et des cheveux très ondulés. Le 20 avril 1913, les deux statues sont classées au titre d'objet aux monuments historiques.

Dans la chapelle des fonts baptismaux se trouvent un groupe sculpté de trois statues en pierre calcaire datant du XVIe siècle. L'une représente Saint Etienne tenant les pierres de sa lapidation dans sa tunique, et la deuxième figure Saint Jean. Cette dernière est à rapprocher de la Madeleine de Génicourt-sur-Meuse, par son traitement complexe et varié des drapés, la finesse du visage et la dynamique et l'élégance générale. La troisième statue, L'Education de la Vierge, représente Sainte Anne enseignant à sa fille Marie. Le 3 septembre 1971, le groupe sculpté est classé au titre d'objet aux monuments historiques.

L'Epitaphe de François Brulé est un bas-relief datant de 1513 représentant François d'Assise entouré de Saint Pierre et Saint Maxe, et portant tous les trois un phylactère. François Brulé était le doyen de la collégiale Saint-Pierre et appartenait également au chapitre de la collégiale Saint-Maxe du château des ducs de Bar. L'épitaphe dit: "Le noble est discret personnage, messire François Brulé, doyen de Saint-Pierre, décédé le 18 juillet 1513, a été enterré devant l'autel de la chapelle qu'il avait édifiée et enrichie de fondations pieuses". En 1889, le bas-relief est classée au titre d'immeuble aux monuments historiques, en même temps que l'église elle-même.

Tableaux

La Crucifixion (XVIIe siècle)


La Crucifixion est un tableau du début du XVIIe siècle représentant le crucifiement de Jésus de Nazareth. L'artiste, inconnu, a cependant remplacé la ville de Jérusalem à l'arrière-plan par celle de Bar-le-Duc, faisant ainsi apparaître le château des ducs de Bar avant son démantèlement en 1670. Le 17 juin 1901, le tableau est classé au titre d'objet aux monuments historiques.

La Mise au tombeau est une peinture murale du XVIIe siècle représentant la scène biblique homonyme. Y sont représentés la Vierge soutenue par saint Jean, sainte Marie-Madeleine, Joseph d'Arimathie, Nicodème, et les saintes femmes portant les aromates, entourant le corps du Christ dans le tombeau. En arrière-plan, il y a Jérusalem et le Mont du Calvaire avec les trois croix.  En 1889, la fresque est classé au titre d'immeuble aux monuments historiques, en même temps que l'église elle-même.

Orgue

Orgue de tribune

La présence d'un orgue de tribune dans l'église date du XVIIe siècle. De 1770 à 1771, Nicolas Dupont construit un nouvel instrument qui est fortement endommagé vingt-trois ans plus tard, pendant la Terreur, et seul subsiste le buffet positif. De 1809 à 1828, le facteur lorrain Jean-François Vautrin, disciple de Dupont, et Antoine François Brice Didelot, son apprenti, construisent un nouvel orgue, l'actuel, en réutilisant en partie l'ancien instrument. En 1892, Alexandre et Henri Jacquet séparent la console du reste de l'instrument.

Le buffet d'orgue, en chêne et tilleul, est constitué d'un grand corps à 5 tourelles et d'un positif à 3 tourelles. La tourelle, indépendante et tournée vers le choeur, comporte deux claviers manuels (Grand Orgue et Récit) et un pédalier droit. L'orgue est classé au titre d'objet aux monuments historiques le 3 septembre 1971 pour le buffet et le 25 septembre 2000 pour la partie instrumentale.

samedi 13 mai 2017

9-Basilique Saint-Maurice d'Epinal

La basilique vue du parc du château d'Épinal.La basilique vue du parc du château d'Epinal

Présentation

Culte: Catholique romain

Type: Basilique

Rattachement: Diocèse de Saint-Dié

Début de la construction: XIe 

Fin des travaux: XIIIe

Style dominant: Architecture romane&gothique

Protection: Logo monument historiqueClassé MH (1846)


La basilique Saint-Maurice d'Epinal est un édifice religieux construit, pour son état actuel, entre les XIe siècles et XIIIe siècle, elle dépend du Diocèse de Saint-Dié.


Histoire de l'édifice

Plan de la basilique lors de sa consécration en 1050 par le pape Léon IX (reconstitution)


Au Moyen Âge, les terres dépendaient du seigneur de Metz, pour le religieux, elles dépendaient du diocèse de Toul, paroisse de Dogneville. Elle se situe vraisemblablement sur l'emplacement de la première église de la ville, édifice au Xe siècle par l'évêque Gérard de Toul sur la demande de Thierry de Hamelant, évêque de Metz, la paroisse est formée de cinq manses prélevées à la paroisse de Dogneville: Spinal, Grennevo, Avrinsart, Villers et Rualménil. Thierry de Hamelant, fondant le monastère, l'église accueillait à la fois la population de la ville et les moines bénédictins, était initialement dédiée à Saint Maurice. Pour parfaire la fondation, les deux évêques se déplacent, Thierry de Hamelant apportant les reliques de Saint Goëry, un miracle aurait eu lieu en cette occasion relatée par Widric. Au sud de la nef, se trouvait le cloître. Au sud du choeur y était associé le premier cimetière spinalien, sur l'actuelle place de l'Âtre, comme le rappelle un crucifix appliqué sur le mur du bras sud du transept. L'évêque suivant, Adalbéron II, trouvant le monastère déserté, décida d'y installer des moniales bénédictines sous le patronage de Saint Goëry, un de ses prédécesseurs sur la cathèdre messine.

Dans le milieu du XIe siècle, une nouvelle église romane, fut reconstruite, et consacrée par le pape lorrain Saint Léon IX. On suppose qu'elle avait un aspect comparable à aujourd'hui. Les murs de la nef sont toujours ceux du XIe siècle auxquels des bas-côtés ont été ajoutés au XIIIe siècle. Les traces des ouvertures originelles sont bien visibles à l'extérieur, sur le mur sud.

C'est vraisemblablement au cours du XIIIe siècle que les moniales sont remplacées par un chapitre de chanoinesses qui subsistera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. De nouveau consacrée à Saint-Maurice, la collégiale servit aussi d'église paroissiale pour les habitants d'Epinal, un autel ayant été placé à cet effet à l'extrémité est de la nef.

Des travaux eurent lieu du XIIIe au XIVe siècle. Dès le XIIIe siècle, le choeur est reconstruit, un nouveau portail ouvrant sur la ville est bâti dans le mur nord de la nef et cette dernière est couverte de voûtes.

En 1846, l'église est classée monument historique. Au XIXe siècle, la tour-beffroi fut ouverte d'un portail néo-roman.

C'est le 20 février 1933 que l'église paroissiale Saint-Maurice fut consacrée basilique mineure, sous le pontificat de Pie XI. D'importantes restaurations ont eu lieu au XXe siècle. Un parasol à bande rouge et or, un écusson et une clochette, dans le choeur, rappellent ce titre.


Aspects architecturaux

La tour

Telle qu'elle est visible actuellement, la tour est très massive et fait une trentaine de mètres, elle comporte deux parties:


  • depuis le sol, la partie la plus large, elle fait 17m de hauteur, deux salles carrées en son sein et couverte par un chemin de ronde, ouverte sur l'extérieur par des baies et des meurtrières,
  • par dessus est apposé un beffroi en retrait d'un mètre cinquante les cloches,
  • depuis l'extérieur (T1 sur le plan), sur la droite en entrant et dans l'épaisseur du mur sud, se trouve un escalier en spirale dont les marches sont posées les unes sur les autres ne faisant qu'un avec le moyeu, il arrive jusqu'au chemin de ronde en se terminant par un chapiteau à crochets,
  • un second escalier (T2 sur le plan), prenant naissance dans la nef, à gauche de la porte menant de la tour, fut redécouvert en 1984,
  • un toit en bâtière de grès posé en 1933 avec sur le dessus deux croix, l'une en pierre nimbée, l'autre en fer forgé avec en son haut un coq.

Le choeur

Il se compose d'un vaisseau central qui est formé:


  • deux travées précédant (A et B),
  • une abside à cinq pans,
  • deux absidioles à quatre pans en retrait d'une travée (A),

Plan de la basilique


Le lieu principal de culte, l'abside, est mis en valeur alors que les absidioles en sont traitées que comme de simples annexes. Ces dernières sont remarquables en ce qu'elles sont désaxées, 45° par rapport à l'axe de l'église, cette configuration est assez rare dans l'art roman. On peut ainsi la comparer aux églises de Montbron, à celle de Monsempron-Libos, à l'Abbaye de Puypéroux et à la Chapelle Saint-Quenin de Vaison-la-Romaine. Cette disposition sera reprise dans l'art gothique dans des exemples rayonnant depuis Eglise abbatiale Saint-Yved de Braine dans la Champagne et vers le nord, mais aussi vers Collégiale Saint-Gengoult de Toul ou la sainte-chapelle de Dijon ainsi que Bonlieu et Saint-Maximin.

Le portail des bourgeois

Au XIIIe siècle, l'église était bordée au sud par un cloître et les bâtiments du couvent et les chanoinesses avaient ainsi une entrée particulière (A1 sur le plan), les paroissiens entraient donc par le nord, entrée dite des bourgeois (A2 sur le plan). Cette disposition persista jusqu'au XIXe siècle où en fut alors percée une autre dans la tour (portail roman). Ce portail est alors nommé Antrée Mons St-Goéry.

Il comportait un important décor sculpté avec des statues sur les parois de droite et de gauche, tandis que les deux tympans latéraux et le tympan de face comportaient des décors. Il y avait aussi des voussures ornées. L'ensemble subit une forte dégradation en 1793, mais Emile Boeswillwald supervisa des travaux réalisés par Schuler. Le portail est formé d'une entrée de 7,6m en forme de trapèze avec une croisée d'ogive dont la clef est un agnus dei entouré d'un cercle de feuillage et d'un personnage très abîmé qui pourrait être un ange. L'arête sur la rue est un arc légèrement brisé avec une archivolte à deux voussures avec un décor en feuilles terminées en crochets. Le tout est surmonté d'une arête en saillie supportée par des corbeaux en gargouilles.

Au centre, entre les deux portes, se trouve une statue de la Vierge à l'Enfant haute de 2.25m posée sur un trumeau, elle porte des traces de polychromie et semble dater du XIIIe siècle. Il reste cinq têtes de ce portail conservées au Musée départemental d'art ancien et contemporain d'Epinal.

8-Porte de la Craffe

Nancy Porte de la Craffe 1.jpgVue depuis la Grande-Rue



Présentation



Type: Porte de ville



Style:Gothique



Construction: XIVe siècle



Statut patrimonial: Classé MH (1886, 1913)



Géographie



Pays: France



Région: Lorraine


Département: Meurthe-et-Moselle

Commune: Nancy

Adresse: Grande-Rue (Nancy)


La porte de la Craffe est une porte de Nancy, imposant vestige des fortifications médiévales, érigée au XIVe siècle au nord de la ville-vieille. Elle est classée monument historique depuis juillet 1886.


Situation

Sise au sein du quartier Ville Vieille-Léopold, la porte marque la limite septentrionale de la Grande-Rue qu'elle relie à la rue de la Citadelle.

La porte insérée dans les défenses de Vauban



Description

Côté intérieur de la ville

L'imposant bâtiment, constitué d'une tour centrale carrée où s'insère la porte elle-même, flanquée de deux tours rondes plus élevées, borne la Grande-Rue au nord. Les murs en pierres de taille parées de briques rouges dans les parties basses sont épais de trois mètres. La porte centrale, en forme d'arc brisé en tiers-point, est surmontée d'une niche où l'on a placé une statue en ronde-bosse d'une vierge à l'enfant du XIVe siècle. Deux fenêtres encadrent cette niche et, de part et d'autre, deux bas-reliefs des profils casqués des ducs de Lorraine Raoul (à l'ouest) et Jean (à l'est) se regardent. Un chardon lorrain orne le sommet de la niche, elle-même surmontée d'une croix de Lorraine et d'une ceinture de mâchicoulis en accolades et à consoles formées d'un triple tore, d'un style résolument gothique.

De part et d'autre de la croix de Lorraine, des têtes casquées en bas-relief se font face. Selon les inscriptions, il s'agit des effigies de Charles II, vainqueur de Louis d'Orléans en juillet 1407 à la bataille de Champigneulles et de René II, vainqueur de Charles le Téméraire en janvier 1477 à la bataille de Nancy.

L'ensemble est encadré par deux gigantesques tours rondes aux toits coniques, percées de fenêtres permettant les tirs de tous les côtés et dont les plus hautes sont surmontées de corbeaux destinés à soutenir des volets de bois disparus.

A côté de la tour ouest, un escalier extérieur donne accès à la terrasse au-dessus du passage voûté, ce qui permet de découvrir une échauguette carrée en briques rouges située à l'arrière de la tour est, invisible depuis la rue, ainsi que la façade interne du bâtiment Renaissance surmontant la porte au nord, du côté de la rue de la citadelle.

Histoire

Unique vestige des fortifications nancéiennes antérieures à Vauban, la porte de la Craffe était la seule entrée située au nord de la ville au nord de la ville-vieille de Nancy. Outre sa fonction défensive, elle servit de porte d'honneur aux ducs de Lorraine jusqu'en 1610. Au cours de son histoire, elle connut diverses modifications et restaurations.

Lors de son édification sous le duc Jean Ier de Lorraine (1346-1390) au milieu du XIVe siècle, elle comportait uniquement la tour carrée centrale garnie de mâchicoulis et de bretèches sur les deux faces. Les deux tours rondes, furent ajoutées en 1463 et disposaient d'une dizaine de salles fortes qui ont servi de prison jusqu'au milieu du XIXe siècle. Ces tours jumelles, crénelées à l'origine, ont reçu leurs toitures caractéristiques en poivrière surmontées de lanternons au XVIe siècle.

En 1505, sous René II, la défense extérieure a été renforcée par la création d'un terre-plein dans le prolongement de la porte, côté campagne au nord, en direction de l'ancien village de Saint-Dizier (actuel faubourg des trois maisons). Ce boulevard est percé d'une nouvelle porte, la porte Notre-Dame, reliée à la Craffe par un tunnel voûté.

Lors de la création des bastions à orillons le Duc et le Marquis, à la fin du XVIe siècle (1598), une troisième porte fut ajoutée à l'extérieur de la première enceinte. Elle prit initialement aussi le nom de porte Notre-Dame, prêtant à confusion, mais est connue ensuite sous l'appellation de porte de la Citadelle.

Au XVIIe siècle (1616), la porte de la Craffe fut surmontée d'un toit avec lanternon qui contenait une cloche provenant de l'église Saint-Epvre. En 1633, sous l'occupation française, la façade côté ville est profondément modifiée: Louis XIII y fait plaquer un ordre grec (fronton triangulaire et piliers doriques) qui subsistera jusqu'en 1861, date à laquelle le commandant Trancart la fit restaurer dans le style gothique qu'on lui connaît depuis.

Deux portes piétonnes entourant la porte principale ont été percées en 1870 à la base de chaque tour ronde par Prosper Morey.

Au XXe siècle les salles ont été aménagées en musée où étaient entre autres exposés des instruments de torture. La porte a fait l'objet d'une importante restauration en 2012-2013 pour régler les problèmes d'étanchéité de la voûte qui causaient des dégradations importantes (dépôt blancs sur les parements en briques, développement de mousses) du fait d'infiltrations des eaux pluviales, pour remplacer le sol de béton et d'enrobé du passage voûté (où la circulation automobile était possible jusqu'en 1991) par un paysage en granit bleu, réparer le sol de la terrasse et conforter les fondations sous l'échauguette.